Les Fjords Norvégiens : Le Vrai Guide du Terrain (Sans la Poudre aux Yeux)

Prêt pour une aventure estivale inoubliable ? Découvrez les fjords norvégiens, un trésor naturel à explorer loin des plages bondées !

Auteur Sandrine Morel

Ça fait plus de vingt ans que je crapahute dans les fjords de l’Ouest norvégien. Mon bureau, c’est cette odeur de terre humide juste après la pluie, le bruit de l’eau qui file sur la roche, et ce goût salé qui colle aux lèvres. Je ne suis pas là pour vous vendre du rêve en brochure. Je suis guide de montagne et de kayak. Mon job, c’est de vous emmener au cœur de ces paysages dingues et, surtout, de vous ramener entiers. Alors, oubliez les clichés. Je vais vous partager ce que j’ai appris sur le terrain, les infos pratiques qui font la différence entre un voyage inoubliable et une grosse galère.

Comprendre le fjord : c’est bien plus que de l’eau entre des montagnes

Pour vraiment apprécier cet endroit, il faut d’abord piger comment il fonctionne. Un fjord, ce n’est pas un lac tranquille. C’est un bras de l’océan qui s’est engouffré dans une ancienne vallée creusée par les glaciers. Et quand je dis creusé, je pèse mes mots : le Sognefjord, par exemple, descend à plus de 1300 mètres de profondeur. Forcément, ça a des conséquences.

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L’eau est donc salée, mais surtout, elle est glaciale. Même au cœur de l’été, en surface, elle dépasse rarement les 12-14°C. Plus bas, c’est 4°C toute l’année. Honnêtement, une chute en kayak sans équipement adapté, c’est l’hypothermie assurée en quelques minutes. C’est un risque que nous, les pros, on ne prend JAMAIS à la légère.

Et puis il y a ces montagnes abruptes qui créent un microclimat totalement imprévisible. Le ciel peut passer du grand bleu au brouillard opaque en moins d’une heure. Les applis météo locales comme YR.no ou Storm.no sont fiables, mais vérifiez toujours la météo pour le lieu précis de votre rando, pas juste pour la grande ville d’à côté.

Quelle est la meilleure saison pour venir ?

C’est la question qu’on me pose tout le temps. Franchement, chaque saison a son charme, mais aussi ses contraintes.

  • Mai-Juin : C’est la pleine explosion de la vie. Les journées sont interminables, la lumière est incroyable et les cascades sont gonflées à bloc par la fonte des neiges. Dans le Hardangerfjord, c’est la floraison des fruitiers, c’est magique. Le bémol ? Il reste souvent pas mal de neige en altitude. Les randos les plus connues, comme Trolltunga, peuvent encore être inaccessibles ou très techniques. L’avantage : il y a beaucoup moins de monde.
  • Juillet-Début Août : C’est la haute saison, la plus chaude et, en théorie, la plus stable côté météo. Tout est ouvert, tout est accessible. L’inconvénient majeur ? Vous ne serez pas seul. Les sites les plus célèbres sont littéralement pris d’assaut. C’est le prix à payer pour avoir le plus de chances de beau temps.
  • Fin Août-Septembre : Pour moi, c’est la période idéale. La lumière redevient dorée, les touristes se font plus rares et la nature se pare de couleurs d’automne absolument sublimes. Les journées raccourcissent, il faut être un peu plus vigilant, mais l’ambiance est beaucoup plus paisible. Attention, les premières neiges peuvent déjà faire leur apparition sur les sommets.
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Les bases d’une bonne préparation : le matos et le budget

L’improvisation a ses limites face à la nature norvégienne. Une bonne préparation, c’est 80% de la réussite de votre voyage.

