Retirer une tique sans paniquer : Le guide de terrain que vous attendiez
Évitez l’angoisse face à une piqûre de tique ! Découvrez des gestes simples pour rester serein et en sécurité lors de vos aventures en plein air.

Lors d'une randonnée en montagne, une simple piqûre de tique peut transformer l'excursion en source d'angoisse. J'ai moi-même ressenti cette appréhension. Mais avec des gestes appropriés et des connaissances, il est possible de gérer la situation sereinement. Suivez notre guide pour rester en sécurité !
Depuis des années, mon bureau, c’est la forêt. En tant que professionnel du terrain, j’ai vu les sentiers évoluer et les saisons défiler. Mais s’il y a une chose qui a vraiment changé, c’est notre rapport aux tiques. Franchement, la peur s’est installée, souvent nourrie par un tas d’infos contradictoires qu’on trouve partout.
Contenu de la page
Mon but ici est simple : vous donner un protocole clair, testé et approuvé sur le terrain. Pas de panique, pas de remèdes de grand-mère douteux. Juste des gestes qui marchent, ceux que j’enseigne aux nouveaux et que j’applique pour moi-même. Il ne s’agit pas d’avoir peur de la nature, mais de la comprendre pour en profiter sereinement. Allez, on y va.
La prévention : Votre meilleure alliée
On ne le répétera jamais assez : la meilleure façon de gérer une piqûre de tique, c’est de l’éviter. Une bonne préparation, ça réduit le risque de manière drastique. C’est un petit effort pour une grande tranquillité d’esprit.

La bonne tenue, ça change tout
Vos vêtements sont votre première ligne de défense. L’idée est de créer une barrière physique infranchissable.
- Vêtements longs, toujours : Pantalons et manches longues, même quand il fait un peu chaud. Un tissu léger mais bien tissé fait parfaitement l’affaire.
- Le look de pro : Rentrez votre pantalon dans vos chaussettes. Oui, ce n’est pas très glamour, mais c’est redoutablement efficace. La tique grimpe depuis le sol, et cette astuce lui coupe littéralement la route.
- Voyez clair : Optez pour des couleurs claires (beige, blanc, gris pâle). Une petite tique noire de quelques millimètres se repère instantanément dessus, alors que sur un pantalon foncé, c’est mission impossible.
- Couvrez-vous la tête : Un chapeau ou une casquette, c’est essentiel pour protéger le cuir chevelu, une zone de choix pour les tiques et très difficile à inspecter.
Les répulsifs : comment bien les utiliser
Les répulsifs sont un excellent complément, à condition de savoir lesquels choisir. Tous ne se valent pas, loin de là.

Pour la peau, cherchez des produits qui contiennent de l’Icaridine (à 20-30%) ou du DEET (à 30%). Ce sont les molécules dont l’efficacité est la plus reconnue. On les applique sur les zones de peau exposées, en évitant le visage. Attention, leur efficacité dure quelques heures, pensez à renouveler l’application si la balade se prolonge. Vous en trouverez facilement en pharmacie ou au rayon randonnée de magasins comme Decathlon, pour un prix variant entre 8€ et 15€.
Pour les vêtements, il existe des sprays à la perméthrine conçus pour les textiles. C’est une technique que les professionnels utilisent beaucoup. On traite les chaussures, les chaussettes et le bas du pantalon la veille. L’effet dure plusieurs semaines, même après un lavage. Attention ! La perméthrine est toxique pour les chats quand elle est humide. Faites ça dehors et laissez bien sécher avant de rentrer.
Et les solutions naturelles ? On me pose souvent la question pour les huiles essentielles (géranium, lavande…). Honnêtement, leur efficacité est très limitée dans le temps, souvent moins d’une heure. Ça peut dépanner pour jardiner, mais pour une vraie randonnée, je ne me fierais qu’aux répulsifs validés.

