Lavez-vous à 40°C ? Ce que les experts en disent vraiment

Auteur Rozenn Le Carboulec
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C’est un geste presque automatique pour des millions de foyers français : tourner le sélecteur de la machine à laver sur 40°C. Une température perçue comme le juste milieu, efficace sans être agressive. Pourtant, cette habitude bien ancrée, héritée de nos parents, est de plus en plus remise en question par les professionnels, des techniciens en électroménager aux experts en énergie. Ce qui était une norme hier pourrait aujourd’hui être une erreur coûteuse, tant pour votre portefeuille que pour la planète.

La croyance dans la suprématie du lavage à 40°C n’est pas née de nulle part. Elle remonte à une époque où les lessives et les machines étaient moins performantes. Il fallait alors une certaine chaleur pour activer les agents lavants et venir à bout des taches. Nos aînés se souviennent même des lavages à 60°C ou 90°C, quasi systématiques pour le linge de maison. Mais la technologie a radicalement changé la donne. Les lessives modernes contiennent des enzymes conçues pour être pleinement efficaces dès 20 ou 30°C. Ces protéines « découpent » les salissures sans avoir besoin de la force brute de l’eau chaude.

Cette évolution technologique a des implications financières directes. Selon l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie), environ 90% de l’énergie consommée par un lave-linge sert à chauffer l’eau. Passer d’un cycle à 40°C à un cycle à 30°C peut sembler anodin, mais cela représente une économie d’énergie d’environ 50% sur ce cycle. Sur une année, pour une famille moyenne effectuant trois à quatre lessives par semaine, l’économie peut se chiffrer à plusieurs dizaines d’euros. À l’heure où le coût du kilowattheure est une préoccupation majeure et où le gouvernement prône la « sobriété énergétique », ce simple changement de température devient un levier d’action concret et indolore.

Au-delà de l’aspect économique, vos vêtements vous remercieront. Les températures plus basses préservent beaucoup mieux les fibres textiles et les couleurs. La chaleur a tendance à user prématurément les tissus, à faire dégorger les teintes vives et à détendre les fibres élastiques, comme l’élasthanne présent dans les jeans ou les vêtements de sport. Laver à froid prolonge donc la durée de vie de votre garde-robe, un argument de poids contre la « fast fashion » et pour une consommation plus durable. Des matières délicates comme la laine, la soie ou le lin, qui ne supporteraient de toute façon pas un traitement à 40°C, bénéficient aussi de ces cycles à basse température.

Hygiène et idées reçues : le lavage à froid est-il suffisant ?

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La principale réticence face au lavage à basse température concerne l’hygiène. Un lavage à 30°C peut-il vraiment éliminer les bactéries et les microbes ? Pour le linge du quotidien, normalement souillé, la réponse est oui. L’action mécanique du tambour, couplée à l’efficacité des lessives actuelles, est suffisante pour garantir une propreté impeccable. Le véritable enjeu de la désinfection se pose dans des cas spécifiques.

Un cycle à 60°C reste indispensable pour le linge de lit et les serviettes de toilette, surtout en cas de maladie (gastro-entérite, grippe…), afin d’éliminer efficacement virus et bactéries. C’est également la température recommandée pour éradiquer les acariens, responsables de nombreuses allergies. De même, pour les sous-vêtements, les torchons de cuisine ou les vêtements de bébé très sales, une température plus élevée offre une sécurité sanitaire supplémentaire.

Il existe cependant des alternatives. Des lessives désinfectantes ou des additifs spécifiques permettent d’obtenir une action bactéricide et virucide même à basse température. Cette option peut être un excellent compromis pour protéger des textiles plus fragiles tout en assurant une hygiène parfaite.

L’optimisation du lavage au-delà de la température

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Réduire la température est l’étape la plus impactante, mais d’autres réflexes peuvent encore alléger la facture et l’empreinte écologique. La première règle est d’attendre que le tambour soit plein avant de lancer un cycle. Deux demi-charges consomment bien plus d’eau et d’électricité qu’une seule charge complète.

Pensez également à la vitesse d’essorage. Un essorage plus élevé (1200 tours/minute ou plus) extrait davantage d’eau du linge. Celui-ci mettra donc moins de temps à sécher, que ce soit à l’air libre ou au sèche-linge. Et c’est là que le gain est considérable, car le sèche-linge est l’un des appareils les plus énergivores de la maison. Un linge mieux essoré, c’est un temps de séchage réduit et donc une consommation d’énergie moindre.

Pour les détenteurs d’un contrat d’électricité avec option « heures creuses », l’utilisation du départ différé est une source d’économies non négligeable. Programmer sa machine pour qu’elle tourne pendant la nuit permet de bénéficier d’un tarif du kilowattheure plus avantageux, sans aucun effort supplémentaire. Finalement, le passage de 40°C à 30°C n’est pas une simple astuce, mais le symbole d’une approche plus consciente et réfléchie de nos tâches ménagères. C’est la reconnaissance que les habitudes d’hier ne sont pas forcément adaptées aux technologies et aux défis d’aujourd’hui.

Rozenn Le Carboulec

Rozenn Le Carboulec est une journaliste indépendante spécialisée dans l'enquête sur les mouvements d'extrême droite et les questions de société. Elle a notamment collaboré avec le média d'investigation Mediapart. Son travail se caractérise par une approche de terrain rigoureuse et une analyse en profondeur des idéologies contemporaines.