Spas des Balkans : Lieux oubliés et eaux miraculeuses

Auteur SARAH PIGNAUD
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Quand on pense aux Balkans, les images qui viennent à l’esprit sont souvent celles de villes historiques chargées d’histoire, de montagnes majestueuses ou de côtes animées. Pourtant, loin des circuits touristiques classiques, se cache un trésor bien gardé : une culture thermale authentique, brute, et incroyablement ressourçante. J’ai découvert cet univers un peu par hasard, en cherchant à fuir l’agitation, et ce que j’ai trouvé a dépassé toutes mes attentes. La Serbie, la Bosnie-Herzégovine ou encore la Macédoine du Nord abritent des dizaines de sources thermales où, pour le prix d’un café à Paris, on s’offre un voyage dans le temps et un bain de bienfaits.

L’âme des thermes serbes : L’exemple de Lukovska Banja

L’un des traits les plus marquants des spas des Balkans est leur caractère non commercial. Oubliez les resorts de luxe et les ambiances aseptisées. Ici, on parle de sources naturelles, de bassins simples nichés dans des villages de montagne, où l’on profite de l’eau chaude pour un tarif symbolique, voire gratuitement. Mon premier vrai contact avec cette réalité fut à Lukovska Banja, en Serbie. Perdu dans les montagnes du sud du pays, cet endroit est l’antithèse du spa moderne.

En arrivant, la première chose qui frappe, c’est la simplicité. Des piscines extérieures d’où s’échappe une vapeur dense, entourées par la nature et… des habitants. Ici, la communauté est essentiellement composée de retraités serbes qui viennent en cure pour plusieurs semaines. L’ambiance est conviviale, presque familiale. On se salue, on discute d’un bassin à l’autre. Personne n’est là pour se montrer, seulement pour profiter des bienfaits de l’eau, réputée pour soigner les rhumatismes et les problèmes de peau. J’ai payé l’équivalent de 8€ pour un accès à la journée, un prix dérisoire. J’ai passé des heures à alterner entre les différents bassins, dont la température varie, sous le regard bienveillant des habitués, ravis de partager une anecdote ou un conseil.

Le conseil que j’aurais aimé avoir : n’y allez pas en cherchant le luxe. Apportez votre propre serviette et vos tongs. C’est une expérience authentique, axée sur l’eau et les gens. Le logement se fait dans des hôtels un peu vieillots mais propres ou, mieux encore, chez l’habitant pour une vingtaine d’euros la nuit. C’est le meilleur moyen de goûter à l’hospitalité locale.

De l’histoire et de l’eau en Bosnie-Herzégovine

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La Bosnie-Herzégovine, avec son histoire riche et complexe, offre une autre facette du thermalisme. Si l’article original mentionne Jajce, célèbre pour sa cascade spectaculaire en plein centre-ville, les véritables joyaux thermaux sont ailleurs. J’ai un souvenir particulièrement fort d’Ilidža, une station thermale aux portes de Sarajevo. C’est un monde à part. On sent les strates de l’histoire : les Romains s’y baignaient déjà, puis les Ottomans, et enfin l’aristocratie austro-hongroise qui y a construit de somptueux hôtels aujourd’hui un peu décrépits mais pleins de charme.

Se promener dans le grand parc, prendre une calèche pour rejoindre la source de la rivière Bosna (Vrelo Bosne) puis se plonger dans les eaux sulfureuses d’un des hôtels historiques est une expérience unique. L’ambiance est plus proche de celle d’une ville d’eau européenne du XIXe siècle, mais avec des prix et une authenticité typiquement balkaniques. Un soin ou un massage coûte rarement plus de 20-30€. Le véritable atout est la proximité de Sarajevo : on peut passer la matinée à explorer l’effervescente Baščaršija (le vieux bazar ottoman) et l’après-midi à se prélasser dans le calme des thermes, accessibles en tramway.

Pour manger, évitez les restaurants des grands hôtels et cherchez les petits *ćevabdžinica* locaux à Ilidža même. Vous y dégusterez les meilleures grillades pour moins de 10€, entouré de familles du coin.

La Macédoine du Nord, entre nature et détente

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La Macédoine du Nord, souvent oubliée des itinéraires, est une destination parfaite pour ceux qui cherchent à combiner nature, culture et relaxation. La région de Gevgelija, près de la frontière grecque, est connue pour ses thermes. J’ai exploré le complexe de Negorski Banji, niché dans une forêt. Là encore, la simplicité prime. Le complexe est un héritage de l’époque yougoslave, avec une architecture typique, mais les piscines sont bien entretenues et l’eau, riche en minéraux, est merveilleusement chaude.

Ce que j’ai particulièrement apprécié ici, c’est le calme absolu. C’est une destination très locale. En semaine, il est possible d’avoir un bassin presque pour soi. C’est l’endroit idéal pour déconnecter après avoir exploré les monastères de la région ou dégusté les vins locaux du Tikveš, l’une des principales régions viticoles des Balkans. Un conseil pratique : louer une voiture est quasi indispensable pour explorer cette région et se rendre aux thermes. Les routes sont bonnes et cela vous donnera la liberté de vous arrêter dans les villages et les domaines viticoles que vous croiserez.

Comme partout dans les Balkans, loger dans une petite pension ou une chambre d’hôtes (*sobe*) est la meilleure option. Non seulement c’est économique (autour de 25-30€ la nuit), mais c’est surtout l’occasion d’échanger avec les Macédoniens, qui sont d’une gentillesse et d’une générosité rares.

Ce qu’il faut savoir avant de partir

Partir à la découverte des spas des Balkans est une aventure, mais il faut garder quelques points en tête pour en profiter pleinement :

  • Gérez vos attentes : Ne vous attendez pas à des spas de luxe. L’accent est mis sur les propriétés thérapeutiques de l’eau et l’atmosphère sociale, pas sur le design ou les services haut de gamme.
  • La barrière de la langue : Dans ces zones rurales, l’anglais est peu parlé. Apprenez quelques mots de serbe/bosnien/macédonien (« hvala » pour merci, « dobar dan » pour bonjour), cela ouvrira toutes les portes.
  • Argent liquide : Prévoyez toujours de l’argent liquide. De nombreux petits établissements, que ce soit pour l’entrée aux thermes, un café ou un repas, n’acceptent pas la carte bancaire.
  • La meilleure période : Le printemps et l’automne sont idéaux. Les températures sont douces et les couleurs magnifiques. Se baigner dans un bassin extérieur fumant alors que l’air est frais est un pur bonheur.

Au final, explorer ces lieux oubliés, c’est bien plus qu’une simple quête de bien-être. C’est toucher du doigt une Europe authentique, une hospitalité sincère et une manière de vivre plus simple et connectée à la nature. C’est un voyage qui soigne le corps, mais aussi l’esprit.

SARAH PIGNAUD

Amoureuse de la randonnée et des grands espaces, Sarah partage ses aventures en pleine nature, souvent accompagnée de son chien. Son blog et son compte Instagram sont une mine d'or pour les amateurs de voyages actifs et de paysages à couper le souffle.