Planter en mars ? Le guide complet pour que vos arbustes démarrent du bon pied
Ah, le mois de mars… Le soleil pointe enfin le bout de son nez, et cette envie irrépressible de mettre les mains dans la terre nous démange tous. On se précipite en pépinière, les yeux brillants, avec une seule idée en tête : du vert, des fleurs, et tout de suite ! Je connais bien cette impatience, croyez-moi. Mais planter au printemps, ce n’est pas tout à fait la même chose que de planter en automne.
Contenu de la page
- Avant de creuser : apprenez à connaître votre terre !
- La plantation pas à pas : les gestes qui sauvent
- Le Top 3 des erreurs à ne PAS faire
- Quel arbuste pour mon jardin ? Ma sélection pour mars
- Le cas particulier de la haie brise-vue
- Et sur un balcon, on fait comment ?
- La première année, on reste vigilant
- Galerie d’inspiration
La terre sort à peine de son hibernation, elle est souvent froide et humide. Vos nouveaux arbustes, eux, doivent faire deux choses en même temps : développer leurs racines pour s’ancrer ET produire des feuilles et des fleurs pour nous faire plaisir. C’est un vrai marathon pour eux ! C’est pour ça que j’ai eu envie de partager avec vous quelques astuces de terrain, pour que vos plantations soient un succès et pas une déception en plein mois de juillet. Pas de formule magique, juste du bon sens et les bons gestes.

Avant de creuser : apprenez à connaître votre terre !
On dit souvent que l’automne est la saison reine de la plantation. C’est vrai, la terre est chaude, les pluies sont là, les racines s’installent tranquillement. Planter en mars, c’est un peu un défi, mais totalement réalisable, surtout avec les plantes en conteneur qu’on trouve partout (chez Gamm Vert, Jardiland ou les pépiniéristes locaux).
Mais la toute première chose à faire, c’est de comprendre où vous mettez les pieds. Votre terre est-elle argileuse ou sableuse ? Franchement, 90% des soucis de plantation viennent d’une mauvaise adéquation entre la plante et le sol.
Astuce de pro pour tester votre sol : le test du boudin. C’est tout simple. Prenez une poignée de terre de votre jardin, humidifiez-la un peu et malaxez-la dans votre main :
- Si vous arrivez à former un boudin fin qui ne se casse pas, félicitations (ou pas), vous avez une terre argileuse. Riche, mais lourde et qui peut retenir trop d’eau.
- Si la terre s’effrite et qu’il est impossible de former quoi que ce soit, c’est une terre sableuse. Légère, drainante, mais pauvre et qui ne retient pas l’eau.
Connaître ça, c’est la base pour bien préparer le terrain pour votre nouvel arrivant.

La plantation pas à pas : les gestes qui sauvent
Une plantation réussie, ça se joue à des détails. Voici la méthode que j’applique, étape par étape, pour donner toutes les chances à mes arbustes.
1. Le choix en pépinière : Ne vous jetez pas sur le plus grand ! Observez la plante. Un feuillage sain, dense, sans taches. Des branches souples. Et si possible, soulevez délicatement la motte du pot. Des racines blanches et bien réparties ? C’est parfait. Un paquet de racines marron qui tournent en rond (le fameux « chignon ») ? Fuyez ! La plante est dans son pot depuis trop longtemps et aura un mal fou à s’installer. Un jeune Photinia en pot de 3 litres (entre 8€ et 15€) démarrera souvent mieux qu’un gros sujet à 40€ qui a trop attendu.
2. Le trou de plantation : La règle, c’est un trou au moins deux fois plus large que la motte, mais PAS plus profond. Si vous creusez trop profond, la terre se tassera et l’arbuste s’enfoncera. Son collet (la base du tronc) sera enterré, et c’est la porte ouverte au pourrissement. La largeur, elle, est essentielle : elle offre une terre bien meuble aux jeunes racines pour qu’elles puissent s’étendre facilement.

