Cloisonner un intérieur : les astuces d’un pro pour transformer votre espace (sans tout casser !)

Auteur Chloé Lambert

Ça fait plus de vingt ans que je passe mes journées dans le bois et l’agencement. J’ai vu de tout : des studios parisiens où chaque centimètre compte et de grandes maisons de campagne mal fichues. Et franchement, le souci est souvent le même : une circulation chaotique, des pièces qui manquent de lumière, de l’espace gaspillé. On se dit qu’en achetant des meubles plus petits ou avec quelques miroirs, l’affaire est réglée. C’est un bon début, mais ça ne règle pas le fond du problème.

Le vrai changement, celui qui donne une âme à un lieu, se joue au niveau des murs et des portes. Mon but ici, ce n’est pas de vous vendre un devis, mais de vous partager un savoir-faire. De vous donner les clés pour comprendre comment les professionnels voient les cloisons et les ouvertures. Pour que vous ayez les bons réflexes et que vous puissiez imaginer des solutions qui durent. On va parler technique, matériaux et, surtout, bon sens.

chambre a coucher divisé par une cloison de la salle de bain amenagement optimiser

La porte à galandage : bien plus qu’un simple gain de place

Quand on parle d’optimiser, la porte à galandage est souvent la première idée qui fuse. Beaucoup de clients me la demandent pour « gagner 1 m² ». Et c’est vrai, ce mètre carré est précieux, surtout en ville. Mais sa véritable magie est ailleurs. Une porte battante classique condamne tout un pan de mur. Impossible d’y coller une bibliothèque ou même un petit fauteuil. La porte à galandage, elle, libère complètement ce mur. L’espace respire.

Comprendre le système : la différence qui change tout

Attention, il ne faut pas la confondre avec une simple porte coulissante en applique, celle qui glisse le long du mur et reste visible. Non, la porte à galandage, la vraie, disparaît dans la cloison. Pour ça, on installe ce qu’on appelle un châssis métallique, une sorte de cage qui remplace une partie du mur. La porte vient s’y nicher quand on l’ouvre.

salle de sejour avec un canpé qui donne sur une cuisune amenagement optimiser

Cette différence est cruciale. L’installation n’est pas un petit bricolage du dimanche, c’est un vrai chantier de plâtrerie. Si on rénove, on l’anticipe dès le début. L’intégrer dans un mur existant ? C’est plus de travail et ça demande des précautions. D’ailleurs, pour un pro, la pose d’un système complet prend généralement entre un et deux jours, finitions comprises. Ça vous donne une idée pour planifier votre chantier.

Les points de vigilance avant de se lancer

Avant même de parler budget, il y a des questions essentielles à se poser pour éviter les mauvaises surprises.

1. Et l’isolation phonique ? Un châssis à galandage standard, c’est un peu une caisse de résonance. Le son passe bien plus facilement qu’avec une porte pleine classique. Si c’est pour séparer une chambre du salon, ça peut vite devenir un problème. Heureusement, les bonnes marques proposent des kits acoustiques (des joints spéciaux, des panneaux amortisseurs…). C’est un surcoût, mais honnêtement, c’est indispensable pour le confort au quotidien.

une salle de sejour a coté s une chambre a coucher derrière une vitrine optimiser interieur comment

2. Le casse-tête des prises et interrupteurs. C’est LA question que tout le monde oublie ! Sur le pan de mur qui accueille le châssis de la porte (le « caisson »), on ne peut pas mettre de prises ou d’interrupteurs standards. La cloison est creuse à cet endroit. Il faut donc anticiper : soit on déplace les points électriques sur un autre mur, soit on opte pour des solutions malignes comme les interrupteurs sans fil. C’est un détail qui peut tout changer dans l’aménagement.

3. Et si ça déraille dans le mur ? La hantise absolue ! Un système de qualité est toujours conçu avec un rail extractible. Ça veut dire que même une fois le mur peint et fini, on peut le démonter depuis l’ouverture pour changer les roulements ou faire un réglage. C’est une condition non négociable. Fuyez les systèmes bas de gamme où tout est scellé. J’ai déjà dû casser un mur neuf pour réparer une porte bas de gamme. Croyez-moi, le client a amèrement regretté son économie de départ…

amenagement optimiser interieur un fauteuil devant table basse en bois et une etagere

Bon à savoir : une fois posé, un châssis à galandage standard donne une cloison finie d’environ 10 à 12 cm d’épaisseur. C’est une info pratique à avoir en tête pour vos plans.

Quel budget prévoir ?

C’est très variable, mais pour vous donner une idée, un projet de porte à galandage complet (châssis de qualité, porte standard et pose par un professionnel) se situe généralement entre 800 € et 2000 €. Le prix dépendra surtout du type de porte choisie (une porte en chêne massif sera bien plus chère qu’une porte alvéolaire) et de la complexité du chantier.

