Le Vrai Style des Années 80 : Secrets d’Atelier pour un Look Authentique (Sans le Kitsch !)
Quand on pense aux années 80, les clichés fusent : du fluo partout, des épaulettes XXL, des brushings improbables… C’est une vision un peu facile, presque une caricature. Et pourtant, cette décennie était tellement plus riche que ça.
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J’ai fait mes premières armes dans la confection en plein cœur de cette période. Je me souviens encore de l’odeur si particulière des tissus synthétiques neufs et du poids des rouleaux de denim délavé. Mais ce qui m’a le plus marqué, c’est l’énergie créative, une vraie folie douce. Ce n’était pas juste de l’excès pour le plaisir de l’excès. Chaque choix de matière, chaque coupe audacieuse racontait quelque chose sur une société en pleine effervescence.
Alors oublions les déguisements de soirées à thème. Ici, on va plonger dans les coulisses, dans l’atelier. On va parler matières, techniques, et comprendre pourquoi les épaules sont devenues si larges ou pourquoi le Spandex a tout envahi. C’est en saisissant ces bases qu’on peut s’inspirer de ce style avec justesse aujourd’hui. Prêt(e) ?

Les Fondations du Style : Matières et Silhouettes
La mode ne sort jamais de nulle part. Elle est toujours le miroir de son époque, de sa technologie et de ses envies. Pour cette fameuse décennie, deux choses sont capitales : l’explosion des matières synthétiques et la naissance d’une silhouette en V, ultra reconnaissable.
La révolution des matières synthétiques
Le synthétique était roi, et c’était un choix délibéré. Ces nouvelles fibres offraient des couleurs, des textures et une élasticité jamais vues auparavant. C’était le futur, tout simplement.
- Le Spandex (ou Lycra) : La star incontestée ! Son élasticité a permis l’avènement du sportswear et de la mode « aerobic ». Leggings, justaucorps… tout ça, c’est grâce à lui. En atelier, on devait utiliser des surjeteuses pour que les coutures ne craquent pas au premier mouvement.
- Le Lurex : Cette fibre métallique donnait cet aspect brillant, un peu disco, à toutes les tenues de soirée. Le hic ? Franchement, ça pouvait gratter. Les pièces de bonne qualité avaient toujours une doublure pour le confort.
- Le Nylon et le Polyester : Les champions du coupe-vent criard et du survêtement brillant. Légers, résistants à l’eau, ils séchaient vite. Le bruit si typique d’un K-Way qu’on froisse… tout un poème !
- Le Vinyle : Hérité des scènes punk et new wave, il apportait une touche rebelle et futuriste. Une jupe en vinyle rouge, c’était une vraie prise de position. Bon à savoir : ça ne respire PAS DU TOUT. À réserver pour l’impact visuel, pas pour une randonnée.

La silhouette en V : le culte de l’épaule
La silhouette de l’époque était quasi architecturale. Imaginez un triangle inversé : des épaules très larges, une taille très marquée, et des jambes fuselées. Une rupture nette avec la fluidité de la décennie précédente.
- Le « Power Dressing » : Cette carrure n’est pas un hasard. Elle accompagne l’arrivée en force des femmes à des postes à responsabilité. Le tailleur à épaulettes, c’était l’armure de la « working girl » qui voulait s’imposer dans un univers pro encore très masculin.
- La taille haute et cintrée : Pour accentuer la largeur des épaules, il fallait une taille de guêpe. Les jeans, jupes et pantalons montaient bien au-dessus du nombril, serrés par de larges ceintures à grosses boucles.
- La jambe fuselée : Que ce soit les jeans « cigarette » ou les pantalons carotte, la jambe était ample aux cuisses et se resserrait brutalement à la cheville. Ça mettait parfaitement en valeur les chaussures, des escarpins pointus aux baskets montantes.

