Réussir son Carrelage de Cuisine : Le Guide Complet pour Éviter les Catastrophes (Budget, Astuces & Pièges)

Transformez votre cuisine en un espace unique avec les carrelages qui allient praticité et style. Prêt à redécouvrir votre intérieur ?

Auteur Laurine Benoit

J’ai passé des années sur les chantiers, à poser du carrelage dans des dizaines et des dizaines de cuisines. Et si j’ai bien appris une chose, c’est que le carrelage, ce n’est pas juste coller de jolis carreaux. C’est un vrai savoir-faire, surtout dans une pièce aussi exigeante que la cuisine.

Franchement, la cuisine, c’est le champ de bataille de la maison : chaleur, humidité, projections de graisse, passage intensif… Un carrelage mal choisi ou, pire, mal posé, ne pardonne pas. Les fissures ou les infiltrations, ça arrive bien plus vite qu’on ne le croit. J’ai vu trop de chantiers amateurs qui ont mal tourné, alors qu’avec un peu de méthode, tout aurait pu être évité.

Alors, dans ce guide, on va laisser le jargon technique de côté. Je vais vous partager des conseils pratiques, du concret, pour que votre projet soit une réussite qui tienne la route pendant des décennies.

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Étape 1 : Choisir son carreau, bien plus qu’une question de look

Le choix du carreau, c’est la base. Et non, la couleur ne fait pas tout ! Chaque matériau a ses propres règles du jeu en termes de résistance et d’entretien. Comprendre ça, c’est s’éviter de grosses déceptions.

Le grès cérame : le champion de la polyvalence

Honnêtement, si vous ne savez pas quoi choisir, partez sur du grès cérame. C’est le choix de la raison. Fabriqué à très haute température, il devient ultra-dense et quasi-imperméable (moins de 0,5 % de porosité). Concrètement ? Une tache de sauce tomate ou d’huile s’enlève avec un simple coup d’éponge. Il ne craint quasiment aucun produit ménager.

Bon à savoir : Pour un sol de cuisine, visez une norme de résistance au passage (le fameux classement PEI) de 3 au minimum, et 4 si possible. Côté budget, c’est très accessible : on trouve de la très bonne qualité entre 25€ et 50€ le mètre carré.

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Il en existe deux types principaux :

  • Pleine masse : Le top du top. La couleur est dans toute l’épaisseur. Si un éclat se produit, il est presque invisible.
  • Émaillé : Le plus courant, avec une couche de décor en surface. Il offre une infinité de styles (imitation bois, béton, pierre…), mais un gros choc peut faire sauter l’émail.

La faïence : la reine des murs (et seulement des murs !)

Parfaite pour les crédences, la faïence offre des couleurs magnifiques et se coupe très facilement, même avec une carrelette manuelle. Mais attention, elle est fragile.

Je le dis et je le répète : NE JAMAIS POSER DE FAÏENCE AU SOL. J’ai vu le résultat chez un particulier qui pensait faire une bonne affaire… En six mois, plusieurs carreaux étaient fissurés. C’est un matériau mural, point final. Son prix est souvent attractif, autour de 20€ à 40€ le m².

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La pierre naturelle : le luxe authentique (et ses contraintes)

Marbre, ardoise, travertin… C’est magnifique, chaque carreau est unique. Mais cette beauté a un coût, à l’achat (souvent à partir de 60-70€/m²) et à l’entretien. La plupart des pierres sont poreuses. Il faut impérativement appliquer un traitement hydrofuge et oléofuge (contre l’eau et l’huile) juste après la pose, puis le renouveler tous les un ou deux ans.

Une anecdote qui marque : une cliente avait oublié une rondelle de citron sur son plan de travail en marbre tout neuf. Le lendemain, une auréole mate indélébile était apparue. L’acide avait attaqué la pierre. La seule solution ? Faire venir un marbrier pour un repolissage complet. Une intervention qui peut vite chiffrer à plusieurs centaines d’euros. C’est un matériau noble qui demande de l’attention.

