On me demande souvent ce qui a rendu la mode des années 60 si… explosive. Franchement, ce n’était pas une simple évolution, c’était une vraie rupture. Une révolution ! J’ai fait mes armes dans des ateliers où le corps de la femme était encore contraint, sculpté pour obtenir cette silhouette en sablier très chic, mais si peu pratique. Et puis, en quelques années, tout a changé.
Dans notre atelier, on voyait les ourlets remonter presque chaque semaine. Les tissus raides et lourds ont été remplacés par des matières qui semblaient venir du futur. C’était une libération qu’on pouvait voir, toucher, sentir dans la rue. Pour vraiment piger cette décennie, les photos ne suffisent pas. Il faut comprendre la géométrie des coupes, toucher les matières, connaître les petites combines techniques qui ont tout rendu possible. C’est ce savoir-faire, appris à la sueur de mon front, que je veux partager avec vous.
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La Révolution par le Tissu : Le Vrai Moteur du Changement
Le look si particulier de cette époque n’aurait jamais existé sans la chimie. C’est un détail qu’on oublie, mais les nouvelles fibres synthétiques ont tout changé. Avant, on jonglait avec la laine, la soie, le coton… des matières nobles, superbes, mais pleines de contraintes. L’arrivée du polyester, du vinyle et de l’acrylique a ouvert un champ des possibles incroyable.
Polyester et compagnie : la promesse de la modernité
Je me souviens des premiers rouleaux de polyester texturé qu’on a reçus. La matière était nerveuse, presque électrique au toucher. Son atout maître ? L’infroissabilité. Une robe sortait de la valise impeccable. Pour la femme active, c’était magique. Certains polyesters, plus épais, avaient une tenue incroyable, parfaits pour les coupes structurées comme la fameuse robe trapèze. Le vêtement gardait sa forme sans aucune doublure ou structure interne. L’acrylique, de son côté, imitait la laine en version plus légère et lavable en machine. C’était le roi des pulls à col roulé, une pièce phare qui commençait à devenir unisexe.
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Mais attention, il y avait un revers à la médaille. Ces tissus ne respiraient pas. Porter une robe en polyester en plein été, c’était un vrai défi ! Et l’électricité statique… je me souviens encore des mannequins qui prenaient des petites décharges en enfilant les prototypes. C’était le prix à payer pour être à la pointe.
Bon à savoir : Si vous voulez coudre un vêtement d’inspiration sixties aujourd’hui, oubliez les polyesters bas de gamme. Pour retrouver ce tombé net et structuré, cherchez plutôt du côté d’une maille Ponte di Roma de bonne qualité ou même d’un néoprène léger. Le rendu sera similaire, le confort en plus !
La Coupe Trapèze : La Géométrie de la Libération
La silhouette de cette décennie, c’est avant tout une histoire de lignes droites. On est passé de la courbe et de la taille de guêpe à la géométrie pure. La robe trapèze (ou ligne A) en est l’exemple parfait : elle part des épaules et s’élargit jusqu’en bas, effaçant la taille, les hanches, le ventre. Le corps n’est plus moulé, il devient un simple support pour le vêtement.
Cette coupe, d’apparence si simple, libérait le mouvement. Les femmes pouvaient enfin courir, danser, vivre sans être engoncées. C’est une évolution qui dépasse largement l’esthétique, elle raconte une nouvelle place de la femme dans la société.
Les Secrets d’Atelier : Le Savoir-Faire derrière l’Image
Créer un look iconique de cette période demande une précision que l’on ne soupçonne pas. La simplicité apparente des formes cache souvent une grande maîtrise technique.
Le Maquillage Graphique : L’Art du « Cut Crease » en 3 Étapes
Le regard était au centre de tout. Il ne s’agissait plus seulement de souligner l’œil, mais de le redessiner. La technique du « cut crease » consiste à marquer le creux de la paupière avec un trait sombre pour créer une illusion de profondeur et agrandir le regard. Ça demande une main sûre !
La base : Appliquez une base claire et mate (un fard blanc ou beige) sur toute la paupière mobile, jusqu’au sourcil.
Le creux : Avec un eye-liner feutre ou un pinceau fin et un fard noir, tracez un arc de cercle net juste au-dessus du creux naturel de votre paupière. Ne clignez pas ! Pour plus de stabilité, posez votre coude sur une table.
