L’Humidité chez Vous : Le Guide Complet pour Comprendre, Agir et Éviter les Pièges

Auteur Gabrielle Lambert

Depuis plus de vingt ans que je mets les pieds sur des chantiers, que ce soit dans des vieilles fermes bretonnes en pierre ou des appartements plus récents en ville, il y a un ennemi que je croise absolument partout : l’humidité. Franchement, on m’appelle souvent quand c’est la panique à bord, que la peinture cloque et que cette petite odeur de renfermé s’est bien installée. Les gens ont tout tenté : les bols de gros sel, le charbon de bois, les astuces vues sur des forums… Parfois, ça donne un coup de pouce. Mais le plus souvent, ça ne fait que masquer le vrai problème qui couve en dessous.

Mon but ici, ce n’est pas de vous vendre une solution miracle. C’est de vous donner les clés pour regarder votre maison avec l’œil d’un professionnel. L’idée, c’est de jouer les détectives : comprendre d’où vient cette satanée flotte, pourquoi elle a décidé de s’installer chez vous, et seulement après, choisir la bonne arme pour la déloger pour de bon. Une maison saine, c’est avant tout une maison qui respire. Allez, je vous partage ce que j’ai appris sur le terrain, à force de réparer les erreurs des autres.

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Le diagnostic : Apprendre à reconnaître son ennemi

Avant même de penser à acheter un produit, il faut savoir à qui on a affaire. En bâtiment, on a quatre grandes familles d’humidité. Chacune a ses causes et ses remèdes. Se tromper de diagnostic, c’est la garantie de jeter de l’argent par les fenêtres et de voir le problème revenir au galop.

Pour vous y retrouver, c’est finalement assez simple. Vous voyez de la buée sur les vitres et des petits points noirs dans les angles ? Pensez condensation, et votre première action est d’aérer. Vous remarquez des auréoles au plafond juste après une grosse pluie ? C’est sûrement une infiltration – le premier réflexe est d’aller inspecter la toiture ou les gouttières. Et si vous avez une frange humide avec des dépôts blancs à la base des murs du rez-de-chaussée, c’est le signe quasi certain de remontées capillaires, et là, il est temps de décrocher son téléphone pour appeler un spécialiste.

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1. La Condensation : l’humidité qui vient de l’intérieur

C’est la plus courante et, heureusement, souvent la plus simple à régler. C’est l’eau présente dans l’air (la vapeur que l’on produit en respirant, cuisinant, se douchant) qui redevient liquide au contact d’une surface froide. Le meilleur exemple, c’est la bouteille d’eau qui sort du frigo en été. C’est exactement le même principe sur vos fenêtres en hiver.

Les zones les plus touchées sont ce qu’on appelle les ponts thermiques : les angles des murs, surtout ceux qui donnent au nord, les contours des fenêtres, et les murs mal isolés. C’est là que l’air chaud et humide se refroidit brutalement et lâche son trop-plein d’eau. Les signes qui ne trompent pas ? Buée sur les vitres, petites moisissures noires dans les coins, et un sentiment d’air lourd, difficile à chauffer.

2. Les Infiltrations : l’eau qui s’invite de l’extérieur

Là, c’est l’eau de pluie qui trouve un chemin à travers l’enveloppe de votre maison. C’est un problème d’étanchéité. Les coupables habituels sont une tuile cassée, des joints de cheminée fatigués, une fissure sur la façade ou des joints de fenêtre usés.

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Un cas très fréquent concerne les caves et les sous-sols. Si le drainage extérieur est défaillant ou inexistant, l’eau présente dans la terre pousse contre les murs enterrés et finit par les traverser. J’ai un souvenir marquant d’un client qui était à deux doigts de signer un devis à plusieurs milliers d’euros pour un traitement de ses murs de salon… Heureusement, on a jeté un œil dehors avant. Le problème ? Un simple amas de feuilles mortes qui bouchait la gouttière et faisait déborder l’eau contre la façade à chaque averse. Coût de la réparation : trente minutes et un sac poubelle. Ça fait réfléchir, non ?

3. Les Remontées Capillaires : l’eau qui monte du sol

C’est le problème le plus vicieux et le plus complexe à traiter, typique des maisons anciennes bâties avant qu’on ne systématise les barrières étanches dans les fondations. Imaginez un sucre que vous trempez dans un café : le liquide monte tout seul. C’est pareil pour les murs. Les matériaux comme la brique ou la pierre, étant poreux, pompent littéralement l’humidité du sol.

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Le symptôme principal est une humidité qui part de la base des murs du rez-de-chaussée et qui ne disparaît jamais, même en plein été. La peinture s’écaille, le plâtre tombe en poussière et, surtout, vous voyez apparaître des dépôts blanchâtres. Ce n’est pas de la moisissure, c’est du salpêtre, des sels minéraux que l’eau a transportés à travers le mur.