Choisir sa zone, pas juste son itinéraire

L’erreur classique, c’est de vouloir tout voir en une semaine. C’est le meilleur moyen de passer ses vacances en voiture. Mon conseil : choisissez UNE seule région et explorez-la à fond. Alors, comment choisir ? C’est une question de feeling. Si vous rêvez de vergers en fleurs au bord de l’eau et d’une ambiance un peu plus douce, visez le Hardangerfjord. C’est aussi le point de départ pour des randos mythiques mais très exigeantes. Si vous cherchez le côté plus brut, plus sauvage, avec des falaises qui plongent droit dans l’eau, alors la région du Sognefjord et ses bras comme le Nærøyfjord est faite pour vous. C’est le paradis du kayak, mais attendez-vous à un paysage plus austère et spectaculaire.

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L’équipement : la fameuse règle des trois couches

C’est le B.A.-ba. Et par pitié, oubliez le coton. Une fois humide, il devient un véritable frigo portable. On l’appelle parfois « le tissu de la mort » en montagne, et ce n’est pas pour rien.

  1. Couche de base : Un sous-vêtement en laine mérinos. C’est un petit investissement (comptez 40€ à 80€ pour un bon t-shirt technique), mais ça isole même mouillé et ça ne sent pas la transpiration après une heure.
  2. Couche intermédiaire : Une polaire classique ou une petite doudoune synthétique. C’est ce qui va garder votre chaleur. On en trouve des très bien entre 50€ et 90€.
  3. Couche extérieure : Votre bouclier anti-pluie. Une veste et un pantalon imperméables ET respirants. Là, il ne faut pas lésiner. Pour une veste qui tient la route face à une vraie pluie norvégienne (type Gore-Tex ou équivalent), prévoyez un budget entre 180€ et 400€. C’est cher, mais c’est le prix de la tranquillité.

Et les pieds ! Surtout, ne négligez pas les chaussures. Des montantes, imperméables, avec une bonne accroche. Comptez entre 130€ et 250€ pour une paire fiable qui vous évitera bien des glissades dans la boue.

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Petit conseil : la checklist du sac à dos pour une rando à la journée. Même si le soleil brille au départ, voici ce qui doit TOUJOURS être dans votre sac :

  • Votre veste et votre pantalon de pluie
  • Une polaire
  • Un bonnet et des gants (oui, même en juillet !)
  • Une carte, une boussole (et savoir s’en servir)
  • Une batterie externe pour le téléphone
  • De l’eau en quantité suffisante et des en-cas énergétiques
  • Une petite trousse de secours

Parlons budget : la Norvège, c’est cher, mais gérable

Oui, la vie est chère ici, mais il y a des solutions. Pour se loger, le camping sauvage est autorisé presque partout (à plus de 150m d’une habitation), c’est l’option la plus économique. Sinon, une nuit en refuge de montagne non gardé (DNT) vous coûtera environ 30-40€ par personne. Pour les hôtels, ne vous attendez à rien en dessous de 130-150€ la nuit en saison.

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Le transport peut vite faire grimper la note. Un simple ferry pour traverser un fjord avec une voiture, c’est facilement 30-50€. Pour la nourriture, oubliez les restaurants (un plat simple, c’est 30€ minimum) et la bière au bar (entre 9€ et 12€ la pinte !). Le secret, ce sont les supermarchés comme Kiwi ou Rema 1000. Mon kit de survie perso : du pain plat `lompe`, du fromage en tube, du saucisson `spekepølse` et des soupes en sachet. C’est local, ça cale, et on peut s’en sortir pour 20-25€ par jour.

Les incontournables et leurs alternatives plus secrètes

Chaque fjord a son caractère. Voici quelques pistes pour vous y retrouver.

Le Hardangerfjord : vergers, cidre et randos extrêmes
C’est le fjord « carte postale ». Au printemps, c’est une merveille. C’est aussi la porte d’entrée de la célèbre randonnée de Trolltunga. Mais soyons clairs : c’est une expédition de 10-12 heures, pas une balade du dimanche. J’ai vu des gens démarrer à midi en baskets avec une seule bouteille d’eau… C’est le meilleur moyen de finir dans les statistiques des secours en montagne. Si vous n’êtes pas un randonneur aguerri, il y a des dizaines d’autres randos incroyables, comme celle qui mène au lac Bondhusvatnet, beaucoup plus accessible et tout aussi sublime.

