Adapter Hercule en film : Pourquoi c’est la mission la plus risquée de Disney

La magie de l’ancien Hercule renaît ! Découvrez ce que nous réserve le remake live-action tant attendu.

Auteur Laurine Benoit

Je crois qu’on a tous un souvenir assez vif du dessin animé Hercule. Ce n’était pas juste une autre histoire de princesse ou d’animal qui parle. Non, c’était une explosion d’énergie, une comédie musicale avec une bande-son gospel complètement décalée et, surtout, un style visuel unique qui ne ressemblait à rien d’autre.

Alors, forcément, quand on entend parler d’une adaptation en film avec de vrais acteurs, la première réaction, c’est un mélange de curiosité et, soyons honnêtes, d’un bon gros scepticisme. Parce que de tous les classiques de cette période dorée, Hercule est sans doute le plus casse-gueule à transposer. On ne parle pas seulement de gros budget ou d’acteurs connus. C’est un défi artistique immense, et j’ai vu trop de projets talentueux se planter en oubliant l’âme de l’original.

Analysons ensemble les vrais enjeux, ceux qui vont décider si le film sera un chef-d’œuvre ou un naufrage.

Le style visuel : le génie de l’original et le piège du réel

Pour bien comprendre, il faut revenir à la base. La plus grande force d’Hercule, c’est son look. On le doit à un dessinateur britannique, un caricaturiste politique de génie. Son trait est tout sauf réaliste : il est anguleux, déformé, expressif. C’est ça qui donne au film son identité folle, avec des mentons surdimensionnés, des colonnes grecques en spirales et des créatures aux formes improbables.

Disney annonce se pencher sur un remake live action du dessin animé Hercule sorti en 1997

En animation, ça marche du tonnerre. On peut tordre un personnage, l’étirer, lui donner des proportions inhumaines pour une blague ou une émotion. Mais comment on traduit ça en prise de vues réelles ?

C’est LA question à un million. Si tu pars sur un style ultra-réaliste, tu perds toute la folie et l’âme du dessin animé. Hadès ne serait plus qu’un type avec des cheveux bleus, et Philoctète un simple petit bonhomme. Le film deviendrait juste une épopée mythologique de plus. Bof.

À l’inverse, si tu tentes de copier ce style à la lettre avec des effets spéciaux (CGI), tu cours droit vers ce qu’on appelle la « vallée de l’étrange ». Ce sentiment de malaise total quand un personnage de synthèse ressemble trop à un humain, mais pas assez. On a tous en tête l’exemple tristement célèbre du film Cats… Le résultat était plus dérangeant qu’autre chose. Pour Hercule, le défi sera de trouver un juste milieu : un langage visuel qui évoque l’original sans le singer de façon grotesque.

joe et anthony Russo produiront le remake live action du dessin animé Hercule pour Disney

Les Muses, le gospel et les autres chansons : le casse-tête musical

Le deuxième pilier d’Hercule, c’est évidemment sa musique. Et au cœur de tout ça, il y a les Muses. Dans le dessin animé, elles sont tout simplement géniales. Elles servent de chœur grec, racontant l’histoire avec une énergie gospel communicative. C’est un anachronisme total, mais c’est assumé et ça fonctionne à la perfection.

Maintenant, imaginez-les en chair et en os. Qui sont-elles ? Des chanteuses qui apparaissent comme par magie ? Ce qui est fluide en animation peut vite devenir kitsch et théâtral au cinéma. Honnêtement, intégrer des numéros musicaux est l’un des exercices les plus périlleux. Il faut que ça coule de source.

Alors, quelles sont les options ?

  • La solution narrative : Peut-être qu’elles pourraient être un vrai groupe de musique qui suit l’ascension d’Hercule, un peu comme des chroniqueuses musicales de l’époque ?
  • La solution mystique : Ou alors des sortes d’entités divines que seuls certains personnages peuvent voir, un peu comme des guides spirituels ?

