Cela fait des décennies que je vois des tailleurs prendre vie dans mon atelier. J’ai vu des femmes de tous les horizons – des avocates, des artistes, des dirigeantes – chercher la même chose : plus qu’un vêtement, une sorte d’armure souple. Une pièce qui ne déguise pas, mais qui révèle. Un bon tailleur, ce n’est pas juste un costume. C’est une structure qui épouse vos mouvements, une ligne qui donne confiance, une matière qui vit avec vous.
Alors oubliez un instant les tendances éphémères. On va parler de ce qui compte vraiment : la coupe, le tissu, et ces petits secrets d’atelier qui font toute la différence entre un ensemble quelconque et LE tailleur qui deviendra une extension de vous-même.
La mécanique du tailleur : bien plus qu’une question de look
Avant même de penser à la couleur ou au style, il faut comprendre comment une veste est bâtie. C’est cette connaissance qui vous donnera un œil de pro pour juger de la qualité d’une pièce, que vous l’achetiez en boutique ou que vous la fassiez faire.
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L’aplomb : le secret d’une veste qui tombe parfaitement
Dans notre jargon, on parle d’« aplomb ». Ça désigne simplement la façon dont la veste tombe, bien droite, sans tirer ni faire de plis bizarres. Une veste avec un bon aplomb suit naturellement la ligne de votre corps.
Faites le test : tenez une veste par les épaules. Elle doit pendre verticalement. Si elle bascule en avant ou en arrière, c’est que sa structure est mal équilibrée. Une fois sur vous, ça se traduira par des plis disgracieux, souvent au niveau du col ou entre les omoplates. Un bon tailleur, lui, répartit son poids sur les épaules, on le sent à peine.
L’entoilage : l’âme invisible de la veste
Franchement, la plus grande différence entre une veste bas de gamme et une pièce de qualité se cache à l’intérieur. C’est l’entoilage. Il s’agit d’une couche de tissu, placée entre le tissu principal et la doublure, qui donne sa forme et sa tenue à la veste.
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L’entoilage traditionnel : C’est la méthode des puristes. Une toile complète, souvent à base de crin et de coton, est cousue « en flottant » à l’intérieur du panneau avant de la veste. Ça permet au tissu de respirer, de bouger avec vous et même de se mouler à votre corps avec le temps. C’est le top en matière de souplesse et de longévité. Pour le vérifier, pincez le tissu du devant, sous la boutonnière : si vous sentez une troisième couche qui bouge librement à l’intérieur, c’est gagné.
L’entoilage thermocollé : C’est la méthode la plus courante en industrie. Une toile est simplement collée à chaud sur le tissu. C’est plus rapide, moins cher, mais le résultat est plus rigide et moins respirant. Attention ! Avec le temps et les nettoyages, des petites bulles peuvent apparaître. C’est un compromis acceptable pour un budget serré, mais il faut savoir à quoi s’attendre.
Voilà pourquoi une veste à 200 € et une autre à 2000 € peuvent se ressembler de loin, mais n’offriront jamais, au grand jamais, la même expérience au porté.
Les détails qui tuent : ce qui fait un VRAI bon tailleur
Ce que j’ai toujours appris, c’est l’amour du détail. Ce sont ces finitions, souvent invisibles pour un œil non averti, qui font toute la différence en termes de confort et d’élégance.
La construction de l’épaule : votre silhouette en jeu
L’épaule, c’est la clé de voûte de la silhouette. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise épaule, juste celle qui correspond à votre morphologie et à l’effet recherché.
L’épaule naturelle (d’inspiration italienne) : Très peu de rembourrage (le « padding »). La tête de manche est montée avec une aisance qui donne une grande liberté de mouvement. C’est un style plus souple, parfait si vous avez déjà une belle carrure.
L’épaule structurée (d’inspiration britannique) : On utilise une épaulette plus marquée pour dessiner une ligne nette et carrée. C’est idéal pour donner de la prestance à des épaules menues. C’est le style « power suit » par excellence.
L’épaule « à la française » : Souvent, c’est un juste milieu. Un peu de structure pour la tenue, mais sans la rigidité de sa voisine anglaise. L’élégance dans l’équilibre.
Le point le plus important quand vous essayez une veste ? La couture de l’épaule doit tomber PILE à l’endroit où votre os se termine. C’est la partie la plus complexe (et la plus chère) à retoucher. Si l’épaule ne va pas, reposez la veste, même si c’est le coup de cœur.
