Tailler en février : le guide pour ne plus jamais avoir peur de votre sécateur

Prêt à transformer votre jardin ? Découvrez quels arbustes et arbres tailler en février pour une floraison éblouissante cet été !

Auteur Lilou Garnier

Honnêtement, après des années les mains dans la terre, je peux vous le dire : février, c’est un mois charnière au jardin. On a l’impression que tout dort, mais en réalité, c’est le grand redémarrage qui se prépare en coulisses. La taille de fin d’hiver, ce n’est pas juste une corvée à rayer de la liste. C’est le moment où l’on sculpte l’avenir des floraisons et des récoltes. Chaque coup de sécateur est une promesse faite à l’été.

Je vois tellement de jardiniers, même passionnés, qui hésitent, leur outil à la main, paralysés par la peur de mal faire. Et c’est tout à fait normal ! Mon premier formateur me disait toujours : « Regarde la plante, elle te dit tout ce que tu as besoin de savoir. » Oublions les règles rigides et essayons de comprendre la logique des plantes. Vous verrez, c’est beaucoup plus simple qu’il n’y paraît.

Pourquoi tailler maintenant ? Le secret du repos végétatif

Avant de sortir l’artillerie, une petite minute pour comprendre ce qui se passe sous l’écorce. En ce moment, la plupart des plantes à feuilles caduques sont en dormance. C’est-à-dire ?

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Eh bien, la sève, leur carburant, est descendue bien au chaud dans les racines. L’activité est au point mort, un peu comme une marmotte en hibernation. Tailler à ce moment précis est un véritable cadeau pour la plante. D’abord, le choc est bien moins violent car la circulation de sève est minimale. La plante ne « saigne » pas et ne gaspille pas son énergie à cicatriser. Ensuite, sans les feuilles, on voit tout ! La structure de l’arbuste, son squelette, est mise à nu. C’est parfait pour repérer le bois mort, les branches qui s’entremêlent ou celles qui partent dans la mauvaise direction.

Mais attention, c’est là que se niche l’erreur la plus fréquente : vouloir tout tailler en même temps. La règle d’or est bien plus simple…

La seule question à se poser : ça fleurit sur quel bois ?

Pour savoir si vous pouvez tailler un arbuste en février, la question est simple : « Où les fleurs vont-elles apparaître ? »

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  • Les arbustes à floraison d’été (juillet, août…) : Pensez à l’arbre aux papillons (Buddleia) ou aux hortensias paniculés. Leurs fleurs apparaissent sur le bois qui va pousser cette année, au printemps. Pour eux, la taille de février est un immense service que vous leur rendez ! En taillant court, vous les forcez à produire de nouvelles pousses pleines de vigueur, qui seront couvertes de fleurs. Si on ne les taille pas, ils deviennent paresseux, se dégarnissent du pied et fleurissent moins.
  • Les arbustes à floraison de printemps (mars, avril, mai…) : Le forsythia, le lilas, le groseillier à fleurs… Eux, c’est tout l’inverse. Leurs fleurs sont déjà prêtes, sur le bois de l’année dernière. Les bourgeons floraux n’attendent qu’un peu de douceur pour éclater. Si vous les taillez en février, vous coupez littéralement toutes les fleurs à venir. C’est la déception assurée ! Pour eux, on attendra sagement la fin de leur floraison pour intervenir.

Une fois que vous avez intégré cette distinction, franchement, vous avez fait 80 % du chemin.

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Les bons outils : la qualité avant la quantité

Un bon travail commence par de bons outils. Pas la peine d’avoir une panoplie de pro, trois essentiels suffisent. Mais choisissez-les bien, ils vous le rendront.

