Construire un VRAI Nichoir : Le Guide pour Aider les Oiseaux (et pas juste Décorer le Jardin)
On les voit partout, n’est-ce pas ? Ces petites boîtes en bois colorées, souvent avec un perchoir tout mignon, vendues comme des « nichoirs ». C’est charmant, ça met une touche de couleur dans le jardin, mais franchement, il faut qu’on se le dise : la plupart ne sont pas de vrais nichoirs. Ce sont, au mieux, des objets de déco et, au pire, des pièges pour les oiseaux.
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Je baigne dans le travail du bois depuis des années. Mon plaisir, c’est de transformer des chutes en abris utiles. Et après avoir observé ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, j’ai appris une chose : un vrai nichoir, ce n’est pas fait pour nous plaire à nous. C’est un refuge fonctionnel, pensé pour la survie d’une nichée. Alors, oublions un instant l’esthétique et parlons concret. Ce guide est là pour vous aider à construire un abri qui fera une vraie différence.

Petite précision avant de commencer : on parle bien ici de nichoir (pour faire un nid et élever des petits), pas de mangeoire (pour se nourrir). Ce sont deux installations totalement différentes, avec des règles de conception opposées.
Avant de Visser la Moindre Planche : Penser comme un Oiseau
Avant même de toucher à votre scie, la première étape est de se mettre dans la tête d’un oiseau. Il ne cherche pas une vue sur la mer ou un design scandinave. Il cherche trois choses : sécurité, température stable et un endroit sec pour ses oisillons. C’est aussi simple et aussi vital que ça.
La Température : une Question de Vie ou de Mort
Le plus grand danger pour des oisillons, juste après les prédateurs, ce sont les extrêmes de température. Ils sont incroyablement fragiles. Un nichoir mal conçu peut vite devenir un four en plein soleil ou une glacière pendant une nuit de printemps un peu fraîche.

Le choix du bois est donc votre premier geste de protection. Oubliez tout de suite le métal ou le plastique. Le bois est un isolant naturel formidable. Mais attention, on utilise du bois BRUT, non traité. Pourquoi ? Parce que les lasures, vernis et peintures contiennent des produits chimiques qui, avec la chaleur, peuvent dégager des vapeurs toxiques et empoisonner toute la couvée.
Alors, quel bois choisir ? Franchement, ça dépend de votre budget et de ce que vous trouvez facilement.
- Le top du top, c’est le Cèdre Rouge. Il est naturellement résistant à la pourriture et aux insectes, léger et très isolant. Un vrai luxe pour les oiseaux, mais il est aussi plus cher.
- Une super alternative, plus locale et abordable, c’est le Pin Douglas. Il est très durable et n’a pas besoin de traitement si le nichoir est bien conçu.
- Vous avez des chutes de Chêne ou de Châtaignier ? Parfait ! C’est extrêmement durable, mais aussi plus lourd et plus difficile à travailler.
- L’option budget-friendly : le Pin Sylvestre ou l’Épicéa. C’est le bois le plus courant et le moins cher, souvent trouvable pour moins de 20€ la planche dans les grandes surfaces de bricolage. Par contre, il faudra le protéger un peu. Uniquement sur l’extérieur, vous pouvez passer une couche d’huile de lin, qui est naturelle.
Quelle que soit l’essence, visez une épaisseur de planche d’au moins 18 mm, et idéalement 20 mm. C’est le minimum syndical pour une bonne isolation.

Ventilation et Drainage : les Détails qui Sauvent
Cette leçon, je l’ai apprise à mes dépens. Mon tout premier nichoir était parfaitement étanche, j’en étais très fier. Sauf qu’après une grosse averse, il s’était transformé en piscine… une erreur de débutant que je n’ai jamais refaite.
Le drainage est donc OBLIGATOIRE. Il suffit de percer 4 petits trous (environ 5-8 mm) dans les coins du plancher. Ça permet à l’eau qui s’infiltre de s’évacuer tout de suite. La ventilation, elle, est tout aussi cruciale pour éviter l’effet « sauna ». Laissez un tout petit espace de quelques millimètres entre le haut des murs et le toit. Cela crée un léger flux d’air qui évacue la chaleur et l’humidité sans créer de courant d’air froid sur les oisillons.
Le Trou d’Envol : La Porte d’Entrée Sélective
Le diamètre du trou d’envol, c’est ce qui va déterminer qui vient s’installer. C’est un peu le videur à l’entrée de la boîte de nuit. Un trou trop grand, et des espèces plus grosses et agressives (comme les étourneaux) viendront squatter et chasser les plus petits.

