Peaky Blinders : Démêler le vrai du faux pour vraiment comprendre la série
Préparez-vous à plonger dans l’univers tumultueux de Peaky Blinders, où les alliances se nouent et se dénouent dans l’ombre des ruelles de Birmingham.

L'anticipation monte autour de la saison 5 de Peaky Blinders, une série qui ne cesse de captiver. En tant que fan inconditionnel, je me souviens de la première fois où j'ai découvert Tommy Shelby. Chaque saison m'a entraîné dans un monde où le danger et la stratégie règnent en maîtres. Cette fois, les tensions s'intensifient avec l'arrivée de nouveaux ennemis, plongeant le clan Shelby dans un tourbillon d'intrigues. Que nous réserve cette nouvelle saison ?
Alors comme ça, on est fan de Peaky Blinders ? Franchement, je vous comprends. Cette ambiance, ces personnages… c’est une série qui a vraiment quelque chose de spécial. Mais en tant que passionné d’histoire, ce que je trouve le plus fascinant, c’est la façon dont elle joue avec des événements réels pour construire son récit. Mon but ici, ce n’est pas de faire le prof, mais plutôt de vous donner quelques clés pour apprécier encore plus la série. Pensez à moi comme un guide qui vous montre les coulisses d’un chef-d’œuvre.
Contenu de la page
- Le point de départ : un véritable séisme économique
- Un méchant pas comme les autres : la figure du fascisme britannique
- Gangs rivaux : quand Glasgow entre dans la danse
- Alors, qu’est-ce qui est vrai et qu’est-ce qui est inventé ?
- Et après ? Que sont-ils devenus ?
- Pour aller plus loin (sans se ruiner)
- Inspirations et idées
Le point de départ : un véritable séisme économique
La saison 5 démarre sur les chapeaux de roue avec le fameux krach boursier. Pour le clan Shelby, c’est une douche froide financière. Mais pour le commun des mortels à l’époque, c’était bien plus qu’une mauvaise passe. Imaginez un véritable tremblement de terre qui secoue les fondations de la société.

Ce qui s’est passé à Wall Street n’est pas resté à New York, loin de là. L’économie était déjà mondiale. Pour la Grande-Bretagne, qui se remettait à peine de la Première Guerre mondiale, le coup a été terrible. Les investisseurs ont paniqué et retiré leur argent d’Europe, le commerce international s’est complètement bloqué. Une vraie réaction en chaîne.
J’ai eu l’occasion de consulter des registres de l’époque pour des villes comme Liverpool ou Glasgow, et les chiffres sont glaçants. En quelques mois, les chantiers navals, qui faisaient vivre des régions entières, se sont vidés. Le bruit des marteaux a laissé place à un silence de mort. Dans les Midlands, le cœur industriel du pays, les usines ont tourné au ralenti. Des milliers de familles se sont retrouvées sans rien, du jour au lendemain.
Mais au-delà des chiffres, il y a le drame humain. La faim, le froid, le désespoir… C’est ce climat de misère qui a nourri les deux grands thèmes de la saison : la montée des idées extrêmes et une nouvelle vague de criminalité. Quand tout s’écroule, les gens cherchent des solutions radicales. Et c’est là qu’un personnage particulièrement charismatique et dangereux entre en scène.

Un méchant pas comme les autres : la figure du fascisme britannique
Introduire une figure politique aussi complexe que le leader du mouvement fasciste britannique comme antagoniste principal, c’est un coup de génie des scénaristes. On n’est plus face à un simple gangster, mais à un aristocrate, un orateur hors pair capable de manipuler les foules avec des promesses de grandeur retrouvée.
Cet homme a vraiment existé, et la série le dépeint de manière assez fidèle. Issu des hautes sphères, il a d’abord navigué dans les partis traditionnels avant de claquer la porte, frustré par leur inaction face à la crise. Il a alors fondé son propre mouvement, la British Union of Fascists (BUF), quelques années après le krach.
Son discours ? Un cocktail de nationalisme, de protectionnisme économique et de haine. Il promettait de redonner sa fierté au pays et de protéger les travailleurs britanniques. Dans une société à genoux, ce message trouvait un écho, malheureusement. La série montre bien ses méthodes : les grands meetings théâtraux, les fameux uniformes noirs des « Blackshirts » et l’usage de la violence pour faire taire toute opposition. Tout ça, c’est bien réel.

