Bruits dans les murs ? Le guide complet pour en finir avec les rats (sans devenir fou)
On va se parler franchement. Ces petits bruits de grattage dans la cloison, surtout la nuit, ce n’est pas dans votre tête. J’ai passé une bonne partie de ma carrière dans le bâtiment, à rénover et réparer des maisons, et je peux vous dire que cette situation est bien plus courante qu’on ne le pense.
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Je me souviens d’une intervention pour une simple fuite d’eau au plafond. En arrivant, une odeur étrange, âcre… Ce n’était pas de l’eau. C’était l’urine de rats qui avait fini par traverser le placo. Les propriétaires étaient au bout du rouleau. Si vous êtes dans ce cas, pas de panique. Vous n’êtes pas fou, et surtout, vous n’êtes pas seul. Les rats cherchent juste un abri, surtout quand le temps se rafraîchit. Une minuscule fissure de 2 cm, et c’est la porte ouverte.
Dans ce guide, on va décortiquer le problème ensemble. Je vais vous donner les méthodes qui marchent vraiment sur le terrain, celles qui sont une perte de temps et d’argent, et les astuces concrètes pour que votre maison redevienne une forteresse.

Étape 1 : Comprendre à qui on a affaire
Avant de sortir l’artillerie lourde, il faut savoir contre qui on se bat. Connaître son adversaire, c’est déjà la moitié de la victoire. Et les rats sont des créatures fascinantes d’adaptation.
Des dents plus solides que du béton
Les dents d’un rat, ça pousse non-stop. Il est donc obligé de ronger constamment pour les user. Et attention, on ne parle pas de grignoter du bois. Ses incisives sont plus dures que le fer ou le cuivre. Un rat peut s’attaquer sans problème au plastique (vos gaines électriques, vos tuyaux PVC), à l’aluminium, au plâtre et même à un béton de mauvaise qualité. C’est pour ça que boucher un trou avec de la mousse expansive, c’est leur offrir un snack. J’ai vu des rats y creuser un tunnel parfait en une seule nuit.
Un corps de contorsionniste
Un rat peut se faufiler partout où sa tête passe. Pour un jeune, c’est un trou de la taille d’une pièce de 1 euro. Pour un adulte, on parle de 2,5 cm. Ils adorent les passages de câbles mal scellés, les aérations sans grille, ou le moindre petit espace sous une porte. Ces points d’entrée sont de véritables autoroutes vers la chaleur de vos cloisons.

Rat des greniers ou rat des caves ? La distinction est cruciale
Tous les rats ne se comportent pas de la même manière. Savoir qui squatte chez vous change toute la stratégie.
- Le rat noir : C’est l’acrobate. Agile, excellent grimpeur. Si les bruits viennent d’en haut – combles, faux-plafonds, haut des cloisons – c’est probablement lui. Il est plus svelte, avec une longue queue, un vrai athlète des toits.
- Le surmulot (ou rat d’égout) : Lui, c’est le déménageur des caves. Plus costaud, trapu, il est moins bon grimpeur mais excellent nageur. Si les bruits viennent du bas – plancher, sous-sol, bas des murs – c’est sûrement lui. Il peut même remonter par les canalisations.
Identifier l’espèce permet de concentrer les recherches et les pièges au bon endroit. Inutile de mettre un piège à la cave si vous avez affaire au rat noir qui fait la fête dans votre grenier.

Étape 2 : L’inspection, ou le travail de détective
Avant toute chose, il faut mener l’enquête. C’est l’étape la plus importante, celle qui vous fera gagner un temps précieux. Prévoyez une bonne heure, prenez une lampe torche puissante et préparez-vous à regarder votre maison avec un œil neuf.
Commencez par l’extérieur. Faites le tour de la maison, le nez sur les fondations. Cherchez les fissures, les passages de tuyaux mal scellés, les grilles d’aération cassées. Le lierre qui grimpe le long du mur ? C’est une échelle 4 étoiles. Les branches d’arbres qui touchent le toit ? Un pont suspendu.
Ensuite, passez à l’intérieur. Les rats sont des créatures d’habitude, ils laissent des indices. Cherchez :
- Les traces de gras : Le long des plinthes ou des tuyaux, ils laissent des marques sombres et graisseuses avec leur pelage. C’est une signature.
- Les crottes : Celles du rat noir sont effilées (comme un grain de riz), celles du surmulot plus grosses et recourbées. Leur fraîcheur (noires et luisantes) vous indique une activité récente.
- L’odeur : Une infestation dégage une odeur âcre et musquée, un mélange d’ammoniac. Si vous la sentez dans un placard, vous êtes tout près.
Astuce pour une victoire rapide : En 5 minutes, vous pouvez déjà agir. Allez vérifier le passage des tuyaux sous votre évier de cuisine. C’est un point d’entrée ultra-fréquent. Le moindre espace ? Bourrez-le immédiatement avec de la paille de fer. C’est une première barrière efficace et rapide à mettre en place.

