Sérigraphie sur T-shirt : Le Guide Complet (Avec les Vrais Secrets de l’Atelier)
Soutenez les héros du quotidien avec le nouveau tee-shirt NOAH, une pièce qui allie style et solidarité. Prêt à faire la différence ?

Dans un monde où chaque geste compte, porter un tee-shirt peut sembler anodin. Pourtant, ce simple vêtement peut devenir un puissant symbole de gratitude. En découvrant la démarche de NOAH, je me suis rappelé combien il est essentiel de soutenir ceux qui se battent en première ligne. Avec son message « Thank You », cette création incarne l'esprit de solidarité dont nous avons tant besoin.
On me demande souvent ce qui peut bien être si passionnant dans mon métier. Je suis sérigraphe. En gros, je passe mes journées les mains dans l’encre à imprimer des motifs sur des vêtements, et soyons honnêtes, surtout sur des t-shirts.
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Le t-shirt, c’est un truc tout bête, non ? Un bout de coton, deux manches, un col. Et pourtant, il a ce pouvoir incroyable de porter une idée, de lancer une marque ou de symboliser un mouvement. Dans mon atelier, j’ai vu défiler des projets de toutes sortes : des jeunes créateurs qui se lançaient, des groupes de rock qui avaient besoin de merch pour leur tournée… C’est fou la puissance de ce simple vêtement. Un bon visuel, bien imprimé, et hop, vous créez du lien, vous faites passer un message.
Mais derrière chaque t-shirt qui a de la gueule, il y a une technique, un savoir-faire. Et ce savoir-faire, c’est la sérigraphie. Ça demande de la précision, beaucoup de patience et une bonne connaissance des matériaux. Alors, j’ai décidé de vous ouvrir les portes de mon atelier. Pas de blabla compliqué, juste les bases solides, les gestes de pro et, surtout, les erreurs à ne pas commettre. Pour que vous compreniez enfin la différence entre un t-shirt qui part en lambeaux au premier lavage et celui qui devient votre pièce préférée pendant des années.

La mécanique de l’impression : un peu de science pour commencer
La sérigraphie, ça peut sembler un peu magique. On pose un cadre, on tire l’encre avec une racle, et le dessin apparaît. En réalité, c’est un processus physique et chimique qu’on contrôle de A à Z. Comprendre ces bases, c’est la clé pour ne pas rester bloqué au premier pépin.
L’outil n°1 : l’écran de sérigraphie
Tout part de l’écran. C’est un cadre (en alu, c’est mieux) sur lequel est tendue une toile en polyester. La caractéristique principale de cette toile, c’est son maillage, qu’on mesure en nombre de fils par centimètre. Vous verrez souvent la lettre « T » pour « tissage ». Un écran 43T a donc 43 fils/cm.
- Maillage faible (ex : 43T) : Les trous sont gros, l’encre passe en masse. C’est parfait pour les encres épaisses comme le blanc ou pour les grands aplats de couleur sans trop de détails. Idéal pour obtenir une bonne opacité sur un t-shirt noir.
- Maillage moyen (ex : 77T) : C’est le passe-partout. Un bon équilibre entre dépôt d’encre et finesse. Franchement, c’est celui que j’utilise 80% du temps pour les visuels en couleur sur textiles clairs.
- Maillage élevé (ex : 120T et plus) : Des mailles très fines pour les détails de folie, les textes fins ou les impressions complexes comme la quadrichromie. Il dépose moins d’encre, ce qui est top pour les dégradés.
Choisir le bon maillage, c’est votre première décision technique. Un bon écran vous coûtera entre 25€ et 40€ selon sa qualité et son cadre. Ne pas se tromper ici vous évitera bien des galères.

Le cœur du réacteur : quelle encre choisir ?
Alors là, c’est le grand débat : encre à l’eau ou encre Plastisol ? Chacune a ses fans et ses détracteurs. Pour faire simple, voici comment je vois les choses.