La finition : Dessinez un trait d’eye-liner épais le long des cils supérieurs, en l’étirant en virgule. Pour le look « poupée », ajoutez une bonne couche de mascara ou même des faux cils.
La Coiffure « Choucroute » : Comment Obtenir du Volume sans S’Arracher les Cheveux
Ah, le fameux volume capillaire ! La coiffure « choucroute » (ou « beehive » en anglais) est une véritable sculpture. Le crêpage est la clé, mais attention, pas n’importe comment.
La préparation (le secret !) : Sur cheveux secs, avant toute chose, saupoudrez un peu de shampoing sec ou de poudre texturisante aux racines. Ça va gainer le cheveu et permettre au crêpage de tenir beaucoup mieux.
Le crêpage : Isolez une mèche de 2-3 cm sur le dessus de la tête. Tendez-la vers le haut et, avec un peigne fin, tassez délicatement les cheveux vers la racine en quelques coups. Répétez sur toutes les mèches du dessus du crâne.
Le lissage et la fixation : Avec une brosse douce, lissez très délicatement la couche de cheveux supérieure pour cacher le « fouillis » du crêpage et donner une belle forme bombée. Un nuage de laque en aérosol pour fixer le tout, et le tour est joué ! Comptez bien 15-20 minutes pour un résultat correct.
Paris vs Londres : Deux Énergies, Deux Styles
Fait intéressant, la mode de l’époque n’avait pas du tout le même visage à Paris et à Londres. C’était le reflet de deux cultures jeunes en pleine ébullition, avec des approches radicalement différentes.
Paris : L’Élégance Structurée de la Haute Couture
À Paris, la révolution venait d’en haut, des grands couturiers. Leur approche était artistique, presque intellectuelle. On pense à ces robes aux aplats de couleurs géométriques, qui n’étaient pas imprimées mais créées par une technique de marqueterie de tissu, cousant des pièces de jersey bord à bord. D’autres créateurs, plus visionnaires, proposaient un style « Space Age » avec du blanc, de l’argenté et des matières comme le vinyle. C’était une mode sculpturale, chère et destinée à une élite.
Londres : L’Énergie de la Rue
À Londres, c’était tout l’inverse : la révolution venait de la rue. Des artères comme Carnaby Street dictaient la tendance. La mode y était jeune, accessible, un peu insolente, faite pour danser dans les clubs. Les couleurs étaient pop, les motifs psychédéliques. C’est là qu’est née la minijupe, popularisée par une créatrice emblématique. Le saviez-vous ? On raconte qu’elle aurait nommé cette jupe révolutionnaire d’après sa voiture préférée… la Mini ! C’était une mode plus démocratique, directement influencée par la musique.
Et pour les hommes ?
Eh oui, les hommes n’étaient pas en reste ! Le style « Mod » londonien a défini une nouvelle élégance masculine. Pensez au costume ajusté, souvent porté avec un simple pull à col roulé en dessous (très chic !), un pantalon cigarette étroit et un pardessus trois-quarts. C’était net, jeune et terriblement moderne.
Adapter le Style 60s Aujourd’hui : Mission Possible !
L’idée n’est pas de se déguiser, mais de piocher des éléments pour les intégrer à votre garde-robe. C’est plus simple qu’il n’y paraît.
Le look Rive Gauche en 5 minutes chrono : Un pull à col roulé noir + un pantalon cigarette 7/8ème + des ballerines ou des mocassins + un trait d’eye-liner épais = vous y êtes !
Sinon, optez pour une seule pièce forte : une robe trapèze unie dans une belle matière avec des bottines plates, un caban à la coupe impeccable, ou juste de grandes lunettes de soleil carrées. L’esprit est là, sans l’effet « total look ».
Vintage ou neuf ? Le match
Chiner une vraie pièce d’époque, c’est génial. Vous tenez un morceau d’histoire ! Mais il y a des choses à savoir.
Comment reconnaître un vrai vintage ? Regardez la fermeture Éclair : elles étaient souvent en métal, pas en plastique. Les étiquettes de composition et d’entretien sont souvent absentes ou très sommaires. La coupe est aussi un indice !
Le budget : Pour une robe trapèze simple en friperie, comptez entre 25€ et 70€ selon l’état. Pour une pièce de créateur ou en parfait état dans une boutique spécialisée, les prix peuvent grimper jusqu’à 150-200€, voire plus.
