Fabriquer ses Granulés Soi-Même : La Vérité que les Vendeurs de Machines Oublient de Vous Dire

Transformez vos déchets en chaleur ! Apprenez à fabriquer des granulés de bois en trois étapes simples et économisez sur vos factures.

Auteur Lilou Garnier

Avant de vous lancer, parlons franchement

Avec la flambée des prix de l’énergie, l’idée de produire ses propres granulés de bois a de quoi séduire. On voit fleurir des vidéos sur internet qui font passer ça pour un jeu d’enfant. Une machine, des copeaux, et hop, du chauffage quasi gratuit. Sauf que voilà, avec des décennies d’expérience dans le bois, de la scierie à l’atelier, je peux vous le dire sans détour : la réalité est bien plus complexe.

Produire un granulé de qualité, celui qui ne va pas bousiller votre poêle, c’est un vrai métier. Ce n’est pas un petit bricolage du dimanche. J’ai vu trop de gens revenir avec des poêles encrassés, des vis sans fin bloquées, tout ça à cause de granulés maison de mauvaise qualité, fabriqués en suivant des conseils bien trop optimistes.

Mon but ici n’est pas de vous décourager, mais de vous donner l’heure juste. C’est un projet pour des passionnés avertis, prêts à investir du temps et de l’argent. Si vous êtes de cette trempe, alors allons-y. D’ailleurs, petit test avant même de dépenser un euro : lancez-vous ce défi. Trouvez une source de sciure 100% propre, non traitée et gratuite (ou presque) à moins de 20 km de chez vous. Si en une semaine vous n’avez rien trouvé, honnêtement, laissez tomber. Vous venez d’éviter beaucoup de tracas.

granules de bois couleur beige

Partie 1 : La matière première, l’âme de votre granulé

Tout part de là. Un bon granulé, c’est avant tout une bonne matière première. On ne peut pas jeter n’importe quoi dans la machine et espérer un miracle. La qualité de votre combustible dépend à 80% de ce que vous choisirez au départ.

Le duel du bois : résineux contre feuillus

On entend souvent qu’il faut fuir les bois résineux comme le pin ou le sapin. C’est une idée reçue qui vient de la confusion avec le bois de chauffage en bûches. Pour les granulés, c’est tout l’inverse ! La plupart des granulés industriels certifiés sont faits à base de résineux. Pourquoi ? À cause d’un super-héros naturel : la lignine.

La lignine, c’est une sorte de colle présente dans le bois. Quand on comprime la sciure dans la presse, la température grimpe en flèche, vers 100-120°C. Cette chaleur fait fondre la lignine qui, en refroidissant, va souder les particules de bois entre elles. C’est ce qui donne au granulé sa solidité. Et devinez quoi ? Les résineux en sont bourrés.

quelle matiere premiere pour fabriquer des granules de bois sciure de bois

Les bois feuillus (chêne, hêtre…) en ont beaucoup moins. C’est un vrai casse-tête de les presser sans ajouter un liant, comme de l’amidon. Si vous n’avez que du feuillu sous la main, un mélange peut fonctionner : visez un ratio de 70% de feuillu pour 30% de résineux. Mais franchement, pour débuter, concentrez-vous sur du résineux pur.

Ce qu’il ne faut JAMAIS utiliser

La règle d’or est simple : uniquement du bois 100 % naturel et non traité. Jamais, au grand jamais, de :

  • Bois de démolition : Il est plein de peintures, vernis, clous, et autres cochonneries. En brûlant, ça libère des fumées toxiques et ça va vitrifier l’intérieur de votre poêle.
  • Panneaux de particules (aggloméré, MDF) : Ces trucs sont un cocktail de colles et de résines synthétiques. Leur combustion crée du mâchefer, une sorte de résidu vitrifié qui peut boucher le creuset de votre poêle de façon définitive. Une réparation qui chiffre vite à plusieurs centaines d’euros…
  • Bois moisi ou pourri : C’est de la matière décomposée et gorgée d’eau. Son pouvoir calorifique est nul et la combustion sera désastreuse.
bois et granules de bois fond blanc

Où dénicher la perle rare ?

Le top du top, c’est de se fournir directement chez les pros du bois :

  • Les scieries : Elles croulent sous la sciure et les copeaux propres. C’est le Graal. Allez discuter avec le patron, un bon contact peut vous assurer un approvisionnement fiable et souvent très bon marché (parfois quelques dizaines d’euros pour un mètre cube).
  • Les menuisiers et ébénistes : Leurs copeaux sont excellents, mais attention ! Assurez-vous qu’ils travaillent bien du bois massif et pas des panneaux composites.
  • Les élagueurs : Ils produisent du broyat de branches. La qualité est plus variable, car il peut y avoir de l’écorce ou des feuilles, ce qui augmente le taux de cendres. Un bon tamisage sera nécessaire.

Le secret, c’est la constance. Changer de bois à chaque tournée vous obligera à revoir tous les réglages de votre machine. Un vrai casse-tête.

