Gomorra & L’Immortale : Le guide complet pour plonger dans cet univers (sans s’y perdre)
Plongez dans l’univers sombre de Ciro di Marzio, où chaque choix façonne un destin tragique. L’Immortale vous attend.

En découvrant l'histoire de Ciro, je ressens une connexion profonde avec ses luttes. Comme lui, chaque épreuve peut sembler insurmontable. Son parcours, marqué par des tragédies incessantes, rappelle que la vie est un enchevêtrement de choix difficiles et de conséquences inévitables.
J’ai vu un paquet de films et de séries sur le crime organisé. C’est un genre qui me fascine, pas pour la violence gratuite, mais pour la complexité des relations humaines qu’il met à nu. Et puis, Gomorra est arrivée. Et là, franchement, j’ai compris qu’on jouait dans une autre catégorie. Pas de glamour, pas de romantisme à la sauce mafieuse. Juste une réalité crue, presque documentaire, qui vous prend aux tripes.
Contenu de la page
- Avant de commencer : Gomorra, est-ce vraiment pour vous ?
- Le film-pont : une idée de génie pour raconter une histoire
- Derrière la caméra : les secrets de fabrication d’un style unique
- Le guide pratique : Comment (et où) regarder Gomorra
- Naples et au-delà : quand le décor devient personnage
- Mise en garde : une œuvre à regarder en conscience
- Inspirations et idées
Chaque saison, j’ai décortiqué la construction de cet univers, la manière dont les créateurs tissaient leurs toiles. La fin de la saison 3, c’était un vrai choc. La mort de Ciro Di Marzio, l’Immortel… Le pilier de tant d’intrigues. Ça semblait définitif, et même nécessaire pour que l’histoire avance. Mais ce surnom, « l’Immortale », n’a jamais été anodin. C’était une promesse latente.
Alors, quand le film L’Immortale a été annoncé, ce ne fut pas une surprise. C’était la confirmation que l’univers de Gomorra est une machine narrative incroyablement bien huilée. Ce film, ce n’est pas juste un spin-off pour faire plaisir aux fans. C’est une pièce maîtresse, un pont qui relie les époques et explore les fondations d’un personnage culte. Oublions la bande-annonce, ici on va démonter le mécanisme ensemble.

Avant de commencer : Gomorra, est-ce vraiment pour vous ?
Soyons clairs, c’est une série qui ne fait pas de cadeaux. C’est intense, sombre et souvent brutal. Mais si vous cherchez une expérience forte, vous êtes au bon endroit.
C’est pour vous si :
- Vous avez adoré The Wire pour son réalisme social, mais vous voulez quelque chose de plus viscéral et européen.
- La relation fraternelle et toxique de Breaking Bad vous a captivé. Attendez de voir le duo Ciro/Genny, c’est une autre dimension.
- Vous aimez les histoires qui prennent leur temps pour construire des personnages complexes, sans jamais les juger.
Attention, si la violence graphique vous met mal à l’aise ou si vous cherchez des héros auxquels vous identifier, passez votre chemin. Ici, il n’y a que des anti-héros, et souvent, des monstres.
Le film-pont : une idée de génie pour raconter une histoire
Pour vraiment savourer L’Immortale, il faut comprendre sa fonction. Dans beaucoup de séries, les films dérivés sont des bonus sympas, mais dispensables. Ici, c’est tout l’inverse. Les producteurs l’ont dit : le film est un chapitre essentiel, un pont narratif qui fait le lien entre deux saisons majeures.

L’objectif ? D’abord, répondre à LA question : Ciro est-il vraiment mort ? Le film doit résoudre ce mystère sans rendre la scène finale de la saison 3 ridicule. Un vrai numéro d’équilibriste. La solution choisie est brillante : on explore son passé pour justifier son présent. On découvre que Ciro est un orphelin, seul bébé retrouvé vivant dans les décombres d’un terrible tremblement de terre qui a secoué la région. Cet ancrage dans un drame réel donne une profondeur folle au personnage. Son surnom « l’Immortale » n’est plus une simple vantardise, c’est son origine, sa malédiction.
Ensuite, le film enrichit le personnage. On voit ses débuts, son initiation au crime par son mentor. On comprend que son destin était scellé d’avance. La phrase culte de la bande-annonce, « Je n’ai pas peur de mourir, parce que je suis déjà mort », prend alors tout son sens. Sa vie n’est qu’une survie, une quête pour combler le vide laissé par la tragédie de son enfance.