3. L’amendement, ou le repas de bienvenue : Ne mettez JAMAIS d’engrais pur au fond du trou, vous grilleriez les racines. Améliorez plutôt la terre que vous avez sortie. Pour vous donner une idée concrète : pour une brouette de terre de votre jardin, ajoutez deux ou trois bonnes pelletées de compost bien mûr (un sac de 40L coûte entre 5€ et 8€) et la même quantité de terreau de plantation. Si votre sol est très argileux, un peu de sable de rivière aidera au drainage. C’est un petit investissement qui nourrit votre sol pour des années.
4. L’étape cruciale (et souvent oubliée) : le bain ! Avant de planter, plongez le pot de votre arbuste dans un grand seau d’eau. Attendez qu’il n’y ait plus de bulles qui remontent à la surface. Ça peut prendre 5 à 10 minutes. Une motte bien hydratée dès le départ, c’est éviter un énorme stress à la plante.

5. Préparer les racines : Une fois la motte bien imbibée, sortez-la du pot. Avec vos doigts ou une petite griffe, démêlez délicatement le bas et les côtés. Si le chignon est très compact, n’ayez pas peur de le lacérer un peu. C’est un peu brutal, mais indispensable pour inciter les racines à partir à la conquête de leur nouvel espace.
6. La mise en place : Placez l’arbuste bien au centre. Le haut de la motte doit être exactement au même niveau que le sol. Pour vérifier, posez un manche de râteau en travers du trou, c’est un repère infaillible. Rebouchez ensuite avec votre mélange de terre, en tassant légèrement avec les mains pour chasser les poches d’air. Surtout, ne montez pas dessus pour tasser avec les pieds, vous compacteriez trop le sol !
7. La touche finale : cuvette et paillage. Formez un petit bourrelet de terre tout autour de la plante. Cette « cuvette » va concentrer l’eau de l’arrosage directement sur les racines. Arrosez généreusement (10 à 15 litres), même s’il vient de pleuvoir. Enfin, paillez ! C’est le secret. Une couche de 5-7 cm de paillis (feuilles mortes, BRF, paille…) garde l’humidité, empêche les mauvaises herbes et protège du froid. Laissez juste un petit espace libre autour du tronc.

Le Top 3 des erreurs à ne PAS faire
Si vous êtes pressé, retenez au moins ça. Ce sont les trois erreurs les plus courantes qui peuvent ruiner tous vos efforts :
- Enterrer le collet : C’est la base du tronc. S’il est sous terre, il risque de pourrir. La motte doit affleurer le niveau du sol, pas être en dessous.
- Oublier de tremper la motte : Une motte sèche mise en terre aura énormément de mal à se réhydrater. C’est comme essayer de réhydrater une éponge complètement sèche avec quelques gouttes d’eau.
- Tasser la terre avec les pieds : On a l’impression de bien faire, mais on asphyxie les racines en compactant le sol. Un léger tassement à la main suffit amplement.
Quel arbuste pour mon jardin ? Ma sélection pour mars
Certains arbustes sont plus tolérants à une plantation de printemps. Voici mes chouchous, avec leurs petits secrets.

Le Photinia ‘Red Robin’ : le classique pour une haie rapide
C’est le roi des haies brise-vue. Il pousse vite, garde ses feuilles en hiver et ses jeunes pousses rouges au printemps sont un vrai spectacle. C’est un choix facile et efficace. Pour une haie bien dense, plantez-les tous les 80 cm. Il adore le soleil et un sol bien drainé. Attention à l’entomosporiose (taches noires), qui apparaît en milieu humide ; une bonne taille d’aération aide à la prévenir.
L’Elaeagnus ebbingei : le dur à cuire
Si votre jardin est un défi (bord de mer, vent, sécheresse), c’est lui qu’il vous faut. Il est ultra résistant, pousse très vite (parfois trop !) et son feuillage argenté est très lumineux. Son plus ? Des petites fleurs d’automne discrètes mais au parfum de jasmin enivrant. Il demande juste du soleil et une taille sévère pour le contrôler.
Le Camélia : l’élégant mais exigeant
Une pure merveille, mais il a ses caprices. C’est une plante de terre de bruyère, il lui faut un sol acide. Si votre sol est calcaire (comme c’est souvent le cas près des constructions neuves), optez pour une culture en grand pot, ce sera bien plus simple. Placez-le à la mi-ombre et arrosez-le à l’eau de pluie si possible.

