Cette peinture cache un secret. Votre cerveau peut-il le trouver ?
Découvrez l’illusion fascinante des chevaux cachés dans ce tableau ! Comptez-les et rejoignez la querelle artistique qui dure depuis des décennies.

En observant l'œuvre de Bev Doolittle, je me suis retrouvé à scruter chaque détail, partagé entre émerveillement et perplexité. Les chevaux apparaissent et disparaissent, défiant notre perception. L'art peut-il vraiment tromper nos yeux, ou est-ce simplement notre imagination qui s'emballe ? Plongeons ensemble dans cette illusion d'optique captivante !
Dans mon atelier, entre les odeurs de térébenthine et les toiles qui sèchent, les discussions les plus animées ne portent pas toujours sur la technique. On parle de ce qui se passe derrière l’œil. Comment une simple image peut-elle nous retourner le cerveau au point de diviser les gens depuis des décennies ?
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Je suis tombé sur cette œuvre il y a des années. Pas dans un grand musée, non, mais dans un livre d’art. Au premier coup d’œil, j’ai vu des chevaux tachetés dans la neige. Une scène magnifique, techniquement irréprochable. Mais en laissant mon regard traîner, quelque chose a basculé. Le paysage lui-même semblait être fait de chevaux. Un vrai casse-tête visuel.
CHALLENGE : Combien de chevaux voyez-vous ?
Avant d’aller plus loin, jouez le jeu. Regardez bien l’image. Comptez les chevaux. Notez le chiffre quelque part. Pas de triche ! On en reparle dans un instant.
Cette simple question a lancé un débat sans fin. Loin d’être un jeu, cette peinture est une leçon magistrale sur la perception, le camouflage et la façon dont notre cerveau invente la réalité. Allez, je vous invite à décortiquer ça avec moi. On va aller bien au-delà du simple comptage.

L’art du camouflage : Cinq, sept… ou plus ?
Pour bien comprendre, il faut savoir que l’artiste derrière cette œuvre est une spécialiste du « camouflage art ». Son but n’est pas juste de peindre un animal, mais de le fusionner avec son environnement, de montrer comment la nature cache et protège.
Elle a travaillé à l’aquarelle, ce qui est parfait pour créer des fondus et des formes qui se mélangent. La palette de couleurs est hyper limitée : des bruns, des ocres, et le blanc du papier. C’est malin, car ça nous force à nous concentrer sur les formes plutôt que sur les couleurs pour identifier les choses. La texture de la neige, tachetée et granuleuse, imite parfaitement la robe des chevaux. Résultat : on ne sait plus où commence le cheval et où finit le paysage.
Alors, ce fameux compte ? L’intention de l’artiste était d’en peindre cinq. Mais la plupart des gens en voient plus.

Franchement, la première fois qu’on m’a montré ça, j’ai campé sur mes positions : il y en a cinq, point final. C’est un de mes apprentis de l’époque qui, en plissant les yeux, m’a fait remarquer le reste. J’ai mis cinq bonnes minutes à les voir, j’étais scotché !
Pour que ce soit clair, voici où ils se cachent :
- Les 5 « officiels » : Un grand cheval seul à gauche qui regarde en arrière, un groupe de trois blottis au centre, et un poulain sur la droite. Facile, non ?
- Les « fantômes » : C’est là que ça devient intéressant. Juste au-dessus du groupe central, dans les rochers, beaucoup voient un profil de tête de cheval. Et à droite du poulain, l’arrière-train d’un autre semble se dessiner dans la neige.
Alors, qui a raison ? L’art, une fois créé, échappe à son auteur. Le vrai génie ici, ce n’est pas le nombre, mais le fait même qu’on se pose la question. L’œuvre devient une expérience interactive.

La mécanique de la perception : Quand le cerveau dessine à notre place
Pourquoi voit-on des choses qui n’étaient pas prévues ? La réponse n’est pas sur la toile, mais dans notre tête. Notre cerveau déteste le vide et l’ambiguïté. Face à une image comme celle-ci, il cherche frénétiquement à organiser les taches en motifs qu’il connaît. Et ici, le motif star, c’est le cheval.
C’est ce que des psychologues ont appelé la théorie de la forme (ou Gestalt). En gros, notre cerveau suit des règles pour simplifier le monde. Et l’artiste, consciemment ou non, joue avec.
- La loi de clôture : On ne voit que des bouts de chevaux (une tête, un dos…), mais notre cerveau complète la forme. C’est le même principe qui nous fait voir un panda entier dans le logo d’une célèbre organisation de protection des animaux, alors qu’il n’y a que des taches noires.
- La relation figure-fond : C’est la clé du mystère. Normalement, les chevaux sont la « figure » et la neige est le « fond ». Mais ici, c’est ambigu. Le fond (la neige, les rochers) a des formes qui ressemblent à des figures de chevaux. C’est le même tour de passe-passe que cette flèche cachée dans le logo d’une grande société de livraison internationale !
C’est un truc que je répète sans cesse à mes élèves : « L’air entre les objets a une forme. Sculptez-le ! » Cette artiste est une maîtresse en la matière.

