Dortmund : La ville qui a troqué ses mines pour la tech

Auteur SARAH PIGNAUD
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Quand on pense à la Ruhr, on imagine souvent des cheminées fumantes et un ciel gris. C’est l’image que j’avais en tête avant de visiter Dortmund. Moins connue que sa voisine Düsseldorf, souvent perçue comme plus chic, Dortmund est une ville qui m’a profondément surpris. Loin des clichés, j’y ai découvert une métropole vibrante de 615 000 habitants qui a réussi une transformation spectaculaire : passer du charbon et de l’acier aux bits et aux octets, tout en se parant d’un écrin de verdure inattendu.

De la poussière de charbon à l’innovation numérique

Il y a à peine vingt ans, le paysage de Dortmund était dominé par des chevalements de mines à l’arrêt et des aciéries silencieuses. Aujourd’hui, en se promenant dans la ville, on ressent une énergie complètement différente. Le cœur de cette métamorphose bat au TechnologieZentrumDortmund (TZDO), un campus qui attire des entreprises de pointe. C’est fascinant de voir des start-ups innovantes, comme Spherity dans le domaine de l’identité numérique, s’installer là où régnait autrefois l’industrie lourde. Ce n’est pas qu’un changement de décor, c’est un changement d’âme.

Cette attractivité se voit dans les chiffres. Alors que beaucoup de villes industrielles européennes ont vu leur population décliner, Dortmund a gagné des habitants, passant de 589 000 en 2000 à près de 615 000 aujourd’hui. C’est la preuve que la ville a su se réinventer pour attirer de nouveaux talents.

Des poumons verts à la place des friches industrielles

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Ce qui m’a le plus marqué à Dortmund, c’est l’omniprésence de la nature. Là où la poussière de charbon assombrissait l’air, on trouve aujourd’hui d’immenses parcs. Le Westfalenpark, par exemple, est bien plus qu’un simple parc. Pour quelques euros (l’entrée est d’environ 3,50 €), on accède à un espace immense avec une roseraie magnifique et la tour Florian (Florianturm). Mon conseil : montez au sommet pour une vue à 360° sur la ville. C’est le meilleur moyen de comprendre à quel point Dortmund est devenue verte.

Mais le symbole le plus puissant de cette transformation est sans doute le lac Phoenix (Phoenix-See). J’ai eu du mal à croire qu’à cet endroit précis, où les gens font du paddle et dînent en terrasse, se trouvait l’une des plus grandes aciéries d’Europe. Se promener le long de ses berges, avec les vestiges industriels préservés en arrière-plan, est une expérience unique. C’est un lieu de vie où les habitants viennent courir, se détendre et profiter des nombreux restaurants. Attendez-vous à payer entre 18 et 25 € pour un plat principal dans les restaurants au bord du lac, mais la vue et l’ambiance le justifient.

L’éducation, moteur du changement

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Au cœur de cette renaissance se trouve l’Université Technique de Dortmund (TU Dortmund). Ce qui frappe immédiatement, c’est la H-Bahn, un monorail suspendu qui relie les différents campus. Je l’ai pris, et c’est une expérience en soi. On a l’impression d’être dans un film de science-fiction, glissant en silence au-dessus des bâtiments universitaires. C’est plus qu’un simple moyen de transport ; c’est le symbole d’une ville tournée vers l’avenir et la connectivité.

Cette synergie entre l’université et le parc technologique adjacent est la clé du succès de Dortmund. La ville forme les esprits qui construiront son futur, un modèle qui rappelle la façon dont certaines villes universitaires françaises, comme Grenoble, ont su allier recherche de pointe et dynamisme économique.

Culture et football, les deux piliers de l’identité locale

Dortmund a su transformer son patrimoine industriel en atouts culturels. L’exemple le plus célèbre est le Dortmunder U. Cette ancienne brasserie, reconnaissable de loin avec son grand « U » doré au sommet, est aujourd’hui un centre d’art et de créativité. Un bon plan : l’accès à la terrasse sur le toit est gratuit et offre une vue imprenable sur la ville, différente de celle de la tour Florian. À l’intérieur, on trouve des expositions d’art contemporain qui peuvent surprendre, mais le bâtiment lui-même vaut le détour.

Et puis, bien sûr, il y a le football. Impossible de parler de Dortmund sans mentionner le Borussia Dortmund (BVB) et son fameux « Mur Jaune ». Même si vous n’êtes pas fan de foot, l’ambiance en ville un jour de match est électrique. Attention, conseil d’ami : vérifiez le calendrier des matchs avant de réserver votre voyage ! Les prix des hôtels peuvent facilement doubler le week-end d’un match à domicile. Si vous ne pouvez pas assister à un match, le Musée du football allemand, juste à côté de la gare centrale, est une excellente alternative (billet adulte autour de 19 €).

Conseils pratiques pour votre visite

Dortmund est une destination idéale pour un long week-end, facilement accessible depuis la France. En train, comptez environ 5 heures depuis Paris, souvent avec un changement à Cologne. L’aéroport de Düsseldorf (DUS) est également une excellente option, avec de nombreux vols directs et une liaison ferroviaire rapide vers Dortmund.

Côté hébergement, le quartier autour de la gare centrale (Hauptbahnhof) est pratique, mais pour une ambiance plus locale et branchée, je vous recommande le Kreuzviertel. C’est un quartier plein de charme avec ses bars, ses restaurants et ses boutiques indépendantes. Pour la gastronomie, sortez des sentiers battus. Goûtez une spécialité locale comme le « Pfefferpotthast » (un ragoût de bœuf) dans une brasserie traditionnelle comme la Hövels Hausbrauerei. Une bière locale (0,5L) vous coûtera environ 4,50 €, un excellent rapport qualité-prix.

En conclusion, Dortmund a été une véritable révélation. J’y suis allé avec des a priori sur la région de la Ruhr et j’ai découvert une ville résolument moderne, verte et pleine de vie. Elle prouve qu’une transformation est possible, non pas en effaçant son passé, mais en le célébrant pour construire l’avenir. Si vous cherchez une destination allemande qui sort de l’ordinaire, loin des foules de Berlin ou de Munich, ne cherchez plus.

SARAH PIGNAUD

Amoureuse de la randonnée et des grands espaces, Sarah partage ses aventures en pleine nature, souvent accompagnée de son chien. Son blog et son compte Instagram sont une mine d'or pour les amateurs de voyages actifs et de paysages à couper le souffle.