En contemplant les ours polaires, je ressens une connexion profonde avec ces géants des glaces. Leur élégance et leur force sont fascinantes, mais derrière chaque image se cache une lutte pour la survie. Les photographes ont capturé des moments émouvants, révélant un monde où la beauté naturelle se heurte aux défis du réchauffement climatique.
Cela fait de nombreuses années que je passe du temps dans le grand blanc de l’Arctique. Mon job, c’est de l’observer, de le photographier. J’ai passé un temps incalculable sur la banquise, à scruter l’horizon depuis des brise-glaces. Ma toute première rencontre, c’était près de Churchill, au Canada. Un jeune mâle, à la fois curieux et méfiant. Il s’est approché, a flairé l’air, puis est reparti tranquillement. Franchement, ce moment a tout changé pour moi. Il m’a enseigné la règle numéro un : ici, nous ne sommes que des invités. Et c’est lui, le roi.
Cet article n’est pas juste une galerie de jolies photos. C’est un vrai partage de ce que le terrain m’a appris. Je veux vous raconter qui est vraiment l’ours polaire, loin des peluches et des clichés. On va parler de sa biologie incroyable, des techniques pour l’approcher sans jamais le déranger, et bien sûr, des règles de sécurité. Car le respect commence par la connaissance. C’est un prédateur sublime, mais ça reste un prédateur. Ne l’oublions jamais.
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La mécanique d’un survivant de l’extrême
Pour piger le fonctionnement de l’ours, il faut voir à quel point c’est une merveille d’adaptation. On croit tous que sa fourrure est blanche, mais en fait, pas du tout ! C’est une illusion d’optique. Ses poils sont creux et translucides. Ils piègent la lumière et la diffusent, ce qui donne cette impression de blancheur. C’est surtout un isolant thermique de génie. L’air emprisonné dans chaque poil le protège d’un froid que l’on peine à imaginer.
Mais le secret le mieux gardé se trouve dessous : sa peau est noire. Ça peut paraître bizarre, mais c’est essentiel. Le noir capte la chaleur des rayons du soleil, même faibles, et l’aide à rester au chaud. Même par -30°C, son corps garde une température stable. Sous cette peau, une couche de graisse pouvant dépasser les 10 centimètres fait office de garde-manger et de radiateur intégré. C’est ce qui lui permet de nager des kilomètres dans une eau glaciale avec une aisance déconcertante.
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Choisir son aventure : Churchill ou Svalbard ?
Observer l’ours polaire, c’est une expérience différente selon l’endroit. Les deux destinations les plus connues offrent des approches très distinctes. Pour vous aider à y voir plus clair, voici un petit comparatif maison.
Churchill, Canada (« L’autoroute des ours »)
Meilleure saison : Fin octobre et novembre. C’est à ce moment qu’ils se rassemblent sur la côte en attendant que la baie d’Hudson gèle.
Type d’expérience : Observation depuis des véhicules surélevés, les fameux « Tundra Buggies ». C’est ultra sécurisé et permet une proximité incroyable sans aucun danger ni dérangement.
Pour qui ? Idéal pour une première approche, les photographes débutants et ceux qui veulent une quasi-garantie de voir des ours.
Budget : Attention, ça pique un peu. Pour une expédition d’une semaine tout compris depuis l’Europe, comptez entre 7 000€ et 10 000€ par personne. Le billet d’avion pour Churchill est souvent un gros poste de dépense.
Svalbard, Norvège (« L’aventure à l’état pur »)
Meilleure saison : L’été, de juin à août, quand la navigation est possible.
Type d’expérience : Expédition en bateau (souvent un petit brise-glace) le long de la banquise. C’est plus aléatoire, plus sauvage. On cherche l’ours dans son royaume de glace.
Pour qui ? Les plus aventuriers, ceux qui aiment le côté imprévisible et les paysages glaciaires spectaculaires.
Budget : Similaire, voire un peu plus cher. Attendez-vous à une fourchette de 8 000€ à 12 000€+ pour une croisière d’expédition de 8-10 jours.
La préparation : votre checklist avant le grand froid
Partir dans l’Arctique, ça ne s’improvise pas. Une bonne préparation, c’est la clé d’un voyage réussi et confortable.
Comment s’habiller pour ne pas finir en glaçon ?
Oubliez votre doudoune de ville. Le secret, c’est le système des 3 couches. C’est simple et terriblement efficace.
