Chaque fois que je croise une chaise médaillon, je suis transporté dans un monde de luxe et de raffinement. Ces pièces, bien que chargées d'histoire, se réinventent avec des tissus contemporains et des couleurs vibrantes. Si vous recherchez un accent unique pour votre décoration intérieure, le choix est vaste et promet d'ajouter une touche de sophistication à votre espace.
On a tous dans un coin du grenier ou du salon cette fameuse chaise médaillon. Vous savez, celle héritée de grand-mère, un peu bancale, avec un tissu qui a connu des jours meilleurs. On l’aime bien, elle a une histoire, mais franchement, elle fait un peu tache. La bonne nouvelle ? Lui redonner son éclat d’antan est un projet incroyablement gratifiant et, avec la bonne méthode, tout à fait réalisable.
Attention, on ne parle pas d’un simple bricolage du dimanche. C’est un vrai projet qui demande un peu de méthode et de patience. Mais pas de panique ! Oubliez les manuels techniques indigestes. Ici, on va voir ensemble, étape par étape, comment ressusciter votre chaise. On va parler budget, outils, et du temps que ça prend VRAIMENT. L’idée, ce n’est pas juste de changer le tissu, c’est de redonner sa dignité et son confort à un meuble qui le mérite.
1. L’Inspection : L’Étape Cruciale Avant de Sortir les Outils
C’est l’étape la plus importante, et pourtant la plus négligée. Prenez une bonne demi-heure pour jouer les détectives. Cet investissement en temps vous évitera des galères monumentales plus tard. Croyez-moi sur parole.
La Carcasse en Bois : Le Squelette de votre Chaise
La solidité de la structure en bois, c’est non négociable. Saisissez la chaise par le dossier et secouez-la doucement. Ça grince ? Les pieds bougent un peu trop ? C’est souvent un signe que les assemblages (les tenons et mortaises) ont pris du jeu. Dans ce cas, un simple resserrage de vis ne servira à rien. Il faudra envisager de décoller, nettoyer et recoller les joints avec une bonne colle à bois et des serre-joints.
Inspectez ensuite chaque centimètre carré du bois. Cherchez les petites fissures. Une fissure fine dans le sens du fil du bois, ce n’est souvent pas bien grave. Par contre, si elle traverse une pièce, surtout près d’un pied, c’est plus sérieux. Enfin, le point de non-retour : les parasites. Cherchez de minuscules trous ronds. Tapez doucement la zone avec le manche d’un tournevis. Si une fine poudre de bois s’en échappe, c’est le signal d’une infestation. Si c’est très localisé, un traitement par injection peut suffire. Mais si les trous sont nombreux, consultez un pro. Le risque de contaminer vos autres meubles est bien réel.
L’Assise : Tradi ou Moderne ?
Palpez l’assise. Vous sentez des bosses dures et régulières sous une couche souple ? Bingo, c’est une garniture traditionnelle, avec des ressorts et du crin. C’est la méthode noble, ultra-durable, mais sa réfection est un vrai métier. Si l’assise est uniformément souple et plutôt légère, c’est une garniture moderne en mousse. Plus simple et moins chère à refaire soi-même.
Pour vous aider à choisir votre camp, voici un petit comparatif rapide :
Critère
Garniture Traditionnelle (crin + ressorts)
Garniture Moderne (mousse)
Difficulté DIY
Très élevée (quasi impossible sans formation)
Accessible aux débutants motivés
Coût des Matériaux
Élevé (crin, toile de jute, corde…)
Modéré (le prix dépend surtout de la qualité de la mousse)
Durée de Vie
50 ans et plus
10-15 ans pour une mousse de bonne qualité
Confort
Ferme et progressif, très respirant
Moelleux et uniforme
Honnêtement, si vous débutez et que votre chaise a une garniture traditionnelle très abîmée, le plus sage est de la confier à un tapissier. Vous pourrez toujours vous occuper du reste (bois, tissu) pour réduire la facture.
2. Le Dégarnissage : L’Opération Démontage (et Poussière !)
Le dégarnissage n’est pas une démolition, c’est une autopsie. On démonte couche par couche pour comprendre comment tout a été assemblé. Et oui, ça va faire de la poussière. BEAUCOUP de poussière.
