Dans mon atelier, quand je déroule une pièce de tissu Prince de Galles, ce n’est pas juste un motif que je vois. C’est une promesse. La promesse d’un vêtement qui a une âme, une véritable carrure. Honnêtement, après plus de vingt ans à le travailler, je le connais par cœur. Je sens sa densité sous mes doigts, j’anticipe comment il va réagir sous les ciseaux… C’est bien plus qu’une simple tendance, c’est un monument du vestiaire classique, aussi bien pour les hommes que pour les femmes.
Beaucoup d’articles vous montrent de jolies photos, vous disent de l’associer avec du blanc. C’est un bon début, mais ça reste en surface. Personne ne vous explique vraiment la différence entre une laine peignée légère et une flanelle épaisse, ou pourquoi le raccord des carreaux est LE détail qui change tout. Mon but ici, c’est de vous donner les clés de l’atelier. Le genre de savoir qui vous permet de repérer une belle pièce, de l’acheter au juste prix et, surtout, de la garder des années. On va parler technique, style et entretien, car un bon vêtement est un investissement, et un Prince de Galles de qualité, c’est l’un des meilleurs qui soit.
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1. D’abord, qu’est-ce qu’un VRAI Prince de Galles ?
Avant de penser à le porter, il faut le comprendre. On a tendance à appeler « Prince de Galles » n’importe quel tissu à carreaux un peu grisâtre. Grosse erreur ! Un authentique Prince de Galles possède une structure bien précise. La connaître, c’est déjà faire un premier tri entre le bas de gamme et la qualité.
Le secret est dans le tissage
À la base, le motif technique est un assemblage de deux dessins distincts qui s’alternent pour créer une grille complexe mais discrète :
D’un côté, on a du pied-de-poule, ces fameux petits motifs brisés qui donnent de la texture.
De l’autre, des carreaux-fenêtre tout simples, formés par des lignes fines.
Mais ce qui fait vraiment la différence, ce qui transforme ce simple damier en Prince de Galles, c’est ce qu’on appelle le « sur-carreau ». C’est une ligne de couleur (souvent bleue, bordeaux, parfois même un rose poudré ou un vert) qui vient se superposer à l’ensemble. Elle donne tout son caractère au tissu. Sans ce sur-carreau coloré, techniquement, on a juste un tissu à carreaux classique.
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La matière : tout est une question de poids et de toucher
Le vrai, le traditionnel, est en laine. On trouve aujourd’hui des tas de mélanges avec du polyester ou de la viscose, souvent moins chers. Mais franchement, ça ne tient pas la comparaison. Ces matières synthétiques ne respirent pas, se froissent de façon disgracieuse et vieillissent mal. Une bonne laine, elle, est thermorégulatrice (elle vous tient chaud sans vous faire transpirer), et elle a ce « tombé » lourd et naturel qu’aucun plastique ne peut imiter.
Un truc de pro : regardez le poids du tissu, exprimé en grammes par mètre carré (g/m²). Pour vous donner une idée, une laine peignée légère, autour de 240-280 g/m², est parfaite pour un costume d’été ou un blazer de mi-saison. Si vous cherchez de la polyvalence, visez un poids moyen, entre 300 et 350 g/m², idéal pour un costume que vous porterez presque toute l’année. Au-delà de 380 g/m², on entre dans la catégorie des flanelles et tweeds d’hiver : des tissus plus épais, plus doux, incroyablement confortables par temps froid.
Petite astuce en boutique : Pincez le tissu entre vos doigts pendant quelques secondes et relâchez. Une laine de qualité va reprendre sa forme instantanément. Un mélange médiocre gardera le pli. C’est un test tout simple qui en dit long !
2. L’œil du pro : ce qui sépare une belle pièce d’une autre
Fabriquer un vêtement en Prince de Galles demande bien plus de travail qu’avec un tissu uni. Certains détails de confection sont des marqueurs de qualité que vous pouvez facilement repérer, même sans être un expert.
Le raccord des carreaux : la preuve ultime
C’est LE critère numéro un. Sur une pièce bien faite, les lignes des carreaux doivent être continues, comme si le vêtement avait été sculpté dans un seul bloc de tissu. C’est ce qu’on appelle le raccord. C’est un vrai casse-tête pour le tailleur, qui doit utiliser beaucoup plus de tissu, ce qui explique en partie le coût plus élevé.
