Salle de bain ouverte sur la chambre : Le guide honnête pour un projet réussi (et sans galères)
On va se le dire, l’idée d’une salle de bain ouverte sur la chambre, ça fait rêver. Sur le papier, ça a tout pour plaire : une baignoire îlot majestueuse près du lit, cette impression d’être dans une suite d’hôtel cinq étoiles… C’est l’image chic qu’on voit partout.
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Mais voilà, mon métier, ce n’est pas de vendre du rêve. C’est de construire des espaces qui sont non seulement beaux, mais surtout fonctionnels et qui durent dans le temps. Franchement, j’ai été appelé trop souvent pour réparer les pots cassés de projets mal ficelés. Des fuites qui pourrissent un parquet, des moisissures qui s’incrustent dans les coins, une humidité qui finit par abîmer les fringues dans le dressing… C’est un projet bien plus technique qu’il n’y paraît.
Alors, dans ce guide, oubliez les photos d’inspiration. On va parler vrai. Je vais vous partager mon expérience du terrain : les règles techniques, les pièges à éviter, et les questions que vous devez absolument vous poser avant de casser le premier mur. Mon but est simple : vous aider à faire les bons choix pour que votre suite parentale soit une réussite, pas un cauchemar qui vous coûtera un bras.

Avant le premier coup de marteau : les points techniques non négociables
Avant même de penser à la couleur du carrelage, il y a des fondamentaux à valider. Si vous zappez ces étapes, vous foncez droit vers les ennuis. C’est la partie invisible du projet, mais de loin la plus importante.
La gestion de l’humidité : votre ennemi N°1
C’est LE point critique. Une simple douche chaude dégage une quantité impressionnante de vapeur d’eau. Dans un espace ouvert, cette vapeur ne reste pas sagement dans son coin : elle va partout. Sur les murs, les fenêtres, dans votre penderie (oui, même sur vos vêtements, c’est terrible), et sur votre literie. À terme, c’est la porte ouverte à la condensation et aux moisissures, ce qui est mauvais pour votre maison et pour votre santé.
La solution n’est pas une option, elle est obligatoire : une VMC (Ventilation Mécanique Contrôlée) ultra-performante. Et je ne parle pas du petit extracteur à 30€ de chez Brico Dépôt. Pour un tel projet, il faut systématiquement une VMC hygroréglable. C’est quoi ? C’est un système intelligent qui ajuste son débit d’aspiration selon le taux d’humidité. En gros, elle se met en route toute seule quand vous prenez votre douche et accélère si besoin. Pour une suite parentale, oubliez les débits standards de 30 m³/h ; il faut viser au moins 90 m³/h. Un petit bureau d’études thermiques peut vous calculer ça précisément.

Bon à savoir : Une bonne VMC hygroréglable coûte entre 200 € et 400 € pour l’appareil, auxquels il faut ajouter le coût de la pose par un pro. C’est un investissement minuscule comparé aux milliers d’euros de dégâts que l’humidité peut causer.
La plomberie et les lois de la gravité
On ne peut pas simplement poser une douche ou une baignoire où l’on veut. L’eau usée, pour s’évacuer, a besoin d’une pente. La règle d’or, c’est une pente minimale de 1 à 2 cm par mètre. C’est technique, mais très concret.
Imaginons que vous vouliez votre baignoire à 3 mètres de la colonne d’évacuation. Il faudra donc une pente de 3 cm. Ajoutez le diamètre du tuyau (environ 5 cm), et vous comprenez vite qu’il faut surélever le tout d’au moins 8 cm. C’est pour ça qu’on voit souvent des estrades dans ce type de projet. C’est la solution pour cacher la plomberie. C’est joli, mais ça crée une marche, pensez-y pour le confort et la sécurité.

Il existe bien des pompes de relevage pour les cas désespérés, mais honnêtement, j’essaie de les éviter. C’est une machine en plus, qui fait du bruit, peut tomber en panne et demande de l’entretien. À n’utiliser qu’en dernier recours.
Le poids : votre sol est-il prêt à encaisser ?
Avez-vous pensé au poids ? Une baignoire en fonte pèse déjà 150 kg à vide. Remplissez-la de 170 litres d’eau (170 kg), ajoutez votre poids… et on dépasse vite les 400 kg sur une toute petite surface. Sur une dalle en béton récente, pas de souci. Mais sur un plancher en bois dans un immeuble ancien, c’est une autre histoire. Les poutres ne sont pas forcément prévues pour ça.
Mon conseil de pro : si vous avez un doute, faites vérifier la structure. Un ingénieur en structure vous dira si ça passe ou s’il faut renforcer. Oui, ça a un coût, souvent entre 500 € et 1 500 €, mais c’est le prix de la tranquillité pour éviter que votre baignoire ne se retrouve à l’étage du dessous.