L’encre à l’eau, c’est ma préférée pour le rendu. Elle pénètre la fibre du coton, et une fois sèche, le toucher est incroyablement doux, on ne sent quasiment pas l’impression. C’est ce qu’on appelle le « soft hand ». Côté écologie, c’est aussi un gros plus : les outils se nettoient simplement à l’eau. Le principal inconvénient ? Elle sèche vite, y compris dans l’écran. Si vous faites une pause café, vous risquez de boucher votre motif. Il faut donc bosser en continu.
L’encre Plastisol, c’est l’encre reine de l’industrie. Elle est faite de particules de PVC et ne sèche JAMAIS à l’air libre. Vous pouvez la laisser dans un écran pendant des jours, c’est un avantage énorme en production. Contrairement à l’encre à l’eau, elle se dépose sur le tissu, créant une fine couche un peu plastique. Le toucher est plus épais, mais son pouvoir couvrant est imbattable. Un blanc plastisol sur un t-shirt noir, c’est le jour et la nuit. Attention, son séchage (on dit polymérisation) doit atteindre environ 160°C À CŒUR. Si ce n’est pas assez chaud, l’encre partira au premier lavage. C’est l’erreur numéro un du débutant.

Le pochoir magique : l’émulsion photosensible
Pour créer le motif, on doit boucher certaines mailles de l’écran. On utilise pour ça une émulsion photosensible, une sorte de gel qu’on applique sur l’écran dans une pièce avec une lumière faible (idéalement une ampoule jaune inactinique). Une fois l’écran sec, on y plaque un film transparent avec notre motif imprimé en noir bien opaque (le typon). On expose le tout à une forte lumière UV. Là où la lumière passe, l’émulsion durcit. Là où le noir du typon la protège, elle reste molle. Un coup de jet d’eau, et les parties molles s’en vont, révélant votre pochoir. Magique, je vous dis !
Dans les coulisses de l’atelier : les gestes qui comptent
Allez, on passe à la pratique. Voici comment ça se passe concrètement, étape par étape.
1. La préparation du fichier : Tout commence sur l’ordi. Un fichier vectoriel, c’est le Graal. Sinon, une image en haute résolution (300 DPI minimum) à la taille d’impression. Le noir du typon doit être un vrai noir profond pour bien bloquer les UV.

2. L’insolation : Une étape super critique. Le temps d’exposition doit être parfait. Pour trouver le temps idéal pour votre installation (lampe, émulsion…), le mieux est d’utiliser une mire de calibrage. C’est une petite bande test avec différentes zones qui vous aide à voir quel temps d’exposition donne le meilleur résultat. Ça vous évite de flinguer des écrans pour rien.
3. Le calage sur la machine : Pour imprimer, on utilise un carrousel. Aligner les différents écrans pour une impression multi-couleurs, c’est l’étape la plus délicate. On imprime la première couleur, puis on ajuste le deuxième écran au millimètre près pour que ça tombe pile poil. Ça peut prendre une heure sur des visuels complexes, mais c’est le prix à payer pour un résultat impeccable.
4. Le geste d’impression : On utilise une racle pour pousser l’encre à travers l’écran. L’angle (environ 75°), la pression et la vitesse sont clés. Il faut juste assez de pression pour que la lame touche la toile. Trop fort, et ça bave. D’ailleurs, un truc essentiel, c’est le « hors-contact » : ce petit espace de 1 à 2 mm entre l’écran et le t-shirt. Il permet à l’écran de se décoller proprement après le passage de la racle. Petite astuce : collez une ou deux pièces de 1€ sur le plateau (la jeannette) pour créer cet espace facilement. Ça marche du tonnerre !
5. La cuisson, l’étape finale et fatale : Le t-shirt imprimé passe dans un tunnel de séchage. Pour le plastisol, il faut atteindre ces fameux 160°C. Pour le vérifier, on fait un test tout simple : on étire doucement le motif. S’il craque, c’est pas assez cuit. S’il s’étire avec le tissu, c’est bon. Croyez-moi sur parole, j’ai déjà ruiné une production de 50 t-shirts à cause d’un tunnel mal réglé de 10 degrés. Ça avait l’air nickel, mais tout est parti au lavage. Depuis, je fais TOUJOURS ce test sur les 2-3 premières pièces. Ça prend 10 secondes et ça sauve des heures de boulot.