Voici où regarder absolument :
Les épaules : Les lignes du dos et du devant doivent se rejoindre parfaitement.
Les coutures sur les côtés : Les carreaux ne doivent pas être décalés entre l’avant et l’arrière de la veste.
Les poches plaquées : Sur une veste de qualité, la poche est presque invisible, car son motif est parfaitement aligné avec celui du corps de la veste.
Le col et les revers : C’est la zone la plus complexe. Si le raccord est bon ici, vous tenez une pièce de grande qualité.
Un mauvais raccord, c’est le signe d’une fabrication à l’économie. Et ça, malheureusement, c’est impossible à corriger après coup.
3. Comment le porter sans faire de faux-pas ?
Que vous soyez un homme ou une femme, le Prince de Galles est une pièce forte. L’erreur la plus commune est de vouloir trop en faire. La clé, c’est la simplicité.
Dans le vestiaire masculin
La veste seule est le plus simple. Elle est incroyablement polyvalente. Portez-la avec un pantalon en flanelle gris, un chino beige, ou même un bon jean brut. En dessous, un simple col roulé noir ou marine en laine mérinos, et c’est l’élégance assurée pour l’hiver.
Le costume complet est une déclaration de style. Pour ne pas tomber dans le too much, calmez le jeu avec le reste : une chemise unie (blanche ou bleu ciel) et une cravate unie, en tricot de soie par exemple, pour ajouter de la texture sans ajouter un autre motif.
Dans la garde-robe féminine
Ici, on peut jouer un peu plus avec les volumes. Le blazer, souvent porté un peu large, est un classique. Il est parfait sur un simple t-shirt blanc et un jean, ou pour structurer une robe-pull en maille.
Le pantalon large est aussi une option très chic. Il allonge la silhouette. Le secret, c’est de l’associer à un haut simple et près du corps (un body, un chemisier en soie) pour équilibrer les volumes. Quant à la jupe crayon en Prince de Galles, c’est une pièce de bureau parfaite avec un chemisier sobre.
4. Le guide d’achat : budget, pièges et checklist
Bon, maintenant, la question qui fâche : combien ça coûte et comment ne pas se faire avoir ?
À quel budget s’attendre ?
Soyons réalistes, il y en a pour tous les prix, mais la qualité se paie. En prêt-à-porter, une veste en polyester dans une enseigne de fast-fashion vous coûtera entre 50€ et 90€. Pour une belle veste 100% laine, avec des finitions soignées, attendez-vous à un budget entre 250€ et 500€. Si vous passez au sur-mesure, les costumes commencent généralement autour de 800-1000€ et peuvent monter bien plus haut. Mon conseil : mieux vaut investir dans une seule belle pièce en laine que dans trois en synthétique.
Les 3 erreurs de débutant à éviter
Le total look à motifs. La règle d’or : le Prince de Galles est la star. On évite de l’associer à une chemise à rayures ou à un foulard à pois. Laissez-le respirer avec des pièces unies.
Confondre « oversize » et « trop grand ». Une veste oversize a une coupe spécifique (épaules tombantes, etc.). Une veste classique prise deux tailles au-dessus sera juste mal coupée sur vous.
Négliger les raccords. On se dit que personne ne le verra… Spoiler : si, ça se voit. C’est ce qui donne une impression d’ensemble brouillonne et bas de gamme.
Avant de passer en caisse, ayez cette petite checklist en tête : 1. L’étiquette (100% laine ?) / 2. Les raccords (épaules et poches) / 3. Le test du tissu (il se défroisse bien ?). Si ces trois points sont validés, vous êtes sur la bonne voie.
5. Comment en prendre soin pour qu’il dure une vie ?
Un vêtement de cette qualité est un compagnon de route, à condition de bien le traiter. J’ai vu des pièces magnifiques ruinées par un mauvais entretien…
Attention, point crucial : NE LAVEZ JAMAIS une pièce en laine Prince de Galles à la machine. Jamais. L’eau et la chaleur vont faire feutrer la laine de manière irréversible. Le vêtement va rétrécir et perdre toute sa forme.
