Chaussures qui sentent mauvais ? Les astuces de pro pour en finir (vraiment)
Dans mon atelier, je vois défiler un peu de tout. Des bottes de chantier pleines de boue, des escarpins de soirée… et très souvent, des clients un peu désespérés avec la même question : « Mes chaussures préférées sentent mauvais, j’ai tout essayé, rien ne marche ! » Mon boulot, ce n’est pas juste de changer un talon. C’est de redonner vie à une chaussure. Et franchement, les mauvaises odeurs, ce n’est pas une fatalité. C’est juste un symptôme, et on peut le traiter à la source.
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Avant de sortir les remèdes miracles, il faut comprendre ce qui se passe à l’intérieur. Une chaussure qui sent, c’est un petit écosystème en folie. Il y a trois acteurs : vos pieds, les bactéries et la chaussure elle-même. Vos pieds transpirent, c’est normal. Cette sueur, au départ, est quasi inodore. Mais les bactéries présentes sur notre peau adorent ça. Elles s’en nourrissent et leurs « déchets » sont les fameux acides qui créent l’odeur. La chaussure, elle, devient l’incubateur parfait : un milieu chaud, humide et sombre. Le paradis pour que tout ce petit monde prolifère.

D’ailleurs, le matériau de la chaussure change tout. Le cuir véritable, par exemple, est une matière qui respire et laisse une partie de l’humidité s’évacuer. À l’inverse, beaucoup de matières synthétiques qu’on trouve dans les chaussures de sport emprisonnent la chaleur et la transpiration. C’est pour ça que les baskets sont souvent les premières concernées. Comprendre ça, c’est la clé : on ne se bat pas contre l’odeur, on gère l’humidité et les bactéries.
La prévention : le vrai secret pour des chaussures saines
Le meilleur traitement, c’est celui qu’on n’a pas à faire. Je le dis tout le temps à mes clients. Quelques gestes simples au quotidien sont mille fois plus efficaces que n’importe quel spray chimique.
La règle d’or : la rotation des chaussures
Ne portez JAMAIS la même paire deux jours de suite. C’est la base de tout. Une chaussure a besoin de 24 à 48 heures pour sécher complètement de l’intérieur, même si elle semble sèche au toucher. En alternant, vous brisez le cycle de vie des bactéries. Et en plus, vous prolongez la durée de vie de vos chaussures en laissant les matériaux se reposer.

Vous n’avez qu’une seule paire ? La mission sauvetage du soir !
Ok, tout le monde ne peut pas jongler avec dix paires. Si vous mettez les mêmes chaussures tous les jours (je pense aux chaussures de sécurité par exemple), voici un rituel à adopter dès que vous rentrez :
1. Retirez immédiatement les semelles intérieures si elles sont amovibles.
2. Bourrez vos chaussures de papier journal. Il va littéralement pomper l’humidité. Changez-le au bout d’une heure si possible.
3. Laissez les chaussures et les semelles sécher à l’air libre, mais surtout, loin d’un radiateur !
L’embauchoir en bois : votre meilleur ami
Oubliez les trucs en plastique, ça ne sert à rien. Ce qu’il vous faut, c’est une paire d’embauchoirs en bois brut, non verni. Le cèdre rouge est le top du top. Son bois est poreux, il absorbe l’humidité, et il a même des propriétés antibactériennes. L’odeur fraîche est un bonus agréable. Insérez-les dès que vous vous déchaussez, quand le cuir est encore chaud. C’est le meilleur investissement que vous puissiez faire pour vos belles chaussures. Comptez entre 20€ et 45€ la paire, on en trouve facilement en ligne ou chez un bon chausseur.

Le choix des chaussettes (et l’hygiène)
Ça paraît bête, mais c’est crucial. Privilégiez les matières naturelles comme le coton, la laine ou le bambou, qui absorbent bien mieux l’humidité que le synthétique. Et bien sûr, une paire propre chaque jour ! Lavez-vous bien les pieds et séchez-les impeccablement, surtout entre les orteils. C’est souvent là que les ennuis commencent.
Les remèdes qui marchent vraiment (et ceux à éviter)
Quand la prévention n’a pas suffi, on passe à l’action. Il y a plein de remèdes de grand-mère, mais tous ne se valent pas. Faisons le tri ensemble.
Le bicarbonate de soude est un classique. Il absorbe l’humidité et neutralise les odeurs acides. Mais attention ! Ne le versez jamais directement dans la chaussure, il peut assécher le cuir et laisser des traces blanches. La bonne technique : remplissez une vieille chaussette de 3-4 cuillères à soupe de bicarbonate, nouez-la et placez ce sachet dans la chaussure toute la nuit. C’est doux, sans risque, et un paquet coûte moins de 3€ en supermarché.

Pour les cas difficiles, mon petit secret d’atelier, c’est la terre de Sommières. C’est une argile en poudre ultra-absorbante, géniale pour les matières fragiles comme le daim. Saupoudrez généreusement à l’intérieur, laissez agir plusieurs heures (voire une journée), puis aspirez bien la poudre. C’est redoutable. On la trouve pour moins de 10€ en droguerie, en magasin bio ou sur internet.
Et le vinaigre blanc ? C’est un excellent désinfectant, mais il faut le manipuler avec une extrême précaution. Ne l’utilisez jamais pur ! Diluez-le (une part de vinaigre pour trois parts d’eau) dans un vaporisateur et testez TOUJOURS sur une zone cachée. Vaporisez très légèrement à l’intérieur et laissez sécher à l’air libre. L’odeur de vinaigre partira en séchant, emportant les autres avec elle. Mais honnêtement, à éviter sur le daim ou le cuir non traité.
Quant aux huiles essentielles (tea tree, lavande…), soyons clairs : c’est un masque, pas une solution de fond. Ça sent bon, mais si l’humidité est là, le problème reviendra. Quelques gouttes sur un bout de coton, pourquoi pas, mais ça ne remplacera jamais un bon séchage.