Et n’oublions pas les autres pépites ! Comment intégrer « Le Monde qui est le Mien » (« Go the Distance ») sans que ça sonne comme un monologue intérieur un peu daté ? Et surtout, « Jamais je n’avouerai » (« I Won’t Say I’m in Love »), ce monument de sarcasme et de déni amoureux. Il faudra une actrice au charisme fou pour livrer ça avec justesse.

le dessin animé Hercule de 1997 va lui aussi avoir droit à sa version remake live action par Disney

Une équipe de choc… mais pour quel genre de spectacle ?

Confier la production à des experts des blockbusters de super-héros, c’est un message clair : le studio veut du grand spectacle. Et c’est une bonne chose ! Ces professionnels ont l’habitude de gérer des budgets colossaux – on parle de films à plus de 300 millions de dollars – et des scènes d’action d’une complexité folle. On peut donc s’attendre à un combat contre l’Hydre ou une attaque des Titans sur l’Olympe qui vont nous en mettre plein la vue.

Mais attention ! Hercule n’est pas qu’un film d’action. C’est une comédie romantique et musicale. Sa force, c’est son humour, son timing comique, l’alchimie entre les personnages. C’est un domaine où une approche purement fonctionnelle, parfois un peu froide, peut faire des dégâts. Il faudra que le scénario préserve la légèreté et l’irrévérence de l’original. Un équilibre super fragile : trop de sérieux, et on s’ennuie ; trop de blagues, et on perd toute l’émotion.

Hercule Disney, le dessin animé de 1997 reviendra en version live action dans un remake signé des frères Russo

Le casting : trouver l’esprit, pas le sosie

Le casting, c’est l’étape que tout le monde attend au tournant. Un conseil que je donne toujours : ne cherchez pas des copies conformes, cherchez l’esprit du personnage.

Pour Hercule, il faut un acteur capable d’être à la fois une force de la nature et un grand naïf un peu gauche. C’est ce contraste qui le rend si attachant.

Pour Mégara, le défi est encore plus grand. C’est l’un des personnages féminins les plus modernes et complexes de l’univers Disney. Cynique, indépendante, blessée… Il faudra une actrice capable de manier le sarcasme comme personne, tout en laissant transparaître une vraie vulnérabilité. Sur les réseaux, les débats font rage, certains imaginant une pop-star charismatique pour le rôle.

Et puis… il y a Hadès. La performance vocale originale était tellement légendaire, avec ce débit de vendeur de voitures d’occasion et ces explosions de colère, que le remplacer semble une mission impossible. L’erreur fatale serait d’essayer d’imiter. L’acteur qui reprendra le flambeau devra proposer sa propre vision, tout en gardant cette énergie de manipulateur à la fois terrifiant et hilarant. Franchement, c’est le rôle qui peut faire ou défaire le film.

Actualiser le mythe (sans le trahir)

Le film d’animation est une relecture très, très libre de la mythologie. C’est une version américanisée qui se moquait avec brio de la culture de la célébrité des années 90, avec Hercule et ses produits dérivés. Une nouvelle adaptation a une occasion en or de pousser cette satire encore plus loin.

Imaginez un peu : Hercule devenant un influenceur sur les réseaux sociaux, gérant ses placements de produits pour des sandales ou des boissons énergétiques à l’ambroisie. Hadès pourrait lancer des campagnes de fake news virales pour ruiner sa réputation… Il y a tellement à faire pour que ça résonne avec notre époque !

Bon à savoir : le mythe original est bien plus sombre. Dans les textes anciens, le vrai méchant n’est pas Hadès, mais Héra. Et Hercule, tourmenté par la folie, finit par tuer sa propre famille. Disney a évidemment gommé tout ça. Le nouveau film osera-t-il introduire une touche de cette noirceur pour donner plus de profondeur au personnage ? C’est une piste risquée mais potentiellement fascinante.

En résumé, l’équipe derrière ce projet marche sur un fil. Il faudra un talent fou pour conserver la folie visuelle, l’énergie musicale et l’humour de l’original, tout en créant quelque chose de nouveau et de pertinent pour aujourd’hui. C’est un défi herculéen, sans mauvais jeu de mots.