Les carreaux de ciment : le charme rétro (et le piège de la porosité)

On les adore pour leurs motifs, mais il faut savoir dans quoi on s’engage. Le carreau de ciment n’est pas cuit, il est donc extrêmement poreux. Il boit littéralement tout !

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L’erreur de débutant à ne JAMAIS commettre : faire les joints sans avoir protégé les carreaux au préalable. La laitance du ciment va pénétrer les carreaux et créer des taches grises impossibles à enlever. La bonne méthode : après la pose, appliquez un produit bouche-pores. Une fois sec, vous pouvez faire vos joints sans risque. Et après le nettoyage final, on applique le fameux traitement hydrofuge et oléofuge. Côté budget, le charme a un prix : comptez entre 70€ et 120€ le m².

Pour y voir plus clair, voici un petit tableau récapitulatif :

Matériau Prix / m² (indicatif) Entretien Difficulté de pose (Amateur)
Grès Cérame 25€ – 50€ Très facile Moyenne
Faïence (mur) 20€ – 40€ Facile Facile
Pierre Naturelle 60€ – 150€+ Exigeant (traitement régulier) Difficile
Carreau de Ciment 70€ – 120€ Exigeant (traitement impératif) Difficile

Étape 2 : Préparer le support, les 80% du travail invisible

Je le dis toujours : la réussite d’un carrelage se joue avant même d’avoir ouvert le premier paquet. La préparation du support, c’est la fondation. On ne triche pas avec ça.

La règle d’or : un support parfaitement plat

Un carrelage accentue les défauts, il ne les cache pas. Prenez une grande règle en alu de 2 mètres et baladez-la sur la surface. Vous ne devez pas avoir plus de 5 mm de vide sous la règle (et 3 mm pour les grands carreaux). Si c’est le cas, il faut corriger : un enduit de lissage pour les petits défauts, un ragréage pour un sol, voire un enduit de redressement pour un mur très abîmé. Essayer de rattraper avec la colle est l’erreur numéro 1 du débutant.

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L’étanchéité : votre assurance anti-dégâts des eaux

Derrière l’évier et la plaque de cuisson, c’est la zone rouge. Un joint de carrelage n’est jamais 100% étanche à vie. On protège donc ce qu’il y a en dessous avec un Système de Protection à l’Eau sous Carrelage (SPEC). C’est une sorte de peinture caoutchouteuse (souvent bleue ou verte) à appliquer au rouleau avant la colle. Regardez du côté de marques comme Weber ou Parexlanko. Un pot coûte environ 40-50€, une somme dérisoire comparée au coût de la réparation d’un mur pourri par l’humidité.

Le primaire d’accrochage : la colle de la colle

C’est l’étape que tout le monde veut sauter… et c’est une grosse erreur. Ce liquide, appliqué avant la colle, empêche un support poreux (comme le plâtre) de « boire » l’eau de la colle trop vite, et il crée une surface d’accroche sur un support lisse (comme un vieux carrelage). C’est indispensable !

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Étape 3 : La pose, place à la méthode

Le support est prêt ? Parfait. Avant de vous lancer, voici votre plan de bataille.

La liste de courses du carreleur

Pour ne rien oublier chez Castorama ou Leroy Merlin :

  • La colle et le primaire adaptés à votre support et vos carreaux.
  • Le mortier à joint (et le silicone pour les finitions).
  • Une taloche crantée (peigne). Astuce : dents de 6-8mm pour les petits formats, 10mm pour un 60x60cm.
  • Un malaxeur à monter sur votre perceuse (pour un mélange sans grumeaux).
  • Deux seaux : un pour la colle, un pour l’eau claire.
  • Un maillet en caoutchouc, un niveau à bulle, un mètre et un crayon.
  • Des croisillons (les systèmes auto-nivelants sont géniaux pour les débutants !).
  • Et surtout : des genouillères de qualité ! Vos genoux vous remercieront.

