Plus de papier toilette depuis 4 ans : leur alternative étonne

Auteur Rozenn Le Carboulec
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Face à des difficultés financières, une famille a pris une décision radicale : bannir le papier toilette de leur quotidien. Ce qui a commencé comme une mesure d’économie est devenu, quatre ans plus tard, un pilier de leur mode de vie écologique. Une histoire qui interroge nos habitudes les plus ancrées et révèle comment une contrainte peut se transformer en conviction.

Pour cette famille menée par une YouTubeuse influente dans la sphère du minimalisme, tout a commencé par une dette écrasante. Les prêts étudiants s’accumulaient, et chaque euro comptait. Il fallait couper dans les dépenses, même les plus essentielles. « Nous n’avions pas d’argent pour le papier toilette, alors nous cherchions ce que nous pouvions rayer de notre liste de courses », raconte-t-elle au journal The Sun. C’est en scrutant les tickets de caisse que l’évidence s’est imposée : le papier hygiénique représentait une dépense récurrente, un flux d’argent constant qui partait littéralement à l’égout. « J’ai réalisé que je jetais mon argent par les fenêtres », confie-t-elle.

L’idée n’est pas venue de nulle part. Ayant déjà adopté les couches lavables pour leurs enfants afin de réduire les coûts et les déchets, le couple a eu une révélation : pourquoi ne pas appliquer le même principe aux adultes ? La transition fut simple et pragmatique. De vieux t-shirts en flanelle, des couvertures usées, tout textile doux a été découpé pour créer des lingettes réutilisables. « Nous utilisons le tissu, nous le lavons et le suspendons pour le faire sécher. Après cela, nous pouvons les réutiliser encore et encore », explique la mère de famille.

D’une nécessité financière à un choix de vie

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Le processus est bien rodé pour répondre aux questions d’hygiène. Après utilisation, les lingettes sont placées dans un seau fermé contenant de l’eau, parfois additionnée de vinaigre blanc pour ses propriétés désinfectantes et désodorisantes. Ce trempage initial permet d’éliminer les salissures visibles avant que le tout ne passe à la machine à laver. Une méthode qui, selon eux, garantit une propreté irréprochable.

Ce qui frappe dans leur démarche, c’est sa pérennité. Aujourd’hui, la famille a remboursé ses dettes. Le budget n’est plus aussi serré, mais les lingettes en tissu sont toujours là. La contrainte économique s’est muée en une profonde conviction écologique. Leur objectif est désormais de tendre vers le « zéro déchet ». Dans cette optique, l’achat de papier toilette est devenu une aberration. « Ce n’est pas seulement moins cher, c’est aussi plus respectueux de l’environnement », affirment-ils. Seule concession à la norme sociale : un rouleau de papier toilette écologique est conservé dans la maison, exclusivement pour les invités.

Une habitude moderne remise en question

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Leur choix, bien que pouvant paraître extrême, s’inscrit dans une réflexion plus large sur nos modes de consommation. Le papier toilette, tel que nous le connaissons, est une invention relativement récente, popularisée en Occident à la fin du 19e siècle. Avant cela, l’humanité a utilisé une multitude de solutions, de l’eau (comme c’est encore le cas pour des milliards de personnes) à des éponges, des feuilles ou des tissus.

En France et en Europe du Sud, la présence du bidet, bien que déclinante dans les constructions neuves, témoigne d’une culture où l’hygiène intime a longtemps été associée à l’eau plutôt qu’au simple essuyage. Aujourd’hui, la douchette WC, très répandue en Asie et au Moyen-Orient, gagne en popularité en Europe. Elle est perçue par ses adeptes comme une alternative plus hygiénique, plus économique et plus écologique que le papier, dont la production consomme d’énormes quantités d’eau, de bois et d’énergie, sans parler des emballages plastiques.

La démarche de cette famille, bien que plus artisanale, rejoint ce questionnement de fond : notre dépendance à un produit jetable est-elle la seule voie possible ? Au-delà de l’économie directe pour le foyer – plusieurs centaines d’euros par an pour une famille moyenne – se pose la question de l’impact collectif. La fabrication de papier toilette est une industrie lourde, responsable d’une part non négligeable de la déforestation et de la consommation d’eau potable.

Cependant, l’alternative des lingettes lavables n’est pas sans contreparties. Elle implique une consommation d’eau et d’électricité pour les lavages fréquents, ainsi que l’utilisation de détergents. Le bilan écologique global dépend donc de nombreux facteurs : la température de lavage, le type de machine, l’origine de l’électricité… Mais pour cette famille, le bénéfice principal réside dans le refus d’un système de consommation à usage unique. Leur histoire n’est finalement pas tant une leçon sur l’hygiène qu’une invitation à interroger ce que nous considérons comme indispensable, et à imaginer d’autres manières de vivre, plus sobres et peut-être plus conscientes.

Rozenn Le Carboulec

Rozenn Le Carboulec est une journaliste indépendante spécialisée dans l'enquête sur les mouvements d'extrême droite et les questions de société. Elle a notamment collaboré avec le média d'investigation Mediapart. Son travail se caractérise par une approche de terrain rigoureuse et une analyse en profondeur des idéologies contemporaines.