La Sécurité d’Abord (une anecdote personnelle)
Au tout début de mon apprentissage, j’ai voulu aller vite et j’ai zappé les gants. Une vieille semence rouillée m’a ouvert la main. Bilan : un tour chez le médecin et un vaccin antitétanique en urgence. Ne faites pas la même bêtise !
Votre kit de survie pour le dégarnissage :
Gants épais : Non négociable.
Lunettes de protection : Une agrafe qui saute dans l’œil, ça n’arrive pas qu’aux autres.
Masque anti-poussière (FFP2) : La poussière accumulée depuis des décennies est pleine d’acariens et de cochonneries.
Outils adaptés : Laissez tomber le tournevis plat qui massacre le bois. Investissez dans un ciseau à dégarnir (ou lève-agrafes, environ 15-20€), une tenaille et une agrafeuse murale. Vous trouverez ça dans les bons magasins de bricolage ou en ligne.
Prévoyez un bon créneau pour cette étape. Si vous êtes novice, comptez facilement entre 2 et 4 heures, surtout si la chaise est agrafée à outrance. Travaillez dehors si possible, ou dans une pièce bien aérée.
On procède de l’extérieur vers l’intérieur : on enlève les clous de finition, puis le tissu principal, la ouate, la toile, etc., jusqu’à mettre le bois à nu. Prenez des photos à chaque étape, ça vous sauvera la vie au moment de remonter.
L’Erreur de Débutant à ne JAMAIS Commettre
Ne jetez surtout pas l’ancien tissu de couverture ! Même s’il est moche, déchiré et sale, c’est votre patron le plus précieux pour découper le nouveau tissu aux bonnes dimensions. Gardez-le précieusement de côté.
3. Remise à Neuf de la Carcasse en Bois
Maintenant que votre chaise est nue, c’est le moment idéal de vous occuper du bois. C’est cette étape qui fera toute la différence entre un résultat « bof » et un résultat « wow ».
Nettoyage et petites réparations : Après un bon coup d’aspirateur, nettoyez le bois avec un chiffon légèrement humide et un peu de savon noir. Si vous avez de petites fissures ou des trous de clous, bouchez-les avec de la pâte à bois de la bonne teinte.
Le ponçage : C’est l’étape clé pour une belle finition. Commencez avec un papier de verre à grain moyen (type 120) pour enlever l’ancienne finition et lisser les imperfections. Finissez avec un grain fin (type 240) pour un toucher tout doux. N’appuyez pas comme un forcené, laissez le papier faire le travail.
La finition : À vous de choisir le look !
Peinture : Pour un look moderne. N’oubliez pas la sous-couche (ou primaire) pour que la peinture accroche bien.
Cire ou huile : Idéal pour nourrir le bois et lui donner un aspect naturel et satiné. C’est ma finition préférée pour conserver l’authenticité du meuble.
Vernis : Pour une protection maximale, surtout si la chaise sera utilisée intensivement. Choisissez un vernis mat ou satiné pour éviter l’effet « plastique ».
4. Les Fondations de l’Assise : Le Secret du Confort Durable
On attaque les fondations. Si vous partez sur une assise en mousse, vous aurez besoin de sangles. Le choix est simple : des sangles élastiques de bonne qualité (cherchez une élasticité autour de 40%). On les trouve sur les sites spécialisés de tapisserie. On les tend bien et on les entrecroise pour former un damier solide. C’est la base qui soutiendra votre mousse.
Si votre chaise avait une garniture traditionnelle avec des ressorts… c’est là que ça se complique. Le guindage, l’art de lier les ressorts entre eux pour qu’ils travaillent en harmonie, est une technique très complexe. Franchement, je déconseille à un amateur de s’y lancer. Un guindage raté, et votre assise sera inconfortable et s’abîmera très vite. C’est LA partie qui mérite d’être sous-traitée à un pro.
5. Le Garnissage : Donner du Volume et du Moelleux
Pour la méthode moderne, le choix de la mousse est primordial. Oubliez la mousse jaune bas de gamme qui s’affaissera en six mois. Il vous faut de la mousse polyuréthane Haute Résilience (HR). Pour une assise, une densité de 35 à 40 kg/m³ est un excellent compromis confort/durabilité. Vous pouvez la commander sur mesure sur des sites spécialisés (ça évite la galère de la découpe) ou l’acheter en plaque chez les vendeurs de tissu d’ameublement.