Le calepinage : le plan avant l’action

Ne commencez JAMAIS par coller un carreau entier dans un coin. Vous finirez avec une coupe ridicule à l’autre bout. La règle est de centrer la pose. Mesurez votre surface, tracez les axes au centre, et faites une pose à blanc (sans colle) pour voir où tomberont les coupes. Le but est d’avoir des coupes harmonieuses et plus grandes qu’un demi-carreau dans les angles.

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La bonne colle et le bon mélange

Pour une cuisine, on prend un mortier-colle en poudre, pas les pots tout prêts. Visez une colle classée C2 (forte adhérence) et idéalement S1 (légèrement souple), parfaite pour les grands formats. Les marques comme Weber, Parexlanko ou PRB sont des valeurs sûres.

L’astuce de pro qui change tout : versez toujours la poudre DANS l’eau, et jamais l’inverse. Vous éviterez 90% des grumeaux !

Le double encollage : la technique non-négociable

C’est obligatoire pour tous les carreaux au sol, et pour tous les carreaux de plus de 30x30cm (même au mur). On met de la colle sur le support avec le peigne, ET on « beurre » le dos du carreau avec une fine couche de colle. Ça garantit une adhérence parfaite et évite les bulles d’air (un vide = un point de faiblesse).

ATTENTION SÉCURITÉ ! La découpe du grès cérame génère une poussière de silice très dangereuse pour les poumons. Le masque en papier est inutile. Portez un masque FFP3, travaillez dehors et, si possible, utilisez une scie à eau. Pas la peine d’en acheter une : la location chez Loxam ou Kiloutou coûte environ 50-60€ la journée. C’est un petit investissement pour votre santé.

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Étape 4 : Les finitions, la signature d’un travail bien fait

Un carrelage n’est vraiment fini qu’une fois les joints réalisés. C’est ce qui fait toute la différence.

Le jointoiement : la touche finale

Laissez sécher la colle au moins 24 heures. Pour la crédence, je ne peux que vous conseiller un joint époxy. Contrairement au joint ciment classique, il est 100% étanche et anti-taches. Il ne noircira jamais. C’est plus cher (comptez 50-60€ le pot pour 5-8 m², contre 15€ pour le ciment), mais c’est la garantie d’une tranquillité à vie.

Les joints de dilatation : le secret anti-fissures

C’est le détail que tout le monde oublie. Les matériaux bougent. Il faut laisser un espace de 5mm entre le carrelage et les murs (en périphérie) et dans les angles. Cet espace ne doit pas être rempli avec du joint rigide, mais avec un mastic silicone souple (choisissez-en un spécial cuisine, traité anti-moisissures). C’est lui qui absorbera les mouvements et empêchera les fissures d’apparaître.

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Le calendrier d’un chantier réussi

Pour vous aider à vous organiser, voici un planning type :

  • Jour 1 (Samedi matin) : Préparation du support, application du primaire d’accrochage.
  • Jour 1 (Samedi après-midi) : Pose du carrelage.
  • Jour 2 (Dimanche) : Repos complet ! La colle doit sécher tranquillement.
  • Jour 3 (Lundi soir) : Application des joints en ciment ou époxy.
  • Jour 4 : Premier nettoyage, puis pose des joints de dilatation en silicone. Vous pourrez marcher dessus (délicatement) le lendemain.

Alors, on se lance seul ou on appelle un pro ?

Poser soi-même sa crédence sur un mur bien plat ? Oui, c’est tout à fait faisable si vous êtes patient et méticuleux. Mais dans certains cas, faire appel à un artisan qualifié est plus prudent :

  • Si le support n’est pas plat.
  • Pour poser des grands formats (plus de 60x60cm).
  • Pour des matériaux délicats comme la pierre naturelle ou les carreaux de ciment.

Un bon carreleur facture sa pose entre 40€ et 70€ du mètre carré (hors fournitures). C’est un budget, mais c’est aussi le prix de l’expertise, de la garantie décennale et, surtout, de la tranquillité d’esprit. Et au final, bien faire du premier coup, c’est toujours la solution la plus économique.