Voici les diamètres qui ont fait leurs preuves :
- 28 mm : Idéal pour les Mésanges bleues, noires et nonnettes.
- 32 mm : Le plus polyvalent. Parfait pour la Mésange charbonnière. Si vous ne savez pas quoi choisir, partez là-dessus.
- 34 mm : Pour le Moineau domestique ou le Gobemouche gris.
- 45 mm : Si vous voulez accueillir l’Étourneau sansonnet ou le Pic épeichette.
Et maintenant, la règle d’or que 9 nichoirs sur 10 dans le commerce ignorent : NE JAMAIS, AU GRAND JAMAIS, METTRE DE PERCHOIR sous le trou ! Les oiseaux n’en ont absolument pas besoin. Le perchoir ne sert qu’à une chose : offrir une prise parfaite aux prédateurs (pies, geais, et surtout les chats) pour s’agripper et accéder à la nichée. L’absence de perchoir est un vrai signe de qualité.
D’ailleurs, si vous avez déjà un de ces nichoirs du commerce avec un perchoir, le meilleur service que vous puissiez rendre aux oiseaux AUJOURD’HUI, c’est d’aller le scier. Ça prend deux minutes et ça peut littéralement sauver une vie.

Passons à l’Atelier : Le Guide de Montage
La théorie, c’est bien, mais maintenant, on sort les outils ! Un bon nichoir doit être solide, fonctionnel et, surtout, facile à nettoyer.
Ce qu’il vous Faut avant de Commencer
- Pour les outils : Pas besoin de tout l’arsenal du pro ! Une bonne scie à main (ou sauteuse si vous avez), une perceuse-visseuse, un mètre ruban et un crayon suffisent.
- La liste de courses : Prévoyez une planche de bois non traité (entre 15€ et 30€ selon l’essence), une boîte de vis en inox ou galvanisées (important pour éviter la rouille, environ 5-8€) et, en option, deux petites charnières et un crochet (quelques euros).
- Le temps nécessaire : Pour un débutant qui prend son temps, comptez une bonne après-midi, de la découpe à l’assemblage final.
Le Plan de Base (Type « Boîte aux Lettres »)
C’est le modèle le plus efficace pour les mésanges. Avec des planches de 20 mm d’épaisseur, voici les dimensions à viser :
- Plancher : Un carré de 12 x 12 cm.
- Parois Avant et Arrière : 12 cm de large. La paroi arrière doit mesurer 25 cm de haut, et celle de l’avant 23 cm. Cette différence va créer naturellement la pente du toit.
- Parois Latérales (x2) : 12 cm de profondeur. La hauteur doit suivre la pente : 25 cm d’un côté (contre la paroi arrière) et 23 cm de l’autre (contre la paroi avant). (Petit conseil : pas de panique pour la coupe en biais, il suffit de tracer une ligne reliant le point haut et le point bas sur votre planche et de suivre le trait !)
- Toit : Environ 20 x 20 cm. Il doit bien déborder de tous les côtés (au moins 3-4 cm) et surtout à l’avant (5-7 cm) pour protéger le trou de la pluie.
Assemblage et Astuces de Pro
Une fois vos pièces découpées, percez le trou d’envol sur la paroi avant. C’est bien plus simple de le faire à plat. Le centre du trou doit être à environ 17-18 cm du bas de la planche. Ne poncez surtout pas l’intérieur des parois ! Les parois brutes de sciage aident les oisillons à s’agripper pour sortir du nid.
Pour l’assemblage, privilégiez des vis en inox, bien plus durables que des clous. Suivez cet ordre : fixez les côtés au plancher, puis l’arrière, puis l’avant, et terminez par le toit.

Astuce peu connue mais qui change tout : le toit ouvrant pour le nettoyage ! Au lieu de visser le toit de manière définitive, fixez-le avec deux petites charnières à l’arrière. Pour le maintenir fermé, un simple crochet de volet sur le côté suffit. Le nettoyage annuel devient un jeu d’enfant.
L’Installation : L’Étape qui Fait 80% du Succès
Vous pouvez construire le meilleur nichoir du monde, s’il est mal placé, il restera vide. L’emplacement est presque plus important que la construction elle-même.
- Hauteur : Entre 2 et 4 mètres du sol. Assez haut pour être à l’abri des chats, mais assez bas pour que vous puissiez le nettoyer sans acrobaties.
- Orientation : C’est crucial. Orientez le trou d’envol vers l’Est ou le Sud-Est. Cela évite les vents dominants et le soleil brûlant de l’après-midi.
- Emplacement : Choisissez un endroit calme, loin de votre terrasse ou de la mangeoire. Un tronc d’arbre ou un mur avec une trajectoire de vol dégagée, c’est l’idéal.
- Fixation : Pour un arbre, n’utilisez jamais de clous qui le blessent. Entourez le tronc avec du fil de fer passé dans un bout de tuyau d’arrosage pour protéger l’écorce. Bon à savoir : pensez à vérifier et desserrer le fil tous les ans ou deux pour ne pas étrangler l’arbre qui grandit !

