Le verre en Lorraine, entre tradition et modernité

Auteur Chloé Lambert

Si aujourd’hui, on retrouve en Lorraine les grands noms de la cristallerie française, ce n’est pas par hasard. On ne peut conter l’histoire de cette région historique du nord-est de la France sans mentionner les métiers du verre. Ces métiers de l’art du feu se sont frayé un chemin depuis des siècles en perpétuant la tradition du verrier et en s’adaptant à divers changements. Aujourd’hui, le savoir-faire des verriers de la Lorraine a une notoriété mondiale. C’est l’un des grands joyaux de la région, qui participe grandement à son attrait touristique. La route du cristal en Lorraine est un incontournable pour chaque visiteur : de Nancy en passant par Baccarat, Wingen-sur-Moder sans oublier Portieux, chaque lieu est le témoin d’une passion, d’une industrie reine à l’époque.

Histoire de l’industrie verrière en Lorraine

L’histoire du verre en Lorraine remonte à la fin du moyen-âge lorsque le Duc accorda divers privilèges aux verriers. Suite à la fermeture des salines de Rozelieures, il était impératif de trouver un nouveau débouché économique à ces immenses forêts de Lorraine. Ainsi, Jean de Calabre les assimila à la noblesse en 1448, mais exigea en retour que leurs secrets concernant cet art soient jalousement gardés (à l’instar des verriers de Murano).

Au XVe siècle, il existait déjà de nombreuses verreries dans la région. Elles opéraient dans les massifs boisés du Sud. Ces vastes forêts offraient aux artisans l’une des ressources dont ils avaient besoin pour travailler : le bois. En effet, il leur fallait maintenir les fours à plus de 1450 °C pour exercer leur savoir-faire. Ils s’approvisionnaient donc dans la forêt de toute la quantité de bois dont ils avaient besoin. À cette époque, le verrier était nomade, les installations techniques étaient précaires, tout comme les habitations. Tous les ans, il déménageait vers un autre lieu d’exploration, le bois étant bien trop coûteux à transporter.

Le verre, partie intégrante de l’histoire lorraine

image de l histoire de la verrerie en Lorraine et du savoir-faire des maîtres verriers

Les villes voisines ne tardèrent pas à accuser leurs consœurs de détruire les forêts. Ainsi, l’activité connut une déclinaison fulgurante au début des temps modernes. Après plus de deux siècles, plusieurs centres verriers fleurirent à nouveau aux confins de la Lorraine et de l’Alsace. Cette croissance de l’activité connue au XVIIe siècle fut favorisée par la décision des propriétaires terriens de mettre en valeur leurs domaines forestiers qui s’étendaient à perte de vue.

Il a fallu attendre plusieurs années avant que certains centres verriers (comme la cristallerie royale de Saint-Louis à Saint-Louis-lès-Bitche) percent le secret de la fabrication du cristal (vers 1780) jusqu’alors détenu par les Anglais depuis 1674. Aujourd’hui, l’industrie a su perfectionner son art et le faire sien. Il suffit d’observer par exemple les bracelets en verre et cristal de Lorraine pour se rendre compte qu’il s’agit du fruit d’une grande expertise en matière de travail du verre, issu d’une longue tradition de maîtres verriers.

À la découverte des plus grands verriers lorrains

Il faut reconnaître que les verreries toujours en activité en Lorraine ne sont plus nombreuses. Au sein de la route du cristal, seulement six continuent de prospérer. Seuls les grands noms de l’industrie continuent à porter haut leur savoir-faire. Découvrons ensemble les grands verriers de Lorraine, symbolisant un savoir-faire d’exception.

Les grands verriers lorrains

Plusieurs grands noms ont marqué l'histoire du verre de Lorraine

Émile Gallé

Né en 1847 à Nancy et mort en 1904 dans la même ville, Émile Gallé a marqué son époque. Il a appris les métiers du verre et de la céramique avant de s’associer en 1867 à l’entreprise de négoce, de décoration de faïence et de verrerie de son père.

Ses recherches techniques et esthétiques le conduisirent au développement de nouveaux procédés de fabrication. En 1898, il déposa deux brevets, à savoir « un genre de décoration et patine sur cristal » et « un genre de marqueterie de verres et cristaux ». Même après sa mort, sa verrerie à Meisenthal a continué à produire pendant plus d’une trentaine d’années. Toutes les pièces fabriquées portaient la signature de Gallé.

Son oeuvre, très respectée, se démarque par sa recherche scientifique qui guidait alors toutes créations. Il sera l’un des premiers hommes à comprendre la théorie de l’évolution des espèces grâce à ses nombreuses recherches, observations et croquis. Aujourd’hui, les vases de Gallé sont très cotés en salle des ventes, surtout ceux réalisés de son vivant, c’est-à-dire avant 1904. Les plus recherchés sont ceux présentant la technique de la marqueterie sur verre, une procédé d’assemblage à chaud de différentes pièces de verre préalablement décorées. Le décor est ensuite dégagé au touret.

Émile Gallé sera à l’origine de la création de l’École de Nancy (1901), un regroupement d’industriels et d’artistes Lorrains. L’École de Nancy, c’est avant tout un style, celui de l’Art nouveau, des courbes et des arabesques.

