On va se parler franchement. Choisir une chaise de cuisine, ça a l’air simple. On regarde le style, la couleur, et hop, dans le panier. Grave erreur. J’ai passé des années à travailler le bois, à voir défiler des meubles de toutes sortes, et je peux vous dire une chose : une chaise, c’est une mécanique de précision qui subit des tortures quotidiennes.
Je me souviens encore de ce couple, hyper fier de ses chaises au design italien dénichées en ligne. Magnifiques, je l’admets. Mais six mois plus tard, c’était le drame. La moitié d’entre elles étaient devenues des pièges vacillants. Le problème ? Des assemblages bas de gamme, juste quelques vis dans de l’aggloméré… Joli, mais pas fait pour durer.
Une chaise de cuisine, ce n’est pas un bibelot. C’est là où vous buvez votre café du matin, où les enfants font leurs devoirs, où les dîners entre amis s’éternisent. Elle se doit d’être confortable, solide et surtout, sûre. Alors oublions les photos des magazines le temps d’un instant. Mon but, c’est de vous donner les clés d’un pro pour faire un choix éclairé. Un choix qui tiendra des années, pas juste une saison.
La base de tout : les bonnes dimensions
Avant même de penser au bois ou au métal, parlons de vous. Le confort, c’est d’abord une question de chiffres, une sorte de règle d’or de l’ergonomie que les fabricants sérieux connaissent par cœur.
La hauteur d’assise, le point de départ
La règle est simple comme bonjour : il faut laisser environ 25 à 30 cm entre le dessus de l’assise de votre chaise et le dessous du plateau de la table. C’est l’espace vital pour vos jambes.
Table standard (environ 75 cm de haut) : L’assise de votre chaise doit se situer entre 45 et 48 cm. C’est le grand classique.
Îlot ou comptoir de cuisine (environ 90 cm de haut) : Il vous faudra un tabouret dit « de comptoir », avec une assise autour de 65 cm.
Vrai bar (105-110 cm) : Là, on passe au tabouret de bar, avec une assise à 75 cm, voire 80 cm.
Petit conseil pour les tabourets hauts : le repose-pieds n’est PAS une option. Il est indispensable pour votre posture, il évite que tout votre poids ne tire sur le bas du dos. Vos pieds doivent pouvoir s’y poser à plat, avec les genoux à peu près à angle droit.
Profondeur et largeur : le confort sur mesure
Une assise standard fait entre 40 et 45 cm de profondeur. Trop profonde, le bord vous coupera la circulation derrière les genoux (très désagréable !). Pas assez, et vous aurez l’impression de glisser. En largeur, visez au moins 45 cm pour être à l’aise. L’astuce ? Asseyez-vous et vérifiez qu’il reste l’équivalent de 2 ou 3 doigts entre le creux de votre genou et le bord de la chaise.
Le dossier, ce faux ami
Un petit dossier bas, c’est sympa pour un café vite fait. Mais si votre table de cuisine est votre table principale, il vous faut un soutien, au minimum pour les lombaires. L’inclinaison compte aussi : un dossier trop droit est une punition, alors qu’une légère inclinaison (autour de 100 degrés) change tout.
Au cœur du réacteur : matériaux et fabrication
C’est ici que le vrai tri se fait entre une chaise qui durera 3 ans et une qui vous suivra 20 ans. Ne vous fiez pas qu’à l’apparence, regardez ce qu’il y a sous le capot.
Le bois massif : le choix de la tradition (et de l’intelligence)
Le bois, c’est mon dada. C’est chaleureux, vivant et surtout, ça se répare. Mais attention, tous les bois ne sont pas logés à la même enseigne.
Le top du top : Le chêne est le roi, dense et ultra-résistant. Le hêtre est une alternative géniale, tout aussi dure mais plus abordable, avec un grain fin parfait pour la couleur. Le frêne est à la fois dur et flexible, un atout pour encaisser les chocs.
Le choix luxe : Le noyer, avec ses teintes profondes, est sublime. C’est un choix esthétique avant tout, mais très solide.
À éviter pour la structure : Le pin et le sapin. Ce sont des bois tendres. C’est parfait pour une bibliothèque, mais pour une chaise qui bouge tous les jours, les assemblages prendront rapidement du jeu.
Le secret des pros, c’est l’assemblage. Une chaise de qualité est assemblée par tenons et mortaises (une pièce mâle qui s’emboîte dans une pièce femelle, le tout collé). C’est un verrouillage mécanique quasi indestructible. Si vous ne voyez que des vis, fuyez. Ça ne tiendra pas.
Le piège à éviter : L’étiquette « finition bois » ou « décor chêne ». Ça cache souvent de l’aggloméré ou du MDF avec un simple placage. C’est joli de loin, mais fragile de près.
