Ce Voile Blanc sur Votre Carrelage Neuf ? L’Astuce de Pro pour le Faire Disparaître (pour de bon !)
Ah, ce fameux voile blanc… Si vous venez de poser un carrelage, vous savez de quoi je parle. Ce film terne et tenace qui ruine l’aspect de votre sol tout neuf, et qui, comme par magie noire, réapparaît après chaque coup de serpillière. On frotte, on rince, et le lendemain, il est de retour. Frustrant, n’est-ce pas ?
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Laissez-moi vous rassurer tout de suite : ce n’est pas de la saleté et votre travail n’est pas mal fait. C’est un phénomène tout à fait normal que les pros appellent la « laitance de ciment ». Et la bonne nouvelle, c’est qu’on peut s’en débarrasser définitivement. Oubliez les remèdes de grand-mère qui, franchement, ne font souvent qu’aggraver les choses. Je vais vous livrer la méthode, la vraie, celle qu’on utilise sur les chantiers pour un résultat impeccable.
Imaginez votre carrelage anthracite, aujourd’hui tout terne, qui ressemble à du béton gris poussiéreux. Après ce nettoyage, il retrouvera son noir profond, avec un éclat presque miroir. Ça motive, non ?

C’est quoi, au juste, ce voile blanc ?
Pour gagner la bataille, il faut connaître son ennemi. Ce voile, ce n’est pas de la poussière de plâtre. C’est un résidu chimique qui vient directement du mortier-colle et surtout, du mortier à joints que vous avez utilisé.
Quand on prépare le joint avec de l’eau, un processus chimique se met en route. En séchant, l’eau remonte à la surface et emporte avec elle les plus fines particules de ciment et de chaux. Celles-ci se déposent en une fine couche sur vos carreaux, créant ce film blanchâtre et un peu rugueux au toucher. C’est la laitance.
Voilà pourquoi un simple nettoyage à l’eau claire est non seulement inefficace, mais contre-productif ! En ajoutant de l’eau, vous réactivez un peu ces particules de ciment, qui vont simplement se redéposer en séchant. C’est un cercle vicieux. En plus, le calcaire de l’eau du robinet vient souvent se joindre à la fête, rendant le voile encore plus coriace.

La préparation : 90% du succès se joue ici
Avant de toucher à un seau d’eau, il y a des étapes clés. Si vous les zappez, vous risquez de rayer votre beau carrelage ou de rendre le nettoyage bien plus galère. La précipitation est votre pire ennemie.
La patience, votre meilleure alliée
La règle d’or : laissez vos joints durcir complètement. Un joint frais est fragile. Si vous l’attaquez trop tôt avec un produit nettoyant, même doux, vous risquez de le creuser ou de le fragiliser. Regardez sur le sac du mortier, le temps de séchage complet est toujours indiqué. En général, il faut compter entre 7 et 10 jours. Personnellement, selon l’humidité ambiante, j’attends parfois même jusqu’à 15 jours. Un joint bien dur résistera sans problème au nettoyage.
La liste de courses du carreleur malin
Avant de commencer, assurons-nous que vous avez tout sous la main. Pour un salon de 30 m², voici à quoi vous attendre :

- Un décapant laitance de ciment : C’est le produit star. Vous le trouverez en grande surface de bricolage (type Castorama, Leroy Merlin) ou chez les fournisseurs pro. Comptez entre 15€ et 25€ pour un litre, qui traite généralement entre 20 et 40 m² selon la dilution. Lisez bien le bidon !
- Un bon balai-brosse : Choisissez-en un avec des poils en nylon, surtout pas en métal. Un investissement d’environ 15€ qui vous servira longtemps.
- Équipement de protection : Gants en caoutchouc, lunettes de protection et un masque anti-poussière (FFP2). Votre santé n’a pas de prix !
- Facultatif, mais RECOMMANDÉ : Un aspirateur à eau. Vous pouvez en louer un pour environ 30€ à 50€ la journée. Croyez-moi, ça change la vie pour l’étape du rinçage.
- Et bien sûr : Deux seaux, une éponge propre, et des serpillières microfibres.
D’abord, le nettoyage à sec
On ne met jamais d’eau sur un sol poussiéreux ! D’abord, on enlève les gros résidus de joint séché. Surtout, PAS d’outil en métal. J’ai vu des clients dévaster un carrelage magnifique avec un simple couteau de peintre. Prenez une spatule en plastique ou un petit bout de bois, c’est bien plus sûr.