Le pantalon : une histoire d’équilibre
On oublie souvent le pantalon, mais s’il est mal coupé, il peut saboter tout l’ensemble. La hauteur de la taille est cruciale : une taille haute allonge la jambe, tandis qu’une taille plus basse donne une allure plus relax. Le plus important, c’est de pouvoir vous asseoir sans sentir la moindre tension à l’entrejambe. Enfin, le pli central doit tomber droit sur le milieu de votre pied. La règle classique ? Un seul « cassé » sur la chaussure.
Le choix du tissu : une décision sensorielle et pratique
Le tissu, c’est le point de départ. Sa texture, son poids, sa composition… tout ça détermine quand et comment vous porterez votre tailleur. Méfiez-vous des étiquettes trompeuses ! Un « mélange laine » peut ne contenir que 10% de laine pour 90% de polyester. Touchez, sentez, froissez un peu. Un tissu naturel a une vie que le synthétique ne pourra jamais imiter.
Les laines, reines du tailleur
La laine est fantastique : elle respire, elle est résistante et elle tombe magnifiquement bien.
La laine peignée (Super 100’s, 120’s…) : Le chiffre indique la finesse de la fibre. Plus il est haut, plus le tissu est doux et luxueux… mais aussi plus fragile. Un Super 110’s ou 120’s est un excellent équilibre pour un usage quasi quotidien.
La flanelle : Une laine au toucher duveteux, incroyablement douce et chaude. Son tombé est plus souple. Parfaite pour l’automne et l’hiver.
Le tweed et autres laines rustiques : Ces laines robustes, texturées et chaudes sont idéales pour une veste de week-end ou un tailleur au style plus affirmé.
Lin, coton et soie : les options saisonnières
Pour l’été, le lin est roi. Oui, il se froisse, mais c’est ce qui fait son charme et prouve sa noblesse ! Le coton, lui, est plus net mais moins respirant, parfait pour un tailleur d’été décontracté. Les mélanges (laine-soie ou laine-lin) sont souvent un excellent compromis pour allier le tombé de la laine à la légèreté des fibres d’été.
Prêt-à-porter ou sur-mesure ? Trouver la bonne formule
Tout le monde n’a pas besoin (ni le budget) pour du sur-mesure. L’important, c’est de faire le meilleur choix selon sa situation et son portefeuille.
Le prêt-à-porter : l’art de bien acheter (et de retoucher)
C’est l’option la plus courante, et on y trouve d’excellentes choses ! Pour un premier tailleur de qualité, des marques comme Sézane ou 17H10 proposent de très belles pièces entre 300€ et 500€. Avec un budget un peu plus large, jetez un œil chez SuitSupply, qui a un super rapport qualité-prix.
Ma méthode en cabine d’essayage :
Priorité absolue aux épaules. On ne le répétera jamais assez.
Vérifiez la longueur des manches : elles doivent laisser apparaître environ 1 cm de votre chemise.
Fermez la veste : le bouton doit se fermer sans forcer. Si des plis en forme de « X » apparaissent autour du bouton, c’est le signal d’alarme absolu : la veste est trop petite !
Prévoyez un budget retouches. C’est LE secret. Je me souviens d’une cliente qui avait trouvé une veste sublime en soldes, mais un peu large. Pour 60€, on l’a transformée en une pièce qui semblait faite sur-mesure. Parfois, l’investissement en retouche est plus malin qu’un achat plus cher.
Bon à savoir : pour vous donner une idée des tarifs chez un bon retoucheur, comptez entre 15€ et 25€ pour un ourlet de pantalon, 30€ à 50€ pour raccourcir les manches et 40€ à 70€ pour cintrer une veste. Prévoyez une petite semaine de délai.
La demi-mesure et le sur-mesure : les options supérieures
La demi-mesure est un excellent compromis. On part d’un patron existant qu’un professionnel ajuste à vos mesures. C’est idéal pour un tombé quasi parfait, avec un budget qui démarre souvent autour de 600€-800€.
Le sur-mesure (ou « bespoke »), c’est l’expérience ultime. On part d’une feuille blanche, le choix des détails est infini, et il faut plusieurs essayages. C’est un vrai dialogue avec l’artisan. L’investissement est conséquent, rarement en dessous de 1500€-2000€, mais le résultat est une pièce pour la vie.
Prendre soin de son tailleur pour le garder des années
Un tailleur de qualité est un investissement. Avec un peu de soin, il vous accompagnera longtemps.
Le cintre : C’est la règle d’or. Toujours un cintre large et galbé pour la veste afin de soutenir les épaules.
Le repos : Ne portez pas le même tailleur deux jours de suite. Laissez les fibres se reposer 24h.
Le brossage : Un coup de brosse douce après l’avoir porté enlève la poussière qui abîme les fibres à la longue.
