Canicule : Un trajet dehors peut-il causer un arrêt cardiaque?

Alors que les thermomètres s’affolent et battent des records, les conséquences des fortes chaleurs sur notre santé deviennent une préoccupation majeure. Entre les avertissements des experts et les témoignages poignants, la question se pose : un simple effort sous un soleil de plomb peut-il réellement être fatal ? En tant que coach santé, je vous propose de décrypter les risques et, surtout, de vous donner des stratégies concrètes pour vous protéger efficacement.
Une vague de chaleur sans précédent
Cet été, de nombreuses régions font face à des températures qui dépassent largement les moyennes saisonnières. Ces dômes de chaleur mettent nos corps, nos systèmes de santé et nos infrastructures à rude épreuve. Il ne s’agit plus d’un simple inconfort estival, mais d’un véritable enjeu de santé publique qui nous oblige à revoir nos habitudes.
L’impact direct sur la santé : bien plus qu’un coup de chaud

Les hausses de température ne sont pas que des chiffres. Elles représentent un danger réel et immédiat. Quand il fait très chaud, notre corps lutte pour maintenir sa température interne autour de 37°C. Le principal mécanisme est la transpiration, mais cela a un coût : le cœur doit pomper plus de sang vers la peau pour le refroidir, ce qui augmente la fréquence cardiaque. Le sang peut aussi s’épaissir à cause de la déshydratation, forçant le cœur à travailler encore plus dur.
Pour les personnes fragiles, notamment celles souffrant de conditions cardiovasculaires préexistantes, cet effort supplémentaire peut être la goutte d’eau qui fait déborder le vase, menant à une décompensation ou, dans les cas extrêmes, à un accident cardiaque. Il est crucial de différencier l’épuisement par la chaleur du coup de chaleur, qui est une urgence vitale.
Qui est vraiment à risque ? Au-delà des idées reçues

Si les personnes âgées et les jeunes enfants sont souvent cités, et à juste titre, comme étant les plus vulnérables, la liste est en réalité bien plus longue. Sont également particulièrement à risque :
- Les personnes atteintes de maladies chroniques (cardiaques, respiratoires, rénales, diabète).
- Les personnes suivant certains traitements médicamenteux (diurétiques, antihypertenseurs, certains neuroleptiques).
- Les femmes enceintes.
- Les travailleurs en extérieur (BTP, agriculture).
- Les sportifs qui ne adaptent pas leur pratique et sous-estiment l’impact de la chaleur sur leur performance et leur corps.
Le témoignage de Martine, un avertissement pour tous
Martine, une retraitée de 67 ans, a vécu une expérience terrifiante. « Je pensais faire une simple promenade dans le parc comme à mon habitude, mais à mi-chemin, j’ai commencé à me sentir étourdie et oppressée », raconte-t-elle. Heureusement, des passants ont été témoins de son malaise et ont rapidement appelé les secours. « Les médecins m’ont dit que j’avais eu un coup de chaleur sévère. C’était un vrai choc, je ne m’étais jamais sentie aussi impuissante. » Le cas de Martine illustre parfaitement à quel point la situation peut dégénérer rapidement, même lors d’une activité perçue comme anodine.
Reconnaître les signaux d’alarme : quand appeler le 15 ?
Savoir identifier les symptômes est la première étape pour agir correctement. Il faut distinguer deux niveaux de gravité :
1. L’épuisement par la chaleur (à surveiller de près)
- Forte transpiration, peau moite et pâle
- Fatigue intense, faiblesse
- Maux de tête, nausées, vertiges
- Crampes musculaires
Que faire ? Cesser immédiatement toute activité, se mettre au frais, boire de l’eau fraîche par petites gorgées, et desserrer ses vêtements. Si les symptômes s’aggravent ou ne s’améliorent pas en 30 minutes, il faut consulter.
2. Le coup de chaleur (urgence vitale)
- Température corporelle très élevée (souvent supérieure à 40°C)
- Peau chaude, rouge et sèche (la transpiration s’arrête)
- Maux de tête violents, vomissements
- Confusion, propos incohérents, perte de connaissance
Que faire ? C’est une urgence médicale absolue. Appelez immédiatement le 15 (SAMU). En attendant les secours, transportez la personne à l’ombre et tentez de la refroidir avec des linges humides.
Les recommandations pratiques pour se protéger
Les conseils de base sont connus, mais leur application demande de la rigueur. Voici comment aller plus loin :
Hydratation intelligente : Ne pas attendre d’avoir soif pour boire. Visez 1,5 à 2 litres d’eau par jour, et plus si vous êtes actif. Pensez aussi aux bouillons de légumes, aux tisanes froides. Attention à l’alcool, aux sodas et au café, qui peuvent accentuer la déshydratation. Pour compenser la perte de sels minéraux par la sueur, vous pouvez trouver en pharmacie des solutés de réhydratation (comptez entre 5 et 10€ la boîte).
Alimentation adaptée : Privilégiez les aliments riches en eau comme le concombre, la pastèque, le melon, les salades. Évitez les repas lourds, gras et riches en protéines, car leur digestion produit de la chaleur corporelle.
Garder son logement au frais : Fermez volets et fenêtres pendant les heures les plus chaudes de la journée (généralement entre 11h et 19h) et aérez la nuit quand les températures baissent. Un ventilateur peut aider, mais son efficacité diminue si l’air ambiant dépasse les 35°C. L’astuce : placer une bouteille d’eau glacée devant pour rafraîchir l’air pulsé.
Adapter son activité physique : les conseils du coach
Être sportif ne vous immunise pas contre les risques. Au contraire, l’effort augmente la production de chaleur interne. Mais pas question de tout arrêter !
- Choisissez le bon moment : Entraînez-vous très tôt le matin ou tard le soir. Oubliez la course à pied à midi.
- Changez de lieu : Privilégiez les salles de sport climatisées (un pass à la journée coûte généralement entre 10 et 20€), la piscine, ou les zones ombragées et ventilées comme les sous-bois.
- Réduisez l’intensité et la durée : Acceptez de faire une séance plus courte ou moins intense. Ce n’est pas le moment de viser un record personnel.
- Écoutez votre corps : Le moindre étourdissement, la nausée ou une fréquence cardiaque anormalement élevée sont des signaux pour arrêter immédiatement.
- Hydratez-vous avant, pendant et après : Buvez de petites quantités d’eau toutes les 15-20 minutes pendant l’effort.
Une perspective plus large
Ces vagues de chaleur ne sont pas des incidents isolés, mais des manifestations de plus en plus fréquentes du changement climatique. Au-delà des gestes individuels de protection, une réflexion collective sur l’adaptation de nos villes (plus de végétation, de points d’eau) et de nos modes de vie est devenue indispensable. Chaque geste compte pour atténuer les impacts futurs et protéger les plus vulnérables.