Cyclamen : Le Guide Complet pour le Garder en Vie (et le Faire Refleurir !)
Quand j’ai débuté dans le monde de l’horticulture, il y a bien longtemps, le cyclamen était partout dans nos serres en automne. Un vrai tapis de couleurs ! Mon formateur de l’époque me disait souvent : « Le cyclamen, c’est facile à vendre, mais un casse-tête à conseiller. Les gens le voient comme un bouquet qui dure un peu plus longtemps. » Et franchement, il avait totalement raison. La plupart des cyclamens achetés pour les fêtes finissent à la poubelle avant même l’arrivée du printemps.
Contenu de la page
Mais ce n’est absolument pas une fatalité ! Le cyclamen des fleuristes n’est pas programmé pour une vie éphémère. C’est une plante vivace grâce à son tubercule, capable de vous offrir des fleurs chaque automne pendant des années. Le secret ? Ce n’est pas un produit miracle, mais simplement de comprendre et respecter son rythme naturel, qui est celui d’une plante méditerranéenne avec un repos estival. Alors, oubliez les astuces rapides, et suivez-moi. Je vous partage les vrais gestes, ceux des pros, pour chouchouter votre cyclamen et le voir s’épanouir.

Bon à savoir : Pour bien démarrer, pas besoin de grand-chose. Un beau cyclamen (on en trouve de très jolis entre 5€ et 15€ en jardinerie), un pot avec des trous de drainage, une soucoupe, un bon terreau pour plantes fleuries et un engrais liquide adapté. C’est tout !
Le cœur de la plante : tout passe par le tubercule
Avant toute chose, il faut piger comment fonctionne cette plante. Le cyclamen, ce n’est pas juste des racines. Toute sa vie est concentrée dans son tubercule, cette espèce de disque brun un peu plat. Pensez-y comme à sa batterie personnelle : il y stocke l’eau et les nutriments pour traverser l’été au sec, sa période de dormance.
L’erreur que je vois partout, c’est de l’enterrer complètement. C’est une condamnation à mort assurée ! La partie supérieure du tubercule, d’où sortent les tiges, doit impérativement rester à l’air libre, juste au-dessus du terreau. Si vous l’enterrez, l’eau va stagner à ce niveau et provoquer une pourriture qui lui sera fatale. C’est simple, les racines poussent en dessous, pas au-dessus.

La période active (Automne – Hiver) : comment le chouchouter
C’est la phase où votre plante est magnifique, pleine de feuilles et de fleurs. Chaque geste compte pour la floraison de l’année, mais aussi pour celle de l’année suivante.
L’arrosage : la clé du succès (ou de l’échec !)
L’erreur numéro un, c’est d’arroser par le dessus. N’inondez jamais le cœur de la plante ou ses feuilles. Vous inviteriez la pourriture grise (le fameux Botrytis), un champignon qui peut anéantir votre cyclamen en quelques semaines.
La seule technique qui vaille, c’est le bassinage. C’est hyper simple :
1. Prenez une soucoupe assez large.
2. Versez-y 2-3 cm d’eau à température ambiante (une eau trop froide peut lui causer un choc). Petit conseil : si votre eau du robinet est très calcaire, votre cyclamen appréciera de temps en temps un arrosage à l’eau de pluie. C’est le luxe !
3. Posez le pot dedans et laissez-le boire tranquillement pendant 15-20 minutes.
4. Soulevez le pot : il est lourd ? C’est bon, il a assez bu. Videz l’excédent d’eau de la soucoupe. Attention : ne le laissez JAMAIS baigner dans l’eau en permanence. Ses racines s’asphyxieraient.

Pour la fréquence, il n’y a pas de calendrier. Le meilleur indicateur, c’est le poids du pot. Soulevez-le. Léger ? Il a soif. Lourd ? Laissez-le tranquille. En général, durant la floraison, un arrosage tous les 5 à 7 jours suffit.
Lumière et température : comme à la maison
Le cyclamen adore la lumière vive, mais déteste le soleil direct, qui grille ses feuilles. L’idéal ? Une pièce lumineuse, près d’une fenêtre orientée au nord ou à l’est. Il se plaît aussi dans les vérandas peu chauffées ou les entrées. La température est cruciale : il est au top entre 14°C et 18°C. Au-delà de 20°C, il s’épuise et arrête de fleurir. Eloignez-le donc à tout prix des radiateurs !
La fertilisation : nourrir, sans gaver
De septembre à avril, il est en pleine croissance et a faim. Pour soutenir sa floraison, il a besoin d’un petit coup de pouce. Optez pour un engrais liquide pour plantes fleuries, ou même un engrais pour géraniums ou tomates. Pourquoi ? Parce qu’ils sont pauvres en azote (N), qui favorise les feuilles, et riches en phosphore (P) et potassium (K), qui boostent les fleurs et renforcent le tubercule. Un apport tous les 15 jours dans l’eau de bassinage, c’est parfait. N’en mettez jamais sur un terreau tout sec.

