Cuisiner sans Viande ni Poisson : Les Vrais Secrets d’un Chef pour se Lancer (et se Régaler !)
Remplacer la viande et le poisson n’a jamais été aussi savoureux ! Découvrez des alternatives végétales riches en nutriments et en goût.

J'ai toujours été fascinée par la façon dont la cuisine végétarienne peut transformer des plats traditionnels. En explorant les substituts à la viande, j'ai découvert un monde délicieux, où le tofu, les lentilles et même les graines de lin se révèlent être des alliés santé. Pourquoi ne pas essayer ces options riches en protéines et en saveurs ?
Ça fait un bon bout de temps que je suis derrière les fourneaux, et franchement, j’ai vu les assiettes se transformer. Avant, un plat sans viande, c’était juste une garniture un peu triste. Aujourd’hui, c’est une vraie quête de saveurs, de bien-être, et une demande que je reçois tout le temps. Beaucoup de guides vous balancent des listes d’ingrédients, mais mon but ici, c’est de vous filer le vrai savoir-faire d’un cuisinier. On ne va pas juste « remplacer », on va comprendre la matière pour la sublimer.
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Que vous soyez végé depuis des années ou juste curieux de lever le pied sur les produits animaux, la technique reste la même. Tout est une question de texture, d’assaisonnement et de cuisson. Oubliez les imitations fades ! Un bon plat végétal, c’est avant tout un bon plat, point barre. C’est une question de respect du produit. Allez, je vous emmène dans ma cuisine, avec mes réussites et, oui, aussi les erreurs à ne surtout pas faire.

La base : On cherche quoi, au juste ?
Quand on enlève la viande ou le poisson, on perd deux trucs essentiels : la texture en bouche, ce qu’on appelle la « mâche », et cette saveur profonde qui donne envie d’y revenir, l’umami. Tout l’art, c’est de reconstruire ça avec le monde végétal.
Retrouver la Mâche Parfaite
La viande peut être tendre, fibreuse, hachée… Chaque alternative végétale a sa propre personnalité. Il faut la connaître pour bien l’utiliser.
- Pour du ferme et dense, comme un steak ou des morceaux dans un ragoût, on va se tourner vers le seitan, le tempeh ou un tofu bien ferme.
- Pour un effet « haché », dans une bolognaise ou des lasagnes, les lentilles, les haricots écrasés ou le haché de soja texturé sont des champions.
- Et pour l’effiloché ? Le fruit du jacquier ou certains champignons, comme les pleurotes, font des merveilles pour imiter un porc ou un poulet effiloché.
On n’utilisera pas des lentilles corail pour un burger (ça finirait en bouillie), c’est une question de bon sens une fois qu’on a compris le principe.

La Magie de l’Umami : Le Goût du « Reviens-y »
L’umami, c’est cette cinquième saveur, celle qui rend un plat addictif. La viande en est pleine, mais en végétal, il faut être malin pour aller le chercher. Voici mes petites pépites :
- Les champignons : Surtout les shiitakés séchés. Une fois réhydratés, leur eau de trempage est un trésor liquide, un bouillon ultra-concentré. Ne la jetez JAMAIS !
- La sauce soja (shoyu ou tamari) : C’est la base de 90% de mes marinades. Le tamari, qui est sans blé, est souvent plus corsé, j’aime beaucoup.
- Le miso : Cette pâte de soja fermentée (il en existe de la blanche, douce, à la rouge, très puissante) ajoute une complexité folle aux sauces et bouillons.
- La levure maltée : À ne pas confondre avec la levure de boulanger ! Elle a un petit goût de fromage et de noisette, parfaite pour gratiner ou lier une sauce crémeuse. Vous en trouverez en magasin bio pour environ 5-7€ le sachet.
- Les légumes rôtis : La caramélisation des oignons, des poivrons ou des tomates développe des sucs incroyables. Pensez à la richesse d’un bon concentré de tomates !
Un plat végétal qui a du peps combine souvent plusieurs de ces sources. C’est un jeu d’équilibriste.

