Cosmétiques Solides : Les Vraies Astuces d’un Artisan pour Ne Plus Se Tromper

Auteur Sandrine Morel

Ça fait plus de quinze ans que j’ai les mains dans les beurres, les huiles et les poudres. J’ai commencé avec la saponification à froid, complètement fasciné par cette alchimie qui transforme de simples corps gras en un savon d’une douceur incroyable. Mon atelier, c’est mon sanctuaire. Un lieu qui sent le beurre de karité brut, la lavande et parfois, cette odeur un peu piquante de la soude quand une nouvelle fournée se prépare.

Franchement, je ne suis pas un pro du marketing. Je suis un artisan. Et aujourd’hui, j’ai envie de partager avec vous ce que je sais vraiment sur les cosmétiques solides, bien loin des slogans et des belles promesses qu’on voit partout.

On les trouve à tous les coins de rue : le shampoing qui ressemble à un macaron, le déo en tube carton, le dentifrice en pastilles… C’est une super nouvelle, cette prise de conscience ! Moins de plastique, des listes d’ingrédients plus courtes, on ne peut qu’applaudir. Mais attention, derrière cette jolie façade, il y a une vraie technique. Un bon produit solide, ce n’est pas juste un produit liquide auquel on a retiré l’eau. C’est un objet pensé différemment. Mon but ici, c’est de vous donner les clés pour comprendre, bien choisir et surtout bien utiliser ces pépites. Pour que la bonne idée ne tourne pas à la déception dans votre salle de bain.

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La première chose à savoir : Savon et Shampoing solide, ce n’est PAS la même chose

Pour tout comprendre, il faut oublier l’idée que tous les solides sont de la même famille. Un savon et un shampoing solide sont aussi différents qu’un chat et un chien. Leur seul point commun, c’est leur faible teneur en eau, ce qui les rend super concentrés et leur permet de se conserver naturellement. Mais leur fabrication et leur effet sur la peau ou les cheveux ? Radicalement opposés.

1. Le vrai savon : l’art de la saponification (SAF)

C’est le cœur de mon métier. Un vrai savon artisanal naît d’une réaction chimique magnifique : la saponification. On mélange des corps gras (huiles végétales, beurres) avec un agent alcalin, en l’occurrence de la soude caustique pour les savons solides.

La magie, c’est que cette réaction produit naturellement du savon ET de la glycérine, un super hydratant. Dans l’industrie, cette glycérine est souvent extraite pour être revendue. Un artisan, lui, la garde précieusement ! C’est ce qui donne à nos savons cette douceur incomparable. On parle de saponification à froid (SAF) car on travaille à basse température pour ne pas abîmer les précieuses huiles. Ensuite, le savon doit « curer », c’est-à-dire sécher et mûrir pendant 4 à 6 semaines minimum. C’est une étape cruciale pour qu’il durcisse et que son pH s’adoucisse.

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Bon à savoir : un savon est naturellement basique (pH entre 8 et 10). C’est parfait pour nettoyer la peau du corps, mais c’est une catastrophe pour les cheveux, dont le pH est acide (autour de 5,5). Utiliser un savon sur les cheveux, c’est la garantie d’ouvrir les écailles et de se retrouver avec une sensation de cheveux poisseux et ternes.

Côté budget, un bon savon artisanal de 100g coûte généralement entre 5€ et 9€. Ça peut paraître un peu cher, mais bien conservé, il remplace facilement deux flacons de gel douche. Faites le calcul !

2. Le shampoing solide : le monde des « syndets »

Un shampoing solide, je le répète, N’EST PAS un savon. Il fait partie de la famille des syndets (pour détergents synthétiques). N’ayez pas peur du mot ! « Synthétique » signifie simplement que l’agent lavant est issu d’une synthèse chimique, même si sa base est végétale, le plus souvent de l’huile de coco.

