Évier bouché ? Laissez tomber le bicarbonate, voici les vraies techniques qui marchent.
Franchement, j’ai arrêté de compter le nombre d’éviers que j’ai débouchés dans ma carrière. Des cuisines de grands restaurants aux kitchenettes minuscules, le réflexe est toujours le même : bicarbonate de soude et vinaigre blanc. On voit cette astuce partout, et soyons honnêtes, pour un tout petit ralentissement, ça peut parfois donner un coup de pouce. Mais quand on m’appelle, c’est 99% du temps que la fameuse potion magique n’a servi à rien.
Contenu de la page
- Comprendre le bouchon : Connaître son ennemi
- Avant toute chose : La règle d’or et la préparation
- Solution n°1 : La technique de l’eau chaude (version pro)
- Solution n°2 : La ventouse, un classique redoutable (si bien utilisée)
- Solution n°3 : Le démontage du siphon, l’opération à cœur ouvert
- Solution n°4 : Le furet, quand le bouchon se cache plus loin
- Le plus important : La prévention pour ne plus jamais recommencer !
- Et si rien ne marche ? Quand appeler un pro
Il faut se rendre à l’évidence. Le bicarbonate est un super nettoyant pour les surfaces, mais face à un vrai bouchon bien compact, c’est un peu comme essayer d’abattre un mur avec une cuillère en plastique. La petite effervescence que vous voyez, c’est surtout pour le spectacle. Elle ne crée ni la pression, ni la chaleur nécessaire pour dissoudre des semaines de graisse figée et de restes alimentaires amalgamés.
Mon objectif ici, c’est de vous partager les méthodes que j’utilise sur le terrain. Celles qui fonctionnent vraiment. On va y aller pas à pas, du plus simple au plus technique, pour que vous puissiez choisir la bonne approche. Et surtout, on va le faire en toute sécurité. Car une mauvaise manip peut vite transformer un petit tracas en gros dégât des eaux. Allez, suivez-moi, je vous montre comment on fait.

Comprendre le bouchon : Connaître son ennemi
Avant de sortir la caisse à outils, un petit temps de réflexion s’impose. Qu’est-ce qu’un bouchon, au juste ? C’est un mélange assez peu ragoûtant qui se forme petit à petit. Le connaître, c’est déjà avoir fait la moitié du chemin.
Dans une cuisine, le grand coupable, c’est le gras. Les huiles de friture, le gras de cuisson, le beurre… Chauds, ils sont liquides et filent dans le tuyau. Mais dès qu’ils rencontrent l’eau froide des canalisations, ils se solidifient et s’accrochent aux parois. C’est la base de notre problème.
Par-dessus cette première couche, tout un tas d’autres choses viennent se coller :
- Les restes alimentaires : Les petits morceaux de légumes, le marc de café (un faux ami terrible pour les tuyaux !), les grains de riz… Ils sont piégés par la graisse.
- Le savon : Les liquides vaisselle et savons contiennent eux-mêmes des graisses. En réagissant avec le calcaire de l’eau, ils peuvent former une sorte de pâte dure qu’on appelle le « savon calcaire ».
- Les cheveux : Plus rares en cuisine, mais ils peuvent s’inviter et tisser un filet parfait pour tout retenir.
Au fil du temps, ça se tasse, ça durcit, et l’eau s’écoule de plus en plus mal. Vous entendez des glouglous ? C’est le signe que l’air a du mal à passer. Et un beau jour, plus rien. Le bouchon est total.

Le siphon : La zone critique
Jetez un œil sous votre évier. Ce tuyau en forme de « S » ou de « U », c’est le siphon. Son job principal est de garder une petite réserve d’eau pour bloquer les mauvaises odeurs qui remonteraient des canalisations. Une barrière anti-odeurs, en somme.
Mais ce coude est aussi l’endroit préféré des bouchons. C’est logique : les déchets lourds s’y déposent, la graisse s’y accumule. Honnêtement, dans 8 cas sur 10, le problème se situe là. Et ça, c’est une bonne nouvelle, car c’est la partie la plus accessible.
Avant toute chose : La règle d’or et la préparation
Attention, je dois insister sur un point capital. Si vous avez déjà versé un déboucheur chimique surpuissant (vous savez, ces bouteilles noires avec des têtes de mort dessus) et que ça n’a pas marché, STOP. N’essayez rien d’autre. Appelez un professionnel.
J’ai vu des accidents terribles. Un client avait vidé un litre de produit à base de soude. Le produit stagnant, il a ensuite tenté de démonter son siphon. Résultat : projection au visage et brûlures graves. Ces produits transforment votre canalisation en piège chimique. N’ajoutez jamais d’eau chaude par-dessus, la réaction peut être explosive.

