Nourrir ses Poules : Le Guide Simple Pour Ne Plus Se Tromper (Matin ou Soir ?)
Depuis que j’ai des poules, c’est LA question qui revient tout le temps. Les amis qui se lancent, les voisins curieux, tout le monde veut savoir : on leur donne à manger le matin ou le soir ? Franchement, sur internet, on lit tout et son contraire. Certains ne jurent que par la gamelle du matin, d’autres sont persuadés que le soir, c’est mieux. Mais la vérité, comme souvent avec les animaux, est un peu plus subtile.
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Alors, oubliez les règles rigides. Mon but, c’est de vous partager ce que j’ai appris sur le tas, en observant mes cocottes, des grosses poules rousses aux petites naines pleines de caractère. Le secret, c’est d’apprendre à les regarder pour comprendre ce dont elles ont vraiment besoin. Un bon éleveur, c’est avant tout un bon observateur. On va mettre en place une routine qui a du sens, pour elles comme pour vous.
Petit tour sous le capot : comment fonctionne une poule ?
Avant même de parler de mangeoire, il faut comprendre ce qui se passe à l’intérieur. Le système digestif de la poule est une petite mécanique de précision, très différente de la nôtre. Et c’est la clé de tout.

En gros, le trajet de la nourriture, c’est ça :
- Le bec : La poule ne mâche pas. Elle picore, elle avale, et c’est tout.
- Le jabot : C’est la première étape cruciale. Imaginez une petite poche de stockage à la base du cou. La nourriture y est stockée et humidifiée. C’est un peu son garde-manger intégré qui lui permet de digérer plus tard. D’ailleurs, le soir, une poule qui va bien doit avoir le jabot bien plein, rond et souple au toucher. C’est un signe qui ne trompe pas.
- Le gésier : Voilà l’estomac-broyeur ! Comme elle n’a pas de dents, c’est ce muscle puissant qui va moudre les graines. Pour y arriver, il a besoin d’aide : des petits cailloux, qu’on appelle le grit. Si vos poules se baladent, elles en trouvent. Mais en enclos, c’est à vous de leur en fournir à volonté. Sans grit, la digestion se fait mal et la poule ne profite pas de ce qu’elle mange.
Ce cycle digestif explique tout. La poule aime grignoter toute la journée. Le matin, son jabot est vide, elle a faim. Le soir, elle fait des réserves pour tenir toute la nuit et, surtout, pour fabriquer le bel œuf du lendemain. Rien que de comprendre ça, ça change la perspective.

Ma méthode en deux temps : simple, efficace et économique
Chez moi, j’ai adopté une routine avec deux repas principaux. Ça permet de rythmer la journée, de contrôler les quantités (et donc le budget !) et surtout de limiter le gaspillage qui attire les indésirables. C’est un équilibre parfait entre le bien-être de la poule et la tranquillité de l’éleveur.
1. Le petit-déj’ du matin : le carburant pour démarrer
Dès que le jour se lève, les poules sortent du poulailler avec une seule chose en tête : manger ! Leur jabot est vide, elles ont besoin d’énergie. Ce premier repas est essentiel pour lancer la machine : explorer, gratter la terre et, pour la plupart, pondre leur œuf.
- Quand ? Idéalement, dans l’heure qui suit leur sortie. Une poule qui a faim est une poule qui stresse, et le stress, ça peut mener à des comportements pénibles comme le picage.
- Quoi ? Un aliment complet pour poules pondeuses, de préférence en granulés. Pourquoi ? Parce qu’avec la farine, elles ont tendance à trier et à en mettre partout. Les granulés garantissent qu’à chaque bouchée, elles ont tout ce qu’il faut : protéines (visez 16-18%), vitamines, etc.
- Combien ? Je donne environ un tiers de la ration de la journée, soit 40-50 grammes par poule de taille moyenne. C’est une base, bien sûr. L’idée est que la gamelle soit vide assez vite pour les inciter à chercher des insectes et de l’herbe dans la journée.

