J'ai toujours été fascinée par l'idée que jouer n'est pas seulement un acte d'enfance, mais une façon de redécouvrir la joie. Les jouets en bois d'aujourd'hui, loin des simples berceaux de nos grands-parents, offrent une richesse créative inégalée. Que ce soit des puzzles astucieux ou des jouets interactifs, chaque pièce en bois raconte une histoire et stimule notre imagination. En choisissant ces trésors éco-responsables, on donne aux enfants les clés d'un univers infini d'apprentissage et de plaisir.
Je me souviens encore de mon tout premier jouet en bois. Un petit canard à roulettes, tout simple, un peu patiné par le temps. C’était un héritage familial, fabriqué dans l’atelier du grand-père. L’odeur du bois ciré, la douceur de ses formes, le son si particulier des roues sur le parquet… Ces sensations sont restées gravées en moi.
Après des décennies passées dans mon propre atelier, je comprends mieux. Ce n’était pas juste un jouet. C’était un objet avec une âme, porteur d’un savoir-faire.
On me demande souvent pourquoi s’entêter avec le bois à l’heure du tout-plastique. Franchement, la réponse est dans la matière elle-même. Le bois est vivant. Il a une chaleur, un grain, une densité qu’aucun plastique ne pourra jamais imiter. Un jouet en bois bien conçu n’est pas un produit de consommation jetable. C’est un compagnon de jeu qui vieillit bien, qui se transmet, et qui, mine de rien, apprend à un enfant le respect des belles choses. Alors, ici, pas de blabla. Je vais vous partager ce que j’ai appris sur le tas : comment reconnaître un bon bois, déceler une fabrication de qualité et entretenir ces petits trésors pour qu’ils durent.
La science du bois : à chaque jouet son essence
Tous les bois ne se valent pas, surtout quand il s’agit de jouets. Le choix de l’essence est l’étape numéro une, et c’est la plus critique. C’est ce qui va déterminer la solidité, la sécurité et la durée de vie du jouet. Un peu de connaissance, ça change tout.
Les bois durs : la sécurité avant tout
Pour les jouets destinés aux tout-petits, ceux qui finissent inévitablement dans la bouche, il n’y a pas de compromis possible. On utilise des bois durs, denses, avec un grain très serré. C’est la base.
Le hêtre : C’est le roi incontesté. Très dur, il résiste aux chocs et, surtout, il ne fait pas d’échardes. Son grain fin le rend incroyablement doux après ponçage. La plupart des blocs de construction et hochets de qualité sont en hêtre.
L’érable : Très similaire au hêtre, il est souvent plus clair et son grain est encore plus fin. C’est une toile parfaite pour la peinture, car la couleur ne file pas dans les veines du bois. Un peu plus cher, c’est vrai, mais la finition est impeccable.
Le charme : Un bois d’une dureté exceptionnelle, qu’on surnommait autrefois « bois de fer ». Il est parfait pour les pièces mécaniques des jouets, comme des engrenages ou des axes, car il s’use très lentement.
L’avantage principal de ces bois ? Leur densité. Quand un enfant tape un bloc en hêtre, le bois se compresse au lieu de s’effriter. C’est une garantie de sécurité essentielle.
Les bois tendres : pour des usages bien précis
Les bois comme le pin ou le sapin sont bien moins chers et plus légers, ce qui peut être un avantage. Mais attention ! Je les déconseille formellement pour les jouets de premier âge. Ils marquent au moindre choc et peuvent créer des échardes si le jouet est abîmé.
J’utilise parfois du pin pour des objets plus grands, comme une petite cuisine ou un établi d’enfant. Dans ce cas, les arêtes sont très généreusement arrondies et le ponçage doit être irréprochable. Le tilleul, lui, est super pour la sculpture de petites figurines décoratives, mais il est trop tendre pour un hochet qui va être mâchouillé.
Bon à savoir : Concrètement, une planche de hêtre vous coûtera facilement le double, voire le triple, d’une planche de pin de mêmes dimensions dans un magasin de bricolage comme Castorama ou Leroy Merlin. Le prix reflète vraiment la durabilité et la sécurité.
La sécurité, c’est non négociable
Un beau jouet, c’est bien. Un jouet sûr, c’est tout ce qui compte. Je vois parfois sur les marchés des créations adorables qui me font froid dans le dos… J’ai déjà vu une petite voiture avec des roues fixées par des clous à peine enfoncés. Un cauchemar potentiel pour un tout-petit.
Comprendre la norme jouet (EN 71) en 2 minutes
En Europe, la norme EN 71 encadre tout ça. Ce n’est pas juste de la paperasse, c’est du bon sens. Quand vous achetez, cherchez le logo CE, qui signifie que le fabricant déclare la respecter. Pour nous, artisans, c’est une responsabilité morale.
