On me demande souvent comment réussir une salle de bain style industriel. Franchement ? La réponse n’est pas dans un catalogue de déco. Après des années sur les chantiers, à manipuler l’acier, le béton et le bois, j’ai compris une chose : ce style, il est honnête. Il ne triche pas. On voit les tuyaux, la brique, le métal brut. C’est une esthétique qui découle de la fonction.
Alors, si vous voulez un résultat qui a de la gueule et qui dure, oubliez les tendances éphémères. On va parler vrai : matériaux, techniques, et les petits secrets de pro qui font toute la différence. C’est parti !
1. Les Matériaux Stars (et leurs petits secrets)
Le style indus’, c’est avant tout une histoire de matériaux bruts. Mais attention, chacun a ses règles du jeu. Les ignorer, c’est s’assurer des problèmes d’humidité ou de vieillissement prématuré. On va éviter ça.
L’acier : l’âme du style industriel
Qui dit industriel, dit acier noir. C’est la base pour une verrière, des pieds de meuble ou des luminaires. Mais l’acier brut a un ennemi juré : la rouille. Et dans une salle de bain, croyez-moi, il ne lui faudra pas longtemps pour attaquer.
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Alors, comment on le protège ? Il y a deux écoles :
Le vernis polyuréthane mat : C’est ma solution préférée pour un look authentique. Il protège de l’humidité tout en laissant visible l’aspect brut de l’acier, avec ses nuances. Deux couches fines, et le tour est joué. C’est une solution élégante qui garde le côté « vrai » du matériau.
La peinture époxy : Là, on est sur du costaud. C’est une peinture cuite au four, ultra résistante, qui donne un noir profond et uniforme. C’est moins « brut de décoffrage », mais pour des éléments très exposés à l’eau, comme le cadre d’une douche, c’est la tranquillité d’esprit assurée.
D’ailleurs, pour la robinetterie, pensez au cuivre ou au laiton. Le cuivre, c’est magnifique. Il va se patiner avec le temps, prendre une teinte plus sombre. Certains adorent cet aspect vivant, d’autres moins. Si vous préférez le garder brillant, un petit coup de chiffon avec un produit adapté de temps en temps suffira.
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Le béton : bien plus qu’un sol gris
Le béton, c’est l’autre pilier. Mais attention au piège classique : le béton ciré n’est PAS une dalle de béton. Un vrai sol en béton poli, c’est plusieurs centimètres d’épaisseur, un poids énorme, souvent impossible à mettre en œuvre en rénovation dans un appartement. Penser à une baignoire en béton massif ? Faites d’abord vérifier la structure de votre plancher par un ingénieur, c’est non négociable.
La solution la plus courante, c’est donc le béton ciré. C’est un enduit de quelques millimètres qu’on applique sur un support existant. Le point crucial ? Son étanchéité. Le matériau lui-même est poreux. C’est le vernis de finition qui fait tout le travail.
Petit conseil de chantier : Si vous l’appliquez sur un ancien carrelage, il faut d’abord bien dégraisser et appliquer un primaire d’accroche. Et surtout, comblez les joints du carrelage avec un mortier de ragréage avant de commencer. Sinon, je vous garantis que vous verrez le « fantôme » du quadrillage de votre ancien carrelage une fois le béton sec ! Pour un kit de qualité, comptez entre 40€ et 70€ le m², et pour une pose par un artisan, on est plutôt sur une fourchette de 100€ à 180€ le m².
La brique et le bois : la touche de chaleur indispensable
Pour éviter l’ambiance « chambre froide », il faut réchauffer tout ça. La brique et le bois sont parfaits pour ça. Si vous avez la chance d’avoir un mur en briques d’origine, exposez-le ! Nettoyez-le bien et, surtout, protégez-le avec un hydrofuge incolore. La brique boit l’eau comme une éponge, il faut la rendre déperlante, surtout près de la douche.
Pas de mur en briques ? Les plaquettes de parement en terre cuite font très bien l’affaire et sont bien plus légères. Pour le bois, on ne met pas n’importe quoi. Le teck et le bambou sont naturellement résistants à l’humidité. Le chêne massif aussi, à condition d’être bien protégé. Pour un plan de vasque, je recommande un vernis marin ou une huile pour plan de travail, comme ceux de la marque V33 ou Syntilor, que vous trouverez chez Castorama ou Leroy Merlin pour environ 30€ le pot.