Le bruit : le détail qu’on oublie tout le temps
Une salle de bain ouverte, ça veut aussi dire des bruits ouverts ! Le bruit de la chasse d’eau en pleine nuit, la VMC qui ronronne, les canalisations qui gargouillent dans les murs… Ce n’est pas très glamour. Heureusement, il y a des solutions :
- Pour les cloisons : Utilisez des plaques de plâtre acoustiques (type Placo Phonique), c’est un peu plus cher mais ça change la vie.
- Pour les tuyaux : Demandez à votre plombier d’installer des colliers de fixation anti-vibratiles. Ça réduit énormément la transmission des bruits d’écoulement.
- Pour la VMC : Choisissez un modèle silencieux et ne lésinez pas sur la qualité. Les modèles bas de gamme sont souvent très bruyants.
Les solutions d’aménagement : trouver le bon équilibre
Une fois la technique validée, on peut enfin s’amuser avec l’aménagement. L’idée n’est pas forcément de tout ouvrir. Le compromis est souvent la meilleure option.

L’ouverture totale, avec la baignoire au milieu de la pièce sans aucune séparation, c’est le look le plus radical. C’est très beau, mais c’est l’option la plus chère, la plus complexe techniquement, et celle qui pose le plus de soucis d’humidité et d’intimité. À réserver aux très, très grands espaces.
La séparation partielle est, selon moi, le meilleur choix. On garde une sensation d’espace tout en délimitant les zones. La star du moment, c’est la verrière d’atelier. Elle sépare sans bloquer la lumière. On peut la poser sur un muret de 1,20 m pour cacher la plomberie et se protéger des éclaboussures. Attention, exigez un verre de sécurité et pensez au nettoyage ! Une autre super solution, c’est le muret à mi-hauteur qui peut servir de tête de lit d’un côté et de support pour la vasque de l’autre. C’est malin et pratique. Enfin, les cloisons coulissantes ou les panneaux japonais offrent une flexibilité maximale : ouvert la journée, fermé la nuit.

On peut aussi délimiter les zones par le sol. Par exemple, un beau parquet dans la partie chambre et du carrelage dans la zone d’eau. Visuellement, c’est très efficace. Mais attention : la jonction entre les deux doit être parfaitement étanche pour éviter les infiltrations.
Budget, délais et le choix du bon pro
Soyons clairs : ce type de projet, c’est un budget. C’est l’une des rénovations les plus chères au mètre carré parce qu’elle fait intervenir tous les corps de métier. Pour une suite parentale d’environ 25 m², avec des matériaux de gamme moyenne et en passant par des professionnels qualifiés, il faut prévoir une enveloppe entre 15 000 € et 30 000 €. Le chantier en lui-même dure souvent entre 3 et 5 semaines.
Peut-on le faire soi-même ?
Pour la peinture ou le montage d’un meuble, si vous êtes un bon bricoleur, pourquoi pas. Mais pour la plomberie encastrée, l’électricité et surtout, surtout, l’étanchéité sous carrelage, je vous le déconseille vivement. Une erreur sur ces points peut avoir des conséquences désastreuses et ne sera pas couverte par votre assurance.

La check-list anti-galère pour choisir votre artisan :
Le bouche-à-oreille reste une valeur sûre. Mais voici quelques points de contrôle simples :
- L’assurance décennale : Exigez l’attestation à jour. C’est non négociable. S’il hésite, fuyez.
- Le devis détaillé : Un devis flou est un mauvais signe. La ligne pour le système d’étanchéité sous carrelage (SPEC) doit y figurer. Si ce n’est pas le cas, alerte rouge !
- Les références : Demandez à voir des photos de chantiers similaires qu’il a réalisés.
- Le prix : Méfiez-vous des devis anormalement bas. Ça cache souvent des matériaux de mauvaise qualité ou des étapes techniques… oubliées.
En conclusion, la salle de bain ouverte est un projet fantastique qui peut vraiment transformer votre quotidien. Mais sa réussite ne repose pas sur la forme de la baignoire. Elle tient à la rigueur technique, au respect des normes et à une bonne planification. C’est un investissement, c’est vrai, mais quand c’est bien fait, le confort que vous y gagnez est un vrai bonheur qui dure des années.