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Le Sognefjord et ses bras (Nærøyfjord, Aurlandsfjord)
C’est le roi des fjords, le plus sauvage. La zone de Flåm est très touristique. Pour le fameux point de vue de Stegastein, le bon plan c’est d’y aller au lever du soleil. Vous aurez la vue pour vous tout seul, et la lumière est magique. Pour vraiment sentir l’immensité du fjord, le mieux reste le kayak. Mais attention aux vagues créées par les gros ferrys dans le Nærøyfjord.

Le Geirangerfjord : l’icône sur-visitée
Avec ses cascades célèbres, c’est le plus connu. Et donc le plus fréquenté. Voir un paquebot de 15 étages manœuvrer ici est impressionnant, mais ça peut gâcher l’immersion. Mon astuce : optez pour les petits ferrys électriques ou louez un e-kayak. Vous aurez le son de la nature, pas celui des moteurs.

Les derniers conseils d’ami (à ne surtout pas ignorer)

Je termine par le plus important. Mon rôle, c’est de vous prévenir des risques pour que vous puissiez les éviter.

L’ego en montagne : Nous avons un code de la montagne ici, les `Fjellvettreglene`. La règle la plus importante, c’est : « Faites demi-tour à temps, ce n’est pas une honte ». J’ai moi-même fait demi-tour à 200 mètres du sommet un nombre incalculable de fois. Parce que le vent se levait, que le brouillard arrivait… La montagne sera toujours là demain. Votre ego, lui, peut vous mettre dans de sales draps.

La conduite : Les routes sont étroites, sinueuses, et vous croiserez des bus et des camping-cars. Soyez patient, utilisez les aires de croisement (`møteplasser`). Attention aux moutons, ils sont partout et n’ont aucune notion du code de la route. Ah, et les tunnels… il y en a des centaines, certains sont longs et peu éclairés. Allumez toujours vos phares.

Au final, préparer un voyage dans les fjords, c’est avant tout faire preuve de respect et d’humilité. C’est un environnement magnifique mais exigeant. Avec le bon état d’esprit et le bon équipement, vous vivrez une expérience puissante et authentique. Et vous rentrerez avec des souvenirs gravés à jamais, pas seulement de jolies photos.

Inspirations et idées

Chaussure de rando : le dilemme.

Option A – La robuste : Une chaussure de montagne rigide, type La Sportiva Trango. Idéale pour les terrains techniques, la neige résiduelle en début de saison et un excellent maintien de la cheville. Indispensable pour les treks de plusieurs jours avec un sac lourd.

Option B – La légère : Une chaussure de trail, comme une Hoka Speedgoat. Parfaite pour les randos à la journée sur sentier bien marqué. Son atout : la légèreté et le confort. Son défaut : moins de protection et un séchage plus lent si elle prend l’eau.

Le choix dépendra vraiment de votre programme. En cas de doute, la robustesse prime dans les fjords.

Le saviez-vous ? En Norvège, l’Allemannsretten, ou « droit de tout un chacun », vous autorise à camper librement dans la nature, à condition de rester à plus de 150 mètres de l’habitation la plus proche.

Ce droit ancestral est une formidable opportunité, mais il s’accompagne d’une responsabilité : ne laisser aucune trace. Emportez absolument tous vos déchets, ne faites pas de feu sur la roche nue (elle peut éclater) et respectez la faune et la flore. C’est le contrat de confiance qui permet à ces paysages de rester sauvages.

La météo changeante des fjords impose une règle d’or : le système des 3 couches. C’est la seule façon de rester sec et à la bonne température.