Le nettoyage : Limitez le nettoyage à sec (une fois par an suffit souvent), qui est agressif. Pour le rafraîchir, suspendez-le dans la salle de bain pendant une douche chaude, la vapeur fait des miracles.
Petit défi pour vous : allez voir maintenant le cintre sur lequel est posée votre plus belle veste. Si c’est un cintre fin en métal, changez-le. Tout de suite. C’est le geste le plus simple pour prolonger sa vie de plusieurs années.
Au-delà des règles : s’approprier son tailleur
Une fois qu’on maîtrise la technique, on peut s’amuser. Un tailleur n’est pas un uniforme !
Dépareillez-le ! La veste d’un tailleur en laine grise est magnifique avec un bon jean brut. Le pantalon en flanelle est parfait avec un gros pull en cachemire. C’est la meilleure façon de rentabiliser votre pièce. Sous la veste, jouez avec les styles : un t-shirt blanc de qualité pour un look casual, un col roulé en mérinos pour l’hiver, ou même rien en dessous pour une soirée, si la veste est parfaitement coupée.
Au final, le tailleur parfait est celui dans lequel vous vous sentez vous-même. Puissante, compétente, et surtout, à l’aise. Mon rôle, en tant qu’artisan, n’est pas d’imposer un style, mais de vous donner le meilleur outil pour que vous puissiez exprimer le vôtre. C’est une confiance qui se tisse, point par point.
Galerie d’inspiration
Le pantalon parfait ne doit ni plisser à l’entrejambe ni bâiller à la taille lorsque vous vous asseyez. Le test ultime en cabine d’essayage ? Asseyez-vous sur une chaise. Le tissu doit suivre la courbe de votre hanche sans tirer, et l’ourlet doit à peine effleurer le dessus de votre chaussure, révélant subtilement la cheville ou cassant une seule fois sur le cou-de-pied.
Avec un jean brut et un t-shirt blanc pour un look week-end chic.
Ceinturé sur une robe nuisette pour une silhouette de soirée inattendue.
Simplement posé sur les épaules avec un pull en cachemire pour une allure faussement décontractée.
Le secret ? Un blazer bien coupé est la pièce la plus polyvalente de votre garde-robe.
Le détail qui change tout : la doublure. Oubliez le polyester qui colle et fait transpirer. Recherchez une doublure en cupro ou en viscose. Ces matières d’origine végétale respirent, offrent un tombé luxueux et glissent sur vos vêtements sans électricité statique. C’est le luxe discret qui fait la différence au porté.
Le plus beau vêtement qui puisse habiller une femme, ce sont les bras de l’homme qu’elle aime. Mais pour celles qui n’ont pas eu cette chance, je suis là.
Une philosophie signée Yves Saint Laurent, qui a offert aux femmes avec son smoking en 1966 bien plus qu’un vêtement : une attitude, une liberté, un pouvoir.
Le revers de la veste (le col) sculpte le haut de votre silhouette. Son choix n’est jamais anodin :
Le revers cranté (notch lapel) : le plus courant et le plus polyvalent, idéal pour le bureau.
Le revers à pointe (peak lapel) : plus formel et affirmé, il allonge la silhouette et donne de la carrure.
Le col châle (shawl collar) : réservé aux smokings et aux tenues de soirée, pour une élégance tout en rondeur.
Un tailleur en laine doit-il être nettoyé à sec après chaque usage ?
Absolument pas ! Un nettoyage trop fréquent abîme les fibres naturelles. Aérez votre tailleur sur un cintre de qualité après l’avoir porté, et utilisez une brosse douce pour enlever la poussière. Un passage à la vapeur (steamer) suffit souvent à le rafraîchir. Réservez le pressing pour les taches ou après 4 à 5 ports intensifs.
Le tailleur en lin : Idéal pour l’été. Il est léger, respirant mais se froisse facilement, ce qui fait partie de son charme décontracté. Parfait pour un mariage en plein air ou une journée de bureau estivale.
Le tailleur en laine froide : L’option quatre-saisons par excellence. Une laine type
Selon la plateforme Lyst, les recherches pour les
Porter un tailleur parfaitement ajusté transforme la posture. Les épaules se redressent, la démarche s’assure. Ce n’est pas un déguisement, mais une seconde peau qui dialogue avec votre confiance en vous. Une armure souple pour conquérir le quotidien, du boardroom à la terrasse d’un café.
L’erreur de débutante : une manche trop longue. La règle d’or est simple : la manche de la veste doit s’arrêter juste au-dessus de l’os du poignet, laissant apparaître environ 1 à 1,5 cm de la manchette de votre chemise ou de votre pull. Ce simple détail allonge les bras et signe une allure soignée.