2. Les Gestes de Pro pour un Résultat qui claque
La différence entre un look « bof » et un look « wow », ça se joue dans les détails et le savoir-faire.
La verrière d’atelier : bien plus qu’une vitre
Une belle verrière, ça structure l’espace et laisse passer la lumière. Pour un modèle sur-mesure posé par un artisan, attendez-vous à un budget entre 800€ et plus de 2500€ selon la taille et la complexité. Le point non négociable, c’est le vitrage : on utilise obligatoirement du verre de sécurité feuilleté. C’est le même principe que pour un pare-brise de voiture : en cas de choc, il se fissure mais n’explose pas en mille morceaux. Utiliser du verre simple est dangereux.
La tuyauterie apparente : un art fonctionnel
Montrer les tuyaux, c’est la signature du style. Mais ça ne veut pas dire faire un plat de spaghettis au mur ! Les tuyaux doivent être parfaitement droits, les colliers de fixation alignés… C’est un travail de précision. Le cuivre est le plus noble, mais demande un vrai savoir-faire en soudure (brasage). Une alternative plus simple est le multicouche gainé noir, mais le rendu est, à mon sens, un peu moins authentique.
L’application du béton ciré : une question de feeling
Réussir un béton ciré, ça demande de la patience. La préparation du support, c’est 50% du boulot. Ensuite, on applique deux fines couches à la lisseuse, avec un geste souple, en arc de cercle. C’est ce qui crée les nuances. Et surtout, on n’oublie pas la protection !
J’ai une anecdote à ce sujet : un client a voulu économiser une cinquantaine d’euros sur le vernis de protection de son plan vasque. Quelques mois plus tard, un verre de vin rouge renversé a laissé une tache indélébile… Une économie qui lui a coûté cher au final ! Ne lésinez JAMAIS sur le vernis.
3. Votre Projet, Votre Budget
Une salle de bain indus’ peut aller d’un projet abordable à un investissement conséquent. Soyez réaliste avec vos compétences et votre portefeuille.
Le chantier du week-end pour moins de 200 €
Envie d’un changement rapide et à petit budget ? C’est possible !
Changez la robinetterie : Un mitigeur noir mat (environ 80-120€) et c’est déjà un autre monde.
Installez un miroir rond : Un modèle simple avec un cadre en métal noir se trouve pour 50-70€.
Jouez avec la lumière : Mettez des ampoules à filament « Edison » dans vos luminaires existants (environ 10€ pièce). Effet garanti !
Quand faut-il absolument appeler un pro ?
Soyons clairs, pour certaines choses, on ne joue pas les apprentis sorciers.
L’électricité : C’est NON NÉGOCIABLE. Les normes de sécurité dans une salle de bain sont extrêmement strictes. Seul un électricien qualifié peut garantir une installation conforme.
La plomberie : Une petite fuite peut virer au cauchemar. Si vous n’êtes pas sûr de vos raccords, appelez un plombier.
Le béton ciré et l’étanchéité : Une mauvaise application et c’est la catastrophe assurée. Confiez ça à quelqu’un dont c’est le métier.
4. La Sécurité avant tout : le rappel indispensable
Je le dis et je le répète : une belle salle de bain, c’est d’abord une salle de bain sûre.
Électricité : Respectez les volumes de sécurité (0, 1, 2) autour de la douche et de la baignoire. Les indices de protection (IP) des luminaires et prises ne sont pas des suggestions, ce sont des obligations.
Étanchéité : Sous votre carrelage, votre douche à l’italienne ou votre béton ciré, il doit y avoir un système de protection à l’eau (SPEC). C’est votre assurance anti-dégât des eaux.
Ventilation : Une VMC efficace est indispensable pour évacuer l’humidité et garder un air sain. Sans ça, bonjour la condensation et les moisissures.
Au final, construire une salle de bain style industriel, c’est un peu comme le style lui-même : ça demande de l’honnêteté. Soyez honnête sur vos capacités, choisissez des matériaux de qualité et respectez les règles de l’art. Votre salle de bain vous le rendra au centuple, en style et en durabilité.