Couche de base : Un sous-vêtement technique (pas de coton, malheureux !) en laine mérinos ou synthétique. Son rôle : évacuer la transpiration pour vous garder au sec.
Couche intermédiaire : Une bonne polaire ou une doudoune légère. Son rôle : vous isoler et garder votre chaleur corporelle.
Couche extérieure : Une veste et un pantalon de type Gore-Tex, coupe-vent et imperméables. Leur rôle : vous protéger des éléments (vent, neige).
N’oubliez pas les extrémités : une bonne tuque, des gants et des sous-gants, et surtout, des chaussures d’hiver très chaudes et étanches. Vous trouverez tout ça dans les magasins de sport spécialisés montagne ou les grandes enseignes de plein air.
Le matos photo : du rêve à la réalité
Les pros utilisent des téléobjectifs de 600 mm qui coûtent le prix d’une voiture. Mais pas de panique ! Pour un amateur, un bon zoom comme un 70-300 mm ou un 100-400 mm fait déjà des merveilles et permet de ne pas trop s’approcher.
LE CONSEIL ULTIME : Le froid est l’ennemi juré de vos batteries. Elles se vident à une vitesse folle. Prenez-en au moins 3 ou 4 de rechange et, surtout, gardez-les dans une poche intérieure de votre veste, contre votre corps. Une batterie au chaud, c’est une batterie qui dure ! C’est le hack le plus important que je puisse vous donner.
Sur le terrain : l’art de la patience et de la lecture
Une fois sur place, le maître-mot est la patience. On peut passer des jours à attendre. C’est la nature qui décide du spectacle. Pendant ce temps, on observe. On apprend à lire le vent, à repérer un phoque, car l’ours ne sera jamais loin. Un de mes guides inuits m’a appris à ne pas chercher une forme blanche, mais une « tache de crème sur la neige ». Une nuance subtile que seul un œil aguerri peut déceler.
Il faut aussi apprendre à décrypter le langage de l’ours. Un ours curieux s’avance lentement, le nez en l’air, détendu. Un ours stressé, par contre, va souffler bruyamment, balancer la tête ou claquer des mâchoires. Si vous voyez ça, c’est le signal universel pour dire : « Tu es trop près ». Il faut alors reculer, doucement, sans geste brusque. Ignorer ces signaux est irrespectueux et dangereux.
L’éthique avant l’image : des règles non négociables
La photo parfaite ne vaut RIEN si elle met en péril le bien-être de l’animal. C’est aussi simple que ça.
On n’appâte JAMAIS un ours. C’est le condamner à mort en l’habituant à l’homme.
On ne poursuit JAMAIS un ours. On le laisse maître de la rencontre.
On ne se place JAMAIS entre une mère et ses petits. C’est la situation la plus explosive qui soit.
On respecte les distances. Les réglementations parlent de 100 mètres minimum, mais parfois, même à 300 mètres, l’ours peut être dérangé. C’est le guide, et lui seul, qui en juge.
J’ai personnellement renoncé à des dizaines de photos qui semblaient incroyables parce que je sentais l’animal devenir nerveux. Ce n’est pas un sacrifice, c’est juste du respect.
Agir, même depuis son canapé
Soyons honnêtes, un tel voyage n’est pas à la portée de toutes les bourses. Mais ça ne veut pas dire qu’on ne peut rien faire ! L’ours polaire est le symbole d’un Arctique qui fond à vue d’œil. La plus grande menace pour lui, c’est la disparition de son terrain de chasse : la banquise.
Si vous voulez aider, vous pouvez :
Soutenir des organisations sérieuses qui travaillent à la protection des pôles et à la lutte contre le changement climatique. Un petit don peut faire une grande différence.
Réduire votre propre empreinte carbone. Ça sonne bateau, mais c’est l’action la plus concrète. Moins de consommation, une énergie plus verte, des transports plus doux… tout compte.
En parler autour de vous. Partager des articles, sensibiliser vos proches à la fragilité de cet écosystème.
un privilège qui engage
Observer l’ours polaire dans son milieu est un privilège immense. Chaque rencontre est un cadeau. Mais ce cadeau vient avec la responsabilité de témoigner. De raconter sa force, mais aussi son incroyable fragilité face aux changements que nous imposons à la planète. Après toutes ces années, l’émotion est toujours la même quand je croise son regard. Un mélange de fascination et d’une profonde inquiétude pour son avenir. Le protéger, au fond, c’est un peu nous protéger nous-mêmes.
