Décoder les personnalités au travail : le guide de terrain pour un management plus humain (et efficace !)

Votre comportement au travail en dit long sur votre personnalité. Découvrez quel type de professionnel vous êtes réellement.

Auteur Sandrine Morel

Après pas mal d’années à monter et diriger des équipes, j’ai fini par comprendre un truc essentiel. Les fiches de poste, les CV ronflants et les diplômes… franchement, ça ne raconte qu’une petite partie de l’histoire. Le vrai moteur d’une boîte, c’est l’alchimie, parfois explosive, entre les gens qui y bossent. J’ai vu des projets géniaux s’écraser à cause de simples frictions humaines, et à l’inverse, des équipes plus modestes accomplir des miracles, juste parce que le courant passait bien.

Au début, on m’apprenait à gérer des « ressources ». Un mot horrible, non ? Aujourd’hui, je sais qu’on dirige avant tout des êtres humains. Comprendre qui ils sont vraiment, au-delà de leurs compétences techniques, c’est ça, la clé. Attention, le but n’est pas de coller des étiquettes ou de mettre les gens dans des cases. Ce serait une grave erreur. On est tous nuancés, on évolue. L’idée, c’est plutôt de reconnaître des tendances, des modes de fonctionnement naturels. Une fois qu’on a ça en tête, tout devient plus simple : la communication, la répartition des tâches, et même le désamorçage de conflits.

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Ce que je vous partage ici, ce n’est pas de la science infuse sortie d’un bouquin. C’est le fruit d’années d’observation, d’erreurs (beaucoup !) et de réussites, sur le terrain.

Avant de regarder l’équipe, regardez-vous dans le miroir

Petit exercice. Avant de vouloir décoder les autres, demandez-vous : et moi, quel genre de manager suis-je ? Avez-vous tendance à foncer, à vouloir des résultats tout de suite (un manager « Moteur ») ? Ou êtes-vous plutôt celui qui s’assure que tout le monde va bien et que l’ambiance est bonne (un manager « Pilier ») ? Comprendre votre propre biais est fondamental. Un manager Moteur aura tendance à sur-stimuler les autres Moteurs et à s’impatienter avec les profils plus lents. Un manager Pilier risque de trop couver son équipe et de ne pas assez la challenger. Honnêtement, cette prise de conscience change tout.

Les 5 profils que je croise partout (et comment en tirer le meilleur)

Au fil du temps, j’ai repéré des « familles » de comportements. Je leur ai donné des petits noms, c’est mon mémo personnel. Personne n’est à 100% l’un ou l’autre, on est souvent un mélange, mais ces archétypes aident à y voir plus clair.

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1. Le Moteur : l’énergie brute du projet

On le reconnaît tout de suite. Le Moteur, c’est celui qui a une capacité de travail impressionnante, qui cherche toujours à en faire plus et qui est obsédé par l’objectif. Son énergie est incroyable, mais il peut aussi être impatient avec ceux qui ne suivent pas son rythme effréné.

Comment collaborer avec lui ? Un Moteur sans volant, c’est un accident assuré. L’erreur de débutant, que j’ai commise, c’est de lui donner carte blanche. Résultat : il s’épuise et crame toute l’équipe au passage. La solution ? Un cadre ultra-clair. Des objectifs précis, des deadlines réalistes (même s’il veut les diviser par deux) et des points de contrôle réguliers pour s’assurer qu’il ne part pas dans tous les sens. Son énergie est un trésor, à condition de la canaliser.

La phrase qui fonctionne : Pour le feedback, allez droit au but. Par exemple : « Le volume de travail que tu as abattu est énorme, bravo. Maintenant, pour maximiser l’impact, concentrons toute cette puissance sur CETTE priorité. On s’y met ? » Ça valorise son effort tout en le recentrant.

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Point de vigilance : Le burnout le guette en permanence. J’ai le souvenir d’un jeune chef de projet exceptionnel que j’ai failli perdre. Il considérait le sommeil comme une option. J’ai dû être très ferme, redéfinir son périmètre et quasiment l’obliger à prendre ses vacances. Protéger ces profils d’eux-mêmes, c’est aussi notre job. La performance, c’est un marathon.