Le choix du T-shirt : la base de tout
On n’imprime pas de la même manière sur tous les tissus. Un bon sérigraphe connaît ses textiles.
- 100% Coton : Le support idéal, surtout pour les encres à l’eau qui adorent ses fibres. Un coton peigné (« ring-spun ») offre une surface plus lisse et une impression plus nette.
- Polyester : C’est la bête noire. La teinture du tissu peut « migrer » dans l’encre pendant la cuisson et la tacher. Il faut utiliser des encres spéciales « low bleed » ou une sous-couche pour bloquer ce phénomène.
- Mélanges (Poly/Coton, Tri-blend) : Très populaires pour leur douceur, mais ils présentent les mêmes défis que le polyester. Le rendu est souvent un peu « chiné » ou vintage, ce qui peut être un effet recherché.
Le grammage (l’épaisseur, en g/m²) compte aussi. Un 150 g/m² est léger, un 190 g/m² est plus épais et qualitatif. Des marques comme Gildan sont parfaites pour des volumes promotionnels. Pour un projet plus quali, on se tourne vers des marques comme Stanley/Stella ou B&C, souvent en coton bio. Pour acheter en gros, des sites comme Wordans ou L-Shop-Team sont de bonnes pistes.
Comment se lancer sans se ruiner ?
Ok, ça vous tente ? Soyons réalistes sur l’investissement.
Le kit du débutant à 100€ : C’est sympa pour tester à la maison, faire un t-shirt mono-couleur. Mais on atteint vite les limites : pas de calage précis, séchage au fer à repasser peu fiable… C’est un hobby, pas un début de production.
Le bon plan : l’atelier partagé. C’est la solution que je recommande le plus. Pour un abonnement mensuel ou un tarif à l’heure, vous accédez à du matos de pro. C’est idéal pour se former et lancer ses premières séries sans hypothéquer sa maison.
Le kit du hobbyiste sérieux (budget 300-500€) : Pour ceux qui veulent un petit setup à la maison qui tient la route, voilà une liste de courses réaliste :
- Presse 1 couleur / 1 jeannette : on en trouve des correctes pour environ 150€ (sur des sites comme Vevor ou Amazon).
- 2 ou 3 écrans (43T et 77T) : comptez environ 25€ pièce.
- Une racle, de l’encre, de l’émulsion, un enducteur : un pack de départ pour environ 100-150€.
- Pour l’insolation : un simple projecteur halogène de chantier (30€) peut faire l’affaire pour commencer.
- Pour le séchage : un décapeur thermique (30-40€) bien utilisé peut fixer du plastisol.
Avec ça, vous pouvez déjà faire des choses très propres en une couleur. Pour trouver tout ce matériel, des fournisseurs spécialisés comme Promattex en France ou Seri-Suisse sont des mines d’or.
Le cauchemar du nettoyage (et comment s’en sortir)
Honnêtement, c’est la partie que tout le monde déteste. Mais un écran propre est la base d’une bonne impression future. Voici la routine pour ne pas y passer des heures :
- Retirer le surplus d’encre : avec une spatule, on racle l’encre de l’écran pour la remettre dans son pot. Pas de gâchis !
- Nettoyer l’encre : On utilise le solvant adapté (de l’eau pour les encres à l’eau, un solvant spécifique pour le plastisol) et des chiffons jusqu’à ce que le motif soit propre.
- Le dégravage : C’est là qu’on retire l’émulsion (le pochoir). On applique un produit dégravant, on laisse agir quelques instants, puis on passe un coup de jet haute pression (type Karcher). Adieu le pochoir !
- Dégraisser : Un dernier coup de produit dégraissant pour enlever les résidus et préparer l’écran pour sa prochaine utilisation.
