Chou fermenté sans matériel : la méthode facile et rapide

Auteur Stéphanie Le Quellec
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Délicieux, plein de bienfaits et économique, le chou fermenté, ou choucroute maison, est un trésor de nos cuisines. Oubliez l’idée qu’il faut un équipement de spécialiste ou des conservateurs compliqués. En tant que chef, je vous confirme qu’avec quelques ingrédients de base et un peu de patience, vous pouvez réaliser une choucroute croquante et savoureuse à la maison. Vous n’avez besoin ni de pot en grès, ni de matériel de conservation spécifique. De simples bocaux en verre et un coin à l’abri de la lumière suffisent pour laisser la magie de la fermentation opérer. Le résultat ? Un condiment vivant, riche en probiotiques, avec ce goût acidulé si caractéristique que l’on adore.

Le secret d’une choucroute réussie : le choix des ingrédients

Avant même de commencer, la qualité de votre choucroute dépend à 90% de ce que vous mettez dedans. Ne négligez pas cette étape, c’est un vrai réflexe de cuisinier professionnel. On ne fait pas de bons plats avec de mauvais produits.

Quel chou choisir ?

Le plus classique est le chou blanc cabus, celui qu’on trouve partout en automne et en hiver. Cherchez une pomme bien dense, lourde pour sa taille, avec des feuilles serrées et craquantes. C’est le signe qu’il est plein d’eau, ce qui est essentiel pour créer la saumure. Un chou un peu fatigué donnera un résultat mou et décevant. Le chou de Pontoise est une excellente variété si vous en trouvez sur les marchés.

Le sel : l’ingrédient crucial

C’est le point le plus important. Utilisez impérativement du sel de mer non traité, non iodé et sans anti-agglomérants. Le sel fin de Guérande ou de Noirmoutier est parfait. Pourquoi cette exigence ? L’iode et les additifs peuvent tuer les bonnes bactéries (les lactobacilles) qui sont responsables de la fermentation. Le sel a un double rôle : il extrait l’eau du chou par osmose pour créer le liquide de conservation (la saumure) et il empêche le développement des mauvaises bactéries en attendant que les bonnes prennent le dessus.

  • La règle d’or du chef : Pesez votre chou émincé et ajoutez exactement 2% de son poids en sel. Par exemple, pour 1 kg de chou, il vous faudra 20 g de sel. C’est ce ratio qui garantit une fermentation sûre et un goût équilibré.

La recette inratable pour un bocal de choucroute maison (1 litre)

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Cette recette est pensée pour un bocal standard, type Le Parfait. C’est une quantité parfaite pour commencer et se faire la main. Le coût total est dérisoire, souvent moins de 2€ pour un bocal qui vous durera des semaines.

Ingrédients et matériel :

  • 1 kg de chou blanc frais et bien dense
  • 20 g de sel de mer fin non iodé
  • 1 cuillère à café de baies de genièvre (facultatif)
  • 1 cuillère à café de graines de carvi (cumin des prés) (facultatif)
  • Matériel : Un grand saladier, une balance de cuisine, un bon couteau ou une mandoline, et un bocal en verre de 1L à large ouverture.

La technique professionnelle, étape par étape

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La réussite réside dans le geste. Suivez ces étapes précisément, et vous ne pourrez pas vous tromper. Le temps de préparation active est d’environ 20 minutes.

1. La préparation du chou

Retirez les feuilles extérieures si elles sont abîmées, mais gardez-en une ou deux belles et propres de côté, elles nous serviront plus tard. Coupez le chou en quatre, retirez le cœur (la partie dure et blanche au centre) puis émincez les quartiers le plus finement possible. L’astuce de chef : une mandoline est idéale pour obtenir une coupe régulière et très fine, ce qui favorise une fermentation homogène. Si vous n’en avez pas, un couteau bien aiguisé fera l’affaire.