Si vous êtes un Moteur : Aidez votre manager ! Dites-lui clairement : « J’ai besoin d’un cap clair et de priorités définies, sinon je risque de m’éparpiller. On peut faire un point de 15 minutes chaque lundi pour fixer la semaine ? » Ça le rassurera et vous rendra encore plus efficace.

2. Le Pilier : le cœur de l’équipe

Le Pilier n’est pas toujours celui qui a les meilleurs chiffres. Sa valeur est ailleurs. C’est la personne qui pense aux anniversaires, qui accueille un nouveau avec un café, qui sent quand quelqu’un ne va pas bien. C’est la mémoire vivante de l’équipe, celui qui sait débloquer une situation parce qu’il connaît la bonne personne au bon service.

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Comment le valoriser ? Son travail est souvent invisible, et ne pas le reconnaître est une erreur classique qui crée de la frustration. Je m’assure toujours de souligner sa contribution publiquement, non pas sur des chiffres, mais sur l’impact humain. « Je tenais à remercier Chloé pour la qualité de l’intégration de notre nouveau collègue. Grâce à elle, il a été opérationnel en un temps record. » Confiez-lui des missions qui jouent sur ses forces : tutorat, organisation d’événements, médiation…

Le revers de la médaille : Le Pilier a souvent du mal à dire non. Il risque de se noyer sous les demandes des autres. Il faut l’aider à poser des limites. Un simple « Ton aide est précieuse, mais tes dossiers sont prioritaires. Viens me voir si tu te sens débordé » peut faire des merveilles.

Si vous êtes un Pilier : Votre gentillesse est une force, pas une faiblesse. N’hésitez pas à dire à votre manager : « J’adore aider l’équipe, mais parfois ça me met en retard sur mes propres tâches. Peux-tu m’aider à prioriser si ça arrive ? »

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3. L’Expert Silencieux : la force tranquille

Souvent introverti, il ne brille pas en réunion. Il peut même paraître distant. Mais quand il rend un dossier, c’est impeccable. C’est le développeur dont le code est d’une propreté clinique, l’analyste dont les chiffres sont en béton armé. Sa satisfaction vient de la résolution d’un problème complexe, pas des applaudissements.

Comment collaborer avec lui ? L’erreur fatale est de le mettre sous les projecteurs sans prévenir. Un brainstorming sauvage ? Votre pire idée. Il a besoin de temps pour mûrir sa pensée. Mon astuce : avant une réunion clé, je lui envoie un mail ciblé. « Salut, sur le point X, j’aurais besoin de ton analyse sur la faisabilité technique. Tu peux y jeter un œil ? » En réunion, je peux alors dire : « Sur ce sujet, j’ai demandé à notre expert de se pencher dessus, il a une perspective intéressante. » C’est une rampe de lancement parfaite.

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Allez chercher l’info ! Son feedback est de l’or. Il voit les failles avant tout le monde. Un café en tête-à-tête et une question simple comme « Honnêtement, comment tu le sens, ce projet ? » peut vous sauver des semaines de galère.

Si vous êtes un Expert : Votre silence peut être mal interprété. Essayez d’envoyer un court e-mail à votre manager après une réunion pour donner votre avis : « Je n’ai pas parlé, mais je voulais te dire que je suis d’accord sur le point A, et que j’ai une inquiétude sur le point B. On peut en discuter 5 minutes ? » C’est une façon simple de rester connecté.

4. Le Gardien du Temple : le garant des processus

Ce profil est souvent mal aimé, vite catalogué comme « le râleur » ou « le résistant au changement ». Le Gardien est attaché aux règles, aux procédures, à la manière dont « on a toujours fait ». Face à une nouveauté, son premier réflexe est la méfiance. Il pose mille questions, souligne les risques, rappelle les échecs passés.

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Comment décoder son comportement ? J’ai appris à ignorer la forme (parfois négative) pour me concentrer sur le fond. Ses critiques sont rarement des plaintes gratuites ; ce sont des alertes de sécurité. Il est votre filet. Je me souviens d’une migration de logiciel où le comptable de l’équipe, un Gardien pur jus, nous a noyés de questions. J’étais agacé. Mais en l’écoutant, j’ai compris qu’il soulevait des cas très spécifiques que personne n’avait anticipés. Son « pessimisme » nous a évité une catastrophe qui nous aurait coûté des dizaines de milliers d’euros.