Entretien et Dépannage
Une fois par an, en automne (septembre-octobre), quand vous êtes sûr que les oiseaux sont partis, il faut nettoyer. Videz l’ancien nid (avec des gants), grattez l’intérieur avec une brosse métallique, et rincez à l’eau bouillante (avec un peu de vinaigre blanc, c’est encore mieux) pour tuer les parasites. Laissez bien sécher avant de refermer.
« Mon nichoir reste vide… »
Patience ! Il faut parfois un an ou deux. Vérifiez l’emplacement : n’est-il pas en plein cagnard l’après-midi ? Trop près du barbecue ?
« Je suspecte un prédateur ! »
Si une nichée disparaît, il faut agir. Assurez-vous qu’aucune branche ne sert de pont d’accès pour un chat. L’astuce ultime, c’est de fabriquer un « gardien de trou ». Prenez une chute de bois dur de 3-4 cm d’épaisseur, percez-y le même trou d’envol, et vissez cette pièce par-dessus le trou existant. Cela rend le trou plus profond et empêche une patte de chat d’atteindre l’intérieur.

Un Dernier Mot…
Quand vous bricolez, pensez à votre sécurité : lunettes, et masque si vous poncez. Et surtout, une fois qu’un nichoir est occupé, il est protégé. On n’ouvre pas pour « juste voir les petits ». L’observation se fait de loin, avec des jumelles. Le dérangement peut causer l’abandon du nid.
Voilà, vous avez toutes les clés. Ce n’est pas juste un projet de bricolage. C’est un geste concret, utile, qui aide vraiment la biodiversité locale. Chaque nichoir bien conçu est une petite victoire. Alors, à vos outils !
Galerie d’inspiration



Le perchoir : la fausse bonne idée. Contrairement à l’imagerie populaire, un perchoir sous le trou d’envol est une aide précieuse… pour les prédateurs ! Un chat, une pie ou un écureuil peut s’y agripper facilement pour atteindre la nichée. Les oiseaux nicheurs n’en ont absolument pas besoin pour entrer et sortir.


Selon la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux), un nichoir bien conçu et bien placé a un taux d’occupation qui peut dépasser 80% dès la deuxième année. La patience est souvent récompensée.


Quel bois choisir pour la construction ?
Privilégiez toujours des bois bruts, non traités et résistants à l’humidité. Le cèdre, le mélèze ou le pin douglas sont d’excellents choix. Évitez absolument le contreplaqué ou l’aggloméré, qui gonflent à l’eau et peuvent dégager des colles nocives. Une épaisseur de planche de 15 à 20 mm assure une bonne isolation thermique.


- Pour une mésange charbonnière : trou de 32 mm
- Pour une mésange bleue ou nonnette : trou de 28 mm
- Pour un moineau friquet : trou de 32-34 mm
- Pour un rougequeue à front blanc : nichoir semi-ouvert
Le diamètre du trou d’envol est crucial : il sélectionne l’espèce qui pourra s’installer tout en empêchant les plus grosses (et les prédateurs) d’entrer.



L’orientation compte plus que la vue. Pour éviter que le nichoir ne se transforme en fournaise, orientez le trou d’envol vers l’est ou le sud-est. Il profitera du soleil matinal, plus doux, et sera protégé des vents dominants et des pluies battantes de l’après-midi.


Vis ou clous ? Pour l’assemblage, préférez les vis en inox. Elles ne rouillent pas et, surtout, elles vous permettront de démonter facilement une face du nichoir chaque automne pour le nettoyage, une étape indispensable pour éviter la prolifération de parasites.


Saviez-vous que la couleur peut être un danger ? Une peinture foncée sur un nichoir exposé au soleil peut faire grimper la température intérieure de plus de 10°C par rapport à l’extérieur, devenant mortelle pour les oisillons.
Si vous souhaitez peindre, optez pour des couleurs très claires et naturelles (beige, vert pâle) et utilisez une peinture ou une lasure écologique à base d’eau, sans COV (Composés Organiques Volatils).


Erreur de débutant : vouloir mettre de la paille ou de la mousse à l’intérieur pour


- Une bonne ventilation pour éviter la condensation.
- Une évacuation de l’humidité en cas de pluie.
Le secret ? Percez 2 à 4 petits trous (5 mm de diamètre) dans le plancher du nichoir. Cela assure le drainage et sauve des vies en cas d’infiltration.



Mon nichoir reste vide, pourquoi ?
Plusieurs raisons sont possibles. La plus fréquente est la proximité d’une mangeoire. Les oiseaux n’aiment pas nicher là où il y a un va-et-vient constant. Éloignez les deux zones d’au moins 5 à 10 mètres. Vérifiez aussi la hauteur (souvent trop basse), la présence de prédateurs (chats du quartier) ou une installation trop récente. Laissez-lui une saison pour qu’il prenne l’odeur du jardin.