Les frères Daum

Les frères Daum, Auguste (1853-1909) et Antonin (1864-1930) fondent en 1878 en Lorraine la Compagnie française du cristal Daum. Au fil des années, ils affinent leur savoir-faire en créant des milliers de pièces aux décorations singulières, des créations aux motifs japonisants et d’inspiration naturaliste. Daum reçoit avec Gallé le premier grand prix pour la verrerie d’art de l’Exposition universelle en 1900.

Membres de l’École de Nancy, leurs créations sont exposées au Musée des Beaux Arts de Nancy.

Daum sera le premier cristallier à habiller le verre de lumière. Après la mort d’Auguste, Antonin resta actif dans l’entreprise Daum, mais partagea les responsabilités avec les fils de son frère jusqu’à sa mort. De génération en génération, les descendants de la famille Daum ne cessèrent de faire grandir la compagnie.

Désiré Christian

Désiré Jean Baptiste Christian naquit le 23 mai 1846 à Lemberg en Moselle, quelques jours après Émile Gallé. Il devint apprenti verrier à l’atelier de décoration de la verrerie de Meisenthal vers 1859. Il fut rapidement propulsé au poste de responsable de l’atelier de décor de la société Burgun-Schverer grâce à ses talents. Il se mit ensuite à son propre compte en 1879.

Ses œuvres restent influencées par le travail d’Émile Gallé et la production verrière de l’École de Nancy. L’œuvre de Christian reste à ce jour visible au musée de Meisenthal.

René Lalique

René Lalique est né en 1860 à Aÿ en Champagne. Il s’agit de l’un des plus grands bijoutiers-joailliers et maîtres-verriers de son époque. Grâce à son style unique et nettement reconnaissable, il a marqué positivement les périodes de l’Art nouveau et de l’Art déco. Il obtint d’Emile Gallé le surnom d’inventeur du bijou moderne. Il créa en 1921 la verrerie d’Alsace et se spécialisa notamment dans les arts de table.

Artiste d’exception et industriel éclairé, René Lalique mourut en 1945 en laissant derrière lui un grand héritage qui subsiste jusqu’à ce jour.

Les frères Muller

Les frères Muller, au nombre de 10, se forment à la cristallerie de Saint-Louis-lès-Bitche. Certains travaillent ensuite chez Gallé de 1894 à 1897. Ils s’installent ensuite à Croismare et produisent des pièces assez proches de l’œuvre d’Emile Gallé et des frères Daum. Même s’ils furent parfois accusés de faire des pastiches, ils ont utilisé des techniques révolutionnaires pour produire des pièces originales et sophistiquées, tant sur le plan décoratif que sur le plan technique. Les créations des frères Muller sont aujourd’hui très recherchées.

Les nouveaux verriers, formés par le CEFAV à Vannes-le-Châtel

Le Centre européen de recherches et de formation aux arts verriers (CEFAV) a depuis formé de nouveaux verriers très talentueux. En deux ans, le centre apprend aux étudiants la maîtrise des techniques de verrerie, les règles de l’art et les divers courants artistiques du domaine. Intégré dans une équipe, chaque apprenant acquiert les connaissances nécessaires pour décrocher un CAP dans divers domaines de l’art du verre. On peut citer des verriers formés par le CEFAV qui étonnent par leurs œuvres :

  • Angeline Dissoubray ;
  • Céline Wojcik ;
  • Antonio Cos ;
  • Antoine Titiere…

Le verre lorrain à travers les jeunes générations

La Lorraine continue de former de nouveaux jeunes verriers pour perpétuer la tradition verrière régiolane

Découvrez les collections sablées de Michael Vessiere

Si vous êtes un amoureux du verre, la cristallerie Michael Vessiere à Baccarat a des collections qui valent le coup d’œil. Leur spécialité, le sablage, réalisé dans leur atelier. Cette marque spécialiste du cristal vous propose divers types de bracelets en cristal clair et en verre venant de divers horizons, elle n’hésite pas à mettre en valeur le travail de verrier internationaux, créant un mélange culturel particulièrement réussi. Vous pouvez donc vous procurer dans son catalogue un bracelet porte-bonheur, un bracelet de perles, un bracelet Art déco, ou encore un Bracelet Art nouveau…

Quand le souffle devient Art

La Lorraine, terre histoire de l'industrie verrière et de l'art du verre

Chaque bracelet sablé est disponible en plusieurs tailles. Pour mettre en vente des produits de qualité, des matières comme l’argent 925/1000 sont également associées au verre pour obtenir un rendu esthétique sublime et des articles durables.

La tradition du verre en Lorraine a des origines lointaines. Cet art a su traverser les générations sans perdre de son originalité tout en s’adaptant aux courants modernes et contemporains. De nouveaux artisans, comme ceux de Michael Vessiere à Baccarat, reprennent le flambeau des grands maîtres verriers lorrains d’antan afin de perpétuer la tradition tout en s’adaptant aux nouvelles tendances.

Le bracelet en verre, cadeau idéal de Saint-Valentin pour Elle et Lui

En décoration ou en bijoux, le verre lorrain continue d'être apprécié pour la qualité du savoir-faire local

Chloé Lambert

Chloé Lambert est une journaliste diplômée d'un master en communication et journalisme de l'Université Paris-Est.