  • Le sécateur : C’est votre meilleur ami, pour les branches jusqu’à 2 cm de diamètre. Optez pour un modèle « à coupe franche » (bypass), avec deux lames qui se croisent comme des ciseaux. La coupe est nette, propre, et la cicatrisation bien meilleure. Côté budget, un bon sécateur se trouve entre 20€ et 35€ dans les jardineries type Castorama ou Leroy Merlin. Si vous voulez investir pour la vie, les modèles de la marque Felco, autour de 60€, sont increvables.
  • Le coupe-branches (ou ébrancheur) : C’est le grand frère du sécateur, avec ses longs manches. Il vous donnera la force nécessaire pour les branches de 2 à 5 cm, sans forcer et sans abîmer l’écorce.
  • La scie d’élagage : Pour tout ce qui est plus gros. Mon conseil : prenez une scie japonaise. Elle coupe en tirant, ce qui demande moins d’effort et donne une coupe d’une propreté chirurgicale.
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Le geste qui change tout : la coupe propre

La manière de couper est cruciale. Taillez toujours en biseau, à environ 1 cm au-dessus d’un bourgeon tourné vers l’extérieur de l’arbuste. La pente du biseau doit être à l’opposé du bourgeon, pour que l’eau de pluie s’écoule et ne stagne pas sur la plaie. En choisissant un bourgeon orienté vers l’extérieur, la nouvelle branche partira dans la bonne direction, aérant le cœur de la plante pour laisser entrer lumière et air. C’est la meilleure prévention contre les maladies !

Hygiène : la règle d’or non négociable

C’est un réflexe simple qui peut tout changer : désinfectez vos lames ! Pas une fois par an, mais entre chaque plante, surtout pour les rosiers et les fruitiers. J’ai personnellement vu un verger entier contaminé par le feu bactérien à cause d’outils sales… une vraie catastrophe.

Mon astuce de pro pour gagner du temps : gardez un petit vaporisateur rempli d’alcool à brûler ou d’alcool à 90° dans votre poche. Un « pschitt » sur les lames, un coup de chiffon, et c’est reparti ! Ça prend trois secondes et ça peut sauver vos plantes.

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Et bien sûr, n’oubliez pas les gants solides et des lunettes de protection si vous sortez la scie. Une écharde ou de la sciure dans l’œil, c’est vite arrivé.

Guide pratique : qui tailler en février et comment s’y prendre ?

Allez, on passe à l’action. Voici les gestes concrets pour les stars du jardin en février.

1. Les arbustes à floraison estivale

Là, on peut y aller, c’est une taille de rajeunissement !

  • Le Buddleia (Arbre aux papillons) : Soyez sans pitié ! Rabattez toutes les branches de l’an dernier à 30-40 cm du sol. Vous aurez l’impression de l’avoir massacré, mais c’est le secret pour avoir des cascades de fleurs qui attireront tous les papillons du quartier.
  • Les Hortensias ‘Paniculata’ et ‘Arborescens’ (type ‘Annabelle’) : Même logique. On coupe court les tiges de l’an dernier, en laissant 2 ou 3 paires de bourgeons depuis la base. Ça leur donnera la force de faire des tiges solides capables de porter leurs énormes fleurs sans plier sous la pluie. Attention, ne confondez surtout pas avec les hortensias classiques bleus et roses (macrophylla) qui fleurissent sur le vieux bois ! Sur ceux-là, on se contente d’enlever les fleurs fanées.
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2. Les Rosiers (buissons et remontants)

Tailler un rosier, c’est tout un art. Comptez bien 15 à 20 minutes par sujet si vous voulez faire ça bien. L’objectif : une forme de gobelet, bien aérée au centre.

  1. Nettoyez : Enlevez tout le bois mort. Petite astuce pour le reconnaître : grattez l’écorce avec votre ongle. Si c’est vert en dessous, c’est vivant. Si c’est sec et marron, coupez ! Supprimez aussi les brindilles trop faibles (plus fines qu’un crayon) et les branches qui se croisent.
  2. Structurez : Gardez 3 à 5 belles branches principales, bien réparties. C’est la charpente de votre rosier.
  3. Raccourcissez : Taillez ces branches d’environ deux tiers, toujours au-dessus d’un bourgeon tourné vers l’extérieur. Mieux vaut une taille un peu trop courte qu’une absence de taille. Un rosier non taillé s’épuise et vieillit très mal.

