Franchement, le claustra en bois, c’est l’une de mes créations préférées. Je me souviens encore d’un de mes premiers chantiers, dans un loft immense mais un peu impersonnel. Le couple voulait créer un coin bureau sans pour autant construire un mur et perdre cette magnifique lumière. L’idée d’un claustra en chêne massif s’est imposée. Ce projet m’a fait comprendre une chose : un claustra, ce n’est pas juste une cloison. C’est un élément de déco à part entière, qui joue avec la lumière et transforme un espace.
Depuis, j’en ai fait des dizaines dans mon atelier, des plus simples aux plus fous. Et la question de départ est toujours la même : cherche-t-on une simple séparation visuelle ou une véritable pièce maîtresse ? Ce que je vais vous livrer ici, c’est le fruit d’années de pratique, de quelques erreurs (on apprend comme ça !) et de techniques rodées. L’idée, c’est de vous donner toutes les clés pour concevoir et, pourquoi pas, réaliser le vôtre.
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Avant de toucher à la scie : comprendre le bois
Avant toute chose, il faut comprendre le matériau. Le bois est vivant, il travaille, il respire. L’ignorer, c’est la garantie d’avoir des soucis plus tard.
Le bois réagit à l’humidité de l’air : il gonfle quand l’air est humide et se rétracte quand il est sec (comme en hiver avec le chauffage). C’est pour ça qu’un claustra coincé de force entre le sol et le plafond, c’est une très mauvaise idée. Les tasseaux vont se courber, les assemblages peuvent lâcher. C’est l’erreur de débutant par excellence.
Petit conseil de pro : Laissez toujours un jeu de dilatation ! Pour un claustra qui va jusqu’au plafond, je prévois systématiquement un petit espace de 3 à 5 mm en hauteur. Ce n’est rien du tout visuellement, mais c’est vital pour que la structure ne subisse pas de tension.
Ensuite, il y a la question de la solidité et de la lumière. Pour une hauteur standard de 2,50 mètres, n’utilisez jamais de tasseaux de moins de 40 mm d’épaisseur, sinon ils risquent de se tordre. Pour l’espacement, une règle qui marche bien est de laisser un vide égal à la largeur du tasseau. Par exemple, pour des tasseaux de 40 mm, laissez 40 mm d’espace. C’est un bel équilibre entre intimité et luminosité.
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Le choix du bois : à chaque projet son essence
Choisir son bois, ce n’est pas qu’une affaire de look, c’est aussi une question de budget, de solidité et de l’ambiance que vous voulez créer.
Les bois européens classiques : Le Chêne est le roi, dense et durable, mais il est plus cher et demande de bons outils. Le Frêne est une super alternative, plus clair et moderne. Le Hêtre, avec son grain très fin, est parfait pour un style contemporain, mais attention, il déteste l’humidité (à proscrire dans une salle de bain).
L’option économique : Le Pin ou le Sapin. C’est le choix idéal pour un premier projet ou si vous comptez peindre le claustra. Ils sont légers, faciles à travailler et bien moins chers. Le revers de la médaille, c’est qu’ils sont tendres et marquent facilement. Essayez de choisir des planches avec peu de nœuds.
Les alternatives techniques : Parfois, il faut être pragmatique. Le MDF est parfait si votre projet final est d’avoir un claustra peint. La surface est lisse et le prix imbattable. Mais attention, la poussière de ponçage est très fine et nocive. Un masque FFP3 est OBLIGATOIRE. J’insiste, j’ai vu des collègues avoir des soucis respiratoires à cause de ça. Le contreplaqué de bouleau est aussi très tendance, très stable, et ses chants apparents donnent un look moderne très apprécié des architectes.
La préparation : le secret d’un projet sans stress
Un projet bien préparé, c’est 50% du travail de fait. Ne sautez jamais cette étape !