Trois points sont vitaux pour le bois :
Mécanique (EN 71-1) : Pas de petites pièces qui se détachent et pourraient être avalées. C’est le fameux test du « gabarit d’étouffement ». Si une pièce rentre dans un petit cylindre de test, c’est non.
Inflammabilité (EN 71-2) : Le bois doit être dense et traité pour ne pas s’enflammer trop vite.
Chimie (EN 71-3) : C’est LE point crucial. Il garantit qu’aucune substance toxique (plomb, cadmium…) ne peut migrer du jouet vers l’enfant. Cela concerne les colles, les peintures, les vernis…
Checklist pour les parents en brocante
Vous avez trouvé une perle en vide-grenier ? Super ! Faites ce petit contrôle rapide :
Tirez fort sur les petites pièces (roues, oreilles d’un animal…). Est-ce que ça tient bon ?
Passez votre doigt sur toutes les arêtes. Est-ce que c’est doux ou est-ce que ça accroche ?
Grattez la peinture avec l’ongle. Si elle s’écaille facilement, méfiance. On ne sait pas ce qu’elle contient.
Protéger le jouet (et l’enfant !) : les bonnes finitions
Un jouet en bois brut, c’est joli mais ça se salit vite. Une bonne finition le protège, mais elle doit être absolument saine. Ma règle d’or : si je ne suis pas prêt à le mettre dans ma propre bouche, ça ne va pas sur un jouet.
Les huiles et cires naturelles : L’huile de lin de qualité alimentaire et la cire d’abeille sont des classiques. Elles nourrissent le bois et donnent un toucher soyeux. L’odeur est en plus très agréable.
Peintures et vernis « norme jouet » : Pour la couleur, c’est la seule option. Cherchez des marques comme Blanchon ou Syntilor et vérifiez que le pot porte bien la mention « Conforme EN 71-3 » ou un pictogramme de jouet. Oui, un petit pot de vernis certifié peut coûter entre 25€ et 40€, mais c’est le prix de la tranquillité d’esprit.
Attention ! N’utilisez JAMAIS d’huiles de cuisine comme l’huile d’olive ou de tournesol. Elles ne sèchent pas, deviennent rances et se transforment en nid à bactéries.
Mini-projet : fabriquez vos premiers blocs de construction !
Envie de vous lancer ? Pas besoin d’un atelier de pro ! Honnêtement, avec quelques outils de base, vous pouvez déjà faire des merveilles.
Le kit du débutant :
Une bonne scie à main (une scie japonaise est idéale pour une coupe nette, environ 20-30€).
Une cale à poncer (quelques euros).
Du papier de verre (grains 100, 150 et 220).
Un morceau de bois bien raboté (commencez avec du pin, c’est moins cher et plus facile à couper).
Les étapes :
La découpe : Sur votre planche, tracez des carrés de 4 cm de côté. Sciez doucement et bien droit. Ne vous inquiétez pas si ce n’est pas parfait, le ponçage va corriger ça.
Le ponçage (l’étape magique) : Poncez chaque face et chaque arête avec le grain 100 pour enlever les marques de scie. Puis passez au grain 150 pour lisser.
L’astuce de pro : Passez un chiffon à peine humide sur vos blocs. En séchant, de minuscules fibres de bois vont se relever. Un dernier coup de ponçage très léger avec le grain 220, et vos blocs seront lisses comme de la soie, pour de bon !
La finition : Une petite couche de cire d’abeille ou d’huile de lin, laissez sécher… et voilà !
La satisfaction de voir un enfant s’amuser avec un objet que vous avez créé de vos mains… ça n’a pas de prix.
Réparer au lieu de jeter : la seconde vie des jouets
La grande force du bois, c’est qu’il se répare. Un éclat ? Un point de colle à bois, un coup de serre-joint et un léger ponçage, et c’est quasi invisible. Une roue cassée ? On peut souvent la remplacer.
D’ailleurs, voici une astuce de menuisier pour les bosses sur les bois tendres. Posez un linge humide sur l’enfoncement et passez un fer à repasser chaud dessus. La vapeur fait gonfler les fibres écrasées du bois. Vous verrez la bosse se résorber presque comme par magie. C’est bluffant !
Bien sûr, si un jouet est vraiment fendu et que la réparation compromet sa solidité, il faut savoir y renoncer. La sécurité d’abord.
Un choix de cœur et de raison
Au final, choisir ou fabriquer un jouet en bois, ce n’est pas juste suivre une mode. C’est un choix conscient. Le choix d’un matériau durable, sain et renouvelable. Le choix d’un objet simple qui laisse toute la place à l’imagination de l’enfant.