Ensuite, passez l’aspirateur. Idéalement un aspirateur de chantier, car la poussière de ciment est très fine et abrasive, elle peut tuer un moteur d’aspirateur domestique. Utilisez l’embout brosse pour ne rien rayer. Soyez méticuleux, n’oubliez pas les angles et les plinthes.
La méthode pro, étape par étape
Maintenant que tout est prêt, on passe à l’action. Travaillez toujours par petites zones, disons 4 à 5 m² à la fois. Ça vous permet de maîtriser le processus et d’éviter que le produit ne sèche.
1. Le test indispensable : Trouvez un coin discret (derrière une future porte, sous un meuble…) et testez-y le produit dilué. Juste pour vérifier que tout réagit bien, sans surprise sur la couleur du carreau ou du joint.
2. L’astuce qui change tout : Avant d’appliquer le décapant, prenez votre éponge et saturez les joints d’eau claire. Un joint gorgé d’eau sera protégé de l’acidité du produit. L’acide agira sur la laitance en surface, mais ne pénétrera pas dans le joint pour le dégrader. Un petit geste qui fait une énorme différence.

3. La bonne dilution : N’utilisez jamais le produit pur ! Suivez les indications du fabricant. Pour une dilution à 1:10, c’est simple comme bonjour : vous mettez un bouchon de produit pour dix bouchons d’eau. Ou pour être plus concret, un verre de 20 cl de produit pour 2 litres d’eau. Pas besoin d’être chimiste ! Commencez toujours par la dilution la plus faible recommandée.
4. Application et action : Étalez votre mélange sur la première zone avec une serpillière. Laissez agir quelques minutes (généralement 2 à 5 min, c’est court !). Vous devriez observer une petite effervescence, un léger grésillement. C’est bon signe ! C’est la chimie qui est en train de dissoudre la laitance pour vous.
5. On frotte (un peu) : Pendant que ça agit, donnez un bon coup de balai-brosse. L’action mécanique aide à décoller les résidus que le produit a ramollis.
6. LE RINÇAGE ! L’étape capitale ! C’est là que 90% des gens échouent. Il faut éliminer TOTALEMENT le mélange produit + laitance dissoute. La meilleure solution, c’est l’aspirateur à eau qui va tout gober. Si vous n’en avez pas, utilisez une raclette pour pousser l’eau sale vers un point et épongez avec des serpillières PROPRES. Ensuite, rincez la zone au moins DEUX fois à l’eau claire, en changeant l’eau de votre seau à chaque fois.
Anecdote de chantier : je me souviens d’un jeune apprenti qui, pour aller plus vite, avait rincé avec la même eau sale… Le lendemain, le sol était pire qu’avant ! Ne faites pas cette erreur. Une eau de rinçage propre, c’est le secret d’une finition sans aucune trace.
Attention, tous les carrelages ne sont pas égaux !
La méthode ci-dessus est parfaite pour le grès cérame, le carrelage le plus courant. Mais attention, si vous avez autre chose, lisez bien ce qui suit pour éviter la catastrophe.
ATTENTION : SI VOUS AVEZ DE LA PIERRE NATURELLE COMME DU MARBRE OU DU TRAVERTIN, STOP ! NE TOUCHEZ PAS AU DÉCAPANT ACIDE !
Ces pierres (marbre, travertin, pierre de Bourgogne…) sont calcaires. L’acide ne fait pas la différence entre la laitance (calcaire) et votre pierre (calcaire aussi). Il va littéralement la « brûler », la rendre terne, poreuse et la ruiner à jamais. Pour ces matériaux, il faut utiliser des nettoyants à pH neutre spécifiques pour pierre naturelle. C’est plus long, ça demande plus d’huile de coude, mais ça préserve votre sol.
Pour d’autres pierres comme l’ardoise ou le granit, elles résistent mieux à l’acide, mais le test dans un coin reste votre meilleur ami. On n’est jamais trop prudent. Quant à la terre cuite (les tomettes), elle est très poreuse et l’acide est déconseillé. Elle nécessite des produits et un traitement spécifiques après nettoyage.
D’ailleurs, petit point sur les joints époxy, de plus en plus courants. Le voile qu’ils laissent n’est pas du ciment mais de la résine. Les décapants acides sont donc inutiles. Il vous faudra un nettoyant spécifique pour résidus époxy.
En la méthode avant tout
Vous l’avez compris, enlever le voile de ciment n’a rien de magique. C’est une question de méthode, de patience et d’utilisation des bons outils. Attendez bien que les joints sèchent, préparez bien votre surface, et surtout, protégez-vous. Le choix du bon décapant professionnel plutôt que du vinaigre fera toute la différence, tout comme le respect de votre type de matériau.