Le nettoyage à sec est la seule solution, mais avec parcimonie ! C’est un processus chimique assez agressif. N’y allez qu’en cas de vraie tache, une ou deux fois par an maximum. Un excès de nettoyage à sec fragilise les fibres.
Le reste du temps, l’entretien se fait à la maison avec un petit kit de survie :
Une bonne brosse à vêtements en poils naturels (environ 20€) : un coup de brosse doux après chaque porté enlève la poussière.
Des cintres en cèdre (autour de 15€ les 3) : ils aident à maintenir la forme des épaules et le cèdre est un répulsif naturel contre les mites.
Un défroisseur vapeur (à partir de 40€) : c’est votre meilleur ami. Un coup de vapeur détend les fibres et enlève les plis sans l’agression d’un fer à repasser. Sinon, la technique de la douche chaude fonctionne toujours : suspendez le vêtement dans la salle de bain et la vapeur fera le travail.
un choix d’initié, à votre portée
Vous l’aurez compris, le Prince de Galles est bien plus qu’un simple imprimé. C’est un tissu technique, avec une histoire riche, qui demande un vrai savoir-faire. En apprenant à le décrypter, vous ne faites pas qu’acheter un vêtement, vous faites un choix éclairé.
La prochaine fois que vous en verrez un en magasin, prenez le temps. Touchez la matière, traquez les raccords, évaluez son tombé. Vous avez maintenant les outils pour faire la différence entre l’éphémère et le durable. Et croyez-moi, porter une belle pièce en Prince de Galles, en sachant tout le travail qu’il y a derrière, ça donne une confiance incroyable.
Galerie d’inspiration
Le détail qui ne trompe pas : le raccord des carreaux. Sur une veste de qualité, les lignes du motif doivent se prolonger parfaitement des épaules aux manches et sur les poches. Un raccord approximatif est le signe immédiat d’une confection économique, même si le tissu est beau.
Initialement connu sous le nom de
L’hiver approche ? Pensez à la flanelle de laine cardée. Son toucher doux et son aspect légèrement feutré apportent une chaleur et une profondeur inégalées au motif Prince de Galles. Moins formelle qu’une laine peignée lisse, elle est parfaite pour un blazer à porter avec un col roulé en cachemire et un jean brut.
La cravate : Optez pour une cravate en tricot de soie ou en grenadine de soie unie pour ajouter de la texture sans surcharger.
La pochette : Une pochette en lin blanc, simplement pliée, est un choix sûr. Pour plus d’audace, une pochette en soie aux motifs discrets reprenant la couleur du sur-carreau.
Les chaussettes : Osez la couleur ! Des chaussettes bordeaux, vert forêt ou bleu roi peuvent subtilement rehausser la tenue.
Le blazer anglais : Plus structuré, avec des épaules légèrement rembourrées (
Le blazer Prince de Galles avec des baskets, est-ce un sacrilège ?
Absolument pas, c’est même le summum du chic décontracté ! Le secret est de choisir des baskets minimalistes et impeccables, comme des Common Projects blanches ou des Veja monochromes. L’association avec un jean bien coupé ou un pantalon 7/8e crée un équilibre parfait entre l’élégance du blazer et la modernité des sneakers.
Une veste en laine de qualité, si bien entretenue, peut facilement durer plus de 20 ans.
Cela s’explique par la résilience naturelle de la fibre de laine. Elle résiste aux plis, évacue l’humidité et conserve sa forme. L’investissement initial dans une pièce de chez Loro Piana ou Holland & Sherry n’est pas une dépense, mais la garantie d’un vêtement qui traversera les décennies avec vous.
Associer le Prince de Galles à un autre motif peut sembler risqué, mais c’est tout à fait possible en respectant une règle simple : varier les échelles.
Un Prince de Galles à carreaux larges s’associera parfaitement avec une chemise à rayures fines et discrètes.
Inversement, un micro Prince de Galles supportera une cravate à pois ou à motifs cachemire plus affirmés.
L’important est de créer un contraste visuel où un seul motif domine.
Il dédramatise un pantalon en flanelle grise au bureau.
Il structure une silhouette sur un simple t-shirt blanc et un jean le week-end.
Il apporte une touche d’élégance sur une robe en soie pour une soirée.
Le secret d’un bon blazer Prince de Galles ? C’est une pièce caméléon qui s’adapte à votre vie, pas l’inverse.