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L’ingrédient star, c’est le Sodium Cocoyl Isethionate (SCI). C’est un tensioactif très doux, avec un pH acide parfait pour le cuir chevelu. Il nettoie sans décaper. Pour le fabriquer, on mélange cette poudre avec des argiles, des huiles et un peu d’eau, avant de presser le tout dans un moule. Pas de réaction chimique complexe, pas de temps de cure. Mais attention, la manipulation du SCI en poudre est délicate : il est très volatil et irritant pour les poumons, donc le masque de protection FFP2 est obligatoire en atelier.

Un bon shampoing solide artisanal vous coûtera entre 7€ et 12€. Mais il dure souvent 2 à 3 mois, soit l’équivalent de 2 ou 3 bouteilles de shampoing liquide. Et bonne nouvelle pour les cheveux colorés : son pH acide est bien plus doux et aide à préserver l’éclat de la couleur plus longtemps.

3. Les baumes et déodorants : la simplicité du « sans eau »

Cette catégorie regroupe les formules anhydres (sans eau). On fait simplement fondre des beurres, des huiles et des cires, on ajoute des actifs comme des poudres ou des huiles essentielles, et on coule en moule. Le défi ? Trouver l’équilibre parfait pour que le produit glisse bien, ne soit pas gras et ne s’effrite pas. C’est un vrai travail de dosage !

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D’ailleurs, si vous voulez vous lancer, c’est par là qu’il faut commencer.

Cadeau de l’artisan : votre premier baume corporel solide inratable

C’est ultra simple et le résultat est bluffant. Pour un petit pot de 50g, il vous faudra :

  • 30g de beurre de karité
  • 15g d’huile de coco
  • 5g de cire d’abeille (ou de cire végétale comme la candelilla)

Les étapes : 1. Pesez tous vos ingrédients dans un petit bol résistant à la chaleur. 2. Faites fondre le tout très doucement au bain-marie. Mélangez délicatement jusqu’à obtenir un liquide homogène. 3. Retirez du feu, attendez une minute ou deux (vous pouvez ajouter quelques gouttes d’huile essentielle si le cœur vous en dit), puis versez dans un petit moule en silicone ou un pot propre. 4. Laissez refroidir à température ambiante pendant quelques heures jusqu’à ce qu’il soit complètement dur. Et voilà !

En termes de coût, c’est imbattable : un baume comme celui-ci vous reviendra à moins de 3€ en matières premières, que vous trouverez facilement en ligne sur des sites spécialisés dans le DIY cosmétique.

Le tour de main de l’artisan : les gestes qui changent tout

Avoir le bon produit, c’est 50% du travail. Bien l’utiliser, c’est les 50% restants !

Pour le savon saponifié à froid : L’ennemi public numéro un d’un savon artisanal, c’est l’eau stagnante. J’ai vu tellement de clients déçus par un savon qui « fondait à vue d’œil »… Le problème, 99% du temps, c’est le porte-savon ! Il doit absolument être aéré (à grille, à picots, ou même une simple éponge luffa) pour que le savon sèche complètement entre deux utilisations. C’est le secret pour le faire durer deux fois plus longtemps.

Pour le shampoing solide : L’erreur classique est de frotter le galet directement sur les longueurs. C’est le meilleur moyen de créer des nœuds et de casser les cheveux. La bonne technique : faites mousser le galet dans vos mains, puis appliquez cette mousse généreuse sur le cuir chevelu en massant. Le simple fait de rincer suffira à nettoyer les longueurs sans les agresser.

Pour le déodorant solide : Le secret, c’est la chaleur de la peau. Maintenez le stick quelques secondes contre votre aisselle avant de l’appliquer. La surface va légèrement se ramollir. Un seul aller-retour suffit ! En mettre trop est contre-productif et risque de tacher vos vêtements. Et si votre déo a tendance à fondre en été, cherchez des formules avec un peu plus de cire (carnauba par exemple) ou conservez-le dans une petite boîte en métal au frais.

Attention au bicarbonate ! Il est très efficace contre les odeurs, mais son pH élevé peut irriter les peaux sensibles. Si vous voyez des rougeurs ou des démangeaisons, pas de panique : arrêtez tout et passez à une formule sans bicarbonate, il en existe de très efficaces.