Le plus gros du travail, c’est ce rinçage final. Soyez obsessionnel là-dessus : de l’eau propre, encore et encore, jusqu’à ce que le sol soit parfaitement net. C’est un peu physique, je vous l’accorde, mais la récompense est là. Un sol qui révèle enfin sa vraie couleur, ses nuances, et qui sera un plaisir à entretenir pour les années à venir. Prenez votre temps, et soyez fier du résultat. Votre carrelage vous remerciera !
Inspirations et idées
Décapant après-pose (type Fila DETERDEK PRO) : Puissant et acide, il est conçu pour dissoudre chimiquement la laitance. À n’utiliser qu’une seule fois, juste après la pose et le séchage complet des joints.
Nettoyant pH neutre (type Lithofin FZ Entretien) : Doux, il nettoie sans agresser le carrelage ou les joints. C’est votre allié pour l’entretien hebdomadaire, une fois le sol parfaitement décapé.
L’un est un traitement choc unique, l’autre une routine de soin. À ne jamais confondre.
Le saviez-vous ? Le grès cérame, champion des carrelages modernes, possède un taux d’absorption d’eau inférieur à 0,5%. C’est cette densité qui le rend si résistant aux taches et pourquoi la laitance, bien que visible, reste toujours en surface et ne s’y incruste jamais.
Et le vinaigre blanc ou l’acide citrique, ça ne marche pas ?
C’est une fausse bonne idée très répandue. L’acidité de ces produits est agressive et non contrôlée. Elle peut attaquer les joints, ternir l’émail de certains carreaux et surtout, endommager irrémédiablement les pierres naturelles calcaires comme le marbre ou le travertin. Les décapants professionnels sont formulés avec des acides tamponnés pour cibler la laitance sans causer de dégâts collatéraux.
Le test indispensable : Avant d’appliquer un produit décapant sur toute la surface, même celui d’une marque réputée, testez-le impérativement sur une chute de carrelage ou dans un coin très discret. Attendez 24h pour vérifier l’absence de réaction ou de décoloration, un geste simple qui peut vous épargner bien des tracas.
- Des joints qui ne se tachent pas et qui gardent leur couleur d’origine.
- Une étanchéité parfaite, idéale pour les douches à l’italienne.
- Une résistance supérieure aux produits d’entretien et à la moisissure.
Le secret de cette performance ? Le joint époxy. Plus technique à poser qu’un joint ciment, il offre une durabilité incomparable et élimine par nature le problème de laitance. Une option à considérer pour les zones critiques.
Une fois la laitance éliminée, l’étape suivante est la protection des joints eux-mêmes. C’est simple et rapide :
- Munissez-vous d’un imperméabilisant pour joints, comme le FugaProof de Fila ou le Protecteur Joints de Starwax.
- Appliquez-le soigneusement au pinceau fin, uniquement sur le joint sec et propre.
- Essuyez immédiatement tout débordement sur les carreaux avec un chiffon microfibre.
Au-delà de la propreté, c’est la couleur de vos joints qui révèle le caractère de votre sol. Un joint contrasté (anthracite sur carrelage clair) souligne un calepinage graphique et moderne. À l’inverse, un joint ton sur ton se fond dans la masse pour une surface unifiée et apaisante, qui agrandit visuellement l’espace. Un détail qui change tout !
Un joint ciment classique peut absorber jusqu’à 10% de son poids en liquide.
Cela le rend vulnérable non seulement à l’eau, mais aussi aux taches de la vie quotidienne (vin, café, huile…). Une fois votre carrelage parfaitement nettoyé de sa laitance, songez à appliquer un protecteur hydrofuge sur les joints. Ce film invisible les préservera durablement et facilitera le nettoyage futur.
- Patience avant tout : Attendez au moins 72 heures, voire une semaine, après la pose des joints avant de procéder au grand nettoyage décapant. Le joint doit être totalement sec à cœur.
- Double rinçage : Après avoir utilisé un produit acide, un premier rinçage ne suffit pas. Rincez abondamment une seconde fois à l’eau claire pour neutraliser totalement l’acidité et éviter qu’elle n’attaque les joints à long terme.
- Oubliez les corps gras : Le savon noir ou l’huile de lin sont à proscrire sur un carrelage neuf non décapé. Ils emprisonneraient la laitance sous une couche grasse, rendant le nettoyage futur encore plus complexe.
Enfin. Le bruit mat de la serpillière qui glisse sans accrocher. La lumière qui se reflète d’un bout à l’autre de la pièce sans être cassée par un voile terne. C’est plus qu’un sol propre, c’est la sensation de retrouver l’éclat brut et la couleur profonde du carrelage que vous aviez choisi. Le plaisir d’un chantier vraiment terminé.