Money Piece, Split Hair : Le Guide Honnête pour une Décolo Réussie (et Éviter le Drame)

On va se parler franchement. En tant que coloriste, j’ai vu défiler un paquet de tendances capillaires. Aujourd’hui, tout le monde parle de ‘money piece’, de ‘skunk hair’ ou de ‘split hair’. Ces looks qui claquent, basés sur des contrastes forts, ne sont pas si nouveaux, mais ils demandent une précision d’orfèvre. Mon but ici, ce n’est pas de vous vendre du rêve, mais de vous donner les clés pour comprendre ce qui se passe VRAIMENT sur votre tête. C’est le partage d’un pro pour que vous obteniez un résultat canon, que vous alliez en salon ou que vous soyez assez courageux pour tenter l’aventure à la maison.

La base de tout : un mini-cours de chimie (promis, c’est rapide)

Avant même de penser au pinceau, il faut piger un truc essentiel : la décoloration, c’est de la chimie, pas de la peinture. Imaginez votre cheveu : à l’extérieur, vous avez la cuticule, une sorte de protection faite d’écailles, un peu comme les tuiles d’un toit. En dessous, il y a le cortex, qui contient la mélanine, le pigment qui donne sa couleur à vos cheveux. Il en existe deux types : l’eumélanine pour les teintes foncées (brun, noir) et la phéomélanine pour les teintes claires (blond, roux).

Un produit décolorant, c’est une mission en deux étapes. D’abord, un agent alcalin (souvent l’ammoniaque) vient soulever les ‘tuiles’ de la cuticule. Ensuite, le peroxyde d’hydrogène (l’oxydant) s’infiltre pour oxyder la mélanine. Le fameux ‘volume’ de l’oxydant (10, 20, 30…) indique sa puissance. Un 10 vol est très doux, tandis qu’un 40 vol est un vrai bulldozer, super agressif. D’ailleurs, en salon, on n’utilise quasiment jamais de 40 vol sur le cuir chevelu, le risque de brûlure est bien trop réel.

Attention, la mélanine ne disparaît pas comme par magie. Elle s’éclaircit en passant par des étapes obligatoires : un cheveu noir devient rouge, puis cuivré, orange, jaune-orangé, et enfin jaune pâle. C’est ce qu’on appelle le fond d’éclaircissement. C’est LA toile de fond du coloriste. Tenter de faire un blond polaire sur une base orange, c’est comme vouloir peindre un mur en blanc sans sous-couche : impossible. Il faut atteindre ce fameux jaune très clair, de la couleur de l’intérieur d’une peau de banane. C’est seulement à ce stade qu’on peut appliquer une patine pour neutraliser ces derniers reflets jaunes et obtenir le blond parfait.

La ‘Money Piece’ : l’art d’illuminer un visage

La ‘money piece’, c’est cette technique qui consiste à éclaircir uniquement les deux mèches qui encadrent le visage. C’est génial pour apporter de la lumière sans s’engager dans une décoloration complète. Mais attention, le diable est dans les détails.

La première chose que je fais, c’est observer. Les cheveux autour du visage sont souvent plus fins, plus fragiles, et ils éclaircissent plus vite. Je prends toujours une section plus fine que ce que les gens imaginent. Pour un effet fondu et subtil, je ‘pique’ quelques cheveux avec la pointe de mon peigne. Pour un look plus affirmé, je prends une tranche d’un centimètre, mais jamais plus. Propreté et précision sont les maîtres-mots.

Application, contrôle et budget

J’isole la mèche sur une feuille d’aluminium. Pour éviter la vilaine barre à la repousse, je ne plaque jamais le produit à la racine. Je laisse toujours un ou deux millimètres et j’estompe le produit en l’appliquant avec la tranche du pinceau, pour un effet ‘plumé’ très naturel. Ensuite, je sature bien les longueurs.

Et là, c’est le conseil le plus important : ne vous fiez JAMAIS à un minuteur. La surveillance est visuelle. Toutes les 5-10 minutes, je vérifie où en est le fond d’éclaircissement. Je me souviens, au début de ma carrière, j’ai laissé une mèche test 5 minutes de trop… elle est devenue élastique comme un chewing-gum. Croyez-moi, on ne fait cette erreur qu’une seule fois ! C’est cette surveillance constante qui fait toute la différence.

Une fois le bon jaune pâle atteint, on rince tout de suite et on applique la patine. C’est elle qui va donner le reflet final (cendré, doré, polaire…).

Bon à savoir : En salon, pour une prestation de ce type, comptez entre 1h30 et 3h de rendez-vous. Côté budget, attendez-vous à une fourchette allant de 80€ à plus de 150€ selon la complexité, la longueur de vos cheveux et la réputation du salon.