Galerie d’inspiration
Un ours polaire peut sentir une carcasse de phoque à près de 30 kilomètres de distance, grâce à un odorat exceptionnellement développé.
Comment s’habiller pour ne JAMAIS avoir froid ?
Le secret est le système des trois couches. Oubliez le coton. Couche 1 : un sous-vêtement technique en laine mérinos (type Icebreaker ou Smartwool) qui évacue la transpiration. Couche 2 : une polaire dense ou une doudoune légère en duvet pour l’isolation (Patagonia, Arc’teryx). Couche 3 : une parka et un pantalon coupe-vent et imperméables (le Gore-Tex est votre meilleur allié) comme la fameuse Canada Goose Expedition Parka, conçue pour ces conditions extrêmes.
Protégez vos batteries du froid en les gardant dans une poche intérieure, près de votre corps.
Emportez au moins trois batteries de rechange par appareil photo.
Pensez à un grand sac de type Ziploc pour acclimater votre matériel au retour à l’intérieur et éviter la condensation fatale.
Photographier le blanc sur blanc est un défi technique. Pour éviter que l’ours ne paraisse grisâtre sur une neige éclatante, votre appareil aura tendance à sous-exposer. N’hésitez pas à sur-exposer légèrement votre image en réglant la compensation d’exposition sur +1 ou +1.7. Faites confiance à votre histogramme plus qu’à l’écran LCD, souvent trompeur sous le soleil arctique.
La banquise arctique estivale a diminué de près de 13% par décennie depuis 1979, selon les données de la NASA.
Cette fonte accélérée est la menace numéro une. Moins de glace signifie un territoire de chasse réduit, obligeant les ours à parcourir de plus longues distances. Choisir un opérateur engagé dans la recherche, comme ceux affiliés à l’association Polar Bears International, transforme votre voyage en un acte de soutien concret.
Jumelles 8×42 : Excellent champ de vision, idéal pour scanner rapidement l’horizon et repérer un mouvement. Stables et lumineuses.
Jumelles 10×42 : Plus de grossissement pour identifier les détails à grande distance, mais un champ de vision plus étroit et plus sensibles aux tremblements de la main.
Depuis un véhicule ou un bateau, les 10×42 (comme les Swarovski EL ou Zeiss Victory SF) sont un luxe appréciable. Pour une utilisation plus polyvalente, les 8×42 restent le choix le plus sûr.
L’éthique de l’observation se résume en quelques gestes simples qui font toute la différence pour la quiétude des animaux :
Ne jamais approcher un ours à moins de 100 mètres.
Éviter les bruits forts et les mouvements brusques.
Ne jamais, sous aucun prétexte, nourrir un animal sauvage.
Respecter les consignes du guide à la lettre. Il est garant de votre sécurité et du bien-être de l’ours.
Une image nette, même avec des gants.
Une mise au point rapide et silencieuse pour ne pas déranger.
La possibilité de cadrer large ou de zoomer sur un détail du regard.
Le secret ? Un téléobjectif stabilisé polyvalent comme le Sony FE 200-600mm G OSS ou le Canon RF 100-500mm L IS USM. Leur flexibilité est imbattable sur le terrain.
Point important : Le langage corporel de l’ours est votre meilleur indicateur. Un ours calme marche lentement, la tête basse. Un ours stressé ou agacé peut se mettre à claquer des mâchoires, à bailler nerveusement ou à souffler fort. Si vous observez ces signes, il est temps de reculer doucement et de lui laisser de l’espace.
Flash ou pas flash sur un ours polaire ?
La réponse est un non catégorique. L’utilisation d’un flash est non seulement dangereuse car elle peut surprendre et provoquer une réaction agressive, mais elle est aussi profondément irrespectueuse. Elle perturbe son comportement naturel et peut même l’éblouir. La photographie en milieu sauvage exige de s’adapter à la lumière naturelle, pas de la modifier.
Le silence de l’Arctique est une expérience en soi. L’absence de bruit est si profonde qu’on finit par entendre le crissement subtil de la glace, le souffle du vent et, avec un peu de chance, le bruit sourd des pas d’un géant sur la neige tassée. C’est une immersion auditive qui marque autant que la vision.
Les ours polaires ne sont pas de vrais
Ne sous-estimez pas l’importance des extrémités. Investissez dans des surmoufles de qualité (type Black Diamond Absolute Mitts) que vous pourrez retirer pour manipuler votre appareil, en gardant des sous-gants fins. Pour les pieds, des bottes grand froid comme les Sorel Glacier XT ou les Baffin Impact sont indispensables pour supporter des heures d’attente sur la neige.