Astuce de pro : collez votre mousse sur une plaque de contreplaqué fin elle-même fixée sur les sangles. Puis, enveloppez TOUJOURS votre bloc de mousse dans une couche de ouate polyester (aussi appelée Dacron). Ça adoucit les angles et, surtout, ça permet au tissu de glisser dessus sans s’user prématurément.
6. L’Habillage Final : Le Tissu et la Pose
C’est la touche finale, celle qui va donner tout son caractère à votre chaise !
Choisir le bon tissu, c’est facile !
La résistance : Regardez le « test Martindale ». Pour une chaise de salle à manger, visez au minimum 25 000 tours. En dessous, c’est pour un usage purement décoratif.
Le budget : Le choix est vaste ! Comptez entre 20€ et 40€ le mètre pour un bon tissu synthétique ou un coton d’ameublement, et de 50€ à plus de 100€/m pour un beau velours ou un lin de marque.
La quantité : Astuce d’artisan ! Pour une chaise médaillon standard (assise + dossier), prévoyez 1,50 m de tissu en 140 cm de large. Si vous avez un tissu avec de grands motifs, prenez 2 m pour pouvoir bien centrer et raccorder les motifs.
La technique de pose : la tension est la clé
Le tissu doit être tendu, mais sans déformer les motifs. La méthode est simple : fixez le tissu avec une agrafe au milieu de chaque côté (avant, arrière, gauche, droite). Ensuite, partez de ces points centraux et progressez vers les angles, en tendant toujours le tissu en diagonale. Pour les angles de l’assise, faites un joli pli soigné, un peu comme pour un paquet cadeau. La propreté de ces plis, c’est ce qui fait un travail réussi.
Pour la finition, vous avez le choix entre le passepoil (un cordon de tissu, très chic) ou les clous décoratifs. D’ailleurs, pour les clous, il existe des bandes de clous pré-alignés. C’est une super alternative pour les débutants : c’est bien plus rapide à poser qu’un par un, et le résultat est impeccable !
Alors, on se Lance ?
Restaurer une chaise médaillon, c’est un voyage. Ça prend du temps, ça demande de l’application, mais quelle fierté à la fin !
Pour résumer, côté budget et temps :
Projet DIY (méthode mousse) : Comptez un budget matériel global entre 100€ et 200€ (mousse, sangles, tissu, colle, agrafes…). Prévoyez un bon week-end, voire deux si vous prenez votre temps pour la finition du bois.
Fait par un professionnel : Attendez-vous à un devis entre 400€ et 700€ par chaise, selon les matériaux choisis et l’état de la chaise.
Prenez votre temps, respectez les étapes, et surtout, amusez-vous. Le plaisir de s’asseoir sur un siège que vous avez ramené à la vie de vos propres mains, ça, franchement, ça n’a pas de prix.
Galerie d’inspiration
Créée par le menuisier Louis Delanois en 1769 pour Madame du Barry, maîtresse de Louis XV, la chaise Médaillon est un pur emblème du style Louis XVI.
Ce n’est donc pas un hasard si sa structure privilégie les lignes droites et les formes géométriques épurées, inspirées de l’Antiquité. En la restaurant, vous ne faites pas que rénover un meuble, vous dialoguez avec plus de 250 ans d’histoire du design français.
Quel tissu pour quelle utilisation ?
Tout dépend de sa fonction. Pour une chaise de salle à manger soumise aux passages et aux petits accidents, privilégiez un tissu résistant et facile à nettoyer : un velours traité antitache ou une toile épaisse de chez Thevenon fera merveille. Pour une chaise purement décorative dans une chambre ou un bureau, osez des matières plus précieuses comme une soie sauvage ou un lampas délicat de chez Pierre Frey, en gardant en tête sa fragilité.
Peinture à la craie (Chalk Paint) : Finition très mate et veloutée, idéale pour un look shabby chic ou gustavien. Son grand atout est de nécessiter peu ou pas de ponçage. Pensez aux teintes poudrées d’Annie Sloan pour un rendu authentique.