Derrière la caméra : les secrets de fabrication d’un style unique
La force de Gomorra, c’est son identité visuelle et sonore. C’est un travail d’artisan. Le choix de confier la réalisation du film à l’acteur principal lui-même est une décision très maline. Qui mieux que lui pour comprendre l’âme de son personnage ?
Le style est reconnaissable entre mille. La caméra est souvent à l’épaule, très proche des visages, créant un sentiment d’urgence, un effet quasi documentaire. On n’est pas un simple spectateur, on est plongé au cœur de l’action. La lumière est crue, naturelle. Les néons des banlieues, la lumière blafarde d’un appartement… tout sonne vrai. L’Immortale reprend ces codes, mais avec une ambition plus cinématographique, notamment dans les plans sous-marins, lents et poétiques, ou le contraste visuel entre la chaleur de Naples et la froideur de son exil en Europe de l’Est.
Petit conseil d’ami : regardez la série et le film en version originale sous-titrée. C’est non négociable. Le dialecte napolitain est un personnage à part entière. Le doubler, c’est lui enlever son âme. D’ailleurs, un mot comme « guaglione » en napolitain, ce n’est pas juste une traduction de « gamin ». Ça porte une histoire, une hiérarchie, parfois une menace. C’est ce genre de nuance que le doublage efface complètement.