La verrière d’atelier : délimiter sans jamais fermer

La verrière, c’est la grande star du moment. On l’associe au style « indus’ », mais pour un artisan, c’est avant tout un outil génial pour gérer la lumière. Elle cloisonne une fonction (une cuisine, un bureau) tout en gardant une connexion visuelle et en laissant la lumière circuler. C’est ça, sa vraie force.

Acier, alu, bois : le match des matériaux

Le choix du matériau va définir le style, le prix et la durabilité. Il n’y en a pas un de meilleur que l’autre, tout dépend de votre projet.

Honnêtement, l’acier, c’est le choix de l’authenticité. C’est le matériau originel, celui qui permet d’avoir les montants les plus fins et les plus élégants. C’est aussi le plus robuste. Forcément, c’est un vrai travail de métallier (coupe, soudure, traitement antirouille…) et c’est donc l’option la plus onéreuse. On est sur un budget qui démarre souvent autour de 800 € à 1500 € le mètre carré pour du sur-mesure de qualité. C’est un investissement, mais le rendu est incomparable.

L’aluminium est une super alternative moderne. Il ne rouille pas, il est plus léger et les finitions sont très propres. C’est un excellent compromis entre le coût et l’entretien quasi inexistant. Les profils sont un peu plus larges que ceux en acier pour une rigidité équivalente, mais ça reste très esthétique. La plupart des verrières en kit qu’on trouve chez Castorama ou Leroy Merlin sont en alu.

Enfin, le bois apporte une touche de chaleur et de tradition. On peut le peindre de n’importe quelle couleur, ce qui est parfait pour l’intégrer dans un décor scandinave ou campagne chic. Il demande juste un peu d’entretien sur le long terme, comme toute menuiserie peinte. C’est une option pleine de charme et souvent plus accessible en prix que l’acier.

La sécurité avant tout, surtout avec des enfants !

Une verrière, c’est un mur de verre. La sécurité n’est pas une option. Pour toute verrière qui descend bas ou qui est dans un lieu de passage, il faut impérativement un verre de sécurité. Le plus courant est le verre feuilleté.

Petit point technique : quand vous voyez une notation comme « 33.2 », ça veut simplement dire qu’il y a deux feuilles de verre de 3 mm collées ensemble par un film plastique (le .2). En cas de choc violent, le verre se fissure mais les morceaux restent collés au film. Aucun risque de coupure grave. C’est ce que je recommande systématiquement.

Au-delà des classiques : d’autres façons de cloisonner

Optimiser son espace, ce n’est pas toujours choisir entre une porte à galandage et une verrière. Parfois, les meilleures solutions sont plus subtiles.

  • La cloison à mi-hauteur : J’adore cette solution pour séparer une cuisine d’un salon. On monte un muret d’environ 1,10 m de haut. Côté cuisine, ça cache le joyeux bazar du plan de travail. Côté salon, ça laisse passer la lumière et les conversations. On peut coiffer le dessus d’une tablette en bois pour en faire un bar. C’est simple, fonctionnel et ça structure l’espace sans l’étouffer.
  • La bibliothèque-cloison : Ici, un meuble devient un élément d’architecture. Une bibliothèque ajourée, sans fond, peut séparer une entrée d’un séjour. Elle filtre la vue, offre du rangement, mais la lumière passe. Attention, pour la sécurité, il faut absolument la fixer solidement au sol et au plafond. Si votre plafond est en placo, un pro cherchera les rails métalliques (les montants) pour s’y visser, ou utilisera des chevilles à expansion spécifiques pour garantir que rien ne bouge.
  • Modifier l’existant : Parfois, la solution est juste sous nos yeux. J’ai bossé sur un projet dans un vieil appartement de caractère. Les clients voulaient abattre un mur porteur entre deux petites pièces. Au lieu d’une opération lourde et très chère, on a simplement créé une très large ouverture à double porte, en gardant un cadre épais. L’effet était là, les espaces communiquaient, le tout en respectant l’âme du lieu et en évitant des travaux de structure complexes.

L’arme secrète : le mobilier sur mesure

Les murs, c’est une chose. Mais l’agencement, c’est ce qui finalise l’optimisation. L’espace sous un escalier est l’exemple parfait du potentiel gâché. J’y conçois des rangements à tiroirs sur mesure, des penderies… chaque centimètre est utilisé. C’est un investissement, bien sûr. Un aménagement de ce type démarre souvent autour de 1500 € ou 2000 €, mais ça transforme un coin perdu en un rangement ultra-fonctionnel. C’est la force du sur-mesure : il s’adapte à vos contraintes, et pas l’inverse.

le bon sens avant les modes

Aménager un intérieur, c’est avant tout un exercice de réflexion. Il n’y a pas de solution miracle. Mon conseil le plus important est simple : prenez le temps. Vivez dans votre logement, observez vos déplacements, repérez les zones d’ombre ou les passages difficiles.

Une porte à galandage ou une verrière ne sont que des outils. Le plus important, c’est de savoir pourquoi vous les utilisez. N’hésitez jamais à discuter avec un professionnel, pas seulement pour un devis, mais pour échanger des idées. Un regard extérieur et expérimenté peut vous ouvrir des perspectives que vous n’imaginiez même pas. Un bon projet, c’est d’abord une bonne idée. Et une bonne idée naît souvent d’une bonne discussion.