Laque brillante : Effet spectaculaire et très contemporain, parfait pour faire claquer une couleur vive. Elle demande une préparation irréprochable du support (ponçage, sous-couche) pour un rendu miroir. Les couleurs profondes de Farrow & Ball, comme le « Hague Blue », sont sublimes dans cette finition.
Un pied-de-biche de tapissier (ou dégrafeur) : l’outil non négociable pour retirer des centaines de vieilles agrafes sans s’épuiser ni abîmer le bois.
Un tendeur de sangle : pour garantir une tension parfaite et uniforme des sangles de l’assise, gage de confort et de durabilité.
Des ciseaux de couturier de qualité (type Fiskars) : ne faites pas l’impasse, un tissu mal coupé ou qui s’effiloche se voit immédiatement.
Ne sous-estimez jamais l’âme de l’assise : sa mousse. Pour un confort qui dure, optez pour une mousse polyuréthane Haute Résilience (HR) d’une densité d’au moins 35 kg/m³. C’est la garantie d’une assise qui ne s’affaissera pas au bout de six mois. Pour le dossier, une densité plus faible, autour de 25 kg/m³, est suffisante pour un accueil plus souple.
La tendance n’est plus à l’uniformité stricte. Osez le dépareillé maîtrisé ! Restaurez une série de chaises médaillon en utilisant le même tissu pour l’assise, mais peignez chaque structure d’une couleur différente piochée dans un même camaïeu. Autour de la table, l’effet est à la fois cohérent, chic et plein de personnalité.
Le saviez-vous ? La résistance d’un tissu d’ameublement se mesure en
L’erreur de débutant : vouloir peindre directement sur le vieux vernis pour gagner du temps. Même si certaines peintures le promettent, un léger ponçage au grain 120 et l’application d’une sous-couche d’accrochage sont indispensables. C’est le secret d’une finition impeccable et, surtout, d’une peinture qui ne s’écaillera pas au premier choc.
La finition est reine. Une fois le tissu posé, le choix du galon ou des clous tapissiers change radicalement le style de votre chaise.
Le clou tapissier : Posé un par un, il offre un rendu artisanal et classique. Les finitions modernes (noir mat, canon de fusil) peuvent twister le look.
Le galon (passementerie) : Collé au pistolet à colle chaude, il permet de masquer les agrafes avec élégance et de créer un cadre net. Jouez sur les contrastes de couleurs ou de textures.
Un veinage du bois magnifiquement souligné de blanc.
Un aspect patiné, doux et lumineux, parfait pour un style bord de mer ou campagne chic.
Le secret ? La céruse. Après avoir brossé le bois avec une brosse en laiton pour ouvrir les veines, appliquez une pâte à céruser, puis essuyez l’excédent. La pâte blanche restera incrustée dans les creux du bois.
Une fois votre chef-d’œuvre terminé, pensez à le protéger. Quelques secondes suffisent pour vaporiser un imperméabilisant textile type TexGuard. Il formera une barrière invisible contre les taches et les liquides, vous laissant le temps d’éponger un verre renversé avant qu’il ne s’imprègne. Une petite pulvérisation pour une grande tranquillité d’esprit.
Comment trouver le tissu parfait sans se ruiner ?
Les créations des grands éditeurs (Manuel Canovas, Lelièvre) sont superbes mais onéreuses. L’astuce consiste à chercher les fins de rouleaux ou les coupons sur des sites spécialisés comme Tissus.net ou en arpentant les marchés de tissu, tel le Marché Saint-Pierre à Paris. On y déniche souvent des trésors de grandes marques à une fraction de leur prix initial.
Designer d'Intérieur & Consultante en Art de Vivre Domaines de prédilection : Aménagement intérieur, Éco-conception, Tendances mode
Après des années passées à transformer des espaces de vie, Laurine a développé une approche unique qui marie esthétique et fonctionnalité. Elle puise son inspiration dans ses voyages à travers l'Europe, où elle découvre sans cesse de nouvelles tendances et techniques. Passionnée par les matériaux durables, elle teste personnellement chaque solution qu'elle recommande. Entre deux projets de rénovation, vous la trouverez probablement en train de chiner dans les brocantes ou d'expérimenter de nouvelles palettes de couleurs dans son atelier parisien.