Le métal : du style industriel à la praticité
Le métal peut être très élégant et visuellement léger. Mais là aussi, la qualité varie du tout au tout.
L’acier : Le plus commun. Sa protection contre la rouille est cruciale. La meilleure finition est le thermolaquage (peinture en poudre cuite au four), bien plus solide qu’une simple peinture qui s’écaillera au premier choc.
L’aluminium : Plus léger, naturellement inoxydable, mais aussi plus cher. Souvent brossé pour un look mat.
L’inox : Le top du gamma. Lourd, stable, hygiénique, il est parfait pour une cuisine.
Le piège à éviter : Le métal chromé brillant à bas prix. Le placage est souvent si fin qu’il se pique de rouille en moins d’un an, surtout avec l’humidité d’une cuisine.
Le plastique : plus malin qu’il n’y paraît
Oubliez vos préjugés. Les polymères modernes sont une solution fantastique, surtout avec des enfants.
Le polypropylène (PP) : C’est le champion du quotidien. Souple, résistant, facile à nettoyer, disponible dans toutes les couleurs… C’est souvent le meilleur rapport qualité/prix, entre 50€ et 150€ la chaise.
Le polycarbonate (PC) : C’est le fameux plastique transparent qui allège l’espace. Idéal dans une petite cuisine. Son défaut : il se raye plus facilement et peut jaunir un peu avec le temps s’il est en plein soleil.
Le piège à éviter : Ne pas savoir quel plastique c’est. Un fabricant sérieux indique le type de polymère, ce qui est un gage de qualité et permet un meilleur recyclage en fin de vie.
L’option budget serré : que choisir ?
Soyons clairs : si votre budget est sous la barre des 100€ par chaise, la question ne se pose même pas. Un bon polypropylène d’une marque reconnue sera TOUJOURS un meilleur investissement qu’une chaise en « bois » bas de gamme avec des assemblages vissés. Elle sera plus durable, plus facile à entretenir et au final, plus économique.
Pour un budget moyen (disons entre 150€ et 250€), vous pouvez trouver d’excellentes chaises en hêtre massif ou en métal de qualité. Le chêne massif, lui, commence rarement en dessous de 250-300€ pour une pièce bien faite.
L’option maline : chiner ses chaises !
Pensez aux brocantes, à Leboncoin ou aux ressourceries ! On y trouve des pépites, souvent en bois massif, pour une bouchée de pain (parfois 20€ à 40€ la chaise). Mais il faut savoir inspecter la bête.
Mon conseil de pro pour chiner :
Testez le « jeu » : Attrapez le dossier et secouez la chaise doucement. Si ça bouge beaucoup, c’est que les assemblages sont décollés. Bonne nouvelle : c’est souvent réparable avec de la colle à bois et des serre-joints (un projet bricolage sympa !).
Cherchez les petits trous : Retournez la chaise et inspectez les pieds et le dessous de l’assise. De minuscules trous signalent la présence de vrillettes. Laissez tomber, sauf si vous êtes prêt à traiter tout le meuble.
Préférez la simplicité : Une chaise de bistrot simple sera plus facile à restaurer qu’un modèle complexe avec plein de barreaux.
Le test final : votre checklist en magasin
Vous êtes en magasin ? Parfait. Voici votre mission en 5 points.
Asseyez-vous VRAIMENT. Minimum 5 minutes. Avachissez-vous un peu. Est-ce que le confort tient la distance ?
Secouez-la (gentiment). Tenez le dossier et faites-la bouger latéralement. Ça grince ? Ça semble fragile ? Mauvais signe.
Soulevez-la. Le poids est un indice. Une chaise en bois massif doit peser son poids. Une chaise en métal trop légère a sûrement des parois de tubes fines comme du papier à cigarette.
Passez la main partout. Y compris sous l’assise et derrière les pieds. Si les finitions sont bâclées dans les zones cachées, c’est que le fabricant a rogné sur la qualité.
Posez des questions. Quelle est la densité de la mousse (pour une assise garnie, visez au moins 35 kg/m³ pour éviter qu’elle ne se tasse) ? Le tissu est-il traité anti-taches ?
Un dernier mot sur l’entretien et la sécurité
Une bonne chaise, ça s’entretient un minimum. Pour le bois, un chiffon humide et c’est tout. Pour les chaises vissées, un petit tour de clé une fois par an ne fait pas de mal. D’ailleurs, si une vis se desserre tout le temps, mettez une goutte de frein-filet bleu (une sorte de colle pour vis, trouvable dans tous les magasins de bricolage pour quelques euros), et vous serez tranquille.