D’ailleurs, ça me fait penser… Et vous, qui verriez-vous pour jouer Hadès sans tomber dans l’imitation ? Lâchez vos meilleures idées en commentaire, je suis curieux !

Inspirations et idées

Comment moderniser la bande-son gospel sans la trahir ?

C’est le défi musical majeur. La partition d’Alan Menken est un monument, mais un simple copier-coller sonnerait daté. Les producteurs, les frères Russo, ont évoqué s’inspirer de TikTok, suggérant une approche résolument moderne. Le risque est de perdre l’âme soul et la puissance narrative des chansons originales. L’idéal serait de confier la réorchestration à un artiste qui maîtrise les codes actuels tout en respectant l’héritage, à l’image du travail de Lin-Manuel Miranda sur Vaiana.

Dans le dessin animé, les Muses sont cinq. Dans la mythologie grecque, elles étaient neuf, chacune présidant un art ou une science.

Ce choix de réduire et de réinventer les Muses en un chœur gospel a été un coup de génie narratif. Elles brisent le quatrième mur, commentent l’action et donnent au film son rythme unique. Pour le live-action, la question est cruciale : seront-elles de simples chanteuses en arrière-plan ou conserveront-elles leur rôle de narratrices omniscientes et irrévérencieuses ? C’est l’un des piliers qui soutient toute la structure du film.

Option A : Fidélité Mythologique. Respecter les aspects sombres des légendes, comme la haine d’Héra (et non d’Hadès) pour Hercule. Un ton plus proche de Troie ou Gladiator, qui pourrait séduire un public adulte mais dérouter les fans de l’original.

Option B : L’Esprit de 1997. Conserver la légèreté, l’humour et l’histoire de

  • Une répartie cinglante et un débit mitraillette.
  • Une frustration comique qui le rend presque attachant.
  • Une menace réelle dissimulée sous un charisme de camelot.

Le véritable enjeu du remake ? Ce n’est pas Hercule, c’est Hadès. La performance vocale de James Woods était si iconique, en grande partie improvisée, que trouver un acteur capable d’incarner ce mélange de danger et de sarcasme sans tomber dans la pâle copie relève de l’exploit.

L’un des plus grands pièges pour un projet aussi ambitieux est la direction artistique. Si le film opte pour un réalisme total, à la manière du remake de Mulan, il perdra instantanément toute l’énergie et la folie visuelle qui faisaient le sel de l’œuvre de 1997. L’architecture en spirale, les mentons démesurés, les créatures… Tout ce qui faisait son identité serait lissé, aboutissant à une épopée antique visuellement interchangeable.

L’erreur à éviter : Vouloir à tout prix un Philoctète photoréaliste. On se souvient du rendu troublant de certains personnages dans Le Roi Lion de 2019, où le réalisme empêchait l’émotion de passer. Pour le satyre entraîneur de héros, une approche plus stylisée, s’inspirant des techniques de prothèses vues dans Le Labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro, pourrait être une solution pour conserver son expressivité sans tomber dans la

« Le style de Gerald Scarfe est intrinsèquement lié au mouvement et à la fluidité de l’animation 2D. Le transposer en 3D ou en prise de vues réelles est un défi de traduction, pas de reproduction. »

Laurine Benoit

Designer d'Intérieur & Consultante en Art de Vivre
Domaines de prédilection : Aménagement intérieur, Éco-conception, Tendances mode
Après des années passées à transformer des espaces de vie, Laurine a développé une approche unique qui marie esthétique et fonctionnalité. Elle puise son inspiration dans ses voyages à travers l'Europe, où elle découvre sans cesse de nouvelles tendances et techniques. Passionnée par les matériaux durables, elle teste personnellement chaque solution qu'elle recommande. Entre deux projets de rénovation, vous la trouverez probablement en train de chiner dans les brocantes ou d'expérimenter de nouvelles palettes de couleurs dans son atelier parisien.