3. Les grimpantes à dompter

  • La Glycine : C’est une force de la nature, il faut la maîtriser ! Raccourcissez toutes les pousses secondaires de l’an dernier en ne laissant que 2 ou 3 bourgeons à leur base. C’est sur ces tiges courtes que les grappes de fleurs apparaîtront. Sans ça, elle ne fera que du bois. D’ailleurs, méfiez-vous, j’ai déjà vu une glycine tordre une gouttière en zinc comme si c’était du chewing-gum. Ne la sous-estimez jamais !
  • Les Clématites à floraison estivale : Celles qui fleurissent après juin (variétés ‘Jackmanii’, ‘Etoile Violette’…). Elles fleurissent sur le bois de l’année. On taille donc sévèrement toutes les tiges à 30-40 cm du sol. Fini la base toute dégarnie avec des fleurs perchées à 3 mètres de haut !
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4. Les arbres fruitiers (à pépins uniquement !)

Ici, c’est un peu plus technique. Pour les pommiers et poiriers, on cherche à aérer le centre et à favoriser les branches qui porteront des fruits. Il faut apprendre à distinguer le bourgeon à bois (petit, pointu) du bourgeon à fruit (plus gros, rondouillard).

ATTENTION, GROS PIÈGE À ÉVITER : Ces conseils ne s’appliquent qu’aux arbres à PÉPINS (pommiers, poiriers). Ne taillez surtout pas vos arbres à NOYAUX (pêchers, abricotiers, cerisiers) de cette manière en hiver ! Leur taille est bien plus délicate, souvent réalisée en vert après la récolte, pour éviter des maladies graves comme la gommose. C’est une erreur qui peut leur être fatale.

Le bon sens avant le calendrier

Un « février » à Lille n’est pas le même qu’à Perpignan. La règle est simple : on ne taille JAMAIS par forte gelée. Le bois gelé est cassant comme du verre et la plaie de taille peut mourir sur plusieurs centimètres. Attendez une journée douce, sans pluie ni gel annoncé pour la nuit. Le jardinage, c’est aussi une affaire de météo.

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Les petits soins après la taille

Le travail n’est pas tout à fait fini. Sur les petites coupes, inutile de mettre du mastic cicatrisant, l’arbre se débrouille très bien tout seul. En revanche, pour une grosse coupe de scie sur une branche principale, un peu de goudron de pin peut protéger le bois le temps que la cicatrisation se fasse.

Sur les fruitiers et les rosiers, une pulvérisation de bouillie bordelaise juste après la taille est une excellente prévention contre les maladies. Enfin, ne laissez pas les déchets de taille au sol. L’idéal est de les broyer pour en faire un excellent paillage (le fameux BRF) ou de les évacuer en déchetterie s’ils sont malades.

Savoir passer la main : l’avis d’un pro

Il faut aussi savoir être humble. Si le travail demande de monter sur une échelle, si les branches surplombent le toit, ou si un vieil arbre n’a pas été entretenu depuis des lustres, faites appel à un professionnel.

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Oui, ça a un coût. Comptez en général entre 40€ et 70€ de l’heure pour un jardinier-paysagiste qualifié, et parfois plus pour un arboriste-grimpeur spécialisé. Mais croyez-moi, c’est bien moins cher qu’un toit à réparer ou qu’un arbre magnifique mutilé à vie. La sécurité n’a pas de prix.

Pour conclure, n’oubliez pas que chaque plante est unique. Observez, soyez patient. Une petite erreur de taille est rarement dramatique. Alors, lancez-vous, et préparez-vous à être ébloui par la vitalité de votre jardin cet été !

Inspirations et idées

Votre sécateur est-il prêt pour la saison ?

Un bon coup de sécateur commence par un outil impeccable. Avant même de toucher une branche, assurez-vous que vos lames sont non seulement affûtées mais aussi désinfectées. Un simple passage avec un chiffon imbibé d’alcool à 70° ou de vinaigre blanc entre chaque arbuste suffit à prévenir la propagation de maladies comme le chancre ou le feu bactérien. C’est un geste de 10 secondes qui peut sauver vos plantations.