La phrase qui change tout : Incluez-le ! Au lieu de le subir, donnez-lui un rôle. « Tu as raison de soulever ce risque. Comme tu connais le sujet par cœur, je te nomme responsable du contrôle qualité sur ce point précis. » Vous transformez sa peur en mission. C’est magique.

Si vous êtes un Gardien du Temple : Formulez vos craintes de manière constructive. Au lieu de « Ça ne marchera jamais », essayez « Pour que ça marche, il faut qu’on pense à sécuriser les points A, B et C. Qui s’en occupe ? » Vous passez de critique à contributeur.

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5. Le Connecteur : le réseau social incarné

Le Connecteur connaît tout le monde. Il passe du temps à la machine à café, déjeune avec des gens d’autres services, il est au courant de tout. Son travail peut sembler décousu, mais son talent est ailleurs : il fait tomber les silos.

Comment utiliser son talent ? C’est une arme stratégique ! Un jour, un dossier était bloqué au service juridique depuis des semaines. J’ai demandé à mon Connecteur d’aller « prendre la température ». En allant boire un café, il a appris que le service était débordé mais qu’une personne en particulier gérait notre type de dossier. Il est revenu avec son nom. Problème réglé en 48h au lieu de 6 semaines.

Le point de vigilance : Il peut aussi être un super-propagateur de rumeurs. Mon rôle est d’être un point de vérification. J’écoute, puis je dis : « Info intéressante, merci. Je vais vérifier de mon côté avant d’agir. » Ça le responsabilise.

Si vous êtes un Connecteur : Utilisez votre super-pouvoir à bon escient. Quand vous entendez une info utile, partagez-la avec votre manager en précisant la source. Vous deviendrez une source d’intelligence business inestimable.

Quand les profils s’entrechoquent : gérer les zones de conflit

Le vrai challenge, c’est de faire cohabiter ce petit monde. Que faire quand un Moteur fonce tête baissée et qu’un Gardien du Temple tire le frein à main de toutes ses forces ? C’est un grand classique. Le Moteur voit de l’obstruction, le Gardien voit de l’inconscience.

Mon job, c’est de traduire. Je prends les deux à part : « Toi (le Moteur), tu apportes la vitesse. Toi (le Gardien), tu apportes la sécurité. On a besoin des deux. Trouvons ensemble un chemin qui soit rapide ET sûr. » Ça dépersonnalise le conflit et le recentre sur l’objectif commun.

Autre clash fréquent : le Connecteur qui interrompt sans cesse l’Expert Silencieux. Pour l’Expert, c’est un enfer qui brise sa concentration. Ici, il faut fixer des règles simples : « Les questions pour notre Expert, on les groupe et on lui en parle à tel moment, ou on utilise le chat. On protège sa bulle de concentration. »

L’alchimie d’une équipe qui gagne

La diversité est la clé. Une équipe de Moteurs se déclarera la guerre. Une équipe de Piliers sera adorable mais n’avancera pas. L’art consiste à assembler les bonnes personnes pour la bonne mission. Pour un lancement de produit, par exemple, le casting idéal serait un Moteur pour piloter, un Expert pour assurer la qualité technique, un Pilier pour la cohésion, un Gardien pour les tests et la conformité, et un Connecteur pour faire le lien avec le marketing et les ventes. Mon rôle ? Celui d’un chef d’orchestre, m’assurant que chacun joue sa partition sans écraser les autres.

un outil pour comprendre, pas pour juger

Je le redis : tout ceci est une grille de lecture, un outil, pas une prison. Personne n’est réductible à une étiquette. Utiliser ces profils pour juger ou discriminer est non seulement une faute managériale, mais aussi une erreur éthique.

Et surtout, restons humbles. Je ne suis pas psychologue. Quand une situation me dépasse (souffrance, conflit grave…), mon devoir est de passer la main aux pros : RH, médecine du travail, médiateurs. Connaître ses limites, c’est peut-être ça, la plus grande sagesse du manager.