Petit conseil : si ce personnage vous intrigue, tapez « Oswald Mosley British Pathé » sur YouTube. Vous y trouverez de vraies images d’archives de ses discours. Voir et entendre le vrai personnage est une expérience qui fait froid dans le dos et qui donne encore plus de poids à la série.
Gangs rivaux : quand Glasgow entre dans la danse
L’autre grand adversaire de la saison, ce sont les Billy Boys, un gang écossais. Une excellente idée pour nous rappeler que Birmingham n’avait pas le monopole du crime organisé. Chaque grande ville industrielle avait ses propres bandes, avec leurs propres règles.
D’ailleurs, petite anecdote sur le nom « Peaky Blinders ». La légende tenace veut qu’ils cachaient des lames de rasoir dans la visière (le « peak ») de leur casquette. Même si les historiens en doutent, l’image est restée ! Les vrais gangs de Birmingham à l’époque de la série étaient sans doute moins stylés et organisés que la famille Shelby.

Les Billy Boys de Glasgow, eux, étaient d’une tout autre trempe. Leur chef était une figure aussi réelle que redoutée. Ce qui les rendait particulièrement dangereux, et la série le montre bien, c’était leur sectarisme. C’était un gang protestant, violemment opposé aux communautés catholiques, souvent d’origine irlandaise. Leur nom était un hommage à une figure historique protestante, symbole de leur lutte. Leur chant, qu’on entend dans la série (« Hello, Hello, we are the Billy Boys… »), était un véritable cri de ralliement et d’intimidation dans les rues et sur les terrains de foot.
Leur lien avec le fascisme est aussi avéré. Leurs membres ont souvent servi de service d’ordre pour les meetings du leader fasciste en Écosse, partageant la même haine de certaines communautés. La série prend un raccourci en créant une alliance directe, mais l’idée repose sur une base solide.
Alors, qu’est-ce qui est vrai et qu’est-ce qui est inventé ?
C’est la grande question ! Pour faire simple, disons que les scénaristes utilisent une toile de fond historique très solide pour y peindre une histoire de fiction.
D’un côté, on a des faits bien réels : le krach boursier et son impact dévastateur, l’existence et la montée en puissance du mouvement fasciste britannique, la réalité brutale des gangs de Glasgow, la peur du communisme et l’instabilité politique générale… Tout ça, c’est la vérité historique qui donne sa profondeur à la série.
Mais de l’autre, il faut être clair : la famille Shelby est une pure invention. Il n’a jamais existé de clan criminel aussi puissant et structuré à Birmingham. L’idée qu’un chef de gang devienne député et espionne pour le gouvernement est une construction narrative brillante, mais hautement improbable. C’est le moteur de la fiction, ce qui permet de placer nos personnages au cœur des grands événements.
Et après ? Que sont-ils devenus ?
C’est une question qui vient naturellement. Le leader fasciste a continué son ascension jusqu’au milieu de la décennie, mais son influence a commencé à décliner. Avec l’approche de la Seconde Guerre mondiale, le patriotisme a changé de camp et le gouvernement a fini par l’emprisonner, lui et ses partisans, pour des raisons de sécurité nationale. Son mouvement ne s’en est jamais remis.
Quant aux gangs de rue comme les Billy Boys, l’arrivée de la guerre a aussi changé la donne. Beaucoup de leurs jeunes membres se sont engagés dans l’armée, et la mobilisation générale a mis un frein à la violence de rue à grande échelle. Le monde d’après-guerre serait très différent.
Pour aller plus loin (sans se ruiner)