‘Split’ et ‘Skunk’ Hair : le niveau expert du contraste

Là, on entre dans la cour des grands. Le ‘split hair’ (chevelure coupée en deux couleurs) ou le ‘skunk hair’ (une section contrastante en dessous) exigent une rigueur absolue. Le défi ? Empêcher les couleurs de baver l’une sur l’autre.

Pour un ‘split’, la raie de séparation doit être parfaite, tracée au peigne du front à la nuque. Chaque côté est attaché solidement. Quand je travaille une moitié, je protège l’autre en l’enduisant d’un masque épais qui va faire barrière. Bien sûr, j’utilise des bols et des pinceaux différents pour chaque couleur. La contamination, c’est l’ennemi public numéro un.

Le moment de vérité, c’est le rinçage. On ne peut pas juste mettre la tête sous l’eau. Voici l’astuce de pro : on rince chaque côté SÉPARÉMENT. Je fais pencher la tête sur le côté, je rince la partie claire à l’eau la plus froide possible (ça aide à fixer les pigments), je l’essore et la protège dans une serviette. Ensuite seulement, on bascule et on rince la partie foncée. C’est un peu de gymnastique, mais c’est la seule méthode pour un résultat net. Sinon, vous vous retrouvez avec un côté blond plein de traces grises ou verdâtres à cause du foncé qui a dégorgé… un cauchemar à corriger !

Tenter le coup à la maison ? Lisez ceci d’abord.

Je comprends l’attrait du DIY. Mais si vous vous lancez, soyez prudent. Je ne peux décemment pas vous dire que c’est facile, mais je peux vous donner une liste pour limiter la casse.

Votre shopping list pour minimiser les risques :

• Une poudre décolorante de qualité : Choisissez-la bleue ou violette, elle aide déjà à contrer les reflets jaunes/orangés.
• Un oxydant 20 volumes MAXIMUM : Oubliez le 30 ou 40 vol, c’est jouer avec le feu. Le 20 vol est plus lent, donc plus contrôlable.
• Du matériel adapté : Un bol en plastique, un pinceau en plastique (jamais de métal !), des gants et une cape ou une vieille serviette.
• Une patine (toner) : Indispensable pour neutraliser les reflets jaunes post-déco.
• Où trouver ça ? Vous trouverez des kits corrects dans des boutiques professionnelles comme Bleu Libellule ou La Boutique du Coiffeur pour un budget total autour de 40€ à 70€.

Attention ! Si vos cheveux sont déjà colorés, surtout avec une coloration foncée de supermarché, ne le faites PAS vous-même. Ces colorations contiennent souvent des sels métalliques qui peuvent provoquer une réaction chimique violente avec la décoloration (j’ai déjà vu des cheveux fumer dans l’alu, ce n’est pas une blague). Un pro pourra parfois s’en sortir avec un nettoyage de couleur préalable, mais c’est une prestation technique et coûteuse. Réparer une décoloration ratée à la maison coûte souvent trois fois plus cher qu’une prestation réussie du premier coup en salon.

L’entretien : le secret d’une couleur qui dure

Un cheveu décoloré est un cheveu fragilisé. Il est plus poreux, donc il prend l’humidité (bonjour les frisottis) et perd son hydratation et ses pigments plus vite.

Espacez les shampooings et utilisez des produits sans sulfates. Une fois par semaine, un masque est non négociable. Alternez entre un masque hydratant (à base de glycérine, aloe vera…) et un masque réparateur (avec protéines, kératine…). Des produits qui reconstruisent les ponts internes du cheveu sont un excellent investissement. Oui, un flacon de qualité peut coûter entre 25€ et 35€, mais il prolongera la vie de votre couleur et la santé de vos cheveux.

Petit conseil express du pro : Pour un blond qui jaunit, appliquez votre shampooing violet sur cheveux bien essorés et laissez poser 3 minutes, pas plus ! Au-delà, vous risquez de vous retrouver avec des reflets lilas pas toujours désirés.

Au final, ces looks contrastés sont de superbes moyens d’expression. Mais ils représentent un vrai engagement. Un engagement envers un entretien rigoureux et une écoute attentive des besoins de vos cheveux. La beauté durable, en coiffure, c’est toujours le fruit d’une alliance entre l’art et le respect de la matière. C’est le secret le plus précieux que je puisse vous partager.

Galerie d’inspiration

L’étape que personne ne devrait sauter : la mèche de test. Avant de vous lancer sur les mèches qui encadrent votre visage, prélevez une section discrète à la base de la nuque. Appliquez-y le mélange décolorant et chronométrez le temps de pause nécessaire pour atteindre le jaune pâle idéal, tout en observant la réaction de votre fibre. C’est votre assurance anti-catastrophe, un aperçu gratuit du résultat final.