Se lancer : acheter malin ou fabriquer soi-même ?

Que vous choisissiez d’acheter ou de vous lancer dans la fabrication, voici quelques conseils honnêtes.

Acheter en conscience

Apprenez à jeter un œil à la liste d’ingrédients (dite INCI). Pour un savon SAF, vous devriez voir des noms comme Sodium Olivate (huile d’olive saponifiée) et la présence de Glycerin. Pour un shampoing solide, le premier ingrédient sera souvent Sodium Cocoyl Isethionate. Évitez les shampoings solides dont le premier ingrédient est un Sodium [quelque chose]ate, c’est souvent un savon déguisé.

Fabriquer soi-même : prudence et plaisir

L’envie de faire soi-même est géniale, mais la sécurité passe avant tout.

  • Niveau débutant (le baume) : Comme on l’a vu, c’est facile, sans risque et super gratifiant.
  • Niveau intermédiaire (le shampoing) : La manipulation du SCI nécessite impérativement un masque FFP2 et des lunettes de protection dans une pièce bien aérée.
  • Niveau expert (le savon SAF) : C’est la voie royale, mais aussi la plus technique. La soude caustique est un produit corrosif. L’équipement de protection (gants épais, lunettes intégrales, vêtements longs) n’est pas négociable. La règle d’or : toujours la soude dans l’eau, jamais l’inverse. Je me souviens de ma première fournée, j’étais tellement stressé ! J’avais mis mon équipement de cosmonaute, mais au final, en suivant les règles, tout s’est bien passé. Le secret, c’est le respect du produit, pas la peur.

Pour le matériel, vous trouverez la soude caustique dans les grands magasins de bricolage (type Leroy Merlin), mais pour des ingrédients cosmétiques de qualité (beurres, huiles, SCI), privilégiez les boutiques spécialisées en ligne.

Et juste un mot pour ceux qui voudraient vendre leurs créations : la réglementation européenne est très stricte. Il faut faire valider chaque recette par un expert (toxicologue, pharmacien…) et monter un dossier complet. C’est une démarche sérieuse et coûteuse, mais indispensable pour garantir la sécurité de tous.

Le mot de la fin

Passer aux cosmétiques solides, c’est une démarche formidable. Mais ne tombez pas dans le panneau de croire que « naturel » ou « artisanal » est toujours un gage de qualité. J’ai vu des savons mal faits, agressifs, et des shampoings qui n’en étaient pas.

Un bon produit solide, c’est le fruit d’une recette réfléchie, d’ingrédients de qualité et d’un vrai savoir-faire. Alors, soyez curieux. Posez des questions sur les marchés. Intéressez-vous à ce qu’il y a dedans. Choisissez un produit non pas pour son emballage, mais pour la science et la passion qu’il contient. Votre peau, vos cheveux et la planète vous le rendront bien.

Inspirations et idées

Le bon porte-savon change tout : Pour qu’un cosmétique solide dure vraiment longtemps, il doit sécher intégralement entre chaque utilisation. Oubliez les bords de baignoire où l’eau stagne. L’idéal ? Un porte-savon ajouré, en bois à lattes, en céramique perforée ou, encore mieux, un disque de luffa qui absorbera l’excès d’humidité tout en exfoliant légèrement le produit à la prochaine utilisation.

Un shampoing solide de 80g permet en moyenne 80 lavages, soit l’équivalent de deux à trois bouteilles de shampoing liquide de 250ml.

Au-delà du geste écologique, le calcul est vite fait. L’investissement initial, parfois plus élevé, est largement rentabilisé sur la durée. C’est un coût à l’usage, et non à l’achat, qui révèle la vraie valeur économique de ces concentrés de soin.

Pourquoi mon savon solide artisanal n’est-il jamais parfaitement lisse ?

C’est le signe d’une fabrication manuelle ! Contrairement aux savons industriels pressés dans des moules parfaits, un savon saponifié à froid est coulé, puis découpé à la main. Ces petites irrégularités, ces variations de couleur ou cette texture unique sont la signature de l’artisan. C’est une imperfection qui garantit que le produit est vivant et qu’il a conservé toute sa glycérine naturelle.