Portez toujours des gants et des lunettes pour ces étapes. Je vous assure, une projection de produit chimique dans l’œil, ça calme direct.
Voilà, vous avez les clés. Mais la vérité, c’est que rien ne remplace la pratique. La sérigraphie, ça s’apprend en faisant, en ratant, en recommençant. Mon dernier conseil ? Commencez simple. Visez le t-shirt une couleur parfait sur du coton. Quand vous obtiendrez une impression nette, opaque, douce et qui résiste au lavage, vous aurez tout compris. Le reste, c’est juste de l’expérience et de la curiosité.
Inspirations et idées
Encre à l’eau : Écologique et respirante, elle pénètre la fibre du t-shirt pour un toucher très doux, quasi imperceptible. Idéale pour les cotons clairs. Les encres de la marque Speedball sont une référence pour démarrer.
Encre Plastisol : Plus couvrante et opaque, elle se dépose sur le tissu, offrant des couleurs vives et intenses, même sur des t-shirts foncés. C’est le standard de l’industrie, mais elle nécessite une cuisson pour sécher.
Saviez-vous que 95% des problèmes d’impression pour les débutants proviennent de l’écran ? Une tension inégale, une émulsion mal appliquée ou un nettoyage imparfait peuvent ruiner un visuel avant même que la première goutte d’encre ne soit posée.
Comment obtenir cet aspect « vintage » si recherché ?
Le secret réside moins dans le visuel que dans la technique. On utilise une encre à l’eau avec un agent réducteur pour la rendre plus transparente, et on effectue un seul passage de racle, avec une pression modérée. Le résultat est un motif légèrement usé, comme si le t-shirt avait déjà une longue histoire. Le choix d’un t-shirt en coton-polyester (tri-blend) accentue encore cet effet.
- Une tenue parfaite même après des dizaines de lavages.
- Des couleurs qui fusionnent avec le textile, sans effet “plastique”.
- Un toucher d’une douceur incomparable.
Le secret ? L’encre à décharge (discharge ink). Particulièrement efficace sur les t-shirts 100% coton foncés, elle ne colore pas le tissu : elle le décolore pour le reteinter avec le pigment souhaité. Le résultat est bluffant de qualité et de confort.
La qualité de votre t-shirt de base est aussi importante que celle de l’impression. Pour un rendu premium qui dure, oubliez les t-shirts bas de gamme et cherchez ces caractéristiques :
- 100% coton peigné
Point important : La séparation des couleurs. Si votre visuel en comporte plusieurs, il faut préparer un fichier distinct pour chaque couleur. Chaque fichier servira à créer un écran différent. L’erreur classique est de fournir un fichier JPEG aplati, qui est inexploitable pour une sérigraphie multi-couleurs de qualité. Pensez
L’histoire de la sérigraphie sur t-shirt est indissociable de la culture skate et surf. À la fin des années 80, Shawn Stüssy a commencé à signer ses planches de surf à la main. Il a eu l’idée de sérigraphier cette même signature sur des t-shirts qu’il vendait depuis sa voiture en Californie. Sans le savoir, il venait de jeter les bases du streetwear moderne, prouvant qu’un simple t-shirt pouvait devenir un signe de ralliement iconique.
- Retournez toujours le t-shirt avant de le mettre en machine.
- Lavez à froid, 30°C maximum, pour préserver les couleurs et les fibres.
- Évitez le sèche-linge, qui abîme l’encre et peut faire rétrécir le coton.
- Ne repassez jamais directement sur le motif. Faites-le sur l’envers.
Un t-shirt de qualité pèse généralement entre 180 et 220 g/m².
Ce chiffre, le grammage, est un indicateur clé de la durabilité. En dessous de 150 g/m², le t-shirt risque de se déformer rapidement et l’encre de le traverser. Un grammage élevé garantit non seulement une meilleure tenue dans le temps, mais aussi une surface d’impression plus stable, permettant aux couleurs de ressortir avec plus d’intensité et de netteté.