Les Piliers : Tofu, Tempeh et Seitan
Ce sont les trois grands classiques. Une fois que vous les maîtrisez, un nouveau monde s’ouvre à vous. Mais attention, ils n’ont rien à voir les uns avec les autres.
Le Tofu : La Toile Blanche
Le tofu, c’est du lait de soja caillé. Seul, c’est fade. Et c’est justement sa plus grande qualité ! Il boit littéralement les saveurs qu’on lui donne. Pour bien l’utiliser, il y a quelques règles d’or.
Le bon choix : Prenez toujours du tofu ferme ou extra-ferme pour cuisiner, celui vendu en bloc au rayon frais des supermarchés ou magasins bio (comptez entre 2€ et 4€ le bloc). Le tofu soyeux, c’est pour les sauces ou les desserts, si vous essayez de le poêler, vous obtiendrez une omelette ratée.
L’étape CRUCIALE : le pressage. Un bloc de tofu est une éponge gorgée d’eau. Si vous ne la virez pas, il n’absorbera pas la marinade et restera caoutchouteux. Pas besoin d’une presse à 30€. Emballez le bloc dans un torchon propre, posez-le sur une assiette, mettez une planche à découper dessus et quelques gros bouquins. Laissez presser 30 minutes minimum. Vous n’allez pas en croire la quantité d’eau qui va sortir.

Mon astuce de chef : la congélation. Une fois pressé, coupez votre tofu en dés et hop, au congélateur. Après décongélation, sa texture se transforme : il devient plus poreux, presque fibreux, et aspire les marinades comme jamais. C’est mon secret pour des sautés incroyables.
Le Tempeh : Le Costaud de Caractère
Le tempeh, c’est un bloc de fèves de soja fermentées. Ça lui donne un goût plus affirmé, des notes de noisette et de champignon, et une texture très ferme. La première fois que j’en ai cuisiné, honnêtement, j’ai été déçu. C’était un peu amer… J’ai failli laisser tomber. Puis un collègue m’a partagé l’astuce qui change tout : avant de le cuisiner, coupez-le en tranches et faites-le blanchir 10 minutes dans l’eau bouillante ou à la vapeur. Ça retire toute amertume et le prépare à recevoir la marinade.
Coupé en fines tranches et bien doré à la poêle, il fait un « bacon » végétal bluffant. Émietté, il est génial dans un chili sin carne. On le trouve principalement en magasin bio.

Le Seitan : La « Viande de Blé »
Le seitan est fabriqué à partir de gluten de blé, ce qui lui donne une texture fibreuse et dense, très proche de la viande. C’est assez bluffant.
Attention, point super important : le seitan, c’est du gluten pur. Il est donc absolument à proscrire pour les personnes cœliaques ou intolérantes. Pensez-y si vous cuisinez pour des invités !
Faire son seitan maison est plus économique et permet de le parfumer comme on veut. Comptez environ 1h30 au total, mais c’est assez simple. Vous trouverez la poudre de gluten vital en ligne ou en magasin bio. Pour un seitan de base, mélangez 150g de poudre de gluten avec des épices (paprika, ail en poudre…), puis ajoutez environ 200ml d’eau ou de bouillon froid pour former une pâte. Pétrissez 2 minutes, formez un boudin, et pochez-le 1 heure dans un bouillon très parfumé (sauce soja, oignon, laurier, herbes…). Après ça, vous pouvez le trancher et le poêler, le rôtir… L’odeur quand il dore dans la poêle, c’est quelque chose !

Les Trésors de la Terre : Pas besoin de chercher plus loin
Parfois, les meilleures solutions sont les plus simples. Les légumes et légumineuses sont des bases extraordinaires.
Les Lentilles : Fiables et Économiques
Chaque lentille a son job. Les vertes ou les brunes tiennent bien à la cuisson, idéales en salade ou en dahl. Les lentilles corail, elles, fondent en purée, parfaites pour les soupes ou pour lier des boulettes. Et les noires Beluga, mes préférées, restent fermes et ont un look de caviar, super chic en salade.
Règle de cuisinier n°1 : On ne sale JAMAIS les légumineuses au début de la cuisson, ça les rend dures. Toujours à la fin !
Les Haricots et Pois Chiches
En conserve, c’est pratique, mais pensez toujours à bien les rincer pour enlever l’excès de sel. Les haricots secs ont une meilleure texture, mais demandent de l’anticipation.
Alerte sécurité indispensable : Les haricots rouges CRUS sont toxiques. Les faire tremper ne suffit pas. Il faut impérativement les faire bouillir à gros bouillons pendant au moins 10 minutes pour détruire la toxine. Une cuisson lente ne marche pas. C’est un point non négociable.