Le Rosier arbustif : le généreux
Planter un rosier en conteneur en mars, c’est parfait. Il lui faut du soleil (au moins 6h par jour) et un sol riche et bien drainé. N’ayez pas peur de la taille : une coupe assez courte en fin d’hiver le boostera pour une floraison spectaculaire. Mon conseil : cherchez les variétés avec le label ADR, elles sont naturellement très résistantes aux maladies, ce qui vous évitera bien des tracas.
Le Laurier-rose : l’air de la Méditerranée (avec précautions !)
Superbe en été, mais attention, il est frileux. Au nord de la Loire, je le conseille quasi exclusivement en pot à rentrer l’hiver (dans un garage lumineux, une véranda). Il ne supportera pas des gels prolongés sous -5°C. Et ATTENTION, toute la plante est très toxique. Lavez-vous bien les mains après la taille et soyez vigilant avec les enfants et les animaux.
Le cas particulier de la haie brise-vue
Vous voulez vous cacher des voisins ? Je comprends ! Mais il y a des règles. En général, c’est 50 cm de la limite de propriété pour une haie de moins de 2m de haut, et 2m de distance pour une haie plus haute. Un petit tour à la mairie pour consulter le PLU (Plan Local d’Urbanisme) peut vous éviter des conflits. Mais honnêtement, la meilleure chose à faire est d’en discuter avec votre voisin.

Pour la plantation, oubliez les trous individuels. Creusez une tranchée de 40-50 cm de large et de profondeur. C’est plus de boulot, c’est sûr. Pour une haie de 10 mètres dans une terre facile, comptez un bon après-midi. Si le sol est dur et caillouteux, bloquez plutôt votre journée. Mais le résultat est sans appel : la croissance de votre haie sera bien plus rapide et homogène.
Et sur un balcon, on fait comment ?
Pas de jardin ? Pas de problème ! La plupart de ces arbustes (sauf les plus grands) peuvent vivre en pot. Voici les règles d’or :
- Voyez grand : Choisissez un pot d’au moins 40-50 cm de diamètre et de profondeur. Un pot trop petit limite la croissance et s’assèche très vite.
- Le drainage est roi : Assurez-vous que le pot a des trous d’évacuation ! Mettez une couche de 5 cm de billes d’argile au fond avant de mettre le terreau.
- Le bon substrat : Utilisez un terreau de bonne qualité, type « terreau pour plantation » ou « géraniums et plantes fleuries », qui est riche et retient bien l’eau.

La première année, on reste vigilant
Un arbuste planté au printemps a besoin de vous sa première année. L’arrosage est la clé. N’arrosez pas un petit peu tous les jours. Préférez un arrosage copieux (un grand arrosoir de 15-20 litres) une fois par semaine s’il ne pleut pas. En plein été, passez à deux fois. Le meilleur indicateur ? Enfoncez votre doigt dans la terre. Si c’est sec sur 5 cm, il est temps d’arroser. Si c’est humide, attendez encore un peu.
Planter un arbuste, c’est un acte de patience et d’observation. En suivant ces quelques conseils, vous ne faites pas que mettre une plante en terre. Vous engagez un dialogue avec le vivant et vous dessinez le jardin dont vous profiterez pendant des années.
Galerie d’inspiration

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