4. L’Humidité Accidentelle

Celle-ci regroupe les classiques : une fuite de canalisation, un radiateur qui lâche, la machine à laver qui déborde… Mais il y a aussi l’humidité de construction. Quand on coule une dalle ou qu’on fait des enduits, on utilise des centaines de litres d’eau. Cette eau doit s’évaporer. J’ai vu un lotissement entier livré trop vite, où les plaques de plâtre avaient été posées sur des parpaings encore trempés. Six mois plus tard, la moisissure poussait derrière l’isolant. Il a fallu tout casser. Une leçon sur l’importance de respecter les temps de séchage.

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Étape 1 : Les gestes de bon sens qui changent tout

Avant de sortir l’artillerie lourde, la base, c’est la ventilation. Une famille de quatre produit jusqu’à 12 litres de vapeur d’eau par jour. Si cette vapeur ne s’échappe pas, elle finit sur vos murs.

La bonne méthode ? Oubliez la fenêtre en oscillo-battant toute la journée, ça refroidit les murs pour rien. La technique pro, c’est d’ouvrir en grand les fenêtres à des points opposés de la maison pendant 10 à 15 minutes, matin et soir. Ça crée un courant d’air qui chasse l’air vicié sans laisser le temps aux murs de se refroidir. C’est bien plus efficace et économique.

Ensuite, agissez à la source. Mettez un couvercle sur les casseroles, utilisez la hotte en cuisine, aérez la salle de bain juste après la douche et, si possible, évitez de faire sécher le linge à l’intérieur. C’est une véritable usine à humidité.

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L’investissement qui paie : la VMC

Si la condensation persiste, l’installation d’une VMC (Ventilation Mécanique Contrôlée) est LA solution. C’est elle qui va assurer un renouvellement d’air constant.

  • La VMC simple flux : Elle aspire l’air humide des pièces d’eau (cuisine, SDB) et fait entrer de l’air neuf par des grilles sur les fenêtres des chambres et du salon. Pour un système posé par un pro, comptez un budget entre 700€ et 1 500€.
  • La VMC double flux : Le top du top. Elle récupère la chaleur de l’air expulsé pour réchauffer l’air neuf qui entre. Plus de confort et de vraies économies de chauffage. Par contre, l’investissement est plus conséquent : on est plutôt entre 3 000€ et 7 000€, pose comprise.

Étape 2 : Les absorbeurs maison et les fausses bonnes idées

Le gros sel, le bicarbonate, le charbon de bois… Est-ce que ça marche ? Oui, mais penser régler un problème de mur humide avec ça, c’est comme vouloir vider une piscine à la petite cuillère. C’est utile pour un petit placard fermé ou l’intérieur d’une voiture, mais totalement insuffisant pour une pièce à vivre.

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La vraie fausse bonne idée : la peinture anti-humidité.
Attention ! C’est souvent un piège. Ces peintures sont filmogènes, c’est-à-dire qu’elles créent une barrière étanche. Si votre problème est une infiltration ou des remontées capillaires, vous ne faites qu’emprisonner l’humidité dans le mur. Vous ne voyez plus le problème, mais en dessous, il s’aggrave. Le mur continue de se dégrader en silence. C’est un cache-misère qui peut vous coûter une fortune en réparations plus tard.

Astuce de l’atelier : Le plus efficace des absorbeurs « maison » reste le gel de silice (les fameuses billes des sachets). On peut en acheter en vrac dans les magasins de bricolage ou même utiliser de la litière pour chat à base de silice pour des volumes plus grands comme un coffre de voiture. L’avantage, c’est que c’est réutilisable : un passage au four à 120°C pendant une heure et c’est reparti !

Étape 3 : Quand le bricolage ne suffit plus

Si, malgré une bonne ventilation, les problèmes persistent, il faut arrêter de bricoler. Ignorer les signaux d’alerte peut avoir des conséquences sur votre santé et sur la structure même de la maison.

Les signaux d’alerte à ne JAMAIS ignorer :

  • Une odeur de moisi qui ne part pas.
  • L’apparition de moisissures noires. Pour les nettoyer, le protocole pro est simple : pulvériser un traitement fongicide (on en trouve en GSB type Castorama ou Leroy Merlin), laisser agir, puis gratter. Portez TOUJOURS un masque FFP3, des gants et des lunettes de protection.
  • L’apparition de salpêtre à la base des murs.
  • Le plâtre qui tombe en poussière quand vous passez la main dessus.

Petit conseil : pour objectiver la situation, investissez dans un petit hygromètre. On en trouve pour moins de 20€ partout. Le taux d’humidité idéal dans une maison se situe entre 40% et 60%. Au-delà de 65%, les moisissures adorent.

Étape 4 : Les traitements de fond (là, on appelle les pros)

Ici, on entre dans le dur. Ce sont des interventions qui ont un coût, mais qui sont les seules solutions durables pour les problèmes structurels.

Pour les remontées capillaires : l’injection de résine
C’est la méthode la plus fiable. Un pro va percer des trous à la base de vos murs tous les 10-15 cm pour y injecter sous pression une résine qui va créer une barrière étanche définitive. Côté budget, soyez réaliste : il faut prévoir entre 80€ et 150€ par mètre linéaire traité. Et le plus important : la patience ! Après l’intervention, le mur mettra entre 6 et 12 mois pour sécher complètement. Pas question de refaire la déco avant.