Pensez à l’icône de style Gianni Agnelli. L’industriel italien portait le costume Prince de Galles avec une désinvolture légendaire, associant souvent sa veste grise à un pantalon dépareillé, et n’hésitant pas à porter sa montre par-dessus sa manchette de chemise. Une leçon de style qui nous rappelle que les règles sont faites pour être connues, puis subtilement brisées.
Brossage : Après chaque port, utilisez une brosse en poils naturels pour ôter la poussière et redresser les fibres.
Aération : Laissez votre veste s’aérer sur un cintre large pendant 24h avant de la ranger. Jamais de pressing systématique !
Défroissage : Suspendez-la dans la salle de bain pendant votre douche. La vapeur suffira à détendre les plis légers.
Au-delà du motif : observez le revers de la veste. Un
La maison Fox Brothers, établie dans le Somerset depuis 1772, est considérée comme la créatrice originale de la flanelle Prince de Galles. Leurs archives contiennent des liasses de tissus commandés par le Duc de Windsor lui-même.
Comment dénicher une perle rare en seconde main ?
Vérifiez trois points cruciaux. D’abord, l’état du tissu sous les bras et au col, zones d’usure rapide. Ensuite, la doublure : est-elle intacte ? Enfin, l’étiquette de composition. Privilégiez un
Avec des Richelieus (Oxfords) : Le choix de la formalité. Une paire noire ou marron foncé ancre le costume dans un registre business ou cérémoniel.
Avec des Mocassins (Loafers) : L’option
La tendance du blazer
Le sur-carreau coloré définit l’identité du tissu.
Un sur-carreau bleu ciel ou rose poudré rendra une veste plus printanière et facile à associer avec des couleurs claires. Un bordeaux, un vert bouteille ou un ocre lui donneront une profondeur automnale, parfaite avec des velours ou des lainages. C’est ce fil de couleur qui dicte la palette de vos accessoires.
Le Prince de Galles est incroyablement polyvalent, mais il a ses limites.
À éviter : Les événements
Le total look mal maîtrisé : Porter un costume trois pièces Prince de Galles avec une chemise et une cravate à carreaux. L’effet est vite écrasant.
Un mauvais
Associé à un sweat à capuche et des baskets de créateur.
Porté en pantalon large avec un crop top.
Décliné en bob ou en casquette pour une touche streetwear.
Le secret de sa nouvelle jeunesse ? Les nouvelles générations se l’approprient en brisant les codes bourgeois pour en faire un symbole de style personnel et non conventionnel.
Pour l’été, oubliez la flanelle épaisse. Tournez-vous vers des mélanges ingénieux qui conservent la structure du motif tout en offrant une respirabilité essentielle. Un tissage de laine, soie et lin par un drapier comme Vitale Barberis Canonico offre un tombé impeccable, une main sèche et un léger lustre, idéal pour un blazer à porter lors des soirées estivales.
Le point d’ancrage de l’élégance : l’épaule. Une épaule bien ajustée doit suivre la ligne naturelle de votre corps, sans
Quel sac pour accompagner un manteau Prince de Galles ?
Jouez sur le contraste des styles et des matières. Pour un look chic et structuré, optez pour un sac rigide en cuir lisse, comme un Polène
Le pantalon seul : C’est la pièce la plus facile à intégrer au quotidien. Parfait avec un pull uni en maille fine (mérinos, cachemire) et des derbies pour un look de bureau moderne.
Le costume complet : Il est réservé aux occasions plus formelles ou lorsque vous souhaitez affirmer un style fort. Il demande plus de confiance mais l’impact visuel est sans commune mesure.
Styliste Beauté & Adepte du Bien-être Naturel Ses expertises : Coiffure créative, Soins naturels, Équilibre intérieur
Sandrine a commencé sa carrière dans les salons parisiens avant de s'orienter vers une approche plus naturelle de la beauté. Convaincue que le bien-être intérieur se reflète à l'extérieur, elle explore constamment de nouvelles techniques douces. Ses années d'expérience lui ont appris que chaque personne est unique et mérite des conseils personnalisés. Grande amatrice de yoga et de méditation, elle intègre ces pratiques dans sa vision holistique de la beauté. Son mantra : prendre soin de soi devrait être un plaisir, jamais une corvée.