Et pour la sécurité, surtout avec des enfants, privilégiez la stabilité. Un tabouret à quatre pieds est souvent plus sûr qu’un modèle à pied central, sauf si la base est très lourde. Enfin, si un fabricant mentionne une norme de sécurité (comme la NF EN 12520), c’est un excellent point. Ça veut dire que la chaise a été testée pour résister à la vie, la vraie.
Au final, choisir une chaise, c’est un peu comme choisir un bon outil. On peut prendre le premier prix qui fera illusion un temps, ou investir dans un objet bien pensé, solide et agréable, qui nous accompagnera fidèlement pendant des années. Prenez le temps, touchez, testez. Votre dos (et votre portefeuille) vous remercieront.
Galerie d’inspiration
L’épreuve du test en magasin : Une fois assis, essayez de vous pencher et de bouger. La chaise doit rester parfaitement stable, sans aucun grincement ni jeu dans les assemblages. Soulevez-la : son poids est un bon indice de la densité et de la qualité des matériaux utilisés.
Plus de 75% des décisions d’achat de mobilier sont influencées par le confort perçu, mais la durabilité réelle ne se révèle qu’après 6 mois d’utilisation quotidienne.
C’est pourquoi il est crucial de regarder au-delà de l’esthétique initiale. Inspectez les soudures sur le métal et les assemblages (tenons, mortaises) sur le bois. Ce sont les garants de la longévité de votre investissement.
Le cannage a-t-il sa place dans la cuisine ?
Absolument, et c’est même une tendance forte. Loin d’être fragile, un cannage de qualité, qu’il soit sur le dossier ou l’assise, offre une souplesse et une aération très appréciables. Pour la cuisine, privilégiez un cannage sur le dossier, moins exposé aux taches, comme sur l’iconique chaise Cesca de Marcel Breuer ou ses inspirations modernes.
Le Chêne : Extrêmement robuste et au grain marqué, il est idéal pour un style rustique ou industriel. Il résiste aux chocs et au temps.
Le Hêtre : D’un grain plus fin et uniforme, il est parfait pour des finitions peintes ou laquées. C’est le bois de prédilection du design scandinave.
Le Noyer : Plus foncé et luxueux, il apporte une touche d’élégance immédiate. Excellent choix pour des pièces maîtresses.
Le secret ? Tous trois sont des bois durs, un gage de qualité essentiel pour une chaise.
Le Mix & Match maîtrisé
Associer des chaises différentes est un excellent moyen de personnaliser son espace. Pour une harmonie parfaite, suivez l’une de ces règles :
Gardez la même chaise mais variez les couleurs.
Choisissez des chaises de styles différents mais dans la même teinte ou matière (tout en bois, tout en métal noir…).
Utilisez deux modèles distincts : un pour chaque bout de table, et un autre pour les côtés.
Une chaise Tolix Modèle A, icône du design industriel, est fabriquée à partir d’une unique feuille d’acier emboutie, pliée et soudée. C’est ce processus qui lui confère sa légendaire solidité depuis 1934.
Le détail qui sauve votre sol : les patins. Sous les pieds de vos chaises, ils sont non négociables. Les patins en feutre sont parfaits pour le parquet et le carrelage lisse, tandis que les patins en plastique dur sont plus adaptés aux moquettes et tapis. Vérifiez s’ils sont intégrés ou s’il faut les ajouter.
Bois massif : Plus lourd, plus cher, mais quasi indestructible. Il peut être poncé et réparé à l’infini, développant une belle patine avec le temps.
Placage bois : Une fine couche de bois noble collée sur un support (souvent du MDF ou de l’aggloméré). Plus léger et abordable, mais sensible aux chocs et difficile à réparer en cas d’éraflure profonde.
Pour une chaise de cuisine soumise à rude épreuve, le massif reste l’investissement le plus durable.
N’oubliez pas l’encombrement visuel. Dans une petite cuisine, des chaises en polycarbonate transparent comme la ‘Louis Ghost’ de Kartell ou des modèles aux dossiers bas et ajourés peuvent faire des merveilles. Elles laissent passer la lumière et le regard, donnant une impression d’espace sans sacrifier le confort.
Pour le tissu : Un spray protecteur anti-taches (type TexGuard) appliqué dès l’achat est votre meilleur allié.
Pour le cuir : Un lait nourrissant une à deux fois par an pour éviter qu’il ne se dessèche et craquelle.
Pour le bois : Un simple chiffon doux humide. Pour le bois huilé, réappliquez une fine couche d’huile adaptée tous les ans.
Point important : Le label PEFC ou FSC sur une chaise en bois n’est pas un gadget marketing. Il garantit que le bois provient de forêts gérées de manière durable, luttant contre la déforestation. Un petit logo qui a un grand impact écologique.
Pourquoi les chaises scandinaves sont-elles si populaires ?