Pour les murs enterrés : le cuvelage
Quand on ne peut pas traiter une cave par l’extérieur, on fait un cuvelage. C’est un caisson étanche appliqué à l’intérieur, avec des enduits spéciaux qui résistent à la pression de l’eau. C’est ultra efficace.

Pour les façades poreuses : l’hydrofugation
Si vos murs extérieurs boivent la pluie, on peut appliquer un produit hydrofuge. C’est un liquide invisible qui rend le mur imperméable tout en le laissant respirer. L’eau perle dessus au lieu de pénétrer. C’est un traitement qui coûte entre 20€ et 40€ le mètre carré et qui est efficace pour une bonne dizaine d’années.

De l’observation et la bonne méthode

Lutter contre l’humidité, c’est un marathon, pas un sprint. La première étape, la plus cruciale, est de prendre le temps de comprendre. Observez, analysez, et ne vous jetez pas sur la première solution venue.

Commencez toujours par les bases : aérez, aérez, aérez ! C’est 50% du combat gagné contre la condensation. Et surtout, sachez reconnaître quand le problème vous dépasse. Face à du salpêtre ou des murs qui s’effritent, faire appel à un spécialiste n’est pas une dépense, c’est un investissement pour protéger votre maison et votre santé. Un traitement pro, même s’il pique sur le moment, coûtera toujours moins cher que des années de rafistolage et de galères. Bon courage !

Inspirations et idées

Absorbeur chimique : Idéal pour les petits espaces clos (placard, penderie). Silencieux et peu cher à l’achat, il fonctionne avec des recharges (type Rubson).

Déshumidificateur électrique : Incontournable pour une pièce de vie ou une chambre. Plus puissant, il traite un grand volume d’air mais consomme de l’électricité et est plus coûteux à l’achat.

Le choix dépend donc entièrement de la surface à traiter et de l’intensité du problème.

Selon l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire), un Français passe en moyenne 85% de son temps dans des environnements clos où l’air peut être jusqu’à 8 fois plus pollué que l’air extérieur, notamment à cause de l’humidité et des moisissures.

Ce chiffre rappelle que l’humidité n’est pas qu’un souci esthétique. Les spores de moisissures peuvent déclencher ou aggraver allergies, asthme et irritations. Assainir son logement, c’est investir directement dans la santé de ses occupants.

Une VMC, est-ce vraiment indispensable dans une maison bien isolée ?

Oui, et c’est même crucial. Plus une maison est étanche à l’air (grâce à une bonne isolation), moins l’air se renouvelle naturellement. La Ventilation Mécanique Contrôlée (VMC) devient alors le poumon de la maison, extrayant l’air vicié et humide pour le remplacer par de l’air neuf. Une VMC simple flux hygroréglable, qui ajuste son débit au taux d’humidité, est souvent le meilleur compromis efficacité/prix en rénovation.

  • Ouvrez grand les fenêtres 10 minutes, matin et soir, même en hiver, pour créer un courant d’air.
  • Activez systématiquement la hotte en cuisinant et l’extracteur d’air pendant et après la douche.
  • Évitez de faire sécher le linge à l’intérieur, ou alors, faites-le dans une pièce avec la fenêtre entrouverte et la porte fermée.
  • Laissez un espace de 5 cm entre les meubles et les murs, surtout ceux qui donnent sur l’extérieur.

Quand le problème de fond est réglé, la peinture de finition est votre meilleure alliée préventive. Pour les pièces humides ou les murs froids, optez pour une peinture

Recouvrir la moisissure avec une peinture classique, c’est comme mettre un tapis sur une tache. On ne la voit plus, mais elle continue son travail de dégradation en dessous.

Pour agir avant l’apparition des dégâts, la technologie est un précieux indicateur. Un petit capteur connecté, comme la Station Météo Intelligente de Netatmo, mesure le taux d’hygrométrie en temps réel et peut vous alerter sur votre smartphone s’il dépasse un seuil critique. C’est un excellent moyen de savoir précisément quand il est temps d’aérer ou d’allumer le déshumidificateur.

Point important : Pour les problèmes de remontées capillaires venant du sol, l’injection de résine hydrophobe à la base des murs est une des solutions les plus radicales. Des professionnels (comme Sika ou Murprotec) percent des trous à intervalles réguliers et injectent un produit qui, en se solidifiant, crée une barrière étanche définitive. C’est un chantier technique, mais qui résout le problème à la source.

Gabrielle Lambert

Créatrice DIY & Adepte de la Récup'
Ses projets favoris : Transformations créatives, Récupération stylée, Déco fait-main
Gabrielle a toujours vu le potentiel caché des objets abandonnés. Petite, elle transformait déjà les cartons en châteaux et les bouteilles en vases colorés. Cette passion ne l'a jamais quittée. Après avoir travaillé dans l'événementiel, elle s'est tournée vers le partage de ses techniques créatives. Son appartement marseillais est un véritable laboratoire où chaque meuble raconte une histoire de transformation. Elle adore dénicher des trésors dans les vide-greniers du dimanche et leur donner une seconde vie surprenante.