Inspirations et idées

Claustra en bois : Il sculpte la lumière et crée des jeux d’ombres poétiques. Idéal pour une séparation visuelle qui n’enferme pas, il délimite sans couper la perspective. Parfait entre une entrée et un salon.

Verrière d’atelier : Elle isole phoniquement et olfactivement tout en préservant 100% de la luminosité. C’est la solution reine pour créer une cuisine semi-ouverte ou un bureau au calme.

Le choix dépend donc de votre priorité : l’intimité acoustique ou la sensation d’ouverture.

Une cloison en Placo classique offre une isolation acoustique d’environ 30 à 35 décibels. Une verrière simple vitrage, elle, n’arrête quasiment aucun son.

C’est le point faible à anticiper. Pour un bureau ou une chambre, l’option d’une verrière à double vitrage feuilleté (dit « acoustique ») est un investissement pertinent. Pour les cloisons ajourées type claustra, l’ajout de textiles épais à proximité (tapis, rideaux) peut aider à absorber une partie des résonances, mais ne créera jamais une bulle de silence.

Pensez la séparation en deux temps pour un maximum de fonctionnalité. La solution hybride est souvent la plus élégante :

  • Un muret plein à mi-hauteur (environ 110 cm) qui permet d’adosser un meuble, d’intégrer des prises électriques ou de servir de bar.
  • Une partie supérieure vitrée ou un claustra qui laisse passer le regard et la lumière, apportant de la légèreté à la structure.
  • Le claustra DIY : Des tasseaux de pin ou de chêne fixés à la verticale du sol au plafond. Un projet abordable qui demande juste de la précision.
  • La bibliothèque ajourée : Le modèle KALLAX d’IKEA, utilisé comme diviseur, est un classique indémodable et économique.
  • Le rideau de séparation : Une simple tringle au plafond et un tissu lourd (velours, lin épais) créent une séparation flexible et chaleureuse.

Le détail qui signe l’espace : la couleur de la structure. Une verrière en acier noir est un classique, mais osez une teinte forte pour en faire un élément décoratif majeur. Un vert profond comme le « Green Smoke » de Farrow & Ball ou un bleu-gris soutenu apportera un caractère unique et délimitera visuellement la nouvelle zone avec sophistication.

L’inspiration japonaise des cloisons shōji offre une alternative empreinte de sérénité. Ces panneaux coulissants, faits d’un cadre en bois léger et de papier de riz (washi), ne cherchent pas à isoler mais à filtrer. Ils créent des espaces modulables et diffusent une lumière douce et apaisante, transformant une simple séparation en une expérience sensorielle.

La verrière pour séparer la chambre d’une salle de bain ou d’un dressing ?

C’est une excellente idée pour apporter de la lumière naturelle dans une pièce d’eau souvent aveugle. Attention cependant à l’intimité. La solution ? Opter pour un vitrage texturé, comme le verre cannelé ou le verre martelé, qui floute la vue sans bloquer la lumière. Une autre astuce consiste à n’installer la verrière que sur la partie haute du mur, au-dessus d’une base pleine.

  • Aucun travaux, un budget maîtrisé et une modularité totale.
  • Permet de ranger et de décorer tout en délimitant l’espace.

Le secret ? Utiliser un meuble-bibliothèque sans fond. Des systèmes comme le « String System » scandinave ou une composition d’étagères sur mesure deviennent des filtres visuels élégants, laissant circuler la lumière tout en structurant un grand séjour ou un studio.

Saviez-vous qu’un châssis de porte à galandage de qualité, comme ceux de la marque Eclisse ou Scrigno, est testé pour plus de 100 000 cycles d’ouverture et de fermeture ? Cela représente plus de 25 ans d’utilisation intensive.

Pour qu’une verrière en acier conserve son aspect mat et intense, oubliez les produits à vitres classiques, souvent trop agressifs. Le secret des pros : un chiffon microfibre légèrement humide avec une goutte de vinaigre blanc. Pour un claustra en bois brut, l’application d’un vernis mat incolore hydrofuge le protégera des taches et de la poussière sans altérer sa teinte naturelle.

Chloé Lambert

Décoratrice Contemporaine & Chasseuse de Tendances
Ses spécialités : Design moderne, Éclairage d'ambiance, Mobilier design
Chloé a l'œil pour repérer les tendances avant qu'elles n'arrivent dans les magazines. Après plusieurs années dans le merchandising visuel pour de grandes enseignes, elle s'est lancée dans le conseil déco. Son appartement lyonnais est un véritable showroom où elle teste toutes ses idées avant de les partager. Fascinée par l'impact de la lumière sur nos émotions, elle collectionne les luminaires vintage qu'elle mélange avec des pièces ultra-modernes. Son secret ? Ne jamais suivre les règles à la lettre.