Bon à savoir : Regarder ce genre d’image peut fatiguer un peu les yeux. Faites-le avec une bonne lumière et prenez des pauses. Bien sûr, si vous avez des troubles de la vision au quotidien, ça n’a rien à voir avec l’art, il faut consulter un ophtalmo. Ce texte est là pour le plaisir et la culture, pas pour un diagnostic !
Comment entraîner votre œil : Mes astuces d’atelier
Envie de mieux voir ? Pas besoin de matériel compliqué. Juste une bonne reproduction de l’œuvre (sur un écran d’ordinateur, pas un téléphone, s’il vous plaît ! Vous allez rater tous les détails sinon) et un peu de patience. Ça ne vous coûtera rien, et le bénéfice est énorme.
- Variez la distance : Reculez-vous de votre écran. Les chevaux cachés apparaissent souvent à une distance intermédiaire, quand les détails s’estompent mais que les grandes masses sont encore claires.
- Plissez les yeux : La meilleure astuce de peintre ! Ça floute l’image et ne laisse que les grandes masses de lumière et d’ombre. C’est redoutable pour faire ressortir les formes ambiguës.
- Cachez des parties : Avec votre main, masquez les chevaux évidents. Ne regardez que le paysage. Que voyez-vous maintenant ? Vous forcez votre cerveau à réévaluer ce qui est le fond et ce qui est la forme.
- Retournez l’image : Mettez-la à l’envers. Votre cerveau ne reconnaît plus « un cheval », il ne voit que des formes abstraites. C’est le meilleur moyen d’analyser la composition pure et de débusquer des formes invisibles autrement.

Envie d’aller plus loin ?
Si ce jeu de perception vous a plu, sachez que vous n’êtes pas au bout de vos surprises. D’autres artistes se sont spécialisés dans ces illusions.
Certains, comme un célèbre artiste néerlandais, créaient des pavages mathématiques où des oiseaux se transforment en poissons sous nos yeux. D’autres, plus contemporains, sont des maîtres pour cacher des visages ou des scènes entières dans un paysage ou une nature morte. Une simple recherche sur « l’art de l’illusion d’optique » vous ouvrira un monde fascinant.
Et si vous voulez accrocher cette œuvre chez vous, on trouve de très belles reproductions dans les boutiques d’art en ligne ou les magasins spécialisés. Pour un poster de qualité, comptez entre 30€ et 70€, et pour une reproduction sur toile ou une édition limitée, les prix peuvent monter bien plus haut, parfois au-delà de 150€.
L’art de ne pas savoir
Alors, à la fin, combien de chevaux ? Honnêtement, ça n’a plus aucune importance. La vraie magie de cette peinture, c’est l’incertitude qu’elle crée. Elle est un miroir de notre propre esprit, nous montrant comment on construit le monde, comment on projette nos attentes sur ce qu’on voit.

En voulant maîtriser l’art du camouflage, cette peintre a créé une expérience qui nous interroge et nous amuse encore aujourd’hui. Elle nous rappelle qu’en art, comme dans la vie, les choses les plus intéressantes sont souvent dans les espaces vides, là où notre imagination est libre de vagabonder.
La prochaine fois que vous regarderez un paysage par la fenêtre, prenez un instant. Plissez les yeux. Regardez les formes entre les arbres, les ombres sur un mur. Vous pourriez être surpris de ce que votre cerveau vous montrera. C’est peut-être ça, la plus belle leçon de l’atelier.
Galerie d’inspiration


« Le tout est plus que la somme de ses parties. » – Kurt Koffka, psychologue de la Gestalt.
Cette simple phrase explique pourquoi nous voyons des chevaux là où il n’y a que des taches. Notre cerveau n’est pas un simple enregistreur passif ; il cherche activement du sens. Il regroupe les formes, comble les vides (un principe appelé « clôture ») et assemble les indices pour former une image cohérente. C’est un mécanisme de survie hérité de nos ancêtres, pour qui repérer un prédateur camouflé était une question de vie ou de mort.
Comment d’autres artistes ont-ils joué avec nos sens ?
Le jeu de la perception cachée ne date pas d’hier. Au XVIe siècle, Giuseppe Arcimboldo assemblait déjà des portraits à partir de fruits et de légumes, créant une double lecture fascinante. Plus près de nous, l’artiste chinois Liu Bolin, surnommé « l’Homme Invisible », se peint lui-même pour se fondre à la perfection dans des décors complexes, de rayons de supermarché en murs de briques. Sa démarche, immortalisée par la photographie, interroge notre place dans un monde qui nous absorbe. Ces approches, de la peinture à la performance, montrent une fascination constante pour le pouvoir de l’illusion.