Le plan (ou « calepinage »)
Ne coupez rien sans un plan précis. Mesurez la hauteur et la largeur de votre espace à au moins trois endroits différents. Les murs ne sont jamais droits ! Prenez toujours la plus petite mesure comme référence. Pour calculer le nombre de tasseaux, c’est simple. Voici une petite formule : (Largeur totale de votre claustra – la largeur d’un tasseau) / (la largeur d’un tasseau + la largeur de l’espace que vous voulez entre eux). Ça vous donnera le nombre d’espaces, et donc le nombre de tasseaux à ajouter.
La liste de courses et le budget
Où acheter tout ça ? Pour les bois standards (pin, sapin) et le MDF, les grandes surfaces de bricolage comme Castorama ou Leroy Merlin sont parfaites. Pour des essences plus nobles comme le chêne ou le frêne, cherchez une scierie locale ou des sites spécialisés en ligne, qui garantissent souvent une meilleure qualité et une provenance certifiée (labels FSC ou PEFC, c’est important pour la gestion durable des forêts).
Exemple de budget pour un claustra simple de 2,5m (haut) x 1m (large) en sapin : – Bois (tasseaux) : entre 80€ et 120€ – Visserie et chevilles adaptées : environ 15€ – Finition (pot d’huile ou de vernis) : environ 20€ Total : On est loin des milliers d’euros !
La boîte à outils : l’essentiel et le confort
Pas besoin de l’atelier complet d’un pro pour se lancer. Voici la distinction : – L’essentiel : Une bonne perceuse-visseuse, un mètre ruban, un niveau à bulle, un crayon, et une scie à onglet (même manuelle, mais une électrique radiale change la vie pour avoir des coupes parfaites). – Le confort : Une scie sur table ou une scie plongeante avec rail pour des découpes parfaites dans la longueur, et une ponceuse excentrique pour gagner un temps fou sur la finition.
La fabrication : on passe à l’action !
La découpe et l’assemblage
Avertissement sécurité : Si vous utilisez une scie électrique, soyez extrêmement prudent. Le
Galerie d’inspiration
Pensez au rythme des tasseaux. Au lieu d’un espacement uniforme, pourquoi ne pas créer une séquence dynamique ? En alternant, par exemple, des tasseaux de 40mm et 20mm, ou en variant les espaces (40mm, 20mm, 20mm, 40mm…), vous transformez une simple cloison en une œuvre graphique qui ajoute un intérêt visuel subtil et sophistiqué.
Dépoussiérage régulier : Un simple plumeau ou l’embout brosse de l’aspirateur suffit.
Nettoyage : Un chiffon microfibre à peine humide, jamais détrempé.
Pour une finition huilée : Appliquez une nouvelle couche d’huile (type Osmo ou Rubio Monocoat) tous les 2 à 3 ans pour nourrir le bois en profondeur.
À éviter : Tout produit nettoyant agressif qui pourrait attaquer le vernis ou la teinte.
Le choix des fixations : Pour une installation invisible et solide au sol et au plafond, les tourillons en bois ou les équerres de chaise dissimulées sont parfaits. Attention, si votre sol est un parquet flottant, fixez le tasseau inférieur avec un adhésif de montage haute performance (type Sikaflex 11FC+) pour ne pas bloquer sa dilatation naturelle.
Le claustra moderne puise son inspiration dans les moucharabiehs orientaux et les paravents kōshi japonais, des solutions millénaires conçues pour voir sans être vu et laisser circuler l’air comme la lumière.
Envie d’un mur végétal ajouré ? Le claustra est le support idéal pour une touche biophilique.
Prévoyez des sections plus larges ou des caissons intégrés pour y glisser des petits pots.
Laissez des plantes grimpantes comme le Pothos ou un Philodendron s’enrouler naturellement autour des tasseaux pour un effet jungle maîtrisé.
Comment obtenir une finition parfaitement lisse avant de peindre ou vernir ?