Passez le produit solide sous l’eau chaude, frottez-le entre vos mains pour créer une mousse riche et onctueuse, puis massez. Ce contact direct avec la matière, sans l’intermédiaire d’une bouteille, transforme la routine d’hygiène en un rituel sensoriel. C’est un moment pour se reconnecter à son corps et à la simplicité d’un geste authentique.

Attention, confusion fréquente : Ne jamais utiliser un savon pour le corps, même surgras et artisanal, en guise de shampoing. Son pH basique (alcalin), parfait pour la peau, ouvrira les écailles de vos cheveux, les laissant rêches, ternes et difficiles à démêler. Chaque produit a sa formulation et son pH spécifique pour une raison précise.

  • Fini les flacons qui fuient dans la trousse de toilette.
  • Ils passent les contrôles de sécurité des aéroports sans contrainte de liquide.
  • Un gain de place et de poids considérable dans la valise.

Le secret d’un voyage réussi avec des solides ? Des boîtes de transport dédiées, en liège ou en aluminium, comme celles proposées par Lamazuna. Elles protègent le produit et lui permettent de sécher, même en déplacement.

Le monde des solides ne s’arrête plus au savon et au shampoing. La salle de bain zéro déchet s’enrichit de nouvelles innovations qui prouvent que presque tout peut se passer d’eau et de plastique :

  • L’après-shampoing solide, pour démêler et nourrir sans alourdir.
  • Le nettoyant visage, formulé pour des besoins spécifiques (peaux grasses, sèches, sensibles).
  • Le déodorant en baume ou en stick rechargeable.
  • Même le parfum se décline en concrète, un baume parfumé à appliquer au doigt.

Tensioactif doux : Le Sodium Cocoyl Isethionate (SCI) est l’ingrédient star de nombreux shampoings solides. Dérivé de l’huile de coco, c’est lui qui crée une mousse abondante et nettoie en douceur, sans agresser le cuir chevelu comme certains sulfates.

Tensioactif classique : Le Sodium Lauryl Sulfate (SLS) est plus détergent et peut être irritant pour les cuirs chevelus sensibles. Il est souvent utilisé dans les produits conventionnels pour son faible coût et son fort pouvoir moussant.

Pour un usage fréquent, un shampoing à base de SCI est souvent un choix plus respectueux.

Le savon d’Alep, dont la recette à base d’huile d’olive et de baies de laurier remonte à plus de 3000 ans, est l’ancêtre de nos cosmétiques solides modernes.

Cette tradition millénaire nous rappelle que le retour au solide n’est pas une mode passagère mais une reconnexion à des savoir-faire essentiels. La simplicité de sa composition est une leçon d’efficacité et de respect de la peau qui inspire encore aujourd’hui les meilleurs artisans savonniers.

Pour un démaquillage solide efficace et doux : choisissez une huile démaquillante solide, comme celles proposées par la marque Unbottled ou Balade en Provence. Frottez le galet sur peau sèche (oui, sèche !) pour dissoudre le maquillage, même waterproof. Massez le visage, puis émulsionnez avec un peu d’eau : l’huile se transforme en lait. Rincez, la peau est propre, douce, sans film gras.

Sandrine Morel

Styliste Beauté & Adepte du Bien-être Naturel
Ses expertises : Coiffure créative, Soins naturels, Équilibre intérieur
Sandrine a commencé sa carrière dans les salons parisiens avant de s'orienter vers une approche plus naturelle de la beauté. Convaincue que le bien-être intérieur se reflète à l'extérieur, elle explore constamment de nouvelles techniques douces. Ses années d'expérience lui ont appris que chaque personne est unique et mérite des conseils personnalisés. Grande amatrice de yoga et de méditation, elle intègre ces pratiques dans sa vision holistique de la beauté. Son mantra : prendre soin de soi devrait être un plaisir, jamais une corvée.