2. Le dîner du soir : le repas LE plus important
Pour moi, c’est le repas crucial. C’est celui qui va remplir le jabot pour toute la nuit. Pendant son sommeil, la poule va digérer lentement pour se maintenir au chaud et, surtout, pour fabriquer la coquille de l’œuf, un processus très gourmand en calcium qui a lieu la nuit.
- Quand ? Une heure ou deux avant qu’elles rentrent se percher. Il faut leur laisser le temps de manger à leur aise avant qu’il ne fasse trop sombre. Leur vision nocturne est quasi nulle.
- Quoi ? Le reste de la ration, soit les deux tiers (environ 80-100 grammes). En hiver, j’ajoute une petite poignée de maïs concassé. Sa digestion lente produit de la chaleur de l’intérieur, un vrai radiateur naturel pour les nuits froides.
- ACTION : Je vous lance un petit défi ce soir ! Une fois la nuit tombée, allez doucement dans le poulailler, attrapez une de vos poules et palpez son jabot. Il doit être plein et souple, comme une petite balle de tennis molle. S’il est plat, elles n’ont pas assez mangé. C’est un geste simple qui vous en dit long sur leur santé !

La nourriture à volonté : la fausse bonne idée ?
Beaucoup de débutants optent pour une mangeoire toujours pleine. C’est pratique, c’est sûr, surtout si on n’est pas là de la journée. Mais attention aux inconvénients, car ils sont nombreux.
Le problème numéro un, ce sont les nuisibles. Une source de nourriture en libre-service, c’est un restaurant 5 étoiles pour les rats, les souris et les oiseaux. Ils volent la nourriture (qui coûte cher !) et souillent tout avec leurs déjections, risquant de transmettre des maladies. J’ai eu une invasion de rats à mes débuts à cause de ça… une vraie galère.
Ensuite, il y a le gaspillage. Les poules adorent trier. Elles vont jeter par terre ce qu’elles aiment le moins. Et enfin, certaines races un peu gourmandes peuvent devenir obèses, ce qui réduit la ponte et fragilise leur santé.
Alors, on fait comment si on part en week-end ? C’est là que le système à volonté peut dépanner. Mais la meilleure solution, c’est d’investir dans une mangeoire anti-nuisibles, aussi appelée mangeoire à pédale. Il faut compter entre 30€ et 70€ en jardinerie (type Gamm Vert, Truffaut) ou sur internet, mais c’est un investissement qui vous changera la vie.

Petit conseil pour les habituer : Au début, elles ne comprendront pas. Jour 1-2 : bloquez la pédale avec une pierre pour que la trappe reste ouverte. Jour 3-4 : retirez la pierre et posez quelques friandises sur la pédale pour les inciter à monter dessus. En général, une fois qu’une a compris, les autres suivent très vite !
Adapter l’alimentation : une question de bon sens
Une poule n’a pas les mêmes besoins en plein été dans le sud qu’au cœur de l’hiver en Normandie. L’adaptation, c’est la clé.
En hiver
Les nuits sont longues et froides, le besoin en énergie explose. J’augmente un peu la ration (environ 140-150g par jour pour une poule moyenne) et je donne systématiquement du maïs le soir.
Astuce peu connue : Pour l’eau, j’ai deux abreuvoirs. Le matin, je prends celui qui est au chaud dans la maison et je l’échange contre celui qui a gelé dehors. C’est simple, gratuit et ça leur permet de boire tout de suite. Un abreuvoir chauffant (environ 25-40€) est aussi un super achat si vous vivez dans une région très froide.