Galerie d’inspiration


Pour éviter l’aspect


Plus de 70% des problèmes dans les salles de bains ouvertes proviennent d’une mauvaise gestion de la jonction entre les sols. Une étanchéité sous carrelage (SPEC) est non négociable sur la zone humide.
Cela signifie que sous votre carrelage, une membrane type Schluter-DITRA ou un Système de Protection à l’Eau sous Carrelage est appliquée. C’est votre assurance vie contre les infiltrations qui pourraient ruiner le parquet de la chambre adjacente.

Comment préserver l’intimité sans sacrifier la lumière ?
Pensez au verre intelligent à opacité contrôlée. D’une simple pression sur un interrupteur, une paroi vitrée transparente devient totalement opaque. C’est la solution high-tech idéale pour séparer les WC ou la douche, offrant le meilleur des deux mondes : ouverture visuelle et intimité sur demande.


- Zone sèche (chambre) : Un éclairage chaud (environ 2700K) avec des lampes de chevet et des appliques murales pour une ambiance cosy.
- Zone humide (bain) : Des spots encastrés IP44 ou IP65, avec un éclairage plus neutre (3000K-4000K) pour la fonctionnalité.
- Point focal : Une suspension design au-dessus de la baignoire (hors volume de sécurité) pour un effet ‘wow’.


Parquet massif traité : L’option la plus chaleureuse, souvent en teck ou en bambou, nécessite une vitrification ‘pont de bateau’ avec des joints spécifiques pour l’étanchéité.
Carrelage effet bois : Moins risqué et plus facile d’entretien, il offre une transition visuelle parfaite sans les contraintes techniques du vrai bois en zone humide.
Le carrelage reste le choix de la raison pour la zone de bain, tandis que le bois apporte une chaleur inégalée côté nuit.

Le détail qui change tout : La robinetterie. Oubliez le mitigeur classique. Pour une baignoire îlot, une robinetterie sur pied, comme les modèles en laiton brossé de chez AXOR, devient un véritable élément de décoration qui structure l’espace et affirme le style de la pièce.


Selon l’ADEME, une douche de 5 minutes consomme entre 60 et 80 litres d’eau, libérant une quantité significative de vapeur. Dans un espace ouvert, cette humidité peut réduire la durée de vie de vos textiles et boiseries de 30% si la ventilation n’est pas optimisée.


Ne sous-estimez pas le pouvoir d’une cloison partielle. Un muret à mi-hauteur derrière la tête de lit peut habilement dissimuler le lavabo et la plomberie tout en servant de support.
- Il délimite l’espace sans le fermer.
- Il offre une surface pour poser des objets déco ou des produits.
- Il cache le désordre potentiel du plan vasque.

Pensez au confort acoustique. Le bruit de l’eau qui coule, de la ventilation ou de la chasse d’eau peut devenir une nuisance. L’intégration de cloisons avec une isolation phonique renforcée (laine de roche) ou l’utilisation de portes à galandage acoustiques pour l’espace WC est un investissement judicieux pour la paix des ménages.


- Une chaleur douce et enveloppante.
- Aucun radiateur disgracieux sur les murs.
- Un séchage rapide du sol après le bain.
Le secret ? Un plancher chauffant électrique basse température. Facile à installer sous un carrelage, il est le garant d’un confort absolu et aide à lutter contre l’humidité stagnante au sol.


Acrylique : Léger, abordable et bon isolant thermique, il garde l’eau chaude plus longtemps. C’est le choix pratique par excellence. Le modèle ‘Presqu’île’ de Jacob Delafon en est un parfait exemple.
Solid Surface (type Corian®) : Plus onéreux, ce matériau composite offre un toucher velouté, des lignes pures et une résistance exceptionnelle. Idéal pour un design minimaliste et haut de gamme.

Pour les murs exposés aux éclaboussures, une peinture classique ne suffit pas. Optez pour une finition satinée ou velours spécifique, comme la gamme ‘Cuisines et Bains’ de Farrow & Ball (Estate Eggshell) ou Tollens (Idrotop), qui sont non seulement lavables mais aussi traitées contre les moisissures, tout en offrant une profondeur de couleur incomparable.