La tendance de la ‘money piece’ a explosé dans les années 90, avec Geri Halliwell des Spice Girls comme porte-étendard.

Ses mèches blondes ultra-larges sur sa chevelure rousse symbolisaient l’audace et l’émancipation du ‘Girl Power’. Aujourd’hui, le look revient avec plus de variations : plus fines, plus subtiles ou au contraire, dans des couleurs vives, prouvant que cette coiffure iconique sait se réinventer à chaque décennie.

À quoi sert vraiment une patine ?

C’est la touche finale du coloriste, le filtre Instagram de la coiffure. Après la décoloration, le cheveu révèle des reflets chauds (jaunes, orangés). La patine est une coloration très légère, souvent à base de pigments bleus ou violets (comme dans la gamme Dialight de L’Oréal Professionnel), qui vient neutraliser ces tons indésirables pour obtenir un blond polaire, un beige sable ou un blanc pur. Sans elle, le blond reste souvent ‘jaune poussin’.

Le secret d’un ‘split hair’ ou d’une ‘money piece’ parfaitement nets réside dans le sectionnement. Utilisez des pinces crocodiles non métalliques pour isoler TRÈS précisément les mèches à décolorer. Un trait de part et d’autre de la raie, d’un ou deux centimètres de largeur maximum. Le reste de la chevelure doit être attaché fermement en arrière pour éviter tout contact accidentel du produit.

Poudre décolorante bleue/violette : Elle contient des pigments qui commencent à neutraliser les reflets jaunes et orangés dès la phase de décoloration. C’est le choix des pros, comme avec la poudre Vario Blond de Schwarzkopf Professional.

Poudre décolorante blanche : Elle permet de voir l’évolution réelle du fond d’éclaircissement sans ‘trompe-l’œil’. Utile pour un contrôle parfait, mais demande une patine quasi systématique.

• Préserve l’éclat de la patine plus longtemps.
• Referme les écailles du cheveu pour plus de brillance.
• Diminue le risque de dégorgement des couleurs vives.

Le secret ? Un dernier rinçage à l’eau froide. Ce geste simple de 30 secondes change radicalement la tenue et l’aspect de votre couleur.

Près de 50% des femmes qui se décolorent les cheveux citent la casse comme leur principale préoccupation.

C’est là qu’interviennent les ‘bond builders’. Des technologies comme Olaplex (utilisé pendant et après le service) ou le peptide breveté de K18 (un masque post-service sans rinçage) ne se contentent pas de masquer les dégâts : ils reconstruisent les ponts disulfures cassés à l’intérieur même du cheveu. C’est l’ingrédient qui a rendu possibles les décolorations extrêmes sans transformer les cheveux en paille.

Envie d’une ‘money piece’ rose bonbon ou bleu lagon sans engagement à long terme ? Les masques repigmentants sont vos meilleurs alliés. Après avoir décoloré la mèche, appliquez simplement un soin comme le Color Fresh Mask de Wella ou un Masque Couleur Pigmentant de Moroccanoil. La couleur s’estompera en quelques shampoings, vous permettant de changer de style au gré de vos envies.

Le réflexe vital post-décoloration : passer au shampoing sans sulfates. Les sulfates sont des agents lavants puissants qui peuvent décaper la couleur et assécher une fibre déjà fragilisée. Optez pour des gammes dédiées aux cheveux colorés et sensibilisés, comme la gamme Chroma Absolu de Kérastase ou EverPure de L’Oréal Paris.

Pour une harmonie parfaite, pensez au contraste juste :

• Sur une base brune ou noire, un blond platine ou même une couleur vive (rose, vert) créera un effet spectaculaire.
• Sur un châtain clair ou un blond foncé, un blond beige ou sable sera plus doux et sophistiqué.
• Sur une base rousse, un blond cuivré ou un blanc pur offre un résultat audacieux et tendance.

La règle d’or en décoloration : ne jamais réappliquer du produit décolorant sur une zone déjà éclaircie au maximum.

C’est ce qu’on appelle le chevauchement (‘overlapping’). C’est la cause principale de la casse ‘chimique’, là où le cheveu, poussé au-delà de sa limite, se brise net. Lors d’une retouche des racines, la précision est la clé.

Le look ‘money piece’ vous tente mais la décoloration vous effraie ? La solution la plus simple et sans aucun risque est d’utiliser des extensions à clips. Choisissez une ou deux mèches de la couleur désirée et placez-les simplement sous la première couche de cheveux, de part et d’autre de votre raie. Un effet immédiat, modulable et totalement réversible.

Mon blond vire au jaune/orangé, que faire ?