Secrets d’Atelier : Techniques de Fabrication
Créer ces vêtements demandait un vrai savoir-faire. Certaines techniques étaient industrielles, d’autres quasi artisanales. Allons voir de plus près.
Le Cas des Épaulettes (et comment s’en débarrasser !)
L’épaulette était la clé de voûte du style. Les plus communes étaient en mousse, mais les versions de créateurs utilisaient des couches de feutre surpiquées, bien plus qualitatives. Sur les pièces de fast-fashion de l’époque, on trouvait souvent des épaulettes amovibles à scratch, bien pratiques pour le lavage mais qui tenaient moins bien.
Petit tuto : virer des épaulettes sans tout casser
Vous avez chiné un super blazer mais les épaulettes sont… comment dire… GIGANTESQUES ? Pas de panique.
- Retournez la veste et localisez la doublure au niveau de l’épaule.
- L’épaulette est généralement fixée par quelques points de fil à la couture d’épaule et à celle de la manche.
- Avec un découd-vite (ça coûte 2€ en mercerie) ou des petits ciseaux fins, coupez délicatement ces quelques fils. Tirez doucement, et voilà !
La flemme ? Un retoucheur vous fera ça pour environ 15€ à 25€. Ça peut vraiment moderniser une pièce.

Le Denim Torturé
Le jean de cette période était tout sauf brut. Il était usé, blanchi, presque attaqué !
- Le « Stonewashed » (délavé à la pierre) : On balançait les jeans neufs dans d’immenses machines à laver industrielles avec… des pierres ponces. Le bruit était assourdissant, mais ça donnait cet aspect vieilli et doux si recherché.
- L' »Acid Washed » : Encore plus agressif. Les pierres étaient imbibées d’un agent de blanchiment. Ça créait des marbrures blanches très contrastées. Franchement, l’odeur de chlore qui se dégageait des usines était intense ! D’ailleurs, petit conseil : si vous chinez un jean de cette époque, lavez-le bien une ou deux fois avant de le porter, juste au cas où.
Inspirations et Styles : Un Tour du Monde
La mode n’était pas la même partout. Un jeune à Paris ne s’habillait pas comme à New York ou Tokyo. Chaque scène avait son propre langage.
- À Paris, le spectacle : La capitale française était le temple de la mode sculpturale. Les créateurs y façonnaient des silhouettes de déesses futuristes, jouant avec les corsets, le cuir et des structures presque architecturales.
- À Londres, le DIY : L’énergie était plus subversive, entre l’héritage punk et le style flamboyant des Nouveaux Romantiques. On y voyait beaucoup de superposition, de maquillage androgyne et une réinterprétation des costumes d’époque.
- À New York, les contrastes : C’était un vrai bouillon de cultures. D’un côté, la naissance du hip-hop imposait le survêtement de marque, les grosses chaînes en or et les baskets iconiques. De l’autre, dans les quartiers d’affaires, le « power suit » était roi.
- À Tokyo, la déconstruction : Il faut aussi parler de l’avant-garde japonaise qui a débarqué en Europe. Avec du noir, de l’asymétrie, des volumes inattendus… C’était une approche intellectuelle, une « anti-mode » qui a offert une alternative radicale à l’opulence occidentale et qui continue d’influencer la création aujourd’hui.
Et bien sûr, il y avait les icônes de la musique, dont les clips tournaient en boucle. Pensez à la reine de la pop et ses superpositions de dentelle, de croix et de mitaines en résille. Ou au roi de la pop, avec son fameux perfecto rouge, son gant unique et ses vestes militaires sur-ornées. Ils ont façonné le style de toute une génération.

Porter ce Style Aujourd’hui : Le Guide Pratique
Le but est de s’approprier le style, pas d’avoir l’air déguisé. L’équilibre est la clé.
La règle d’or : une seule pièce forte
C’est LE conseil à suivre pour éviter le faux pas. Ne faites JAMAIS le total look.
- Un blazer à épaulettes : Portez-le sur un simple t-shirt blanc, avec un jean droit moderne et des mocassins. Chic et efficace.
- Un jean taille haute fuselé : Associez-le à un pull en maille fine rentré dedans et des bottines. Simple, mais ça change tout.
Pour un premier look 80s facile, voici le kit de démarrage : un blazer oversize (qu’on peut trouver entre 20€ et 80€ en fripe), un jean « mom » et une grosse ceinture en cuir.
Où chiner ces pépites ?
Vous avez le choix ! Les plateformes comme Vinted ou Etsy sont des mines d’or. Il existe aussi des friperies en ligne spécialisées. Mais honnêtement, ne sous-estimez jamais la petite friperie de votre quartier, c’est souvent là qu’on trouve des trésors inattendus. Pour les boutons, si ceux d’origine sont un peu cheap, foncez en mercerie, sur Etsy, ou piquez-les sur un vieux vêtement que vous ne portez plus !