Galerie d’inspiration
Le saviez-vous ? Le style industriel est né dans les années 70 à New York, quand des artistes ont commencé à investir d’anciennes usines et ateliers à SoHo pour en faire leurs lofts. Ils ont conservé l’existant par nécessité, créant une esthétique par contrainte.
C’est cet esprit d’authenticité et de récupération qu’il faut chercher à recréer. Pensez fonction, pas seulement décoration. Un objet doit avoir l’air d’être là depuis toujours parce qu’il sert à quelque chose.
Attention au tout-noir. Si le métal noir mat est une signature, il peut vite assombrir et rétrécir l’espace. La clé est l’équilibre.
Mariez-le avec un mur de briques peintes en blanc pour réfléchir la lumière.
Optez pour un sol en béton clair ou un carrelage grand format gris pâle.
Introduisez du bois blond (chêne clair, pin) pour réchauffer l’ensemble.
Comment nettoyer efficacement des robinets noir mat sans les abîmer ?
C’est le piège classique. Les produits anti-calcaire agressifs vont laisser des traces blanchâtres ou pire, décaper la finition. La solution est simple : un chiffon microfibre doux et de l’eau savonneuse (savon de Marseille ou savon noir). Pour les traces de calcaire tenaces, une solution moitié eau, moitié vinaigre blanc, appliquée avec le chiffon et rincée immédiatement, fait des miracles.
Le bois, oui, mais pas n’importe lequel. Pour un plan vasque ou des étagères, il faut une essence qui résiste à l’humidité. Le teck est le roi, naturellement imputrescible. Le chêne massif, traité avec un vernis polyuréthane spécial pièces humides (comme le V33 Cuisine & Bains), est une excellente alternative européenne. Pensez aussi au bambou, très stable et écologique.
Une applique Jieldé, c’est plus qu’un luminaire, c’est un morceau d’histoire industrielle française.
Créée en 1950 par Jean-Louis Domecq pour équiper les postes de travail, son design articulé sans fil dans les rotules était révolutionnaire. En placer une, authentique ou une réédition, au-dessus du miroir, c’est la touche finale qui ancre immédiatement le décor dans le réel.
Pour le sol, deux écoles s’affrontent :
Béton ciré : Le look ultime, sans joints, pour une continuité parfaite. Demande une pose par un pro pour éviter les fissures. Les kits de chez Mercadier ou Marius Aurenti sont une référence.
Carrelage effet béton : Plus simple à poser et à entretenir. Choisissez des carreaux XXL (90x90cm ou plus) avec des joints extra fins et de couleur assortie pour gommer la trame et imiter la surface unie du béton.
Une chaleur visuelle immédiate.
Un confort acoustique qui absorbe la résonance des matériaux durs.
Une rupture bienvenue avec la rigueur du métal et du béton.
Le secret ? Un tapis. Osez un modèle type Kilim ou berbère ancien. Ses motifs et ses couleurs usées par le temps apporteront une âme et un contraste saisissant à votre salle de bain.
Détournez un objet de sa fonction première. C’est l’essence même de l’esprit récup’.
Un ancien vestiaire métallique d’usine devient une colonne de rangement unique.
Un établi de mécanicien se transforme en meuble vasque spectaculaire.
Une échelle en bois brute fait un porte-serviettes plein de charme.
Regardez sur Le Bon Coin ou dans les brocantes industrielles, les trésors ne manquent pas.
Ne confondez pas industriel et chantier. Le style est brut, mais les finitions doivent être impeccables.
Envie d’une touche de couleur sans trahir l’esprit du lieu ?
Pensez
La tendance : le verre strié. Pour la verrière de douche, pensez au-delà du verre transparent classique. Le verre armé ou le verre strié (cannelé) apportent une texture subtile, floutent la silhouette pour plus d’intimité et diffusent la lumière d’une manière unique. C’est un détail sophistiqué qui modernise le style industriel sans le dénaturer.
Le carrelage
L’éclairage est crucial. Un seul plafonnier central est l’erreur à ne pas commettre. Il faut multiplier les sources lumineuses : une suspension au-dessus de la zone sèche, des appliques orientables de chaque côté du miroir pour un éclairage fonctionnel sans ombre, et pourquoi pas une lampe baladeuse posée sur une étagère pour l’ambiance.