Je ne dis pas qu’il faut tout jeter et ne garder que le bois, bien sûr. Mais un bon jouet en bois a une place à part. La prochaine fois que vous en tiendrez un, prenez une seconde. Sentez son poids, sa texture, sa chaleur. Vous y sentirez peut-être, vous aussi, un peu de la passion de l’artisan qui l’a façonné.
Galerie d’inspiration
Au-delà de l’esthétique, le poids et la texture d’un jouet en bois participent au développement de la proprioception de l’enfant. Manipuler un objet qui a une certaine densité aide le cerveau à mieux enregistrer les mouvements et la position du corps dans l’espace. Un apprentissage silencieux, mais fondamental.
Nettoyage courant : Un simple chiffon doux, légèrement humide, suffit. Inutile de noyer le bois.
Taches tenaces : Frottez doucement avec une éponge et un peu de savon de Marseille. Rincez avec le chiffon humide et séchez immédiatement.
Désinfection : Un peu de vinaigre blanc dilué dans de l’eau sur votre chiffon est un excellent antibactérien naturel.
Comment reconnaître une peinture sans danger ?
Les fabricants sérieux, comme la marque allemande Grimm’s, utilisent des lasures et des peintures à base d’eau certifiées non toxiques (norme EN 71). Contrairement aux laques épaisses qui forment un film plastique, ces couleurs pénètrent le bois. La fibre reste visible, la peinture ne s’écaille pas en cas de choc, et surtout, le jouet peut être porté à la bouche sans aucun risque.
Le bois possède des propriétés antibactériennes et antimicrobiennes naturelles. Des études ont montré que les bactéries survivent bien moins longtemps sur une surface en bois que sur du plastique.
Cette caractéristique intrinsèque du matériau en fait un choix particulièrement hygiénique pour les jouets, surtout pour les plus petits. Un simple nettoyage suffit, les produits désinfectants agressifs sont souvent superflus et peuvent même endommager la finition du bois.
Le secret du Jura : La France a une longue tradition du jouet en bois, particulièrement dans le Jura. Des entreprises comme Vilac (depuis 1911) ou Janod y perpétuent un savoir-faire unique, alliant design contemporain et techniques artisanales. Le bois de hêtre ou de charme tourné et laqué est leur signature.
Le jouet a un éclat ? C’est une bonne nouvelle, il a vécu ! Pour une réparation simple :
Poncez très légèrement la zone abîmée avec un papier de verre à grain fin (240 ou plus) pour éviter les échardes.
Si le bois est naturel, appliquez une goutte d’huile alimentaire (comme l’huile de pépins de raisin) ou de cire d’abeille pour le nourrir et le protéger.
Le petit plus ? Cette réparation simple est une belle occasion d’apprendre à l’enfant le soin des objets.
Option A – Finition huilée : L’huile (lin, tung, pépins de raisin) pénètre et nourrit le bois en profondeur, lui donnant un aspect mat et chaleureux. Elle met en valeur le veinage. Idéale pour les jouets à manipuler.
Option B – Finition cirée : La cire d’abeille reste en surface, créant une fine couche protectrice, satinée et très douce au toucher. Elle sent divinement bon et offre une bonne protection contre l’humidité.
Pour un premier projet DIY, la cire d’abeille est souvent plus facile à appliquer uniformément.
Attention à la provenance du bois : Un jouet de qualité n’est pas seulement bien fini, il est aussi éco-responsable. Cherchez systématiquement le logo FSC (Forest Stewardship Council). Il garantit que le bois provient de forêts gérées durablement, luttant ainsi contre la déforestation. C’est un détail qui change tout.
Ils stimulent l’imagination sans la guider.
Ils développent la motricité fine de manière intuitive.
Leur esthétique minimaliste apaise l’environnement de jeu.
Le secret ? Ce sont les jouets dits
Un jouet en bois est trop cher ?
Le coût initial peut sembler plus élevé, mais c’est un investissement. Un jouet en bois de qualité, comme une draisienne Kinderfeets ou une cuisine Hape, traverse les années et les fratries. Rapporté à sa durée de vie, son coût d’utilisation est souvent bien inférieur à celui de plusieurs jouets en plastique qui se cassent et se démodent.
L’erreur à éviter : Le sur-nettoyage. Plonger un jouet en bois dans l’eau ou utiliser une éponge abrasive est la meilleure façon de le faire gonfler, se fissurer et perdre sa douceur. La modération est la clé de sa longévité.
Premiers pas en fabrication
Envie de vous lancer ? Nul besoin d’un atelier complet. Pour commencer, il vous faut :
Du bois de tilleul : tendre et facile à sculpter.
Une petite scie à chantourner manuelle.
Quelques feuilles de papier de verre de grains différents (de 80 à 240).
De l’huile de lin ou de la cire d’abeille pour la finition.
Un simple bloc de bois peut ainsi se transformer en petite voiture ou en animal stylisé.