Chiner Malin : Reconnaître la Qualité et Entretenir ses Trouvailles
La passion du vintage, c’est aussi savoir reconnaître une bonne pièce et en prendre soin.
Ma checklist express en 30 secondes en friperie :
- Le test du nez : Ça sent le renfermé ou le moisi ? Fuyez !
- L’inspection des coutures : Sont-elles solides ? La doublure est-elle intacte ?
- Le test des zips et boutons : Est-ce que tout fonctionne ?
Astuce peu connue : Pour enlever l’odeur de fripe, un spray moitié eau, moitié vodka (oui, oui, la moins chère fera l’affaire !) est redoutable. Vaporisez légèrement et laissez sécher à l’air libre. Sinon, un tour de 24h au congélateur dans un sac plastique, ça marche aussi très bien.
Attention, fragile !
Les matières anciennes peuvent être capricieuses. Le Lurex et le vinyle détestent la chaleur, repassez-les toujours à basse température et sur l’envers. Et laissez-moi vous raconter une erreur de débutant… Jeune, j’ai mis une magnifique jupe en vinyle au sèche-linge. Résultat ? Une flaque de plastique fondu et une leçon apprise à la dure. Pour toute pièce de valeur ou structurée, ne prenez aucun risque : confiez-la à un bon pressing.

En conclusion, cette décennie était bien plus qu’une simple parenthèse exubérante. C’était un laboratoire de formes et d’identités. Une période qui a osé, qui a expérimenté, et dont les créations, si on sait les regarder, nous parlent encore de puissance, de liberté et d’une incroyable joie de vivre.
Galerie d’inspiration



L’esthétique pop et colorée des années 80 ne vient pas de nulle part. Elle est directement influencée par le groupe de design et d’architecture italien Memphis, fondé par Ettore Sottsass. Leurs meubles aux formes géométriques audacieuses, aux couleurs primaires et aux motifs laminés noir et blanc ont littéralement infusé la mode, des imprimés des chemises aux bijoux en plastique.



- Une pièce à épaulettes fortes : un blazer, un manteau ou même un simple t-shirt structuré.
- Une taille haute et marquée : que ce soit par un jean mom, une jupe crayon ou une ceinture large.
- Un volume maîtrisé ailleurs : si le haut est large, le bas est fuselé (et vice-versa).


Le secret d’une silhouette 80s réussie ? La taille. Toujours. Face aux volumes XXL des blazers et des pulls, la taille marquée était l’élément essentiel pour ne pas disparaître dans ses vêtements. Une ceinture large, en cuir ou élastique, posée sur une veste ou un pull, sculpte la silhouette en V iconique de la décennie et féminise instantanément le look.



Le vêtement doit être une seconde peau, pas un déguisement. Le défi des années 80 était de créer des architectures pour le corps, des structures qui exprimaient une nouvelle forme de pouvoir.



Plus qu’un simple tailleur, le


Le Lurex, ça gratte toujours autant ?
Oui et non. Les pièces vintage bas de gamme peuvent être un vrai calvaire. Le secret des créateurs à l’époque était d’utiliser des doublures en soie ou en viscose. Aujourd’hui, les techniques ont évolué : les fils de Lurex sont bien plus fins et souvent mélangés à des matières douces comme le cachemire ou le coton, offrant la brillance sans le supplice.



Denim iconique : Le Levi’s 501, brut ou légèrement délavé, taille haute, était le symbole d’une Amérique cool et intemporelle, porté par tous, de Bruce Springsteen aux lycéens.
Délavage chimique : L’



En 1983, la montre Swatch a sauvé à elle seule l’industrie horlogère suisse, alors en pleine crise face à la concurrence asiatique du quartz.
Plus qu’un simple objet, la Swatch était le premier accessoire de mode