L’entretien au quotidien : le petit geste qui change tout
Pour l’encourager à faire de nouvelles fleurs, il faut enlever les fleurs et feuilles fanées. Mais ne les coupez pas ! Saisissez la tige fanée à sa base, près du tubercule, tournez-la un peu sur elle-même et tirez d’un coup sec. Elle viendra toute seule, proprement, sans laisser de petit bout qui pourrait pourrir.
La pause estivale : le secret de sa longévité
C’est l’étape que tout le monde zappe, et c’est pour ça que leur cyclamen ne repart jamais. Vers avril-mai, la floraison ralentit, les feuilles jaunissent… Pas de panique ! Il ne meurt pas, il vous dit juste qu’il est temps de faire une sieste.
Arrêtez immédiatement l’engrais et réduisez les arrosages. Laissez le terreau sécher. Une fois que toutes les feuilles sont jaunes et sèches, retirez-les. Stockez ensuite le pot dans un endroit frais et sec, à l’abri du soleil : un garage, une cave, un coin ombragé sur un balcon… L’important, c’est qu’il soit au calme. Inutile de l’arroser pendant cette période, sauf peut-être une minuscule giclée d’eau une fois par mois si l’air est très sec, juste pour que le tubercule ne se momifie pas.

Le réveil et le rempotage : un nouveau départ
Fin août, c’est l’heure de le réveiller ! C’est le moment idéal pour le rempoter, ce qui va lui donner le signal de repartir.
Sortez délicatement le tubercule de son pot, enlevez l’ancien terreau et examinez-le. Il doit être ferme. Choisissez un nouveau pot, à peine plus grand que le précédent. Remplissez-le avec un bon terreau pour plantes fleuries (vous en trouverez pour environ 5-7€ le petit sac chez Castorama, Jardiland ou Leroy Merlin). Repositionnez le tubercule en laissant bien sa partie supérieure dépasser d’un bon centimètre. Tassez légèrement et effectuez un premier arrosage léger (par bassinage, toujours !). Replacez-le dans un endroit lumineux et frais, et la magie devrait opérer en quelques semaines avec l’apparition de nouvelles feuilles.
SOS Cyclamen : que faire quand ça dérape ?
Même avec les meilleurs soins, un petit souci peut arriver. Voici un guide de dépannage rapide :

- Les feuilles jaunissent en plein hiver ? Ce n’est pas normal. C’est soit un coup de chaud (trop près d’un radiateur), soit un excès d’eau. Vérifiez l’humidité de la terre et déplacez-le.
- Une moisissure grise apparaît à la base ? C’est le fameux botrytis. Vous avez arrosé par le dessus ! Coupez les parties atteintes, laissez bien sécher le terreau et passez au bassinage sans plus attendre.
- Plein de feuilles, mais pas de fleurs ? Deux possibilités : soit il manque de lumière, soit votre engrais est trop riche en azote.
Voilà, vous avez toutes les cartes en main. Le cyclamen n’est pas une plante compliquée, c’est une plante qui a un rythme. En le respectant, vous n’achetez pas une décoration de Noël, mais un compagnon végétal qui vous émerveillera chaque automne. Patience et observation sont vos meilleurs outils !
Galerie d’inspiration


Au moment de choisir votre cyclamen en jardinerie, ne vous fiez pas uniquement aux fleurs déjà épanouies. Un bon indicateur de longévité se cache sous le feuillage :
- Recherchez une abondance de boutons floraux serrés, prêts à prendre le relais.
- Assurez-vous que le feuillage est dense, ferme et sans taches jaunes.
- Vérifiez que le tubercule, visible à la surface du terreau, est dur au toucher.
- Évitez les plantes dont la soucoupe baigne dans l’eau, un signe de mauvais drainage.

Le saviez-vous ? Le cyclamen tire son nom du grec ancien « kyklos », qui signifie cercle.
Cette appellation poétique fait directement référence à la forme de son tubercule, cette réserve de vie ronde et aplatie. C’est ce « cercle » qui emmagasine l’énergie nécessaire pour survivre à sa période de dormance estivale et orchestrer son retour spectaculaire chaque automne. Un véritable cycle de vie contenu dans un organe fascinant.

Votre cyclamen peut-il parfumer votre intérieur ?
Absolument ! Si de nombreux hybrides modernes ont perdu leur parfum au profit de fleurs plus grandes, certaines variétés ont conservé cette qualité. Les cyclamens botaniques (comme le Cyclamen persicum sauvage) et certaines séries spécifiques comme les Halios® de l’obtenteur Morel, peuvent diffuser une fragrance subtile et poivrée. Un délice à découvrir en approchant son nez des fleurs, surtout par temps frais.

Le geste à proscrire : L’arrosage par le dessus, directement sur le cœur de la plante. L’eau qui stagne à la base des tiges provoque à coup sûr la pourriture du tubercule. La meilleure méthode est le bassinage : placez le pot dans une soucoupe remplie d’eau pendant 15 à 20 minutes, le temps que la motte s’imbibe par capillarité, puis videz impérativement l’excédent d’eau.
Terre cuite : Le choix idéal pour un cyclamen. Sa matière poreuse favorise l’évaporation de l’eau et une excellente aération des racines, ce qui prévient efficacement la pourriture du tubercule, son principal ennemi.
Pot en plastique ou céramique vernissée : Une option plus décorative qui retient davantage l’humidité. Elle demande plus de vigilance : attendez que le substrat soit bien sec en surface avant le prochain arrosage.