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Galerie d’inspiration

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Point important : La couleur des joints change tout ! Un joint ton sur ton (blanc sur blanc, par exemple) crée une surface unifiée et agrandit l’espace. À l’inverse, un joint contrasté transforme votre crédence en un élément graphique fort. C’est le détail qui donne le ton, du plus discret au plus audacieux.

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Le vinaigre blanc, souvent présenté comme une solution de nettoyage universelle, est en réalité l’ennemi des joints en ciment.

Son acidité les attaque et les rend poreux sur le long terme. Pour un entretien en profondeur sans risque, préférez un nettoyant au pH neutre, comme ceux de la gamme Fila Solutions, ou un simple mélange d’eau chaude et de bicarbonate de soude.

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Peut-on poser un nouveau carrelage directement sur l’ancien ?

Oui, c’est un excellent moyen d’éviter les travaux de démolition ! La condition sine qua non : l’ancien carrelage doit être parfaitement stable, plan et non fissuré. Il faudra d’abord dégraisser la surface à fond, puis appliquer un primaire d’accrochage spécifique (type Weberprim AD) pour garantir une adhérence parfaite de la nouvelle colle.

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  • Les carreaux imitation bois ou pierre naturelle en grès cérame.
  • La pose en chevron pour un dynamisme chic.
  • Les formats XXL (80x80cm et plus) qui limitent les joints.

Le secret de ces tendances ? Elles apportent chaleur et texture à la cuisine, traditionnellement perçue comme un espace technique et froid.

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Le zellige, ce petit carreau d’argile émaillé d’origine marocaine, est parfait pour une crédence au charme unique. Ses légères irrégularités de surface et de couleur captent la lumière de manière singulière, créant une ambiance vivante et chaleureuse. Il se marie aussi bien au bois brut qu’à des façades laquées modernes pour un contraste réussi.

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Joint ciment classique : Le plus courant, économique et simple à mettre en œuvre. Il nécessite un traitement hydrofuge pour bien résister aux taches en cuisine.

Joint époxy : Plus cher et plus technique à poser, sa résine le rend totalement étanche et insensible aux taches et produits chimiques. Un investissement durable, surtout derrière les plaques de cuisson.

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Selon une étude du fabricant de colles et mortiers Mapei, plus de 60% des fissures de carrelage au sol sont dues à une préparation inadéquate du support plutôt qu’à un défaut du carreau lui-même.

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Au-delà du carrelage classique, pensez aux formats qui sortent de l’ordinaire pour votre crédence.

  • Le carreau ‘métro’ : Un classique indémodable, parfait pour un style bistrot ou industriel. Sa version biseautée joue avec la lumière.
  • La mosaïque ou le ‘penny round’ : Ces petits carreaux ronds ou carrés apportent une touche rétro et graphique. Idéal pour délimiter un espace, comme le coin café.
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L’erreur la plus fréquente sur un chantier amateur ? Sous-estimer la quantité de carreaux. Prévoyez toujours entre 10% et 15% de carrelage en plus de la surface réelle à couvrir. Cette marge est essentielle pour compenser les découpes inévitables, les erreurs de manipulation et pour conserver quelques carreaux en cas de réparation future.

Pour un sol de cuisine, la glissance est un critère aussi important que la résistance. Cherchez la norme R, qui indique l’adhérence pieds chaussés. Un classement R9 est un minimum, mais un carrelage classé R10 offre une bien meilleure sécurité au quotidien pour éviter les glissades sur sol humide. C’est un détail technique qui fait toute la différence.

Laurine Benoit

Designer d'Intérieur & Consultante en Art de Vivre
Domaines de prédilection : Aménagement intérieur, Éco-conception, Tendances mode
Après des années passées à transformer des espaces de vie, Laurine a développé une approche unique qui marie esthétique et fonctionnalité. Elle puise son inspiration dans ses voyages à travers l'Europe, où elle découvre sans cesse de nouvelles tendances et techniques. Passionnée par les matériaux durables, elle teste personnellement chaque solution qu'elle recommande. Entre deux projets de rénovation, vous la trouverez probablement en train de chiner dans les brocantes ou d'expérimenter de nouvelles palettes de couleurs dans son atelier parisien.