2. Le massage : l’étape clé

Placez le chou émincé dans le grand saladier. Saupoudrez le sel et les épices. Maintenant, vient l’étape la plus importante : le massage. Avec vos mains propres, pressez, malaxez et frottez le chou pendant 5 à 10 minutes. Au début, il semblera sec et rigide. Continuez ! Vous allez sentir le chou s’attendrir et, surtout, rendre son eau. C’est un succès lorsque vous pouvez prendre une poignée de chou et en extraire un filet de jus en la pressant. Le fond du saladier doit contenir une belle quantité de saumure.

3. La mise en bocal

Prenez des poignées de chou et tassez-les fermement au fond de votre bocal. L’objectif est de chasser toutes les bulles d’air. Appuyez très fort entre chaque ajout. Une fois tout le chou dans le bocal, versez par-dessus toute la saumure qui reste dans le saladier. Le liquide doit recouvrir complètement le chou d’au moins 1 à 2 cm. C’est une règle de sécurité non négociable : tout ce qui est au contact de l’air peut moisir.

Le suivi de la fermentation et astuces anti-échec

Votre travail est presque terminé, il faut maintenant laisser la nature faire son œuvre.

Comment s’assurer que tout reste immergé ?

C’est là que nos feuilles de chou mises de côté entrent en jeu. Pliez-en une pour qu’elle rentre dans le bocal et placez-la à la surface pour retenir les petits morceaux de chou qui voudraient remonter. Ensuite, placez un poids par-dessus. Pas besoin d’un objet spécial : un petit verre à shot, un galet bien propre et bouilli, ou même un sachet de congélation rempli d’eau salée feront parfaitement l’affaire.

Le processus de fermentation

Fermez le bocal sans le visser à fond (ou utilisez un joint en caoutchouc qui laissera le gaz s’échapper) et placez-le sur une assiette à température ambiante (idéalement entre 18 et 22°C), à l’abri du soleil. L’assiette est là pour recueillir un éventuel débordement. Après 2 ou 3 jours, vous devriez voir des petites bulles apparaître : c’est le signe que la fermentation a démarré ! Pendant la première semaine, pensez à ouvrir brièvement le bocal chaque jour pour libérer la pression (on appelle ça « dégazer »).

Goûter et savoir quand c’est prêt

Le temps de fermentation dépend de vos goûts.

  • Après 1 semaine : Le chou sera légèrement acidulé et encore très croquant.
  • Après 3-4 semaines : Il aura développé une saveur plus complexe et acide, typique de la choucroute.
N’hésitez pas à goûter (avec une fourchette propre !) après la première semaine pour voir où vous en êtes. Une fois le goût désiré atteint, retirez le poids, fermez bien le bocal et placez-le au réfrigérateur. Le froid stoppera quasi-complètement la fermentation. Votre choucroute maison se conservera ainsi plusieurs mois.

Conservation et idées de dégustation

Votre choucroute est un produit vivant, plein de saveurs. La meilleure façon de profiter de ses bienfaits est de la consommer crue, en condiment. Ajoutez-en une cuillère dans vos salades, vos sandwichs (un régal avec du pastrami !) ou pour accompagner un poisson fumé. Bien sûr, vous pouvez aussi la cuisiner. Pour une choucroute garnie, rincez-la si vous la trouvez trop salée, puis faites-la mijoter doucement avec un verre de vin blanc d’Alsace ou de bière, des pommes de terre et les saucisses de votre choix. C’est simple, économique, et tellement plus savoureux quand c’est fait maison.

Stéphanie Le Quellec

Cheffe étoilée Michelin dirigeant plusieurs restaurants dont La Scène à Paris. Elle partage quotidiennement recettes et astuces culinaires à travers des visuels raffinés. Passionnée par la transmission, elle rend la haute gastronomie accessible tout en gardant l'excellence française.
Expertise: Haute cuisine française, techniques gastronomiques, cuisine moderne