  • Couche de base : Un sous-vêtement technique en laine mérinos (jamais de coton !). Il évacue la transpiration et isole même humide. Les marques norvégiennes comme Devold ou Aclima sont la référence.
  • Couche intermédiaire : Une polaire ou une doudoune légère en synthétique. Elle emprisonne la chaleur de votre corps.
  • Couche extérieure : Une veste imper-respirante (type Gore-Tex) qui coupe le vent et protège de la pluie. C’est votre bouclier.

Peut-on boire l’eau des torrents et des cascades ?

Oui, dans la plupart des cas, surtout en altitude et loin des zones de pâturage. L’eau qui dévale des glaciers est généralement pure et délicieuse. Cependant, une règle de prudence s’impose : évitez de boire en aval des troupeaux de moutons ou des zones habitées. Si vous avez le moindre doute, utilisez un filtre à eau portable comme le Sawyer Squeeze ou des pastilles de purification. C’est léger, ça ne prend pas de place et ça peut vous éviter de sérieux désagréments gastriques.

Le secret du confort post-rando : Après une journée sous la pluie, rien ne vaut l’art du kos norvégien. Ce n’est pas juste du réconfort, c’est un rituel. Enfiler des chaussettes en laine sèches, allumer quelques bougies dans la cabane (ou le camping-car), se faire couler un thé ou un café bien chaud et s’enrouler dans un plaid. Ce moment de quiétude simple, face à la nature brute que l’on vient d’affronter, fait partie intégrante de l’expérience des fjords.

Avec ses 860 mètres de chute totale, la cascade de Vinnufossen n’est pas seulement la plus haute de Norvège, mais aussi la plus haute d’Europe.

Le réseau mobile est loin d’être parfait dans les vallées encaissées et sur les hauts plateaux. Ne comptez pas dessus en cas de problème.

L’accessoire qui peut tout changer : Une balise de détresse personnelle (PLB) ou un communicateur satellite comme le Garmin inReach Mini. Il vous permet d’envoyer un SOS avec votre position GPS exacte aux secours, même en l’absence totale de réseau. C’est un petit investissement qui offre une tranquillité d’esprit inestimable, surtout si vous partez en solo ou hors des sentiers battus.

  • Des ciels d’un bleu plus profond.
  • Des reflets sur l’eau parfaitement maîtrisés.
  • Des couleurs de végétation plus riches et saturées.

Le secret du photographe ? Un simple filtre polarisant. Vissé sur votre objectif, il élimine la lumière parasite réfléchie par l’eau ou l’humidité de l’air, révélant la vraie couleur et le contraste spectaculaire des paysages. C’est l’accessoire le plus efficace pour sublimer vos photos de fjords.

En randonnée, l’énergie est reine. Pour vos en-cas, pensez local et pratique :

  • Le Kvikk Lunsj : Plus qu’un simple chocolat, c’est l’emblème norvégien de la pause en plein air. L’équivalent local du KitKat, mais en meilleur (selon les Norvégiens !).
  • La viande séchée : Le fenalår (gigot d’agneau séché) ou des saucissons de renne ou d’élan se conservent parfaitement et sont riches en protéines.
  • Le flatbrød : Ce pain plat et croustillant est la base parfaite pour du fromage ou du saucisson.
Sandrine Morel

Styliste Beauté & Adepte du Bien-être Naturel
Ses expertises : Coiffure créative, Soins naturels, Équilibre intérieur
Sandrine a commencé sa carrière dans les salons parisiens avant de s'orienter vers une approche plus naturelle de la beauté. Convaincue que le bien-être intérieur se reflète à l'extérieur, elle explore constamment de nouvelles techniques douces. Ses années d'expérience lui ont appris que chaque personne est unique et mérite des conseils personnalisés. Grande amatrice de yoga et de méditation, elle intègre ces pratiques dans sa vision holistique de la beauté. Son mantra : prendre soin de soi devrait être un plaisir, jamais une corvée.