Le toit qui protège. Un bon toit doit être légèrement en pente et dépasser d’au moins 5 cm sur l’avant et les côtés. Cette casquette protège le trou d’envol de la pluie battante et rend l’accès plus difficile pour un prédateur venant d’en haut.


Option A (DIY économique) : Le pin non traité. Abordable et facile à travailler. Il faudra peut-être le remplacer après 5-7 ans, mais c’est un excellent début.
Option B (Haut de gamme durable) : Le nichoir en béton de bois. Des marques comme Schwegler proposent des modèles quasi indestructibles, thermo-isolants et respirants, avec une durée de vie de plus de 25 ans.
L’investissement de départ n’est pas le même, mais le service rendu aux oiseaux sur le long terme non plus.


L’intérieur du nichoir doit rester brut, jamais poncé. Les petites aspérités du bois non raboté sont essentielles pour que les oisillons, au moment de leur premier envol, puissent s’agripper aux parois et grimper jusqu’au trou de sortie.


Pensez à l’écosystème autour du nichoir. Plantez des arbustes à baies (sureau, houx), laissez un coin d’herbes folles pour les insectes et installez un petit point d’eau. Un jardin accueillant est le meilleur argument pour convaincre un couple d’oiseaux de s’installer chez vous.


Le nettoyage annuel, un geste vital. En automne, une fois la saison de nidification terminée, videz entièrement le nichoir des anciens nids. Grattez les parois avec une brosse dure et ébouillantez l’intérieur pour tuer les parasites. Laissez bien sécher avant de refermer. Cette maintenance prépare un refuge sain pour le printemps suivant.



Focus Matériau : Le béton de bois.
Cet agglomérat de sciure de bois et de ciment est une véritable innovation. Il est poreux et laisse donc les parois respirer, évitant la condensation. Son inertie thermique protège des chocs de température, chauds comme froids. C’est le matériau de référence pour les nichoirs professionnels et les suivis scientifiques.


- Installer le nichoir sur un tronc d’arbre lisse.
- Fixer une collerette anti-prédateurs (type
Et les nichoirs en matériaux recyclés ?
Une brique creuse, une vieille théière, une bûche évidée… L’idée est séduisante mais souvent inadaptée. Assurez-vous que le matériau n’est pas toxique, qu’il ne surchauffe pas au soleil (le métal est à proscrire) et qu’il peut être drainé et nettoyé. Un nichoir simple en bois sera presque toujours une meilleure option qu’un objet de récup’ mal isolé ou dangereux.
« Le meilleur moment pour construire un nichoir était l’automne dernier. Le deuxième meilleur moment, c’est maintenant. »
Installer un nichoir en automne ou en hiver lui laisse le temps de s’intégrer à l’environnement et de perdre son odeur
La technologie au service des oiseaux ? Des nichoirs équipés de mini-caméras Wi-Fi, comme ceux popularisés par la marque Bird Buddy, permettent d’observer la vie de la nichée sans jamais déranger les oiseaux. Une façon fascinante et non intrusive de se connecter à la nature de son jardin.
Attention à la hauteur : un nichoir doit être placé entre 2 et 5 mètres de hauteur, hors de portée des prédateurs et dans un endroit calme. Trop bas, il est vulnérable. Trop haut, certaines espèces comme le rouge-gorge ne l’adopteront pas.
- Protège de la pluie et du soleil.
- Crée une isolation thermique naturelle.
- Éloigne les prédateurs.
- Dure des dizaines d’années.
Le secret ? Une simple planche de bois non traité de 2 cm d’épaisseur, assemblée selon les bonnes dimensions. La simplicité est la clé de l’efficacité.
Nichoir décoratif : couleurs vives, perchoir, formes complexes, matériaux fantaisie. Conçu pour plaire à l’œil humain.
Nichoir refuge : bois brut, trou d’envol calibré, absence de perchoir, intérieur rugueux, drainage. Conçu pour la survie d’une nichée.
Le choix définit si vous installez une décoration ou si vous participez activement à la protection de la biodiversité locale.
Ne fixez jamais un nichoir avec un clou directement dans un arbre vivant. Privilégiez une sangle souple et large ou un fil de fer passé dans un morceau de tuyau d’arrosage pour ne pas blesser l’écorce et étrangler la branche avec le temps.
Un seul couple de mésanges charbonnières peut consommer jusqu’à 500 insectes par jour pour nourrir ses petits. Installer un nichoir, c’est aussi s’offrir un allié naturel et gratuit pour réguler les chenilles et pucerons du jardin.