Pour les méthodes qui suivent, on part sur une base saine : un évier bouché juste avec de l’eau. Et préparez-vous un minimum :
- Protégez-vous : Une paire de gants en caoutchouc, c’est le minimum. Des lunettes de protection, c’est encore mieux (on n’est jamais trop prudent).
- Préparez la zone : Videz le placard sous l’évier. Mettez une vieille serviette par terre et placez une bassine ou un seau juste sous le siphon.
Solution n°1 : La technique de l’eau chaude (version pro)
Si le bouchon est récent, cette méthode peut suffire. C’est bien plus malin que de verser juste de l’eau bouillante.
La technique :
- Versez un bon demi-verre de liquide vaisselle dans la bonde. Il est plus lourd que l’eau et va descendre lentement pour enrober le bouchon de graisse.
- Laissez poser 20-30 minutes. Le produit commence à décomposer les graisses.
- Faites chauffer de l’eau. Petite astuce de pro : si vos tuyaux sont en PVC (le plastique blanc ou gris), n’utilisez JAMAIS d’eau bouillante à 100°C. Elle peut déformer les tuyaux ou fragiliser les joints. Une eau très chaude du robinet (60-70°C) est parfaite. Si vos tuyaux sont en métal, là, vous pouvez y aller avec l’eau de la bouilloire.
- Versez l’eau chaude doucement. La chaleur va liquéfier la graisse que le savon a déjà attaquée, et l’eau l’emportera.

Solution n°2 : La ventouse, un classique redoutable (si bien utilisée)
Ça n’a pas marché ? On passe au mécanique. La ventouse est un outil formidable, mais il y a une technique. Oubliez les petits coups mous et désordonnés.
Le bon matos : Pour que ça marche, il vous faut une bonne ventouse, avec un caoutchouc souple qui fait bien effet « succion ». Les modèles d’entrée de gamme, tout durs, qu’on trouve à 3€, ne servent à rien. Comptez plutôt entre 10 et 15€ pour un modèle efficace chez Castorama ou Leroy Merlin.
La technique qui change tout :
- Le secret que personne ne connaît : Bouchez le trop-plein ! C’est le petit trou en haut de l’évier pour éviter les débordements. Si vous ne le bouchez pas, toute la pression que vous créez s’échappe par là. Un simple chiffon humide bien enfoncé dedans suffit.
- Laissez un fond d’eau : Il faut quelques centimètres d’eau pour que le bord de la ventouse soit immergé. L’eau ne se comprime pas, elle transmettra toute la force.
- Positionnez et pompez : Placez la ventouse bien à plat sur la bonde. Poussez une fois doucement pour chasser l’air. Ensuite, le mouvement clé n’est pas de pousser, mais de TIRER. Faites des va-et-vient rapides et vigoureux. C’est cette alternance de pression et de dépression qui va disloquer le bouchon.
- Le coup final : Après une dizaine de pompages, retirez la ventouse d’un coup sec vers le haut. Si vous entendez un « SLURP » et que l’eau s’écoule, bravo ! Sinon, recommencez deux ou trois fois.