Si tout ça a piqué votre curiosité, c’est super ! Pas besoin d’être un historien pour creuser un peu. – Des livres : Il existe d’excellentes biographies sur le leader fasciste britannique et des ouvrages sur les gangs de l’époque. Vous trouverez de très bons livres de poche sur le sujet pour un budget raisonnable, souvent entre 15€ et 25€ en librairie ou en ligne. – Des documentaires : Cherchez des documentaires de la BBC ou d’autres chaînes spécialisées. Ils regorgent d’images d’archives et de témoignages d’experts. – En ligne : En plus de YouTube, des sites comme celui de la BBC History ou des encyclopédies en ligne fiables sont de bonnes portes d’entrée pour vérifier un fait ou un personnage.
En conclusion, Peaky Blinders est une œuvre de fiction qui s’appuie sur l’Histoire avec un grand H. Apprécions-la pour ce qu’elle est : une saga incroyable. Mais gardons à l’esprit que la réalité derrière le charisme des personnages était souvent sale, brutale et sans pitié. Comprendre ce contexte ne gâche pas le plaisir, au contraire. Ça le décuple.
Inspirations et idées
Le gang des Peaky Blinders était en réalité surtout actif dans les années 1890, et non dans les années 1920. Leur influence avait largement diminué au moment où la série commence.
Steven Knight, le créateur de la série, a brillamment exploité ce mythe local de Birmingham. Il a transformé le nom, devenu un terme générique pour
Les Shelby cachaient-ils vraiment des lames de rasoir dans leurs casquettes ?
C’est l’un des mythes les plus tenaces, mais probablement une invention de la série pour renforcer son imagerie. À l’époque, les lames de rasoir jetables étaient un produit de luxe et peu robustes. Le nom viendrait plus probablement du
Whisky Irlandais : Doux et souvent tri-distillé, il est le breuvage emblématique des Shelby, un clin d’œil à leurs origines et à des marques réelles comme Bushmills ou Jameson.
Scotch Whisky : Plus tourbé et fumé, c’est la boisson souvent associée à leurs rivaux, notamment les gangs écossais comme les Billy Boys. Une distinction géographique qui renforce les oppositions.
Le choix de l’alcool n’est donc pas anodin, il ancre les personnages dans une culture et une identité précises.
Bien avant Tommy Shelby, le véritable antagoniste de la saison 1, Billy Kimber, était une figure majeure du crime organisé. C’était lui, le chef des
Le détail qui change tout : L’accent
- Le costume trois-pièces en tweed, popularisé par des marques comme Harris Tweed, est devenu un symbole de l’élégance rebelle.
- La chemise à col rond (ou col club) offre une alternative plus douce au col classique de l’époque.
- Les robustes bottes en cuir, inspirées des modèles ouvriers de marques comme Solovair ou Red Wing, ancrent le style dans le réel.
- L’incontournable casquette gavroche en laine complète la silhouette.
Le personnage charismatique d’Alfie Solomons, joué par Tom Hardy, est directement inspiré du gangster juif Alfred
- Polly Gray, matriarche qui gère les finances et la stratégie.
- Ada Shelby, qui embrasse l’idéologie communiste et défie l’autorité familiale.
- Lizzie Stark, qui passe de prostituée à directrice de société.
Le secret de ces personnages ? Une modernisation consciente. Si les femmes de l’époque jouaient un rôle crucial en coulisses, la série leur confère une puissance et une liberté d’action bien plus en phase avec les attentes d’un public du 21e siècle qu’avec la réalité historique très patriarcale des années 1920.
Winston Churchill, en tant que Secrétaire d’État à la Guerre, a réellement ordonné une enquête suite à la perte d’une cargaison d’armes et de munitions près de Birmingham en 1919. Cet événement historique réel sert de catalyseur pour toute l’intrigue de la première saison.