C’est le phénomène naturel d’oxydation. Pour le contrer entre deux visites au salon, intégrez un shampoing violet (pour les reflets jaunes) ou un shampoing bleu (pour les reflets orangés) dans votre routine. Utilisez-le une fois par semaine, en le laissant poser 2 à 5 minutes. Attention à ne pas en abuser au risque de laisser des reflets lilas !

Il y a ce moment suspendu, après le rinçage de la patine et avant le séchage. Le cheveu est encore mouillé, la couleur incertaine. Puis le souffle chaud du sèche-cheveux révèle la transformation. Le contraste apparaît, franc, net. C’est plus qu’une couleur, c’est une nouvelle facette de soi qui se dévoile dans le miroir.

Mèche épaisse (Chunky) : Un parti pris audacieux, très 90’s, qui crée un contraste graphique et puissant. Parfait pour un look affirmé qui se remarque de loin.

Mèches fines (Babylights) : Plus subtil et moderne, cet effet illumine le visage en douceur. Le contraste est moins marqué, donnant une impression d’éclat naturel, comme après un été au soleil.

Pour un effet ‘money piece’ temporaire, la craie pour cheveux ou les sprays colorés sont une option fun. Mais pour une tenue de plusieurs semaines, pensez aux colorations semi-permanentes.

• Choisissez une marque comme Manic Panic ou Directions.
• Appliquez sur cheveux propres et secs (si votre base est déjà blonde).
• Laissez poser 30 minutes, rincez à l’eau froide. Zéro dommage, maximum d’effet.

Quel volume d’oxydant pour quel usage ?

• 10 volumes : Pour une patine ou un éclaircissement très léger d’un ton.
• 20 volumes : Le plus courant. Idéal pour un éclaircissement maîtrisé de 2 à 3 tons. C’est le maximum recommandé pour une application à la maison.
• 30 volumes : Puissant, pour éclaircir jusqu’à 4-5 tons. Réservé aux professionnels pour une application hors cuir chevelu.

Le soleil est l’ennemi numéro un des cheveux décolorés. Les rayons UV oxydent les pigments, affadissent les blonds et font virer les patines. En été, protégez vos mèches contrastées avec une brume capillaire anti-UV, comme celles de René Furterer ou Aveda. C’est l’équivalent d’une crème solaire pour votre chevelure.

Le ‘Skunk Hair’ n’est pas qu’une coiffure, c’est une déclaration. C’est dire au monde que vous n’avez pas peur d’être vu. – Nicola Clarke, coloriste de célébrités.

La porosité du cheveu est un facteur souvent négligé. Une mèche décolorée est beaucoup plus poreuse que le reste de la chevelure. Conséquence : lors de l’application d’une patine ou d’une couleur, elle va ‘boire’ le pigment plus vite et plus intensément. Un coiffeur ajustera le temps de pause sur ces zones pour éviter qu’un blond beige ne vire au gris ou qu’un rose pastel ne devienne fuchsia.

Le kit maison (env. 15-25€) : Une solution économique pour les plus téméraires. Le risque d’erreur est élevé (taches, casse, mauvaise couleur) et les produits sont moins performants que les formules professionnelles.

Le service en salon (100-300€+) : Un investissement conséquent mais qui garantit un diagnostic précis, des produits de qualité (avec additifs protecteurs) et une technique maîtrisée pour un résultat net et des cheveux préservés.

Le placement du ‘split hair’ change tout. Une séparation centrale nette donne un look symétrique, graphique et presque futuriste. Pour une approche plus douce et rock’n’roll, optez pour une raie sur le côté. La partie la plus large portera la couleur claire, créant un effet de mèche asymétrique qui balaye le front.

Pinceau pro : Fin, biseauté, avec des poils fermes pour une application millimétrée, idéal pour saturer la mèche sans déborder.

Pinceau du kit maison : Souvent large et souple, il est moins précis et peut causer des taches ou un effet ‘fondu’ non désiré sur les racines.

Le bon outil ne fait pas tout, mais il prévient bien des drames.

Souvent, ces looks extrêmes naissent sur les podiums des défilés, comme chez Versace ou Prada, où les stylistes osent des contrastes pour marquer les esprits. Puis, des célébrités comme Dua Lipa ou Billie Eilish se les approprient, les adaptent, et les transforment en phénomène mondial. Le ‘split hair’ est un parfait exemple de ce cheminement, passant de l’avant-garde à la rue en quelques saisons.

Les fameuses ‘e-girl streaks’, popularisées sur TikTok, sont une variation de la ‘money piece’. La clé est leur finesse et leur positionnement. Elles sont souvent colorées dans des teintes pastel ou néon et ne font qu’un demi-centimètre de large, encadrant le visage juste au niveau des tempes pour un look manga subtil mais reconnaissable.