Le secret réside dans le ponçage progressif. Commencez avec un grain 80 pour éliminer les défauts, passez au 120 pour lisser, puis terminez au grain 240 pour une surface douce au toucher. Entre chaque couche de vernis, un très léger ponçage à la main (égrenage au grain 320) garantit une finition d’aspect professionnel.
Finition huilée : Aspect mat et naturel, elle sublime le veinage du bois. Pénètre la fibre pour la protéger de l’intérieur et se retouche facilement localement.
Finition vernie : Crée un film protecteur en surface, très résistant aux taches et à l’humidité. Disponible en mat, satiné ou brillant. Plus durable, mais plus complexe à retoucher en cas de rayure.
Notre conseil : pour un look contemporain et un entretien simple, l’huile-cire est un excellent compromis.
Un claustra à claire-voie peut laisser passer jusqu’à 70% de la lumière naturelle, contre seulement 40% pour une verrière d’atelier avec des montants standards.
Cela en fait l’une des solutions les plus efficaces pour délimiter un espace sans le cloisonner. Pensez à l’orientation : des lames horizontales donnent une sensation de largeur, tandis que des lames verticales accentuent la hauteur sous plafond.
Une couleur qui s’intègre parfaitement à votre intérieur.
Une structure qui reste stable dans le temps.
Un nettoyage grandement facilité.
Le secret ? Choisir la bonne essence de bois dès le départ. Le sapin est économique mais marque facilement. Le chêne est robuste et noble. Le frêne offre un veinage magnifique. Le bambou est une option écologique et très résistante à l’humidité, parfaite près d’une cuisine.
Pour un budget maîtrisé, pensez au pin ou au sapin. Ces bois tendres sont faciles à travailler. L’astuce pour un rendu premium ? Une peinture de caractère. Un noir mat (comme le
4 idées pour personnaliser votre claustra :
Peindre uniquement la tranche des tasseaux dans une couleur vive pour un effet de surprise.
Intégrer une ou deux lames en laiton ou en cuivre brossé pour une touche précieuse.
Créer un motif en biseau en coupant les extrémités des tasseaux à 45°.
Utiliser du bois de récupération pour un look wabi-sabi plein de caractère.
L’astuce du gabarit : Pour garantir un espacement parfaitement régulier entre chaque tasseau, ne mesurez pas à chaque fois. Fabriquez une simple cale en bois de la largeur exacte de l’espacement désiré. Placez-la contre le dernier tasseau posé, puis collez le suivant contre elle. C’est rapide, simple et le résultat est impeccable.
Selon Pinterest Trends, les recherches pour
Un claustra peut aussi améliorer l’acoustique d’une pièce.
Le bois, par sa nature, absorbe une partie des ondes sonores, réduisant la réverbération dans les grands volumes.
Pour une meilleure performance, certains designers intègrent discrètement des panneaux de feutre acoustique entre les lames, une solution idéale pour un bureau à domicile.
Mon plafond n’est pas droit. Comment faire pour que le claustra le soit ?
C’est un cas très fréquent ! Ne fixez jamais votre rail supérieur directement au plafond. Installez-le d’abord parfaitement de niveau à l’aide de cales. Comblez ensuite l’espace variable entre le rail et le plafond avec un joint acrylique souple, qui pourra être peint de la même couleur que le plafond. L’illusion sera parfaite.
Tasseaux bruts de scierie : Moins chers, mais ils nécessitent un travail de préparation conséquent (dégauchissage, rabotage, ponçage). Réservés aux bricoleurs bien outillés.
Tasseaux rabotés : Un peu plus onéreux, mais déjà droits, lisses et d’équerre. Vous gagnez un temps précieux et vous vous assurez une base parfaite.
Pour un premier projet, nous recommandons sans hésiter les tasseaux rabotés pour éviter les frustrations.
Le bois est l’un des seuls matériaux de construction à bilan carbone positif : il stocke plus de CO2 durant sa croissance qu’il n’en émet lors de sa production.
