Après 65 ans, marcher trop lentement est un vrai danger

Auteur Sandrine Bridoux
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Le paradoxe surprenant de la marche et des chutes

Pour de nombreux seniors, un réflexe s’installe avec l’âge : ralentir pour se sentir plus en sécurité. Pourtant, la recherche scientifique révèle un paradoxe troublant : marcher trop lentement peut en réalité augmenter considérablement votre risque de chute. La question n’est plus « À quelle vitesse puis-je aller ? » mais plutôt « À quel point ma marche est-elle trop lente pour garantir ma stabilité ? ».

Une étude clé a mis en lumière un chiffre alarmant : une diminution de la vitesse de marche de seulement 10 cm par seconde (soit la longueur d’une petite carte de crédit) augmente le risque de chute de 7%. Ce n’est pas une statistique à prendre à la légère. Il est temps de revoir nos croyances sur la sécurité et la vitesse.

Pourquoi la lenteur excessive devient-elle un piège ?

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Ce phénomène s’explique par ce que les experts appellent le « paradoxe du double appui ». Lorsque nous marchons très lentement, nous passons plus de temps avec les deux pieds au sol. En théorie, cela semble plus stable. En pratique, c’est l’inverse qui se produit. Ces longues phases de double appui créent des moments d’instabilité et augmentent la variabilité de nos pas, ce qui met notre équilibre à rude épreuve.

Pensez-y : il est plus difficile de tenir en équilibre sur une jambe immobile que de passer rapidement d’un pied à l’autre. Une marche lente exagérée crée des micro-déséquilibres à chaque pas. Le cerveau, occupé à gérer cette instabilité, a moins de ressources pour réagir à un obstacle imprévu, comme un trottoir irrégulier ou un objet au sol.

Dans la vie de tous les jours, cette réalité est encore plus marquée. En situation de double tâche – comme parler en marchant ou porter des courses – la vitesse de marche des personnes de plus de 70 ans peut chuter à des niveaux critiques. Traverser une rue au passage piéton en toute sécurité devient alors un véritable défi, le temps imparti par le feu vert n’étant souvent pas suffisant.

Le seuil critique : 1,22 mètre par seconde

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Les chercheurs ont identifié une vitesse de marche fonctionnelle de 1,22 mètre par seconde (soit environ 4,4 km/h) comme un seuil de sécurité essentiel. C’est le rythme d’une marche volontaire et dynamique, pas d’une course. Malheureusement, une grande majorité des plus de 65 ans se situent en dessous de cette vitesse, surtout lorsqu’ils doivent prendre une décision rapide comme traverser la rue.

Considérez votre vitesse de marche comme un « signe vital du vieillissement », au même titre que votre tension artérielle ou votre fréquence cardiaque. Elle est directement liée à votre force musculaire, votre mobilité fonctionnelle et même votre espérance de vie. En dessous de ce seuil, il est fortement recommandé d’adopter des stratégies pour améliorer sa marche.

Comment améliorer votre vitesse en toute sécurité : mes conseils de coach

L’objectif n’est pas de vous précipiter, mais de retrouver une allure naturelle et protectrice. Le mot d’ordre est : « aussi vite que possible en toute sécurité », et non « aussi lentement que l’on se sent faussement en sécurité ».

1. Commencez par de petits changements progressifs

L’idée de marcher plus vite peut être intimidante. N’essayez pas de tout changer du jour au lendemain. Commencez par une augmentation de 5% de votre vitesse actuelle. Concrètement, cela peut vouloir dire :

  • Essayer de gagner 15 pas de plus par minute. Utilisez une application sur votre téléphone ou une montre connectée pour le mesurer.
  • Pendant votre promenade, visez un repère (le prochain banc, un arbre) et accélérez légèrement jusqu’à l’atteindre. Puis revenez à votre rythme normal. Répétez plusieurs fois.
  • Mettez une musique avec un rythme un peu plus soutenu que d’habitude et essayez de caler vos pas sur la cadence.

2. Travaillez votre technique de marche

Une bonne posture change tout. Trop souvent, la peur de tomber nous fait regarder nos pieds, ce qui voûte le dos et compromet l’équilibre. Concentrez-vous sur ces points :

  • Regardez loin devant : Votre cerveau anticipera mieux le chemin et ajustera votre équilibre naturellement.
  • Tenez-vous droit : Imaginez un fil qui vous tire doucement vers le haut depuis le sommet de votre crâne. Épaules basses et en arrière.
  • Utilisez vos bras : Laissez-les se balancer naturellement d’avant en arrière. Ce mouvement aide à la propulsion et à la stabilité.
  • Déroulez bien le pied : Attaquez le sol avec le talon, déroulez le pied jusqu’aux orteils et poussez sur ces derniers pour vous propulser en avant.

3. Renforcez les muscles clés et l’équilibre

Une marche efficace repose sur des muscles forts et un bon équilibre. Un programme simple de 12 semaines peut augmenter votre vitesse de marche de près de 10%, une amélioration qui peut vous faire passer au-dessus du seuil de risque. Voici quelques exercices simples à faire à la maison, près d’un mur ou d’une chaise pour vous rassurer :

  • Le lever de chaise : Asseyez-vous sur le bord d’une chaise solide, les pieds à plat. Levez-vous sans utiliser vos mains, puis rasseyez-vous lentement. Visez 10 à 15 répétitions.
  • Les montées sur la pointe des pieds : Tenez-vous droit, en vous appuyant si besoin. Montez lentement sur la pointe des pieds, tenez la position 2 secondes, puis redescendez.
  • Tenir sur une jambe : Tenez-vous sur une jambe pendant 10 à 20 secondes, puis changez de côté. Trop facile ? Essayez en fermant les yeux !

Bon à savoir en France : N’hésitez pas à demander à votre médecin traitant une ordonnance pour des séances de kinésithérapie. Un « bilan de la marche et de l’équilibre » peut être réalisé et souvent pris en charge. De nombreuses mairies ou associations proposent également des « ateliers équilibre » à des tarifs très abordables.

Quand faut-il consulter ?

Si vous avez déjà fait une chute, si vous ressentez une grande appréhension à l’idée de marcher ou si vous avez des vertiges, il est essentiel de consulter. Votre médecin pourra évaluer la situation et vous orienter vers un kinésithérapeute, un podologue ou même un gériatre pour une évaluation plus complète de votre marche (ganganalyse).

Le cercle vicieux est facile à comprendre : la peur de tomber mène à moins de mouvement, ce qui cause une perte musculaire et une dégradation de l’équilibre, menant à une marche encore plus lente et donc… un risque de chute encore plus élevé. Il est crucial de briser ce cycle.

La conclusion est claire et pleine d’espoir : la sécurité ne réside pas dans l’immobilité ou l’extrême lenteur, mais dans un mouvement conscient, une vitesse appropriée et un équilibre entretenu. Commencez dès aujourd’hui à prêter attention à votre allure. Chaque pas plus assuré est une victoire pour votre autonomie et votre sécurité future.

Sandrine Bridoux

Ancienne avocate, Sandrine Bridoux a choisi de se consacrer pleinement à sa passion pour le yoga. Formée au Strala Yoga à New York, une approche fluide et décomplexée, elle est l'une des principales ambassadrices de cette pratique en France. Connue sur Instagram sous le nom de @frenchyogagirl, elle partage son expertise à travers des cours, des ateliers et des retraites, encourageant une pratique du yoga libre et intuitive. Elle est également l'auteure de plusieurs livres sur le yoga et le bien-être.