Partie 2 : Le processus, bien plus qu’appuyer sur un bouton

Vous avez votre matière ? Parfait. Maintenant, le vrai travail commence. Et oubliez les « 3 étapes faciles ». C’est un enchaînement précis où chaque maillon compte.

un homme qui mets des granules de bois dans une poele

Étape 1 : Le broyage, la finesse avant tout

La presse à granulés est une diva : elle n’accepte pas les gros morceaux. Votre matière doit être réduite en une poudre fine, d’une taille idéale comprise entre 3 et 5 millimètres. Trop gros, ça ne passera pas. Trop fin (comme de la poussière de ponçage), l’air ne pourra pas s’échapper et la compression sera ratée.

Un simple broyeur de jardin ne fera pas l’affaire. Il vous faut un broyeur à marteaux, aussi appelé affineur. C’est un investissement : comptez entre 1000€ et 2500€ pour un modèle d’entrée de gamme correct. Attention, cette machine génère une poussière de bois fine et explosive. Travaillez toujours dehors ou dans un local très bien ventilé, avec un masque FFP3, des lunettes et des protections auditives. C’est non négociable.

Étape 2 : Le séchage, là où tout se joue

C’est ici que 90% des amateurs échouent. Le taux d’humidité de votre sciure est le paramètre le plus critique. Il doit être d’une précision chirurgicale : entre 10 % et 15 %.

machine rouge a boryer de bois copeaux de bois
  • Trop humide (> 15 %) : L’eau se transforme en vapeur et empêche la compression. Vous obtiendrez des granulés mous et friables, et risquez des blocages violents dans la machine.
  • Trop sec (< 10 %) : La sciure n’est plus assez souple. La friction devient énorme, vous produisez des granulés cassants et vous usez la filière (la pièce la plus chère) à vitesse grand V.

Pour mesurer ça, il vous faut un bon hygromètre à pointes pour bois. N’allez pas au moins cher, un bon appareil coûte entre 100€ et 250€ mais vous sauvera la mise. Piquez à plusieurs endroits et faites une moyenne.

Étape 3 : La granulation, l’heure de vérité

Votre matière est prête. Place à la presse à granulés. Mais laquelle choisir ? Une presse à 1500€ et une à 4000€, ce n’est pas la même histoire. On parle de puissance : les modèles de base sont souvent en monophasé (230V), facile à brancher. Les plus grosses exigent du triphasé (400V), ce qui n’est pas courant chez un particulier. Ensuite, le rendement : la petite sortira peut-être 40-60 kg/h dans des conditions parfaites, quand la plus grosse visera plus de 100 kg/h.

des pellets de bois sur une table noire

Astuce de pro que personne ne vous donne : le rodage de votre filière neuve est crucial ! Préparez un mélange spécial : 50% sciure, 40% huile de cuisine bas de gamme, et 10% de sable très fin. Faites passer ce « dentifrice » abrasif dans la machine pendant une bonne demi-heure. Ça va polir les canaux et vous éviter des blocages et des frustrations infinies.

Au démarrage, laissez la machine chauffer. Une fois la bonne température atteinte, alimentez doucement et régulièrement. Apprenez à écouter le son de votre machine. Un bruit constant est bon signe. Des claquements ? Arrêtez tout.

SOS Granulés : les pannes les plus courantes

Vous allez forcément y passer, alors autant être préparé.

Problème : « Mes granulés sont mous et s’effritent ! »
Solution : Pas de mystère, votre sciure est trop humide (>15%). Arrêtez tout, et faites-la sécher davantage. C’est la seule solution.

Problème : « La machine force, grogne et se bloque ! »
Solution : Coupure d’urgence ! Soit votre matière est trop sèche (<10%), soit un corps étranger est passé. Coupez le jus, attendez l'arrêt complet, et débourrez la filière À FROID avec les outils adaptés. Jamais avec les doigts.

de l huile vegetal pour ajouter dans les granules de bois

Étape 4 : Le refroidissement et le tamisage, la finition du pro

Les granulés sortent chauds (60-90°C) et un peu mous. Ne les ensachez surtout pas tout de suite ! La condensation les transformerait en bouillie. Étalez-les en fine couche dans un endroit sec et aéré pendant au moins 24 heures pour qu’ils durcissent.

Une fois froids, l’étape finale que beaucoup zappent : le tamisage. Toute la poussière créée durant le processus doit être éliminée. Sinon, elle finira par encrasser la vis sans fin de votre poêle. Un simple tamis à mailles de 3 ou 4 mm fait parfaitement l’affaire.

Partie 3 : Comment juger la qualité de vos créations ?