Le guide pratique : Comment (et où) regarder Gomorra
Ok, vous êtes convaincu. Mais par où commencer ? Cinq saisons et un film, c’est un vrai marathon. Comptez environ 60 heures pour tout voir, c’est un bel engagement !
Kit de survie pour débutant : Au début, vous allez être noyé sous les noms des clans et des personnages. C’est NORMAL. Mon astuce : ne vous prenez pas la tête et concentrez-vous sur les deux personnages principaux, Ciro et Genny. Le reste se mettra en place naturellement. Surtout, ne cherchez pas d’infos sur un wiki, vous risqueriez de vous faire spoiler toute l’intrigue.
Où regarder tout ça ?
En France, l’intégralité de la série et le film L’Immortale sont généralement disponibles sur la plateforme MyCanal. Il vous faudra un abonnement, qui se situe souvent autour de 25€ à 40€ par mois selon les offres. Parfois, les saisons peuvent aussi être achetées ou louées à l’unité sur des services comme Apple TV ou Prime Video.
Dans quel ordre regarder ?
Surtout, ne commencez PAS par le film. C’est une pièce de puzzle, pas la porte d’entrée. Vous auriez les réponses avant de connaître les questions. Voici les deux options logiques :
- L’ordre de sortie (le plus simple) : Saisons 1, 2, 3, 4, puis le film L’Immortale, et enfin la saison 5. C’est la façon dont le public a découvert l’histoire, c’est parfaitement cohérent.
- Mon conseil personnel (l’ordre émotionnel) : Saisons 1, 2, 3… puis, juste après le choc de la fin de la saison 3, regardez L’Immortale. Le film prend alors une résonance incroyable. Il répond directement à votre trouble de spectateur. Enchaînez ensuite avec les saisons 4 et 5. Narrativement, je trouve ça plus puissant.
Naples et au-delà : quand le décor devient personnage
On ne peut pas parler de Gomorra sans parler de Naples, et plus particulièrement de ses quartiers nord comme Scampia. Ces lieux ne sont pas des décors, ce sont des organismes vivants qui façonnent les destins. Les fameux immeubles en forme de voile, les « Vele di Scampia », sont de véritables labyrinthes de béton, théâtres de tous les trafics. Le fait de tourner dans ces lieux réels donne une force incroyable à la série.
Le film pousse le concept plus loin en délocalisant une partie de l’action en Lettonie. C’est une excellente idée qui montre la dimension internationale de la Camorra. Le crime napolitain n’est pas un problème local, c’est un réseau globalisé. Mettre Ciro, pur produit du chaos napolitain, face à une mafia russe plus froide et structurée, c’est aussi un moyen génial de définir son identité par contraste.
Mise en garde : une œuvre à regarder en conscience
En tant qu’analyste, je me dois de le rappeler : Gomorra est une fiction, mais elle s’inspire d’une réalité effroyable. C’est une dénonciation puissante de ce système criminel, montrant la misère et la destruction qu’il engendre. Les personnages sont peut-être charismatiques, mais ce sont des monstres. Il n’y a aucune glorification ici, chaque victoire se paie par le sang.
Il est d’ailleurs impossible de ne pas penser au journaliste courageux dont le livre a tout déclenché. Pour avoir osé nommer les clans et décrire leurs activités, il vit sous protection policière permanente depuis des années. Son travail est à l’origine de tout. Regarder cette œuvre, c’est aussi une forme d’hommage à son combat. Si le sujet vous intéresse, son livre est un incontournable, disponible dans toutes les bonnes librairies ou en ligne pour environ 10-15€ en format poche.
Alors oui, je recommande Gomorra et L’Immortale. Mais soyez prêts. Prêts à être bousculés, dérangés et à réfléchir. C’est la marque des grandes œuvres.
Inspirations et idées
Depuis la publication de son livre-enquête en 2006, l’auteur Roberto Saviano vit sous protection policière permanente en raison des menaces de mort de la Camorra.
Cette réalité glaçante n’est pas un argument marketing ; elle est le fondement de l’authenticité de Gomorra. Chaque trahison, chaque exécution à l’écran puise sa source dans les faits documentés par Saviano. La série n’est pas une fiction sur la mafia, c’est la mise en images d’un système qui existe et qui tue, conférant à l’œuvre une puissance et une gravité inégalées.
Gomorra : Un réalisme quasi-documentaire. La caméra, souvent à l’épaule, nous plonge dans les rues délabrées de Scampia et Secondigliano. Les couleurs sont désaturées, l’ambiance est lourde, oppressante.
Suburra : Plus stylisée, presque baroque. La série explore un crime organisé romain où se mêlent politiciens et Vatican. La photographie est léchée, jouant sur les néons et les clairs-obscurs, pour un résultat plus cinématographique.
Les deux séries, bien que souvent comparées et produites par Cattleya, montrent deux visages de l’Italie et deux approches magistrales du genre.
La bande-son, simple illustration ou véritable outil narratif ?
Loin d’être un simple fond sonore, la musique est essentielle à l’identité de Gomorra. Elle repose sur deux piliers : les compositions électroniques et anxiogènes du groupe Mokadelic, qui soulignent la tension permanente. Et l’utilisation de la musique
Point important : Le dialecte napolitain est un personnage à part entière. Regarder Gomorra en version originale sous-titrée est la seule façon de s’imprégner de sa brutalité et de sa poésie. Le doublage, même de qualité, efface cette immersion culturelle et la musicalité unique de la langue, qui véhicule une grande partie des non-dits et des rapports de force.
Naples n’est pas un décor, mais le cœur battant de la série. Chaque quartier a sa propre âme et ses propres règles.
- Scampia : Mondialement connu pour ses
- Une immersion totale sans aucun personnage positif auquel se raccrocher.
- Une violence crue, jamais esthétisée, qui sert le propos.
- Une narration complexe qui exige une attention constante.
Le secret ? Accepter dès le départ que Gomorra n’est pas un divertissement facile. C’est une expérience éprouvante mais nécessaire pour comprendre les mécanismes du crime organisé moderne, loin des clichés hollywoodiens.
La direction artistique, initiée par le réalisateur Stefano Sollima pour les premières saisons, refuse tout glamour. Pas de costumes luxueux ni de villas opulentes à la Scarface. L’esthétique est brute : survêtements de marque (souvent des contrefaçons dans l’histoire), appartements surchargés et béton nu des Vele di Scampia. Ce choix radical ancre le récit dans le quotidien sordide des petites mains du trafic.
« Stai senza pensier’. » (Ne t’inquiète pas / Sois sans pensées.)
Cette phrase, répétée comme un mantra par plusieurs personnages, résume la philosophie paradoxale de la Camorra. C’est à la fois une promesse de protection, une menace voilée et un ordre d’exécuter une tâche sans se poser de questions. Une expression simple qui contient toute la complexité et la violence psychologique de cet univers.