Étape 3 : Le plan de bataille pour retrouver la paix
Une fois l’inspection faite, on passe à l’action. L’ordre est primordial : 1. Boucher, 2. Piéger, 3. Repousser.
Priorité n°1 : Le blindage (Boucher TOUS les trous)
C’est la solution la plus durable. Si les rats ne peuvent pas entrer, le problème est réglé. Pour ça, il vous faut un petit « kit de survie anti-rats ».
Votre liste de courses :
- De la laine d’acier (type 000) ou de la paille de fer : C’est la solution express pour les petits trous. Les rats détestent ronger ça, les filaments leur irritent les gencives. Un paquet coûte moins de 5€.
- Du mortier à prise rapide : Indispensable pour les trous dans la maçonnerie. Un petit sac coûte environ 10-15€ chez Castorama ou Leroy Merlin.
- Du grillage métallique (maille de 6mm max) : Pour les aérations ou les grosses ouvertures. Comptez 15-20€ le petit rouleau.
Mon astuce d’artisan, un peu radicale mais 100% efficace : Dans votre mortier frais, mélangez des morceaux de verre pilé. Comment faire ? Prenez une vieille bouteille en verre, mettez-la dans un sac en toile solide (un vieux jean fait l’affaire) et tapez dessus avec un marteau. Attention, portez des lunettes de protection et des gants épais ! Incorporez ces petits éclats au mortier. Un rat qui essaie de ronger ça ne s’y risquera pas deux fois.

Priorité n°2 : Éliminer les squatteurs
Maintenant que la maison est (presque) une forteresse, il faut s’occuper de ceux qui sont coincés à l’intérieur. Attention, un conseil VITAL : évitez le poison dans les murs ! C’est l’erreur du débutant. Le rat va crever dans un endroit inaccessible de votre cloison, et au bout de quelques jours… l’odeur. Une odeur de décomposition douceâtre et insupportable qui peut durer des semaines. J’ai déjà dû défoncer un mur pour récupérer un cadavre. Croyez-moi, vous ne voulez pas vivre ça.
Alors, comment choisir le bon piège ?
Franchement, tout dépend de votre budget et de votre sensibilité. La tapette classique, bien choisie (modèle robuste en plastique, pas le vieux truc en bois de grand-père), est très efficace et pas chère (environ 5-10€ les deux). C’est brutal, mais rapide. Le piège électronique est plus coûteux, souvent entre 30€ et 50€, mais il tue le rat instantanément et proprement, sans contact visuel. Un voyant vous indique quand il a fait une prise. Enfin, il y a la nasse (15-25€), qui capture l’animal vivant. C’est l’option la plus douce, mais elle demande de la logistique : il faudra relâcher le rat à plus de 10 km pour être sûr qu’il ne revienne pas pointer le bout de son nez.

Petit conseil de pro : Les rats sont méfiants. Ne posez pas un piège armé directement. Pendant 2 ou 3 jours, placez le piège non armé avec un appât dessus (le beurre de cacahuète ou la pâte à tartiner marchent mille fois mieux que le fromage). Laissez-les s’habituer. Une fois qu’ils viennent manger sans crainte, armez le piège. Le taux de capture grimpe en flèche !
Les répulsifs : une aide, pas un miracle
Soyons clairs, les huiles essentielles (menthe poivrée, eucalyptus) ou les appareils à ultrasons ne feront pas fuir une colonie déjà installée. Ils peuvent tout au plus être utiles en prévention, une fois le problème réglé, pour rendre la zone moins accueillante. Mais ne comptez pas que là-dessus.
Cas particuliers et informations importantes
Vous êtes locataire ?
Bon à savoir : si vous êtes locataire, la lutte contre les nuisibles n’est généralement pas de votre ressort. C’est une obligation qui incombe au propriétaire. Informez-le officiellement par lettre recommandée avec accusé de réception. C’est à lui de prendre en charge les frais de dératisation et les réparations nécessaires pour boucher les points d’entrée.

Les vrais risques : incendie et maladies
Un rat dans un mur, ce n’est pas juste un problème de bruit. C’est un danger réel. Le risque le plus grave, c’est l’incendie. En rongeant les gaines électriques, ils peuvent provoquer un court-circuit et un départ de feu dans vos murs. C’est une menace silencieuse mais bien présente. Après une infestation, faire vérifier son installation électrique par un pro n’est jamais un luxe.
Côté santé, les rats peuvent transmettre des maladies comme la leptospirose via leur urine et leurs crottes. Pour nettoyer, la sécurité avant tout :
- Équipez-vous : gants en caoutchouc et masque respiratoire.
- Ne balayez JAMAIS à sec. Ça enverrait les virus dans l’air.
- Vaporisez de l’eau de Javel diluée (1 part pour 10 parts d’eau) sur les zones souillées. Laissez agir 5 minutes.
- Essuyez avec du papier absorbant, jetez le tout dans un sac poubelle bien fermé, et nettoyez la zone.
Quand appeler un pro (et combien ça coûte) ?
Le bricolage a ses limites. Il faut savoir passer la main si, après deux semaines d’efforts, le problème persiste. Si vous voyez des rats en pleine journée (signe de surpopulation) ou si vous n’êtes tout simplement pas à l’aise avec tout ça, n’hésitez pas.
Côté budget, il faut être réaliste. Une inspection et un diagnostic par un spécialiste coûtent en général entre 80€ et 150€. Pour une intervention complète (piégeage, traitement), les prix peuvent varier énormément, de 200€ à plus de 500€ selon la surface et la gravité de l’infestation. C’est un coût, mais c’est le prix de la tranquillité et de la sécurité.
Au final, se débarrasser des rats demande de la méthode et de la persévérance. Mais en suivant ces étapes logiques, vous avez toutes les cartes en main pour reprendre le contrôle de votre maison. Ne laissez pas un petit grattement gâcher vos nuits.