L’heure bleue magique : Juste avant le lever du soleil et juste après son coucher, la lumière arctique prend une teinte bleue profonde et douce. C’est un moment éphémère où le paysage se transforme. Si un ours apparaît à cet instant, vous ne tenez pas une photo, mais une peinture. Anticipez ce moment et soyez prêt.
Au-delà de l’ours, la faune arctique est d’une richesse surprenante. Gardez l’œil ouvert pour :
Le renard arctique, maître du camouflage.
Le lièvre arctique, presque invisible dans la neige.
Le lagopède alpin, l’oiseau qui change de plumage avec les saisons.
Les phoques (barbu, annelé), proies favorites de l’ours.
Le nom scientifique de l’ours polaire, Ursus maritimus, signifie
Des souvenirs qui ne s’effacent pas.
Des observations plus détaillées et intenses.
La capacité de partager vraiment l’instant avec les autres.
Le secret ? Oser poser son appareil photo. Prenez le temps de simplement regarder à travers vos jumelles ou à l’œil nu. L’expérience sensorielle est parfois plus forte que la quête de l’image parfaite.
Mini-comparatif : Trépied vs Monopode
Trépied : Stabilité maximale, mais lourd et encombrant à déployer dans le froid. Indispensable pour la vidéo ou les poses longues.
Monopode : Plus rapide, plus léger, offre un bon soutien pour soulager le poids d’un téléobjectif. Moins stable, mais souvent suffisant depuis un véhicule.
Un monopode robuste en fibre de carbone, qui ne gèle pas les mains comme l’aluminium, est un excellent compromis.
Un voyage pour voir les ours est-il cher ?
Oui, c’est un investissement. Un séjour d’une semaine à Churchill ou au Svalbard, incluant vols, hébergement et sorties guidées, se situe généralement entre 7 000 et 12 000 € par personne. Ce coût s’explique par la logistique extrême, le besoin de guides spécialisés, le matériel de sécurité et les taxes de conservation souvent incluses pour préserver cet écosystème.
Des lunettes de soleil de glacier (catégorie 4) sont indispensables pour protéger vos yeux de la réverbération intense sur la neige.
Un baume à lèvres avec SPF est crucial contre le soleil et le vent.
Emportez des chaufferettes chimiques pour les mains et les pieds (type The Heat Company). Elles peuvent sauver une journée d’observation.
Le tourisme d’observation, lorsqu’il est bien mené, joue un rôle positif. Il sensibilise le public à la fragilité de l’écosystème et génère des revenus pour les communautés locales, offrant une alternative économique à des industries plus extractives. En choisissant votre voyage, privilégiez les opérateurs qui ont une politique environnementale claire et qui contribuent à la science.
Un ourson polaire reste avec sa mère pendant environ deux ans et demi, apprenant toutes les techniques de chasse et de survie nécessaires avant de prendre son indépendance.
Attention à la neige soufflée : Par grand vent, la poudrerie peut s’infiltrer partout, y compris dans les mécanismes de votre objectif zoom ou votre boîtier. Utilisez une housse de protection anti-intempéries (qui fonctionne aussi pour la neige !) comme celles de la marque LensCoat ou Think Tank Photo pour protéger votre précieux matériel.
Check-list optique de dernière minute :
Nettoyez votre capteur et vos lentilles AVANT de partir.
Vérifiez que le firmware de votre boîtier est à jour.
Formatez toutes vos cartes mémoire dans l’appareil que vous utiliserez.
Préparez un kit de nettoyage de terrain (soufflette, stylo optique, microfibre).
Architecte d'Intérieur & Passionnée de Rénovation Ce qui l'anime : Mobilier sur mesure, Projets cuisine & bain, Solutions gain de place
Marion a grandi entourée d'artisans – son père était ébéniste et sa mère décoratrice. Cette immersion précoce lui a donné un regard unique sur l'aménagement intérieur. Aujourd'hui, elle partage son temps entre la conception de projets pour ses clients et l'écriture. Sa spécialité ? Transformer les contraintes en opportunités créatives. Chaque petit espace cache selon elle un potentiel insoupçonné. Les week-ends, elle restaure des meubles anciens dans son atelier niçois, toujours accompagnée de son chat Picasso.