Parce qu’elles incarnent l’équilibre parfait entre forme et fonction. Des lignes épurées, des matériaux naturels comme le bois clair (hêtre, frêne), un design ergonomique pensé pour le confort et une robustesse à toute épreuve. La chaise ‘Wishbone’ de Hans J. Wegner en est l’exemple ultime, un chef-d’œuvre de confort et d’artisanat.
La tendance est aux assises en velours ou en tissu bouclette. Elles apportent une touche de douceur et de sophistication instantanée à la cuisine. Pour un entretien facile, optez pour des tissus traités anti-taches ou des couleurs chinées (gris, beige) qui masquent mieux les petites imperfections du quotidien.
Attention au piège de l’assise trop profonde. Idéale pour un fauteuil de salon, elle peut devenir inconfortable à table. Votre dos doit pouvoir rester en contact avec le dossier tout en ayant les pieds bien au sol. Visez une profondeur d’assise entre 40 et 45 cm pour un confort optimal.
Gain de place spectaculaire pour les petits espaces.
Facilitent le ménage au sol.
Permettent d’avoir des assises d’appoint toujours prêtes.
Le secret ? Les chaises empilables ne sont plus seulement fonctionnelles. Des marques comme Fermob ou Muuto proposent des modèles design et colorés qui allient praticité et esthétique.
Cuir véritable : Il respire, se patine superbement avec le temps et est extrêmement durable. Demande un entretien régulier.
Similicuir (PU) : Très facile à nettoyer d’un coup d’éponge, moins cher et résistant à l’eau. Peut cependant se fissurer avec le temps et tient plus chaud.
Pour une famille avec de jeunes enfants, le similicuir de bonne qualité est souvent le choix le plus pragmatique.
Erreur classique : Choisir des chaises avec accoudoirs sans mesurer. Vérifiez qu’ils passent bien sous le plateau de votre table, même sous le tablier (la structure de renfort). Rien de plus frustrant qu’une chaise qui ne peut pas être rangée correctement !
Envie de donner une seconde vie à de vieilles chaises en bois ?
Un ponçage minutieux pour retirer l’ancien vernis.
Une sous-couche d’apprêt pour une accroche parfaite.
Deux couches d’une peinture de qualité (les finitions mates de Farrow & Ball ou Little Greene donnent un rendu très chic).
Un tabouret de bar pèse en moyenne entre 5 et 10 kg. Un modèle trop léger peut être instable et dangereux, surtout pour les enfants. Un modèle trop lourd sera difficile à déplacer pour le nettoyage. Le bon poids est un équilibre entre stabilité et maniabilité.
Une chaise peut-elle être à la fois confortable et sans assise rembourrée ?
Oui, si elle est bien conçue. Le secret réside dans l’ergonomie de l’assise. Une assise légèrement creusée, dite
Pensez à l’ambiance sonore. Des chaises en métal traînées sur un carrelage peuvent créer un bruit très désagréable. Des patins en feutre sont indispensables. À l’inverse, le contact doux et mat d’une chaise en bois sur un parquet contribue à une atmosphère chaleureuse et feutrée.
Le pouvoir du noir : Une chaise noire n’est jamais un mauvais choix. Elle ancre l’espace, crée un contraste graphique fort avec une table en bois clair ou un mur blanc, et dissimule admirablement les petites éraflures. Le métal noir mat est particulièrement tendance pour un look industriel-chic.
Une assise large et peu profonde.
Un dossier enveloppant qui soutient les lombaires.
Des matériaux qui ne craignent ni les taches ni les chocs.
Le secret ? Une bonne chaise familiale est une chaise qui se fait oublier. Des modèles comme la LIX en acier chez SKLUM ou la INGOLF en bois massif chez IKEA sont des exemples de robustesse et de simplicité à l’épreuve du quotidien.
Le test de la
Budget limité ? Pensez dépareillé et évolutif. Investissez dans deux très belles chaises pour les bouts de table, qui donneront le ton. Complétez avec des modèles plus simples et économiques pour les côtés. Vous pourrez toujours les remplacer progressivement par la suite, sans sacrifier le style ni la qualité de vos pièces maîtresses.
Architecte d'Intérieur & Passionnée de Rénovation Ce qui l'anime : Mobilier sur mesure, Projets cuisine & bain, Solutions gain de place
Marion a grandi entourée d'artisans – son père était ébéniste et sa mère décoratrice. Cette immersion précoce lui a donné un regard unique sur l'aménagement intérieur. Aujourd'hui, elle partage son temps entre la conception de projets pour ses clients et l'écriture. Sa spécialité ? Transformer les contraintes en opportunités créatives. Chaque petit espace cache selon elle un potentiel insoupçonné. Les week-ends, elle restaure des meubles anciens dans son atelier niçois, toujours accompagnée de son chat Picasso.