Les réflexes à adopter en balade
Bon à savoir : une tique ne tombe pas des arbres et ne saute pas. Elle attend sagement sur une herbe haute ou une fougère (généralement à moins de 1,50 m du sol) et s’accroche à vous quand vous la frôlez.
- Restez au milieu des sentiers balisés. Évitez les hautes herbes et les sous-bois denses.
- Pour la pause pique-nique, posez une couverture de couleur claire plutôt que de vous asseoir directement dans l’herbe.
- Le rituel du retour : Secouez vos vêtements dehors avant de rentrer. Le top du top ? Un tour de 15 minutes au sèche-linge à haute température AVANT de les laver.
Astuce peu connue : une tique peut parfaitement survivre à un lavage en machine, même à 60°C. C’est la chaleur sèche et intense du sèche-linge qui la tue à coup sûr !
L’inspection : Le rituel sacré du retour de rando
C’est l’étape la plus cruciale. Une tique doit rester accrochée un certain temps (souvent plus de 12 heures) pour transmettre des bactéries comme celle responsable de la maladie de Lyme. Une inspection minutieuse dès votre retour est donc votre meilleure assurance vie.

Prenez une douche et profitez-en pour vous inspecter de la tête aux pieds. Aidez-vous d’un miroir pour les zones difficiles à voir. Les tiques adorent les endroits chauds et humides. Voici la checklist à suivre :
- Les aisselles
- L’aine et les zones intimes
- L’arrière des genoux
- Le nombril
- Derrière et dans les oreilles
- Le cuir chevelu (le plus important chez les enfants !)
- Le cou et la nuque
- La ligne de la ceinture
Retirer la tique : Le geste qui change tout (et sans paniquer)
Ça y est, vous en avez trouvé une. Respirez. Il n’y a aucune urgence. La précipitation est votre pire ennemie. Un retrait mal fait est plus risqué que d’attendre une heure pour trouver le bon outil.
Le danger, c’est de presser le corps de la tique. En faisant ça, elle stresse et régurgite le contenu de son estomac dans votre sang. C’est à ce moment-là que la transmission des maladies a le plus de chances de se produire.

C’est pour cette raison qu’il ne faut JAMAIS :
- Utiliser de l’éther, de l’alcool, de l’huile ou un briquet. Ça l’asphyxie ou la brûle, provoquant cette fameuse régurgitation.
- L’écraser avec une pince ou entre vos doigts. J’ai vu une fois un jeune paniquer et l’écraser avec une pince à épiler… grosse frayeur et une inflammation inutile.
Le bon outil : le tire-tique
Oubliez la pince à épiler, trop risquée. L’outil de référence, c’est le tire-tique (ou crochet à tiques). C’est un petit ustensile en plastique en forme de pied-de-biche. Son avantage ? Il est conçu pour ne JAMAIS comprimer l’abdomen de la tique.
Ma petite trousse anti-tiques de base :
- Un tire-tique (lot de 2 tailles) : comptez entre 3€ et 6€ en pharmacie ou parapharmacie. C’est l’investissement le plus rentable que vous puissiez faire.
- Un antiseptique en spray ou dosettes : moins de 5€.
- Un bon répulsif : entre 8€ et 15€.
La technique est d’une simplicité enfantine : glissez le crochet autour de la tique, au plus près de la peau. Tournez doucement, comme si vous dévissiez quelque chose. Après 2 ou 3 tours, la tique se détache toute seule, sans forcer.

Que faire si la tête reste dans la peau ?
Pas de panique ! Ce n’est pas la « tête » mais le rostre (l’appareil piqueur). Seul, il ne peut pas transmettre de maladie. C’est comme une petite écharde. Le corps l’expulsera naturellement. Désinfectez bien et surveillez. N’essayez pas de charcuter pour l’enlever.
Le scénario catastrophe : « Je suis en pleine rando et je n’ai rien ! »
On s’est tous posé la question. Surtout, ne tentez pas de la retirer avec vos ongles, c’est le meilleur moyen de presser son abdomen. Le mieux est de ne rien faire et d’attendre de rentrer pour utiliser un vrai tire-tique. Le risque lié à un mauvais retrait est supérieur à celui d’attendre quelques heures de plus.
L’après : Surveillance et bons réflexes
Une fois la tique retirée, le travail continue.
- Désinfectez la zone avec un antiseptique.
- Notez la date et l’endroit de la piqûre sur votre téléphone. C’est une info capitale pour un médecin si besoin.
- Prenez une photo de la zone pour suivre son évolution.
- La surveillance dure 30 jours. C’est le délai pour l’apparition des premiers signes de la maladie de Lyme.
D’ailleurs, si vous voulez aider la recherche, vous pouvez participer au programme de science participative CiTIQUE. Il suffit de chercher leur site en ligne pour savoir comment leur envoyer la tique. Ça aide à cartographier les zones à risque.