Au final, la compétence reine reste l’empathie. L’effort de se mettre à la place de l’autre pour comprendre sa vision du monde. Quand on y arrive, on ne gère plus des problèmes, on accompagne des personnes. Et c’est là que ce métier devient passionnant.

Bon à savoir : Si ce sujet de la communication en équipe vous passionne, je vous conseille de jeter un œil aux principes de la Communication Non Violente. Il existe plein de ressources en ligne ou des livres de poche à moins de 10€ qui peuvent vraiment changer votre façon d’interagir avec les autres. C’est un excellent complément à cette approche par profils.

Inspirations et idées

Option A (DISC) : Un outil rapide et orienté sur les comportements observables. Il classe les tendances en quatre axes (Dominant, Influent, Stable, Consciencieux), ce qui le rend très pragmatique pour adapter rapidement sa communication au quotidien.

Option B (MBTI) : Plus centré sur les préférences psychologiques et la manière dont on perçoit le monde. C’est un excellent point de départ pour une introspection plus profonde, mais il peut être plus complexe à appliquer directement en management.

L’un n’exclut pas l’autre : le DISC aide à l’action, le MBTI à la compréhension.

Google a passé des années à analyser ses équipes les plus performantes (Projet Aristote). Leur conclusion ? Le facteur numéro un n’était ni le talent individuel, ni l’expérience, mais la « sécurité psychologique ».

Cela signifie créer un climat où chaque membre de l’équipe se sent en sécurité pour prendre des risques, poser des questions et admettre ses erreurs sans crainte d’être humilié. C’est le terreau indispensable pour que les différentes personnalités collaborent sereinement.

Comment gérer un expert technique brillant mais qui crée des tensions dans l’équipe ?

C’est le dilemme classique. Le marginaliser est une perte de talent, ignorer son comportement est un risque pour l’équipe. La solution est souvent un rôle sur-mesure : le positionner comme un consultant interne ou un référent technique, plutôt que de lui imposer un travail d’équipe constant. On valorise ainsi son expertise tout en protégeant la dynamique du groupe. Il s’agit de sculpter le poste autour de la personne, et non l’inverse.

Le télétravail a rendu le décodage des personnalités à la fois plus difficile et plus crucial. Fini les signaux informels de la machine à café. Il faut désormais être intentionnel : sur-communiquer, organiser des visioconférences

Feedback sur mesure : Pour un profil « Moteur », un retour direct, factuel et axé sur les résultats sera perçu comme efficace. Pour un profil plus sensible, type « Pilier », la même approche pourrait être démotivante. Commencez toujours par reconnaître l’effort et l’intention avant d’aborder les points d’amélioration, en utilisant un langage collaboratif (

Pour briser la glace et en apprendre plus sur les modes de fonctionnement de chacun, oubliez le banal

  • Mettre les gens dans des cases rigides et ne plus voir que l’étiquette.
  • Utiliser un profil comme une excuse pour un mauvais comportement.
  • Recruter uniquement des profils qui vous ressemblent, tuant ainsi la diversité créative.
  • Ignorer l’évolution d’une personne au fil du temps et des expériences.

Le risque principal ? Transformer un outil de compréhension en instrument de jugement.

Selon une étude de la Harvard Business Review, 40% des hauts dirigeants se décrivent comme introvertis.

Contrairement au cliché du leader charismatique et extraverti, les personnalités plus calmes excellent souvent à la tête d’équipes proactives. Pourquoi ? Parce qu’au lieu d’imposer leur vision, elles sont plus à l’écoute des suggestions et créent un environnement où les meilleures idées peuvent émerger, peu importe de qui elles viennent.

Sandrine Morel

Styliste Beauté & Adepte du Bien-être Naturel
Ses expertises : Coiffure créative, Soins naturels, Équilibre intérieur
Sandrine a commencé sa carrière dans les salons parisiens avant de s'orienter vers une approche plus naturelle de la beauté. Convaincue que le bien-être intérieur se reflète à l'extérieur, elle explore constamment de nouvelles techniques douces. Ses années d'expérience lui ont appris que chaque personne est unique et mérite des conseils personnalisés. Grande amatrice de yoga et de méditation, elle intègre ces pratiques dans sa vision holistique de la beauté. Son mantra : prendre soin de soi devrait être un plaisir, jamais une corvée.