Solution n°3 : Le démontage du siphon, l’opération à cœur ouvert
Si la ventouse n’a rien donné, c’est quasi certain : le bouchon est dans le siphon et il est trop compact. Il faut l’ouvrir. Ça impressionne, mais c’est très simple.
La check-list avant de se lancer : une bassine, des gants, une pince multiprise (au cas où), et un téléphone à portée de main pour relire les étapes. Ah, et une vieille brosse à vaisselle !
Le démontage :
- Les deux gros écrous en plastique se dévissent à la main (sens inverse des aiguilles d’une montre). Si c’est bloqué, utilisez la pince multiprise, mais mollo sur le plastique pour ne rien casser. Un chiffon entre la pince et l’écrou évite de l’abîmer.
- Dévissez, tenez bien le siphon, et laissez l’eau et les cochonneries tomber dans le seau. L’odeur peut être… mémorable.
- Videz le siphon et nettoyez-le à fond. Vous n’imaginez pas ce que j’ai pu trouver là-dedans : des noyaux, des bijoux, une fois même une petite voiture d’enfant ! C’est souvent une vraie capsule temporelle des déchets.
Le remontage (l’étape à ne pas rater) :

- Le conseil qui sauve : Changez les joints ! Les petits joints en caoutchouc à l’intérieur des écrous ont sûrement séché ou se sont déformés. Un jeu de joints neufs coûte 2 ou 3€ en magasin de bricolage et vous évitera une fuite quasi certaine. C’est la meilleure assurance anti-dégât des eaux.
- Remontez le tout en serrant à la main. Un serrage ferme suffit. Si vous utilisez la pince, juste un quart de tour de plus, pas plus !
- Le test ultime : Laissez le seau dessous. Faites couler de l’eau, d’abord doucement, puis un gros volume d’un coup. Passez votre doigt sur les joints. C’est sec ? Mission accomplie.
Solution n°4 : Le furet, quand le bouchon se cache plus loin
Siphon propre mais évier toujours bouché ? Le problème est plus loin dans le mur. Il nous faut le furet : cette longue tige métallique flexible avec une manivelle.

Un furet de bonne qualité coûte entre 15 et 40€ et c’est un excellent investissement. C’est bien plus efficace et écologique que n’importe quel produit chimique.
Comment on s’en sert ?
- Démontez à nouveau le siphon. C’est plus simple d’insérer le furet directement dans le tuyau qui part dans le mur.
- Poussez le furet doucement en tournant la manivelle.
- Quand vous sentez une résistance, c’est le bouchon. N’insistez pas comme un forcené.
- Tournez la manivelle dans le sens des aiguilles d’une montre en appliquant une légère pression. La tête en tire-bouchon va s’agripper dans le bouchon pour le percer ou l’accrocher. Faites des petits allers-retours pour le désagréger.
- Quand vous sentez que ça cède, retirez le furet doucement en continuant de tourner. Souvent, vous ramènerez une partie du bouchon avec vous. Remontez le siphon et testez.
Le plus important : La prévention pour ne plus jamais recommencer !
Déboucher, c’est bien. Ne plus avoir à le faire, c’est mieux. Voici quelques habitudes toutes simples :
- Jamais d’huile dans l’évier : Essuyez vos poêles grasses avec du papier absorbant avant de les laver. L’huile, c’est l’ennemi public n°1.
- Le marc de café : Contrairement à la légende, ça ne nettoie pas les tuyaux, ça les bouche ! Mettez-le au compost ou à la poubelle.
- Filtre ou crépine : Un petit filtre en métal sur la bonde, ça coûte 2€ et ça attrape 90% des restes.
- L’entretien mensuel : Une fois par mois, faites couler de l’eau très chaude (pas bouillante sur du PVC, on a dit !) pendant une minute. Ça aide à dissoudre les graisses qui commencent à s’accumuler.
Et si rien ne marche ? Quand appeler un pro
Vous avez tout essayé ? La ventouse, le siphon, le furet… mais l’eau ne s’écoule toujours pas ? Là, il faut être sage. Le bouchon est peut-être très loin, très dur, ou le problème est plus complexe (un tuyau affaissé, par exemple). Insister pourrait endommager vos canalisations.
Si l’eau remonte dans un autre appareil (la douche, par exemple) quand vous utilisez l’évier, c’est aussi un signe qu’il faut un équipement professionnel. À ce stade, jeter l’éponge et appeler un plombier n’est pas un échec, c’est une décision intelligente qui vous fera économiser du temps, de l’argent et beaucoup de stress.