Les signaux d’alerte à connaître
Le symptôme le plus parlant de la maladie de Lyme est l’érythème migrant. C’est une plaque rouge qui apparaît entre 3 et 30 jours après la piqûre. Elle s’agrandit de jour en jour pour atteindre au moins 5 cm et son centre s’éclaircit souvent (aspect de cible). Elle ne gratte pas et n’est pas douloureuse. Si vous voyez ça, direction le médecin sans hésiter !
Attention à ne pas confondre avec la petite rougeur qui apparaît tout de suite, qui gratte et qui disparaît en 48h. Ça, c’est juste une réaction normale à la piqûre.
D’autres signes doivent alerter : un état grippal (fièvre, fatigue, courbatures) en plein été, sans raison apparente, est un motif de consultation.
Et pour nos amis à quatre pattes ?
Excellente question ! Les chiens sont très exposés. Les principes de base (inspection après chaque sortie) sont les mêmes. Par contre, n’utilisez jamais vos répulsifs sur eux ! Consultez votre vétérinaire. Il existe des solutions très efficaces et adaptées : colliers, pipettes, ou même des comprimés qui protègent votre animal pour plusieurs semaines. C’est la meilleure chose à faire pour lui.

Quand passer le relais au médecin ?
Mon expertise s’arrête là où celle du corps médical commence. Mes conseils ne remplacent jamais un avis médical. Consultez sans hésiter si :
- Vous observez un érythème migrant (la fameuse plaque rouge).
- Vous développez un état grippal inexpliqué dans le mois qui suit une piqûre.
- Vous êtes une personne immunodéprimée, enceinte ou s’il s’agit d’un jeune enfant.
En conclusion, la nature exige un peu de préparation, pas de la peur. Avec une bonne tenue, un tire-tique dans la poche et un rituel d’inspection, vous pouvez profiter de vos balades en toute quiétude. C’est cette vigilance calme qui fait toute la différence. Alors, soyez prêts, attentifs, et surtout, continuez d’aimer les grands espaces.
Galerie d’inspiration


Option A : Le tire-tique. Sa forme de crochet (comme le modèle O’Tom/Tick Twister) permet de saisir l’acarien au plus près de la peau sans le presser. On le retire ensuite par un simple mouvement de rotation. C’est la méthode jugée la plus sûre.
Option B : La pince à épiler fine. Elle peut fonctionner, à condition de pincer la tête de la tique (le rostre) et de tirer droit, sans tourner. Le risque est de comprimer le corps de la tique ou de casser le rostre sous la peau.
Le tire-tique reste le choix le plus simple et le plus sécuritaire, à glisser absolument dans son sac à dos.

Contrairement à une idée reçue tenace, les tiques ne tombent pas des arbres pour nous attaquer.
Elles vivent au ras du sol, dans les herbes hautes, les fougères et les litières de feuilles. Elles grimpent sur un brin d’herbe et attendent patiemment le passage d’un hôte. Voilà pourquoi se couvrir les jambes et rester sur les sentiers bien dégagés sont les gestes de prévention les plus efficaces.

Et mon chien dans tout ça ?
Nos compagnons à quatre pattes sont de véritables aimants à tiques et peuvent les ramener à la maison. L’inspection après chaque balade est cruciale, mais la prévention active est la meilleure stratégie. Des solutions vétérinaires comme les colliers (Seresto) ou les comprimés à croquer (Bravecto, NexGard) offrent une protection efficace et durable en tuant la tique avant qu’elle ne transmette des maladies. Demandez conseil à votre vétérinaire pour choisir le traitement adapté à votre animal.

- Au retour, passez vos vêtements au sèche-linge à 60°C pendant au moins 10 minutes AVANT de les laver. La chaleur sèche est plus efficace que l’eau pour les tuer.
- Prenez une douche dans les deux heures. Le frottement et l’eau peuvent déloger les tiques qui ne sont pas encore accrochées.
- C’est le moment de l’inspection : aisselles, aine, creux des genoux, cuir chevelu et derrière les oreilles sont leurs zones de prédilection.
Transformez ce risque en geste citoyen : Si vous trouvez une tique, signalez-la ! Le programme de recherche participative CiTIQUE, piloté par l’INRAE, collecte ces données via une application mobile. En signalant une piqûre, vous aidez les scientifiques à cartographier la présence des tiques et les maladies qu’elles transmettent. Un petit geste pour une meilleure connaissance du risque au niveau national.