Pas besoin d’un labo pour avoir une idée de la qualité de vos granulés. Quelques tests simples suffisent :

  • Le test de l’eau : Jetez une poignée de granulés dans un verre d’eau. S’ils sont denses, ils doivent couler direct. S’ils flottent, ils manquent de compaction.
  • Le test du « clac » : Prenez un granulé entre vos doigts. Il doit être dur à casser et le faire avec un bruit sec, un « clac ». S’il s’effrite, c’est raté.
  • Le test des fines : Secouez un échantillon dans un sac plastique. Il ne doit y avoir qu’une infime quantité de poussière au fond.
  • Le test du feu : Le test ultime. Brûlez-en une petite quantité. La cendre doit être une poudre fine et grise. S’il y a des résidus noirs, durs, comme du verre fondu (le fameux mâchefer), votre bois contenait des impuretés. C’est le pire ennemi de votre poêle.
machine a pellet couleur noire

Partie 4 : La dure réalité : coûts, temps et sécurité

C’est le chapitre que les vendeurs de machines survolent un peu trop vite. Parlons chiffres.

Alors, c’est rentable ? Le calcul honnête

L’investissement de départ pour un équipement sérieux (presse, broyeur, hygromètre) se situe entre 3 000 € et 7 000 €. Mais le coût ne s’arrête pas là. Une presse de 7.5 kW consomme… 7.5 kWh. Au prix actuel de l’électricité (disons 0,25€/kWh), ça vous coûte presque 2€ de l’heure. Pour produire une tonne (1000 kg), vous allez y passer des heures. Rien qu’en électricité, comptez facilement entre 150€ et 200€ par tonne fabriquée !

Mettons les choses au clair. Acheter : vous payez votre palette de granulés certifiés entre 450€ et 650€ la tonne. C’est livré, c’est propre, zéro tracas. Fabriquer : vous avez l’investissement initial, le coût de l’électricité, le transport de votre sciure (même gratuite, elle ne se téléporte pas), et surtout… des dizaines et des dizaines d’heures de votre temps. La rentabilité, si elle arrive, c’est après 5, 6, voire 10 ans… si vous ne cassez rien entre-temps.

des granules de bois couleurs differents

LA SÉCURITÉ : LE CHAPITRE LE PLUS IMPORTANT

Je vais être direct : c’est une activité dangereuse si elle est mal préparée.

  1. Risque d’explosion : La poussière de bois en suspension est aussi volatile que de la farine. Une étincelle (moteur, électricité statique) et c’est la déflagration. Ne travaillez jamais dans un garage fermé. Ayez un extincteur à poudre ABC à portée de main.
  2. Risques mécaniques : Ces machines sont des monstres de puissance. On n’intervient JAMAIS sur une machine en marche. Une histoire d’un type qui a voulu débloquer un broyeur à la main et y a laissé des doigts n’est malheureusement pas une légende urbaine.
  3. Risques pour la santé : La poussière de bois, surtout celle des bois durs, est classée cancérigène. Le masque FFP3 n’est pas une option, c’est une obligation vitale.

Alors, on se lance ou pas ?

Fabriquer ses granulés, c’est techniquement possible. Mais ce n’est ni simple, ni bon marché, ni sans risque. C’est un projet qui s’adresse à un profil très particulier : un excellent bricoleur, passionné de mécanique, qui dispose d’un grand atelier, d’un accès à une source de matière première gratuite et de qualité, et qui est prêt à investir beaucoup de temps et d’argent.

quel bois utiliser pour fabriquer des granules de bois

Pour 99% des gens, la réponse honnête est non. Le jeu n’en vaut pas la chandelle. Le risque d’abîmer un poêle moderne et coûteux est trop grand. Mon conseil ? Considérez l’achat de granulés certifiés comme une assurance pour votre chauffage. C’est la garantie de la tranquillité d’esprit. Si malgré tout l’envie de faire par vous-même est la plus forte, alors foncez, mais en parfaite connaissance de cause et en respectant scrupuleusement les règles de l’art et de sécurité. La satisfaction sera alors immense.

Galerie d’inspiration

comment faire son propre granule decbois pellets flammes

Le taux d’humidité idéal pour la sciure avant pressage se situe entre 12% et 15%. Un seul point de pourcentage en dehors de cette plage peut faire échouer tout le processus.

Ce n’est pas une simple recommandation, c’est une loi physique. En dessous de 12%, la lignine ne s’activera pas correctement par la chaleur, et vos granulés s’effriteront au lieu de se compacter. Au-dessus de 15%, l’excès de vapeur d’eau va

Lilou Garnier

Experte Vie de Famille & Jardinière en Herbe
Ses univers : Jardins familiaux, Déco pour enfants, Activités nature
Maman de trois enfants, Lilou a appris à créer des espaces qui concilient beauté et praticité. Sa maison normande avec son grand jardin est devenue son terrain d'expérimentation favori. Elle y teste toutes ses idées d'aménagements kid-friendly et de projets jardinage en famille. Convaincue que les enfants apprennent mieux au contact de la nature, elle invente sans cesse de nouvelles activités créatives. Le dimanche, toute la famille met la main à la pâte pour entretenir leur potager ou construire des cabanes dans les arbres.