Les pièges : Attention, les tailles ont changé ! Un 40 de l’époque correspond souvent à un 36/38 actuel. Essayez toujours. De plus, les synthétiques anciens peuvent être devenus cassants ou avoir gardé une odeur… tenace.
Les reproductions modernes, elles, offrent le confort des tissus actuels et des tailles standard. C’est une option plus simple et souvent plus abordable pour commencer. On trouve aussi de superbes patrons de couture d’inspiration vintage (cherchez sur Etsy ou auprès des marques de patrons indépendantes) pour celles qui veulent se lancer !
Derniers Conseils de Pro (et Mises en Garde)
Le crêpage intensif, s’il est mal fait, peut vraiment abîmer les cheveux. Soyez douce et n’oubliez jamais un bon masque nourrissant après. Pour le démaquillage, un produit biphasé (huile et eau) est votre meilleur ami pour dissoudre eye-liner et colle à faux cils sans frotter.
Enfin, certaines choses ne s’improvisent pas. Une coupe courte très structurée doit être confiée à un coiffeur qui saura l’adapter à votre visage. De même, si vous dénichez une perle vintage qui a besoin d’une retouche, ne prenez aucun risque : un tailleur d’expérience saura comment manipuler ces tissus fragiles.
Au fond, cette décennie était bien plus qu’une série de tendances. C’était le reflet d’un optimisme fou, d’une croyance que tout était possible. Et en comprenant les techniques derrière le style, on touche un peu à cette énergie incroyable.
Galerie d’inspiration
Le secret d’un maquillage 60s réussi ?
C’est l’équilibre. Si vous optez pour le fameux
Plus qu’une mode, le style
Focus Matière : Le Lurex. Cette fibre métallique n’était pas nouvelle, mais les années 60 l’ont adoptée avec ferveur. Tissé dans des pulls, des robes du soir ou même des collants, le Lurex apportait une touche de glamour futuriste et scintillante, parfaite pour danser le twist jusqu’au bout de la nuit. Il capturait la lumière et incarnait l’effervescence de l’époque.
Pour retrouver l’esprit des imprimés 60’s, ne vous limitez pas aux fleurs psychédéliques. Explorez aussi :
L’Op Art : Inspiré de l’art optique de Vasarely, avec ses motifs géométriques en noir et blanc qui créent des illusions de mouvement.
Le damier : Un classique bicolore, souvent en noir et blanc, parfait pour une robe trapèze ou une mini-jupe.
Les pois surdimensionnés : Ludiques et graphiques, ils apportent une touche de fraîcheur instantanée.
« La mini-jupe était un moyen pour la jeunesse de dire qu’elle était là, qu’elle existait. » – Mary Quant
Courrèges : Des coupes architecturales, du blanc omniprésent, des matières rigides comme le vinyle et le gabardine. Une vision pure et structurée de la femme moderne.
Paco Rabanne : L’expérimentation ultime. Des robes faites de plaques de métal ou de rhodoïd assemblées par des anneaux. Le vêtement devient une sculpture portable, un manifeste d’avant-garde.
Le premier libérait le corps par la coupe, le second le réinventait par la matière.
L’accessoire qui change tout ? Les lunettes oversize. Qu’elles soient rondes, carrées ou en forme de masque, les montures en plastique blanc ou écaille surdimensionnées étaient la signature d’un look sophistiqué. Elles conféraient un anonymat de star et structuraient le visage, complétant parfaitement une coiffure volumineuse ou une coupe à la garçonne.
Une silhouette nette et graphique.
Un confort de mouvement inégalé.
Une allure juvénile et moderne.
Le secret ? La coupe trapèze. Popularisée par Yves Saint Laurent avec sa collection Mondrian, elle efface les hanches et la taille pour se concentrer sur une ligne pure qui part des épaules. Une vraie révolution après des décennies de taille de guêpe.
Erreur à éviter : Le total look premier degré. Porter la mini-jupe, les bottes blanches, le chignon choucroute ET le maquillage œil de biche peut vite faire
Saviez-vous que l’invention du collant à la fin des années 50 par Allen Gant Sr. a été un catalyseur essentiel de la popularisation de la mini-jupe ?
