Maui : 5 erreurs sur le volcan que 90% des touristes font

Auteur SARAH PIGNAUD
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Préparer un voyage à Maui en 2025, c’est un peu comme être invité chez un ami qui se remet d’une épreuve. L’île, et ses 164 000 habitants, panse encore les plaies des incendies dévastateurs de 2023. J’y suis retourné récemment, et si la beauté est intacte, l’atmosphère a changé. Il y a une sorte de gravité, un appel silencieux au respect, à la responsabilité – ce qu’ils appellent ici kuleana. Visiter Maui maintenant est une bonne chose, un soutien essentiel. Mais il faut le faire correctement.

Le majestueux volcan Haleakalā, qui culmine à 3 055 mètres, est souvent le théâtre des plus grandes maladresses. On pense bien faire, mais on commet sans le savoir des erreurs qui pèsent sur l’île. Voici les 5 erreurs que j’ai vues maintes et maintes fois, et comment vous pouvez, en tant que voyageur conscient, les éviter pour vivre une expérience plus riche et plus respectueuse.

1. Sous-estimer la réservation pour le lever de soleil sur l’Haleakalā

Le classique des classiques : vouloir assister au lever du soleil depuis le sommet du « Maison du Soleil ». La première fois que j’y suis allé, il y a des années, j’ai failli rater ce spectacle, pensant pouvoir monter sur un coup de tête. Grosse erreur. Aujourd’hui, c’est tout simplement impossible. Après les incendies, les régulations sont devenues encore plus strictes pour protéger l’écosystème fragile et gérer le flux de visiteurs.

La réservation est obligatoire pour tout véhicule entrant dans le parc entre 3h et 7h du matin. Elle doit se faire sur le site officiel du gouvernement américain, Recreation.gov. Voici le piège : les places sont mises en ligne 60 jours à l’avance, à 7h du matin heure d’Hawaï. Et elles partent en moins de cinq minutes. Pour nous en France, cela signifie se connecter au milieu de la nuit. C’est contraignant, mais indispensable.

Côté budget, il faut bien distinguer deux choses : la réservation elle-même ne coûte que 1$, mais il faut aussi s’acquitter du droit d’entrée dans le parc national, qui est de 30$ par véhicule et reste valide 3 jours. Mon conseil : si vous n’avez pas réussi à avoir une place, tentez le coucher de soleil. C’est tout aussi magique, le ciel se pare de couleurs incroyables et aucune réservation n’est nécessaire (seul le ticket d’entrée au parc est requis).

2. Utiliser sa crème solaire habituelle

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On pense bien faire en glissant dans sa valise notre crème solaire préférée achetée en France. Pourtant, la plupart de nos produits solaires, même de grandes marques, contiennent de l’oxybenzone et de l’octinoxate. Ces deux filtres chimiques sont des poisons pour les récifs coralliens, déjà fragilisés. À Maui, la loi est claire : ils sont interdits.

Plutôt que de chercher la perle rare en France, faites simple : achetez votre crème sur place. Vous trouverez des produits « reef-safe » (sans danger pour le corail) dans toutes les supérettes comme les ABC Stores ou les supermarchés Foodland. Cherchez la mention « mineral sunscreen » avec comme seuls actifs l’oxyde de zinc (zinc oxide) sans nanoparticules ou le dioxyde de titane (titanium dioxide). Elles coûtent un peu plus cher, comptez entre 15 et 25€ le tube, mais considérez cela comme une petite taxe pour protéger le paradis que vous venez admirer. C’est un geste simple avec un impact énorme.

3. Oublier que le sommet du volcan est un lieu sacré

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L’Haleakalā n’est pas qu’un point de vue spectaculaire, c’est avant tout le wao akua, le « royaume des dieux ». C’est un temple à ciel ouvert, un lieu de culte pour les Hawaïens natifs. Malheureusement, j’ai vu des scènes qui m’ont fendu le cœur : des touristes qui crient pour s’entendre en écho, qui grimpent sur des rochers pour une photo Instagram, ou pire, qui empilent des pierres.

Cette manie de faire des cairns, très à la mode, est une pratique occidentale qui n’a rien à voir avec la culture hawaïenne. Ici, c’est considéré comme une profanation, comme si on déplaçait les meubles dans une église. La règle d’or est simple : ne laissez aucune trace, et ne prenez rien, pas même une petite pierre. Parlez à voix basse. Marchez uniquement sur les sentiers balisés. Prenez un moment, après la frénésie du lever de soleil, pour ressentir le silence. Il est puissant, presque assourdissant. C’est là que réside la véritable magie du lieu, bien plus que dans n’importe quelle photo.

4. Se lancer sur la Route de Hana sans préparation

Ah, la fameuse « Road to Hana » ! 620 virages, 59 ponts à une seule voie, des paysages à couper le souffle… et des embouteillages monstres. Soyons honnêtes : pour la personne qui conduit, l’expérience peut vite virer au cauchemar. La route est étroite, et le flot de touristes crée une pression énorme sur les infrastructures et les riverains.

Si vous décidez de la faire par vous-même, partez de Paia impérativement avant 7h du matin. Louez une voiture pas trop large. Surtout, ne vous garez JAMAIS là où un panneau l’interdit. Les amendes sont salées (plus de 200$) et les dépanneuses sont d’une efficacité redoutable. Pour une expérience bien plus sereine, je vous conseille une autre approche. Lors de mon deuxième voyage, j’ai opté pour un tour guidé en petit van. Ça m’a coûté environ 180€ pour la journée, déjeuner local inclus. Zéro stress, et le guide, un local passionné, nous a fait découvrir des cascades et des points de vue que je n’aurais jamais trouvés seul. C’était le meilleur investissement de mon séjour.

5. Ne soutenir que les grandes chaînes hôtelières

C’est peut-être le point le plus crucial, surtout dans le contexte actuel. Votre argent de touriste est un outil puissant pour aider à la reconstruction. Le réflexe est souvent de se tourner vers les grands complexes hôteliers de Kaʻanapali ou Wailea, mais ce sont les petites entreprises locales qui ont le plus besoin de soutien.

Comment faire ? C’est simple. Mangez dans les « food trucks ». C’est une institution ici. J’ai mangé un plat de crevettes à l’ail mémorable au Geste Shrimp Truck à Kahului pour environ 18€. Faites vos courses pour les souvenirs dans les marchés d’artisans comme le Upcountry Farmers Market à Pukalani le samedi. Explorez les boutiques indépendantes des charmantes villes de Paia ou Makawao. Un paréo acheté directement à un artisan local a tellement plus de valeur et d’impact qu’un souvenir « made in China ».

Concernant Lahaina, la ville historique dévastée, la situation est encore très sensible. La meilleure façon de soutenir ses commerces est de chercher ceux qui ont pu se relocaliser ailleurs sur l’île ou de faire un don à des organisations comme le Maui Strong Fund. Votre voyage à Maui peut être bien plus qu’une simple escapade. En évitant ces erreurs, vous ne serez pas juste un touriste de plus, mais un malihini (visiteur) éclairé, qui contribue à la guérison de l’île. Et ça, c’est le véritable esprit aloha.

SARAH PIGNAUD

Amoureuse de la randonnée et des grands espaces, Sarah partage ses aventures en pleine nature, souvent accompagnée de son chien. Son blog et son compte Instagram sont une mine d'or pour les amateurs de voyages actifs et de paysages à couper le souffle.