Enfin, le fameux mythe du congélateur… S’il vous plaît, ne faites pas ça ! Le froid ne tue pas toutes les bactéries, il les met en sommeil. Dès que la chaussure se réchauffe, la fête recommence. Pire, j’ai déjà vu un client arriver, dépité, avec ses baskets de running dont les semelles étaient toutes craquelées. Le froid extrême avait fait éclater les colles et les mousses techniques. Une catastrophe à éviter !
À chaque chaussure sa solution
On ne s’occupe pas de la même façon d’une bottine en cuir et d’une basket en toile. C’est une question de bon sens.
Pour les chaussures en cuir lisse : L’intérieur peut se nettoyer avec un chiffon à peine humide et une goutte de savon glycériné. On frotte doucement, on essuie et on laisse sécher avec des embauchoirs. Surtout, on ne détrempe pas le cuir.
Pour le daim ou le nubuck : L’eau est l’ennemi public numéro un. Ici, c’est traitement à sec obligatoire. La terre de Sommières est votre meilleure option. On saupoudre, on laisse poser, on aspire. C’est tout.

Pour les chaussures de sport : C’est là que la bataille est la plus rude. Voici le plan d’attaque :
1. Démontez tout : Retirez lacets et semelles de propreté. Ce sont de vraies éponges à sueur.
2. Lavez les accessoires : Faites tremper lacets et semelles dans de l’eau tiède avec un peu de lessive. Rincez bien et laissez sécher à plat.
* Astuce peu connue : Parfois, il suffit de changer les semelles intérieures ! Pour 10 à 20€, vous pouvez trouver des semelles neuves (en cuir, à charbon actif…) qui peuvent régler 80% du problème d’un coup. C’est souvent le meilleur rapport qualité/prix.
3. Nettoyez les chaussures (à la main !) : Oubliez la machine à laver qui peut les déformer. Une brosse douce, de l’eau tiède savonneuse, on frotte l’intérieur et l’extérieur, on rince avec un chiffon humide et c’est tout.
4. Le séchage, l’étape CRUCIALE : Pas de radiateur, pas de plein soleil ! Bourrez-les de papier journal et changez-le régulièrement. La patience est la clé.

Quand faut-il passer le relais à un pro ?
Il y a des moments où les remèdes maison ne suffisent plus. Si l’odeur est vraiment incrustée, ou si vous voyez des traces de moisissure, ne prenez pas de risque. À l’atelier, nous avons des machines à ozone, un gaz qui désinfecte la chaussure en profondeur sans aucun produit chimique. C’est radical.
De même, si la semelle intérieure est collée et imbibée, un cordonnier peut la retirer proprement et la remplacer. C’est comme refaire les fondations. Et bien sûr, pour des chaussures de grande valeur ou en matières exotiques, ne jouez pas à l’apprenti sorcier. Confiez-les à quelqu’un dont c’est le métier.
Au final, garder ses chaussures saines, c’est surtout une question de bonnes habitudes. Faites-les sécher, aérez-les, alternez-les. Une chaussure bien entretenue, c’est plus de confort pour vous, et une durée de vie bien plus longue. Prenez soin d’elles, elles vous le rendront !

Galerie d’inspiration


Un pied peut produire jusqu’à 25 centilitres de sueur par jour lors d’un effort. C’est l’équivalent d’un petit verre d’eau !
Cette quantité impressionnante explique pourquoi un simple séchage à l’air libre est souvent insuffisant. Sans une absorption active (poudres, embauchoirs) ou une aération forcée, l’intérieur d’une chaussure de sport reste un milieu humide propice aux bactéries pendant plus de 48 heures.

Mettre ses chaussures au congélateur, bonne ou mauvaise idée ?
C’est une astuce populaire mais à l’efficacité limitée. Le froid intense met les bactéries en dormance, mais ne les tue pas toutes. Elles se réactivent avec la chaleur. Pire : la condensation qui se forme lors du dégel crée une nouvelle humidité, leur terrain de jeu favori. Une solution à n’utiliser qu’en dernier recours, en veillant à un séchage parfait par la suite.

La poudre magique du cordonnier : pour un désodorisant maison qui absorbe et parfume, créez des sachets sur-mesure. Le secret réside dans le bon dosage.
- Base absorbante : 3 cuillères à soupe de bicarbonate de soude ou d’argile blanche.
- Actif purifiant : 10 gouttes d’huile essentielle de Tea Tree (arbre à thé), reconnue pour ses propriétés antibactériennes.
- Touche fraîcheur : 5 gouttes d’huile essentielle de menthe poivrée ou de citron.
Mélangez, versez dans de vieux collants ou des chaussettes fines, nouez et placez une nuit dans vos chaussures.
Tradition : Les embauchoirs en cèdre brut. Ils absorbent l’humidité, maintiennent la forme de la chaussure et le cèdre possède des propriétés antifongiques naturelles. Un must-have pour les souliers en cuir.
Innovation : Les stérilisateurs à lumière UV-C. Des appareils comme ceux de Shoefresh utilisent des UV et de l’air chaud pour sécher et détruire jusqu’à 99,9% des bactéries et champignons en quelques dizaines de minutes, idéal pour les chaussures de sport.