- Une patine que seul le temps peut créer.
- Un cuir assoupli, incroyablement confortable.
- Une coupe
Avant le glamour des robes de soirée, le style de la jeune Princesse Diana a défini l’esthétique
- Vérifiez les étiquettes : La mention
L’erreur à ne pas commettre : Le total look. Porter le blazer à épaulettes, le jean acid wash, les grosses baskets, les bijoux en plastique fluo et le brushing crêpé en même temps vous transforme en caricature. Le secret est d’isoler UN seul élément fort des années 80 et de le confronter à des basiques contemporains et sobres.
La fibre Lycra®, brevetée par DuPont en 1958, ne représente jamais plus de 20% de la composition totale d’un vêtement. C’est cette petite part qui suffit à donner l’élasticité révolutionnaire aux leggings et maillots de bain.
Tout n’était pas que couleurs pop. Les scènes musicales alternatives ont défini des esthétiques puissantes :
- New Wave & Post-Punk : Le noir était roi. Cuir, coupes asymétriques, silhouettes androgynes inspirées par des groupes comme The Cure ou Siouxsie and the Banshees.
- Hip-hop naissant : Le sportswear de luxe fait son apparition avec les survêtements Adidas, les grosses chaînes en or et les sneakers iconiques comme les Air Jordan 1 (1985).
Comment porter les épaulettes aujourd’hui sans avoir l’air déguisée ?
Le secret réside dans la modération et l’équilibre. Optez pour un blazer moderne avec des épaulettes intégrées mais subtiles, pas des ajouts en mousse. Associez-le à un jean slim ou droit et des talons fins, ou cassez son côté formel en le portant ouvert sur un simple t-shirt blanc. L’idée n’est pas de recréer la carrure d’un footballeur américain, mais de structurer l’épaule avec élégance.
Option A – Pop & Plastique : Des créoles géantes en acrylique fluo, des bracelets-manchettes inspirés par Fiorucci… Le bijou est ludique, presque enfantin, et ne se prend pas au sérieux. Idéal pour un coup d’éclat.
Option B – Doré & Sculptural : Des boucles d’oreilles clips en métal doré martelé, des colliers à gros maillons… Le bijou est statutaire, architectural et assume sa fausseté. Parfait pour sophistiquer une tenue sobre.
Les deux incarnent l’audace de la décennie, mais dans des registres radicalement différents.
Le K7 vidéo
- Il floute les lignes du corps pour plus de confort.
- Il crée une allure nonchalante et puissante.
- Il permet des jeux de superposition audacieux.
Le secret ? L’oversize des années 80 n’était pas juste
Pendant que l’Occident célébrait la couleur et l’excès, une vague de créateurs japonais a proposé une contre-narration radicale. Yohji Yamamoto et Rei Kawakubo (Comme des Garçons) ont déconstruit le vêtement avec du noir, des coupes asymétriques, des superpositions et des volumes intellectuels. Une vision plus sombre et poétique qui a profondément marqué la fin de la décennie.
- Lavage : Toujours à froid (30°C max) et sur l’envers pour protéger les couleurs et les imprimés.
- Séchage : Jamais de sèche-linge, qui cuit et déforme les fibres synthétiques ! Séchage à l’air libre, à l’abri du soleil direct.
- Repassage : Si nécessaire, à très basse température et avec une pattemouille (un tissu humide) pour éviter de faire fondre la matière.
Le détail qui change tout : les manches retroussées. Popularisée par Don Johnson dans Miami Vice, la technique de retrousser ou pousser les manches d’un blazer sur les avant-bras était le summum du cool décontracté. Cela cassait le côté formel de la veste, dévoilait souvent une doublure contrastante et ajoutait une touche de nonchalance étudiée à n’importe quelle tenue.
Dans les années 80, une coiffure n’était pas terminée tant qu’elle ne pouvait pas résister à un coup de vent. La laque, notamment la célèbre Elnett, était l’outil de sculpture final pour figer les volumes et les crêpages.
Où trouver l’inspiration au-delà de Madonna ou Cindy Lauper ?
Explorez les icônes à l’esthétique plus pointue. Pensez à l’androgynie sculpturale de Grace Jones, à l’élégance minimaliste et sensuelle de Sade avec ses créoles dorées et son col roulé noir, ou au style preppy-punk de la chanteuse Debbie Harry. Ces femmes proposaient des visions de la féminité puissantes et moins premier degré.
L’un des mouvements les plus influents et pourtant méconnus de la décennie fut le
Le Perfecto clouté : Héritier direct du punk et du rock, il est synonyme de rébellion. Porté par Madonna ou Billy Idol, il est souvent customisé avec des badges, des clous, de la peinture. C’est une pièce forte qui exprime une appartenance.
Le Bomber MA-1 : D’origine militaire, popularisé par la street culture et des films comme Top Gun, il est plus versatile. Sa doublure orange iconique et sa coupe bouffante en font une pièce unisexe, cool et fonctionnelle.
Le premier crie, le second murmure. Deux facettes de la mode de la décennie.
- Vérifiez les étiquettes : La mention