Les Champignons : Les Rois de la Saveur
L’erreur classique ? Surcharger la poêle. Les champignons rendent beaucoup d’eau et finissent par bouillir au lieu de dorer. Mettez-les en petite quantité dans une poêle bien chaude avec un peu d’huile et laissez-les caraméliser sans trop les toucher.
Petit conseil : essayez d’effilocher des pleurotes à la main avant de les cuire. La texture obtenue est juste incroyable.
Les P’tits Nouveaux qui Valent le Détour
La cuisine évolue, et de nouveaux produits apparaissent. Soyons curieux !
Le Fruit du Jacquier : L’Illusion Parfaite
Ce fruit tropical, quand il est jeune, a une chair fibreuse qui ressemble à s’y méprendre à de la viande effilochée. On le trouve en conserve dans les épiceries asiatiques ou au rayon « cuisines du monde » des grands supermarchés. Attention, prenez-le impérativement « en saumure » ou « dans l’eau », JAMAIS « au sirop » (qui est un dessert).
Rincez-le bien, effilochez-le et faites-le mijoter dans une sauce puissante (barbecue, teriyaki…). C’est un délice dans des tacos ou des burgers.

Le Chou-fleur : Le Caméléon
Soyons clairs : le chou-fleur ne remplace pas la viande nutritivement, il n’a que peu de protéines. C’est un substitut de texture. En grosses tranches rôties, il fait office de « steak ». En bouquets, on peut en faire des « wings » bluffantes. Pour ça, trempez les bouquets dans une pâte simple (100g de farine, 150ml d’eau, paprika, ail en poudre, sel, poivre) et enfournez à 200°C pendant 20-25 minutes jusqu’à ce qu’ils soient dorés.
Derniers Conseils de l’Atelier
Un plat réussi, c’est une somme de petits détails.
Soignez la base aromatique : Presque tous mes plats commencent avec un oignon ciselé qui dore doucement dans l’huile d’olive, suivi de l’ail. C’est ça qui construit la profondeur.
Osez les épices et l’acidité : N’ayez pas peur d’assaisonner ! Et finissez toujours votre plat avec un trait de jus de citron ou de vinaigre. Ça réveille tout.
Pensez au contraste : Un plat tout mou, c’est triste. Si vous faites un dahl, ajoutez des noix de cajou grillées ou des oignons frits dessus pour le croquant.

Bon à savoir : La conservation. Un bloc de tofu entamé se garde 3 jours au frigo dans une boîte remplie d’eau (changez l’eau tous les jours !). Le seitan maison, lui, se congèle super bien en tranches. Pratique !
Ma petite liste de courses pour débuter :
- Un bloc de tofu ferme (environ 3€)
- De la sauce soja ou tamari (4-5€ la bouteille qui dure longtemps)
- De la levure maltée en paillettes (environ 6€ le sachet)
- Un paquet de lentilles corail (2-3€)
- Une bonne épice, comme le paprika fumé (3-4€)
Pour finir, un petit mot important. Je suis cuisinier, pas médecin. Remplacer la viande et le poisson demande de faire un peu attention à son équilibre alimentaire. La vitamine B12, par exemple, est un sujet à aborder avec un professionnel de santé. La cuisine, c’est avant tout un chemin d’apprentissage. Ne baissez pas les bras si votre premier essai n’est pas parfait. Observez, goûtez, ajustez. C’est comme ça qu’on apprend. Le plus important, c’est de prendre du plaisir à transformer ces humbles produits en plats mémorables. Maintenant, à vous de jouer !

Galerie d’inspiration


Votre tofu est toujours spongieux et sans goût ?
C’est probablement parce que vous sautez l’étape la plus cruciale : le presser ! Le tofu est conservé dans l’eau. Pour qu’il absorbe une marinade et dore à la cuisson, il doit être le plus sec possible. Enveloppez un bloc de tofu ferme (type Taifun) dans du papier absorbant, placez-le entre deux assiettes et posez un poids dessus (une conserve, un livre) pendant au moins 30 minutes. La différence est spectaculaire.
Plus de 70% de l’impact carbone d’un plat de bœuf provient de la production de la viande elle-même. Passer à des protéines de lentilles ou de pois chiches peut réduire cet impact de plus de 90%.
Au-delà du goût, chaque assiette est un choix. Opter pour des légumineuses, ce n’est pas seulement une astuce de chef pour la texture ; c’est aussi l’un des gestes culinaires les plus efficaces pour alléger son empreinte écologique sans sacrifier la gourmandise ni le sentiment de satiété.