Moins snob que Le Touquet : 7km de sable et un secret

Auteur SARAH PIGNAUD
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J’ai longtemps fait partie de ceux qui, pour une escapade sur la Côte d’Opale, filaient directement vers Le Touquet-Paris-Plage. Son chic, ses boutiques, sa réputation… Et puis, un jour, sur les conseils d’un ami dunkerquois, j’ai tenté Malo-les-Bains. Et quelle claque ! Loin de l’image industrielle de Dunkerque, j’ai découvert une station balnéaire au charme fou, plus authentique et, honnêtement, bien plus touchante.

Oubliez la comparaison. Malo-les-Bains ne cherche pas à être Le Touquet. Cette ville de 16 000 âmes, qui est en réalité un quartier de Dunkerque, joue dans sa propre catégorie : celle d’un lieu qui mêle l’élégance de la Belle Époque, une histoire poignante et une surprenante modernité artistique, le tout sur une plage qui semble infinie.

La Reine des Plages du Nord : Une immensité vivante

On la surnomme « La Reine des Plages du Nord », et ce n’est pas usurpé. Les 7 kilomètres de sable fin sont d’une beauté brute. Ce qui me frappe à chaque visite, c’est l’espace. À marée basse, la plage devient un terrain de jeu monumental où les chars à voile filent à toute allure. Mon conseil : louez-en un pour une heure (environ 35-40€), les sensations sont garanties et c’est très accessible.

La digue est bordée de majestueuses villas du début du XXe siècle. J’adore me promener en imaginant la vie des riches industriels qui venaient y passer leurs étés. Le mélange de briques et de céramiques colorées, les bow-windows… chaque maison a une âme. Mais le vrai cœur de Malo, ce sont les cabines de plage colorées. C’est ici que l’on saisit l’esprit local. L’été, les familles s’y installent pour la journée. C’est le lieu de l’« apéro sur la plage », une tradition sacrée. N’hésitez pas à engager la conversation, les Dunkerquois sont d’une chaleur et d’une simplicité désarmantes.

Un trésor d’art moderne avec vue sur la mer

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Le contraste entre les villas anciennes et ce bâtiment de verre et d’acier est saisissant. Le FRAC Grand Large (Fonds Régional d’Art Contemporain) est une pépite. Conçu par le duo d’architectes Lacaton & Vassal, lauréats du prestigieux prix Pritzker, il est installé dans un ancien hangar à bateaux. Ne vous fiez pas à son apparence extérieure un peu froide. L’intérieur est une merveille de lumière et d’espace.

Je ne suis pas un grand expert en art contemporain, mais la visite vaut le coup ne serait-ce que pour le bâtiment lui-même. Le vrai secret, c’est de monter au dernier étage. Le belvédère offre une vue à 360° absolument incroyable sur la plage, les dunes et l’immense port industriel de Dunkerque. C’est là qu’on comprend toute la dualité de la ville. L’entrée coûte environ 7€, et c’est gratuit chaque premier dimanche du mois. Une visite incontournable qui ne vous prendra qu’une heure ou deux.

L’art de vivre à la dunkerquoise : Goûts et traditions

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La digue de Malo regorge de restaurants. Pour éviter les classiques « pièges à touristes », je vous livre mes adresses. Pour une excellente moule-frites (le plat local par excellence), je recommande « Le Malouin ». Attendez-vous à payer entre 18 et 25€ pour une bonne marmite. Pour une gaufre fourrée, la spécialité sucrée du coin, arrêtez-vous chez un artisan sur la digue, c’est un délice régressif.

Mais pour une expérience vraiment locale, il faut goûter une bière de la région dans un des cafés authentiques. Le soir, l’ambiance n’est pas celle des bars branchés du Touquet, c’est plus simple, plus convivial. C’est un endroit où l’on prend le temps, où l’on discute avec son voisin de table. C’est cette atmosphère qui me fait revenir.

Une plage à jamais marquée par l’Histoire

Se promener sur cette plage immense et paisible prend une toute autre dimension quand on connaît son histoire. C’est ici même, en mai-juin 1940, que s’est déroulée l’Opération Dynamo. Plus de 330 000 soldats alliés, encerclés par l’armée allemande, ont été évacués dans des conditions héroïques. Cette plage était le théâtre de l’attente, de l’espoir et du chaos.

Ce passé est partout, discret mais palpable. En marchant vers l’est, on peut visiter le Mémorial du Souvenir, installé dans les fortifications du port. Je vous conseille vivement la visite du Musée Dunkerque 1940, situé juste à côté. C’est une plongée émouvante et extrêmement bien documentée dans cet épisode clé de la Seconde Guerre mondiale. Savoir cela transforme votre regard sur Malo-les-Bains pour toujours.

Malo-les-Bains en pratique : Mes derniers conseils

Venir à Malo est d’une simplicité enfantine. Depuis Paris, le TGV vous amène à la gare de Dunkerque en 2 heures. De là, le réseau de bus DK’BUS est entièrement gratuit ! Plusieurs lignes vous déposent sur la digue en moins de 15 minutes.

  • Quand y aller ? L’été est évidemment populaire, mais je préfère les intersaisons, comme mai, juin ou septembre. La lumière est sublime, la plage est presque pour vous, et les terrasses sont encore ouvertes. Attention : fuyez si vous cherchez le calme pendant le Carnaval de Dunkerque (février-mars), une expérience incroyable mais intense !
  • Où dormir ? Pour une vue imprenable sur la mer, le Radisson Blu Grand Hôtel est le choix le plus confortable, mais aussi le plus cher (souvent au-dessus de 180€ la nuit). Pour un excellent rapport qualité-prix, je préfère l’Hôtel Merveilleux, qui porte bien son nom, avec des chambres charmantes et un emplacement parfait (environ 120-150€).

Alors, la prochaine fois que vous penserez à la Côte d’Opale, osez le détour par Malo-les-Bains. Vous y trouverez bien plus qu’une plage : une atmosphère, une histoire et une authenticité qui font un bien fou, loin de l’agitation et du tourisme de masse.

SARAH PIGNAUD

Amoureuse de la randonnée et des grands espaces, Sarah partage ses aventures en pleine nature, souvent accompagnée de son chien. Son blog et son compte Instagram sont une mine d'or pour les amateurs de voyages actifs et de paysages à couper le souffle.