Opter pour un claustra en bois issu de forêts gérées durablement (labels PEFC ou FSC) est un geste fort. Contrairement aux cloisons en plâtre, il est entièrement réutilisable et contribue à un habitat plus sain en régulant naturellement l’humidité ambiante.
Une impression d’espace et de fluidité.
Une touche d’originalité et de douceur organique.
Un jeu d’ombre et de lumière unique au fil de la journée.
Le secret ? Osez le claustra aux lames courbes. Inspiré par le design scandinave d’Alvar Aalto, il casse la rigidité des lignes droites et apporte une poésie inattendue à votre intérieur.
Ne négligez pas l’éclairage. Un ruban LED (comme ceux de la gamme Philips Hue) discrètement intégré le long du rail supérieur ou inférieur peut métamorphoser votre claustra à la nuit tombée. Il passe d’un simple séparateur à une véritable sculpture lumineuse, créant une ambiance tamisée et chaleureuse instantanément.
Assemblage : les 3 techniques courantes
Vis apparentes : Simple, rapide, et donne un look atelier. Utilisez des vis noires ou laitonnées pour un effet déco assumé.
Vis masquées (pocket holes) : Avec un gabarit d’assemblage (type Kreg), les vis sont obliques et cachées. Solide et invisible d’un côté.
Tourillons et colle à bois : La méthode la plus épurée. Totalement invisible, mais demande précision et plusieurs serre-joints.
Le détail qui change tout : L’extrémité des tasseaux. Un bord coupé droit est classique. Un bord légèrement arrondi (cassage d’angle au papier de verre) adoucit l’ensemble. Un chanfrein à 45° apporte une touche de raffinement et capte la lumière différemment. C’est un petit effort pour un grand gain esthétique.
Le bambou n’est techniquement pas un bois, mais une herbe de la famille des graminées. Il atteint sa maturité en 3 à 5 ans, contre plusieurs décennies pour le chêne, ce qui en fait l’un des matériaux les plus rapidement renouvelables au monde.
Et si on détournait des matériaux pour un claustra économique ?
Des liteaux de toiture, bruts et peu chers, peuvent donner un style rustique et authentique une fois poncés.
Des panneaux de treillage pour jardin, peints en noir mat, peuvent créer une séparation légère et graphique à moindre coût.
L’important est de s’assurer de leur rectitude et de bien les préparer pour un usage intérieur.
Un claustra peut-il devenir un meuble de rangement ?
Absolument, c’est même très tendance. Au lieu d’utiliser uniquement des tasseaux, alternez avec des caissons ouverts de la même profondeur. Vous pouvez ainsi créer une bibliothèque ajourée, un meuble d’entrée pour poser ses clés, ou même un petit bar entre la cuisine et le salon. Des systèmes modulaires comme les caissons EKET d’IKEA peuvent même être détournés et intégrés dans la structure.
Claustra vertical : Il accentue la hauteur sous plafond, donne une sensation de grandeur et de solennité. Idéal pour marquer une entrée ou séparer un couloir.
Claustra horizontal : Il élargit visuellement l’espace, guide le regard et crée une ambiance plus reposante, presque cinématographique. Parfait en tête de lit ou pour une séparation basse.
Le choix dépend avant tout de l’effet recherché et des proportions de votre pièce.
Designer d'Intérieur & Consultante en Art de Vivre Domaines de prédilection : Aménagement intérieur, Éco-conception, Tendances mode
Après des années passées à transformer des espaces de vie, Laurine a développé une approche unique qui marie esthétique et fonctionnalité. Elle puise son inspiration dans ses voyages à travers l'Europe, où elle découvre sans cesse de nouvelles tendances et techniques. Passionnée par les matériaux durables, elle teste personnellement chaque solution qu'elle recommande. Entre deux projets de rénovation, vous la trouverez probablement en train de chiner dans les brocantes ou d'expérimenter de nouvelles palettes de couleurs dans son atelier parisien.