Selon une étude de l’ADEME, un Français consomme en moyenne 148 litres d’eau par jour, dont près de 40% dans la salle de bain.
Le style industriel, avec son côté essentiel, invite à une consommation plus consciente. Optez pour une robinetterie équipée de mousseurs (comme la gamme GROHE EcoJoy) et une douchette à faible débit. La durabilité, c’est aussi ça.
Faut-il vraiment laisser tous les tuyaux apparents ?
Non, c’est une question d’équilibre. Les tuyaux de cuivre ou d’acier noir qui alimentent la robinetterie du lavabo ou de la douche, oui, c’est la signature du style. En revanche, les évacuations en PVC gris sont rarement esthétiques. N’hésitez pas à les dissimuler dans un coffrage discret ou derrière le meuble. L’idée est de sublimer la plomberie
Le détail qui change tout : la typographie. Utilisez des pochoirs pour peindre un chiffre ou un mot sur une porte, un casier métallique ou une caisse en bois. Des mots comme
Alternative budget : L’effet béton ciré vous fait rêver mais le coût vous freine ? Pensez aux peintures à effet. Des marques comme Résinence ou Maison Déco proposent des kits
Une vasque en pierre naturelle noire ou en béton pèse en moyenne entre 20 et 40 kg.
Assurez-vous que votre meuble ou votre plan de travail est solidement fixé au mur, de préférence avec des équerres renforcées directement dans un mur porteur ou avec des chevilles Molly adaptées au placo.
Une lumière chaude et décorative.
Un look vintage authentique.
Une faible durée de vie et une consommation élevée.
La solution ? Les ampoules LED à filament. Elles imitent parfaitement l’esthétique des anciennes ampoules à incandescence d’Edison, mais consomment jusqu’à 90% d’électricité en moins et durent 15 fois plus longtemps. Le meilleur des deux mondes.
Le miroir, une fausse fenêtre. Plutôt qu’un petit miroir fonctionnel, osez le format XXL. Un grand miroir rectangulaire avec des montants en métal noir, posé à même le sol ou sur le meuble vasque, agrandit l’espace et reflète la lumière. Il peut imiter la structure d’une ancienne verrière d’atelier pour un effet trompe-l’œil saisissant.
Quel radiateur choisir ?
Oubliez le sèche-serviettes blanc classique. Cherchez un radiateur en fonte rénové (type
La patine du temps est votre alliée. Ne cherchez pas à ce que tout soit parfait et neuf. Un robinet en laiton qui se ternit, une planche de bois récupérée avec ses imperfections, un éclat sur un coin de carrelage… C’est cette usure qui raconte une histoire et donne son âme à votre salle de bain. Le style industriel célèbre la vie des matériaux.
Le ciment a été breveté en 1824 par le Britannique Joseph Aspdin, qui l’a nommé
Pensez aux textiles pour adoucir l’ambiance. Un linge de bain de qualité, épais et moelleux, dans des teintes neutres (gris, lin, anthracite) ou un peignoir en lin lavé suspendu à une patère en fonte suffisent à contrebalancer la dureté du métal et du béton. La marque française La Cerise sur le Gâteau propose des modèles parfaits pour ce style.
L’astuce IKEA. Pour un meuble vasque sur-mesure et abordable, combinez un plan de travail en bois massif KARLBY (finition noyer ou chêne) avec des pieds en métal noir ou des équerres murales robustes. Vous pouvez aussi détourner la série en métal et bois FJÄLLBO. L’esprit indus’ est là, le budget est maîtrisé.
Designer d'Intérieur & Consultante en Art de Vivre Domaines de prédilection : Aménagement intérieur, Éco-conception, Tendances mode
Après des années passées à transformer des espaces de vie, Laurine a développé une approche unique qui marie esthétique et fonctionnalité. Elle puise son inspiration dans ses voyages à travers l'Europe, où elle découvre sans cesse de nouvelles tendances et techniques. Passionnée par les matériaux durables, elle teste personnellement chaque solution qu'elle recommande. Entre deux projets de rénovation, vous la trouverez probablement en train de chiner dans les brocantes ou d'expérimenter de nouvelles palettes de couleurs dans son atelier parisien.