Selon l’ADEME, 113 000 tonnes de jouets sont jetées chaque année en France, la grande majorité étant en plastique.
Choisir le bois, c’est opter pour un matériau biodégradable et réparable. Un geste simple pour limiter la production de déchets et sensibiliser, dès le plus jeune âge, à la valeur des objets durables.
Le son si particulier d’un jouet en bois est un bienfait souvent sous-estimé. Le doux cliquetis des cubes qui s’entrechoquent, le bruit mat d’une voiture qui roule sur le parquet… Ces sons naturels et modérés participent à créer une ambiance de jeu calme et sereine, à l’opposé de la surstimulation sonore des jouets électroniques.
Le choix du Pin : Souvent utilisé pour les jouets bon marché, le pin est un bois tendre. Il est léger et peu coûteux, mais il marque très facilement et, surtout, peut produire de petites échardes. Il est à réserver pour des objets décoratifs ou pour des enfants plus grands et soigneux.
Le choix du Hêtre : C’est la référence. Dense, dur et au grain serré, il résiste aux chocs et aux morsures sans s’effriter. Son toucher est doux et sécurisant. Un surcoût largement justifié pour la sécurité et la durabilité.
Point important : La norme de sécurité CE pour les jouets (EN 71) est votre meilleur allié. Elle ne couvre pas seulement les produits chimiques dans les peintures, mais aussi les risques mécaniques : pas de petites pièces détachables pour les moins de 3 ans, pas de bords tranchants, pas de risques de coincement de doigts.
La beauté d’un jouet en bois réside aussi dans sa patine. Les petits coups, les zones où la couleur s’estompe légèrement, le bois qui se lustre sous les mains… Ces marques du temps ne sont pas des défauts. Elles racontent l’histoire du jeu, des heures passées à construire, inventer, et aimer cet objet. Ne cherchez pas à le garder
Pédagogie Steiner-Waldorf ou Montessori ?
Bien que les deux approches plébiscitent le bois, leurs jouets diffèrent subtilement. La pédagogie Waldorf privilégie des formes très organiques, simples, presque abstraites (comme les poupées sans visage) pour stimuler au maximum l’imagination. La pédagogie Montessori propose du matériel plus réaliste et structuré, avec un objectif d’apprentissage précis (tours d’observation, cadres d’habillage, etc.).
La tradition du jouet en bois est particulièrement forte en Allemagne. Dans la région des monts Métallifères (Erzgebirge), des familles d’artisans créent des figurines et des décorations depuis des siècles. Des marques comme Ostheimer, avec leurs animaux et personnages aux formes douces et peints à la main, incarnent cet héritage d’une qualité et d’une poésie inégalées.
Les arches arc-en-ciel, comme celles popularisées par la marque Grimm’s, sont l’exemple parfait du jouet
Le bon plan : Pensez au marché de la seconde main ! Les jouets en bois de qualité vieillissent si bien qu’on en trouve en parfait état sur les plateformes de revente, dans les brocantes ou les ressourceries. C’est l’occasion de s’offrir des pièces de grandes marques (Selecta, Haba, Djeco…) à une fraction de leur prix neuf.
Peindre des motifs simples avec de la peinture à l’eau non toxique.
Utiliser la pyrogravure (pour les plus grands) pour dessiner un nom ou un symbole.
Coller des petits éléments en feutrine pour ajouter de la texture.
L’idée ? Transformer un jouet simple acheté brut, comme une voiture en bois naturel, en une pièce unique et personnelle.
Pourquoi le bois d’érable est-il si prisé pour les cubes colorés ?
Car c’est un bois très clair avec un grain extrêmement fin et discret. Quand on applique une lasure de couleur, celle-ci est absorbée de manière très uniforme, sans que les veines du bois ne
Un jouet en bois ne vibre pas, ne clignote pas, ne parle pas. Et c’est sa plus grande force. Il invite au silence, à la concentration et au jeu lent. Dans un monde sur-stimulé, il offre à l’enfant un espace pour développer son monde intérieur, sa créativité propre, sans être constamment guidé par des sollicitations extérieures.
Architecte d'Intérieur & Passionnée de Rénovation Ce qui l'anime : Mobilier sur mesure, Projets cuisine & bain, Solutions gain de place
Marion a grandi entourée d'artisans – son père était ébéniste et sa mère décoratrice. Cette immersion précoce lui a donné un regard unique sur l'aménagement intérieur. Aujourd'hui, elle partage son temps entre la conception de projets pour ses clients et l'écriture. Sa spécialité ? Transformer les contraintes en opportunités créatives. Chaque petit espace cache selon elle un potentiel insoupçonné. Les week-ends, elle restaure des meubles anciens dans son atelier niçois, toujours accompagnée de son chat Picasso.