Le parquet dans la salle de bain vous fait peur ?
Le sol LVT (Luxury Vinyl Tile) est votre meilleur allié. Des marques comme Gerflor ou Quick-Step proposent des imitations bois bluffantes de réalisme, 100% résistantes à l’eau, compatibles avec le chauffage au sol et offrant un contact plus chaud et plus silencieux que le carrelage. C’est l’alternative parfaite pour unifier le sol sans risque.

« Une suite parentale réussie est un dialogue permanent entre l’intime et l’ouvert. Le moindre détail, de la texture du linge de bain à la discrétion d’un rangement, participe à cet équilibre fragile. » – Jean-Michel Wilmotte, architecte.


Erreur fréquente : Oublier les prises électriques près de la zone vasque. Prévoyez des prises sécurisées (avec clapet, à plus de 60 cm du point d’eau) pour le sèche-cheveux ou la brosse à dents électrique. Rien de pire que de devoir traverser la chambre avec un appareil en main.


L’ambiance ne se limite pas au visuel. Pensez aux parfums. Évitez les désodorisants chimiques et préférez un diffuseur d’huiles essentielles (eucalyptus, lavande) pour une atmosphère de spa. Coordonnez le parfum avec celui de vos produits de bain pour une expérience sensorielle cohérente et luxueuse.

- Un miroir XXL au-dessus de la vasque.
- Une surface réfléchissante pour décupler la lumière.
La bonne idée ? Choisir un miroir avec un cadre spectaculaire ou un modèle triptyque de barbier pour ajouter une touche vintage. Il devient alors plus qu’un objet pratique : c’est la pièce maîtresse qui agrandit l’espace et signe le décor.


Inspiration japonaise avec la baignoire ‘Ofuro’. Plus profonde et plus compacte qu’une baignoire classique, elle invite à une immersion totale. Souvent en bois de cèdre ou en version moderne en Solid Surface, elle apporte une touche de sérénité et de minimalisme radical à l’espace.


Chaleur et praticité : Le sèche-serviettes n’est pas qu’un simple radiateur. Choisissez un modèle design qui s’intègre au décor. Les versions électriques modernes de chez Acova ou Irsap, disponibles en noir mat ou en couleurs, chauffent la pièce, sèchent le linge et agissent comme un élément graphique sur le mur.

Le bruit de la VMC vous inquiète ?
Pour une suite parentale, le silence est d’or. Optez pour un groupe d’extraction déporté, installé dans les combles ou un placard technique. Des marques comme Aldes ou Unelvent proposent des modèles ‘silence’ (autour de 25 dB) qui assurent une ventilation efficace sans perturber votre sommeil. C’est un surcoût minime pour un confort maximal.


Verrière d’atelier : La solution la plus tendance. Elle délimite l’espace douche/WC tout en laissant passer la lumière et en conservant une impression d’ouverture totale. C’est le compromis parfait entre l’open-space et l’intimité.
Cloison pleine : Plus radicale, elle offre une intimité et une isolation acoustique parfaites, mais sacrifie la sensation d’espace. À réserver si les WC sont directement face au lit.


La tendance ‘Biophilie’ s’invite dans la salle de bain. Intégrer des plantes qui aiment l’humidité (fougère de Boston, calathea, tillandsia) purifie l’air, ajoute une touche de vie et de couleur, et renforce la sensation de bien-être et de connexion à la nature.
Placez-les sur une étagère, près d’une source de lumière indirecte, pour transformer votre salle de bain en une oasis de verdure.

Pour une ambiance spa, misez sur l’accumulation de détails :
- Un pont de baignoire en bois pour poser un livre et une tasse.
- Des serviettes épaisses et moelleuses, de préférence blanches ou de couleur neutre.
- Des distributeurs assortis pour le savon et le shampoing, pour éliminer les emballages plastiques.
- Un petit tabouret en bois brut à côté de la baignoire.


Un trésor caché : La baignoire îlot en fonte émaillée, chinée en brocante. Un bon coup de restauration (ré-émaillage par un professionnel) et vous obtenez une pièce de caractère unique, avec une inertie thermique imbattable, pour une fraction du prix d’un modèle neuf équivalent.
Le diable est dans les finitions. Au lieu du chrome classique, osez le noir mat, le laiton brossé ou le ‘gunmetal’ pour votre robinetterie et vos accessoires (porte-serviettes, pommeau de douche). Cette simple touche de couleur crée un fil rouge esthétique et sophistiqué qui unifie l’ensemble de l’espace.