Selon une étude de l’Université de Reading, les ‘haies mortes’ (dead hedges), créées en empilant les branches taillées, peuvent abriter jusqu’à 20 espèces d’invertébrés différentes et servir de corridor écologique pour les hérissons.

Ne jetez plus vos branches coupées ! En les utilisant pour créer une petite haie sèche dans un coin du jardin, vous offrez un gîte 5 étoiles à la faune locale et enrichissez la biodiversité de votre petit éden.

Sécateur à enclume ou à coupe franche (bypass) ? Le choix de l’outil est aussi crucial que la coupe elle-même.

Bypass (type Felco 2) : Comme des ciseaux, les deux lames se croisent. Idéal pour le bois vert et vivant, il assure une coupe nette et précise qui favorise une cicatrisation rapide.

À enclume (type Lowe) : Une lame tranchante vient s’écraser sur une surface plate (l’enclume). Parfait pour le bois mort ou très dur, il demande moins de force mais peut légèrement écraser les tissus du bois vivant.

Le secret d’une coupe parfaite ne tient pas qu’à l’outil, mais au geste. Pour une cicatrisation optimale et pour éviter que l’eau de pluie ne stagne, la règle d’or est la coupe en biseau.

  • Inclinez votre sécateur à 45 degrés.
  • Coupez toujours à environ 5 mm au-dessus d’un bourgeon tourné vers l’extérieur.
  • L’angle doit être orienté à l’opposé du bourgeon, pour que l’eau s’écoule loin de lui.

C’est ce petit détail qui fait la différence entre une taille et une sculpture végétale.

Attention aux faux-amis de février ! Certains arbustes préparent déjà leur spectacle printanier sur le bois de l’année précédente.

Les tailler maintenant, c’est anéantir leur floraison. Gardez votre sécateur loin de ceux-ci jusqu’à la fin de leur floraison :

  • Le Forsythia et ses clochettes d’or.
  • Le Lilas au parfum enivrant.
  • Le Seringat (Philadelphus).
  • Le Deutzia et ses cascades de fleurs blanches.

L’astuce du pro : Pour les coupes de plus de 2 cm de diamètre, notamment sur les pommiers ou les poiriers, un mastic de cicatrisation peut être un allié. Il n’est pas toujours indispensable, mais il offre une barrière physique contre les champignons et les parasites le temps que l’arbre forme son propre cal de cicatrisation. Optez pour une version à base d’argile ou de résine de pin, plus naturelle.

Inspiration venue du Japon : le ‘Niwaki’. Plus qu’une simple taille, c’est l’art de sculpter les arbres pour évoquer des paysages naturels en miniature. Sans aller jusqu’à cette maîtrise, on peut s’en inspirer en février pour les pins ou les érables du Japon. Le but n’est pas de réduire l’arbre, mais de révéler sa structure, de créer des ‘nuages’ de végétation et de laisser la lumière pénétrer en son cœur. Une approche méditative de la taille.

  • Une structure plus aérée qui laisse passer la lumière.
  • Des fruits plus gros et plus savoureux.
  • Moins de risques de maladies cryptogamiques.
  • Une silhouette harmonieuse et maîtrisée.

Le point commun de ces bienfaits ? Une seule technique : la taille en vert, complément estival de la taille d’hiver, qui consiste à éliminer les rameaux superflus et gourmands pour concentrer la sève vers les fruits.

Lilou Garnier

Experte Vie de Famille & Jardinière en Herbe
Ses univers : Jardins familiaux, Déco pour enfants, Activités nature
Maman de trois enfants, Lilou a appris à créer des espaces qui concilient beauté et praticité. Sa maison normande avec son grand jardin est devenue son terrain d'expérimentation favori. Elle y teste toutes ses idées d'aménagements kid-friendly et de projets jardinage en famille. Convaincue que les enfants apprennent mieux au contact de la nature, elle invente sans cesse de nouvelles activités créatives. Le dimanche, toute la famille met la main à la pâte pour entretenir leur potager ou construire des cabanes dans les arbres.