En été
Avec la chaleur, elles mangent moins. Il faut donc distribuer la nourriture aux heures les plus fraîches : très tôt le matin et tard le soir. L’eau doit être impeccable, fraîche et à l’ombre. Des morceaux de pastèque ou de concombre, c’est une super friandise pour les hydrater.
Pour bien démarrer : la liste de courses et les cas particuliers
Le budget, c’est souvent le nerf de la guerre. Pour vous donner une idée, pour 3-4 poules, voici une petite liste de départ :
- Un sac de granulés de 25 kg : entre 15€ et 25€ en coopérative agricole ou en jardinerie. Ça vous durera un bon moment.
- Une mangeoire anti-nuisibles : 30€ – 70€. Un peu cher à l’achat, mais vite rentabilisé en nourriture économisée.
- Un abreuvoir de 5L : 10€ – 20€. Facile à trouver partout.
- Du grit et des coquilles d’huîtres concassées : environ 5-10€ le sac. Indispensable !
Et n’oubliez pas que toutes les poules n’ont pas les mêmes besoins. Un poussin aura besoin d’un aliment de démarrage très riche en protéines. Une poule qui mue aura aussi besoin d’un coup de boost protéiné. Et bien sûr, la ration doit s’adapter à la taille : une petite poule naine se contentera de 80-90g par jour, alors qu’une grande race comme la Brahma peut facilement atteindre 150-170g.
Enfin, un dernier mot sur l’hygiène. Nettoyez mangeoires et abreuvoirs au moins une fois par semaine. Et pour les restes de table, allez-y mollo. Un peu de verdure, de riz ou de pâtes, oui. Mais jamais d’aliments salés, sucrés, moisis, et surtout pas d’avocat ou de chocolat, qui sont toxiques. La règle d’or : les friandises ne doivent jamais dépasser 10% de leur alimentation.
Au final, la question n’est pas vraiment « matin ou soir ? », mais plutôt « comment être à l’écoute de mes poules ? ». L’approche en deux repas, léger le matin et copieux le soir, respecte leur biologie et vous offre un moment privilégié d’observation. C’est dans ce rituel tout simple que se tisse le lien, et c’est là que réside tout le plaisir d’un petit élevage familial.
Inspirations et idées
Mangeoire sur pieds ou suspendue ? Tout dépend de votre poulailler. Une mangeoire sur pieds, comme les modèles anti-nuisibles de Gaun, protège le grain de l’humidité du sol et des déjections. La version suspendue est idéale dans les petits espaces et décourage les rongeurs. L’essentiel est de garder l’aliment propre, sec et accessible uniquement à vos poules.
Un œuf est composé d’environ 75% d’eau. Une poule boit près du double de la quantité de nourriture qu’elle ingère, surtout par temps chaud.
Cela signifie qu’un abreuvoir vide ou une eau souillée peuvent stopper net la production d’œufs, bien avant qu’un problème de nourriture ne se manifeste. Pensez à vérifier et nettoyer l’abreuvoir chaque jour, c’est un geste aussi crucial que de remplir la mangeoire.
Donner des restes de cuisine est une excellente idée, mais avec discernement. Voici une liste de friandises saines et appréciées :
- Légumes verts à feuilles : salade, épinards, fanes de carottes (riches en vitamines).
- Pâtes ou riz cuits : une source d’énergie qu’elles adorent, à donner avec modération.
- Croûtes de fromage : un petit extra riche en calcium et en protéines.
- Fruits rouges : fraises, framboises (en petite quantité car sucrés).
Mes poules trient les graines, est-ce grave ?
Oui, c’est un piège courant avec les mélanges de céréales concassées. Les poules, gourmandes, choisissent souvent le maïs et le blé, plus riches, et délaissent les autres graines pourtant essentielles. Pour garantir un régime équilibré, l’aliment complet en granulés (pellets), comme ceux de la gamme Versele-Laga Country’s Best, est une solution parfaite. Chaque granulé contient tous les nutriments nécessaires, empêchant tout tri.
Le saviez-vous ? Le jabot d’une poule n’est pas seulement un sac de stockage. C’est là que démarre une pré-digestion grâce à la salive et aux bonnes bactéries. Le soir, un jabot plein et souple est le signe que votre poule a emmagasiné assez d’énergie pour la nuit et pour la fabrication de l’œuf du lendemain. C’est le meilleur indicateur de son bien-être.
Attention, certains aliments courants sont toxiques pour les poules. Ne leur donnez jamais d’avocat, de chocolat, de haricots secs crus, de pommes de terre crues ou verdies, ni de peaux d’oignon.
- Combat l’ennui, surtout en hiver.
- Limite le gaspillage au sol.
- Favorise un comportement de picage naturel.
Le secret ? Un simple chou, une pomme ou une grosse courgette piquée sur un crochet et suspendue à mi-hauteur dans l’enclos. Un jouet comestible et nutritif qui les occupera des heures durant.
Point important : Ne confondez pas le grit et la coquille d’huître. Le grit (petits cailloux de type quartz) est mécanique : il sert à broyer les aliments dans le gésier. La coquille d’huître est un apport en calcium : elle est soluble et sert à solidifier la coquille des œufs. Les deux doivent être proposés en libre-service, dans des gamelles séparées de l’alimentation principale.
La tendance est à l’aliment fermenté. En laissant tremper les granulés ou les céréales dans de l’eau pendant 24 à 48h, on initie une fermentation lactique. Ce processus libère des probiotiques, rend les nutriments plus assimilables et améliore la santé intestinale de vos poules. C’est une astuce d’éleveur simple pour un plumage plus brillant et des fientes plus saines.
Le stockage du grain est essentiel pour préserver ses qualités nutritives. Investissez dans un contenant hermétique en métal galvanisé plutôt qu’en plastique. Il protège non seulement de l’humidité et de la moisissure, mais surtout des rongeurs qui, en plus de manger les réserves, peuvent transmettre des maladies à votre cheptel via leur urine.