Vous avez trouvé un tailleur au tissu magnifique chez COS ou Arket, mais la coupe n’est pas parfaite ? N’hésitez pas !
Faire reprendre la taille du pantalon.
Ajuster la longueur des manches et du pantalon.
Pincer la veste au dos pour une coupe plus cintrée.
Un passage chez un bon retoucheur coûte souvent moins cher que la différence avec un modèle de luxe et transforme une pièce standard en quasi-sur-mesure.
Le tailleur et les baskets : mariage heureux ou faute de goût ?
C’est devenu un classique du style contemporain ! L’astuce est de choisir les bonnes pièces. Optez pour un tailleur à la coupe moderne et des baskets de ville épurées, comme des Veja Campo ou des Stan Smith blanches. Le contraste crée une silhouette chic, décontractée et résolument dans l’air du temps.
Le style italien (ex: Max Mara) : Souvent déstructuré, en matières fluides et luxueuses comme le cachemire ou le camel. La silhouette est souple, élégante et confortable, misant sur la qualité du tissu avant tout.
Le style scandinave (ex: Filippa K) : Plus minimaliste et architectural. Les coupes sont nettes, souvent un peu plus rigides, avec un souci du détail fonctionnel. L’esthétique est épurée et moderne.
Créé en 1966 par Yves Saint Laurent,
Il attire le regard et marque les esprits.
Il illumine le teint et donne de l’énergie.
Il se suffit à lui-même, demandant peu d’accessoires.
Le secret ? Oser la couleur ! Un tailleur fuchsia, vert émeraude ou bleu cobalt est une affirmation de style bien plus forte qu’un classique noir ou marine.
Les boutons en plastique bas de gamme peuvent ruiner l’allure d’un beau tailleur. Pour quelques euros, un retoucheur peut les remplacer par des boutons en corne véritable, en corozo (ivoire végétal) ou en nacre. Ce détail subtil apporte instantanément une touche de luxe et de personnalité à votre veste.
Toujours le suspendre sur un cintre large et galbé pour préserver la forme des épaules.
Ne jamais le ranger dans une housse en plastique, qui empêche le tissu de respirer. Préférez une housse en coton.
Laisser un espace de chaque côté dans la penderie pour éviter de le froisser.
Le saviez-vous ? La position du bouton principal de la veste (le
Marlene Dietrich a été l’une des premières icônes à adopter le tailleur masculin dans les années 1930, défiant toutes les conventions. Ses costumes sur-mesure, commandés chez les tailleurs pour hommes Anderson & Sheppard à Londres, sont devenus sa signature.
Longtemps réservé au vestiaire masculin, le gilet de costume fait un retour en force. Il structure la silhouette et ajoute une touche d’élégance pointue.
Porté en trio avec la veste et le pantalon pour un look
Chemise, t-shirt, ou rien du tout ? Que porter sous sa veste ?
Tout dépend de l’occasion ! Une chemise en soie pour le bureau, un t-shirt en coton de qualité (comme ceux de Petit Bateau ou Sunspel) pour un look casual-chic, un caraco en dentelle pour le soir. Et pour les plus audacieuses, porter la veste à même la peau est une option ultra-glamour pour un événement.
Veste droite (single-breasted) : La plus simple et la plus moderne. Avec un ou deux boutons, elle est polyvalente et a tendance à affiner la silhouette. Elle est parfaite pour une première acquisition.
Veste croisée (double-breasted) : Plus formelle et structurée. Elle donne de la carrure et une touche d’audace. Idéale pour celles qui veulent un look affirmé. Attention, elle se porte quasiment toujours fermée.
La laine est une fibre 100% naturelle, renouvelable et biodégradable. Un tailleur en pure laine de qualité, entretenu avec soin, peut durer des décennies, à l’opposé de la fast fashion.
Une ceinture fine en cuir pour marquer la taille sur une veste ouverte ou fermée.
Un sautoir délicat ou une broche vintage sur le revers.
Des chaussures qui tranchent : des mocassins pour un look preppy, des escarpins pour le pouvoir.
Jardinière Passionnée & Cuisinière du Potager Ses terrains de jeu : Potager bio, Culture en pots, Recettes du jardin
Léa a découvert sa vocation en cultivant son premier potager sur un balcon de 4m². Depuis, elle n'a cessé d'expérimenter et de partager ses découvertes. Issue d'une famille de maraîchers bretons, elle a modernisé les techniques traditionnelles pour les adapter à la vie urbaine. Sa plus grande fierté ? Réussir à faire pousser des tomates sur les toits de Lyon ! Quand elle n'a pas les mains dans la terre, elle concocte des recettes avec ses récoltes ou anime des ateliers de jardinage dans les écoles de son quartier.