Avant, les bas et le porte-jarretelles rendaient les ourlets très courts peu pratiques. Le collant a offert une nouvelle liberté et une couverture lisse qui a permis aux jupes de remonter sans contraintes, changeant ainsi radicalement la silhouette féminine.
Comment entretenir un vêtement vintage en polyester ?
Bonne nouvelle, c’est l’un des tissus les plus faciles ! Un lavage en machine à 30°C sur cycle délicat suffit. Utilisez une lessive douce et évitez l’adoucissant qui peut laisser des résidus. Le grand avantage du Tergal et autres polyesters de l’époque est leur infroissabilité : un simple séchage sur cintre suffit, le repassage est souvent superflu.
La coiffure
On estime que la production mondiale de fibres synthétiques a plus que doublé entre 1960 et 1970.
Cette explosion n’était pas qu’industrielle, elle était culturelle. Des matières comme le Crimplene (un polyester texturé) sont devenues synonymes de modernité et d’accessibilité, permettant aux créateurs de proposer des couleurs vives et des formes audacieuses à un public plus large.
Le détail qui tue : Les bijoux en plastique. Loin d’être considérés comme
La silhouette des années 60 n’était pas monolithique. D’un côté, le style
Quel parfum pour une ambiance sixties ?
Oubliez les jus complexes. L’époque était aux sillages plus directs et affirmés. Pensez à des créations comme
Des couleurs vives et franches : orange, fuchsia, jaune canari, vert pomme.
Des coupes simples mais impeccables, souvent sans pinces.
Une praticité à toute épreuve, lavable et infroissable.
Le point commun ? L’influence de la mode enfantine. Les créateurs se sont inspirés de la simplicité et de l’insouciance des vêtements pour petites filles pour créer des robes-chemisiers et des coupes trapèze, symboles d’une jeunesse qui refusait de grandir trop vite.
« Le noir et blanc est l’accord parfait. » – Yves Saint Laurent
Bien que les années 60 soient célèbres pour leurs couleurs pop, le duo noir et blanc a connu son apogée graphique. Des robes Mondrian aux motifs Op Art, en passant par les damiers et les rayures tennis, ce contraste puissant soulignait la pureté des lignes et la radicalité des nouvelles coupes.
Les bottes Go-Go : Basses, souvent blanches et en vinyle ou cuir verni, elles étaient l’accessoire indispensable de la mini-jupe. Leur nom vient des danseuses des clubs
Le cinéma a été un miroir et un moteur de la mode des 60s. Pensez à l’élégance froide de Catherine Deneuve en Saint Laurent dans Belle de Jour, au style pop et déjanté de Jane Fonda dans Barbarella ou à l’allure garçonne de Jean Seberg dans À bout de souffle. Chaque film était une vitrine d’inspiration.
La fameuse robe
Pour un look 60s à petit budget, misez sur les accessoires et le maquillage. Un simple pull noir à col roulé, pièce phare de l’époque, peut être transformé avec :
Un trait d’eyeliner graphique et des cils XXL.
Un bandeau large dans les cheveux ou un foulard en soie noué au cou.
Une paire de créoles oversize.
Twiggy : La silhouette androgyne, la coupe de cheveux courte, les grands yeux de poupée accentués par des cils dessinés. Elle incarnait le look
N’oubliez pas les hommes ! La
Le toucher d’un vêtement des années 60 est une expérience en soi. Le crissement presque électrique d’une robe en vinyle, la rigidité nerveuse d’un polyester Crimplene, la douceur synthétique d’un pull en acrylique ou le poids d’un manteau en gabardine de laine. Ces sensations racontent l’histoire d’une décennie qui a réinventé le lien entre le corps et le tissu.
Architecte d'Intérieur & Passionnée de Rénovation Ce qui l'anime : Mobilier sur mesure, Projets cuisine & bain, Solutions gain de place
Marion a grandi entourée d'artisans – son père était ébéniste et sa mère décoratrice. Cette immersion précoce lui a donné un regard unique sur l'aménagement intérieur. Aujourd'hui, elle partage son temps entre la conception de projets pour ses clients et l'écriture. Sa spécialité ? Transformer les contraintes en opportunités créatives. Chaque petit espace cache selon elle un potentiel insoupçonné. Les week-ends, elle restaure des meubles anciens dans son atelier niçois, toujours accompagnée de son chat Picasso.