Éloigner les rongeurs naturellement : Mon guide de terrain avec les plantes qui marchent vraiment
Je suis dans l’aménagement paysager depuis plus de 20 ans. J’ai commencé tout en bas de l’échelle, à apprendre le métier sur le tas, et aujourd’hui, j’ai ma propre petite boîte. Et franchement, la question qui revient tout le temps, c’est : « Comment je me débarrasse des souris et des rats ? » Mes clients sont souvent à bout, ils ont testé les pièges, les produits chimiques… et cherchent une solution plus saine et durable. C’est là que j’interviens avec mon arme secrète : les plantes.
Contenu de la page
- Comprendre l’ennemi : leur super-pouvoir (et leur faiblesse)
- Mon arsenal végétal : les plantes qui fonctionnent (et comment les utiliser)
- Ma stratégie de défense sur le terrain
- L’erreur que tout le monde fait (et qui ruine tous vos efforts)
- Quand faut-il jeter l’éponge et appeler un pro ?
- Inspirations et idées
Mais mettons les choses au clair tout de suite. Aucune plante ne va créer un champ de force magique autour de votre maison. Si vous avez déjà une famille de rats bien installée dans vos cloisons, ce n’est pas un pot de menthe qui les convaincra de déménager. Les plantes, c’est avant tout un outil de prévention. Elles rendent l’environnement désagréable pour les rongeurs et les dissuadent de s’installer. Pensez-y comme votre première ligne de défense. Et croyez-moi, utilisée correctement, elle est redoutable.

Dans ce guide, je vais vous livrer mes techniques, celles que j’utilise sur le terrain. Pas de blabla théorique, que du concret qui a fait ses preuves.
Comprendre l’ennemi : leur super-pouvoir (et leur faiblesse)
Avant de foncer en jardinerie, il faut piger comment un rongeur fonctionne. Et tout se passe dans son nez. Son odorat est des centaines de fois plus développé que le nôtre ; c’est son GPS, son détecteur de nourriture et son alarme anti-danger. Et c’est justement cette sensibilité que l’on va retourner contre lui.
Certaines plantes émettent des odeurs très fortes qui saturent complètement leurs capteurs olfactifs. Imaginez entrer dans une pièce avec une musique à fond, impossible de penser ou d’entendre autre chose. C’est pareil pour eux. Ces parfums puissants masquent l’odeur de la nourriture et créent une zone de stress. Un animal qui dépend de son flair pour survivre va tout simplement éviter la zone. C’est aussi simple que ça.

Mon arsenal végétal : les plantes qui fonctionnent (et comment les utiliser)
Au fil des années, j’en ai testé, des plantes… Certaines relèvent plus de la légende urbaine qu’autre chose. Mais d’autres sont d’une efficacité bluffante. Voici ma sélection perso.
1. La Menthe Poivrée (Mentha x piperita) : le grand classique
On en entend beaucoup parler, mais attention, il faut la bonne variété. Oubliez la menthe verte de votre mojito, elle est trop douce. Ce qu’il vous faut, c’est la menthe poivrée, bourrée de menthol, une molécule que les rongeurs ont en horreur.
Le conseil de pro : L’erreur de débutant, c’est de la planter directement en pleine terre. C’est une plante incroyablement envahissante, elle va coloniser votre jardin en un rien de temps. Plantez-la plutôt dans de grands bacs ou des jardinières (un plant coûte entre 3€ et 7€ en jardinerie type Castorama ou Jardiland). Placez ensuite ces pots à des endroits stratégiques : près de la porte d’entrée, sous les fenêtres, à côté du garage…

Pour une action « coup de poing » : Pour un effet immédiat, prenez une poignée de feuilles fraîches, froissez-les énergiquement dans vos mains et déposez-les sur les seuils de porte. L’odeur sera bien plus intense. Il faudra juste penser à les remplacer tous les 2-3 jours.
La version concentrée : L’huile essentielle de menthe poivrée est un outil fantastique. Mais la qualité est primordiale ! Cherchez une huile 100% pure et naturelle, idéalement avec un label comme « HEBBD ». Vous en trouverez en pharmacie ou en magasin bio pour environ 8€ à 15€ le flacon.
- Ma recette : Dans un spray de 500 ml, versez de l’eau et 20 gouttes d’huile essentielle. Secouez bien et pulvérisez le long des plinthes, autour des tuyaux, dans les coins de la cave… Renouvelez l’opération chaque semaine.
ATTENTION, SÉCURITÉ D’ABORD : L’huile essentielle de menthe poivrée est très toxique pour les chats. Ne l’utilisez JAMAIS dans une pièce où votre chat a accès, et ne la pulvérisez pas sur des textiles où il pourrait se frotter. La sécurité de nos animaux passe avant tout !

2. Le Sureau Noir (Sambucus nigra) : le remède de grand-père
Voilà une plante que les anciens connaissaient bien. C’est un répulsif puissant, mais qui demande du respect. Ses feuilles et tiges contiennent des composés légèrement toxiques qui font fuir les animaux. C’est pourquoi il faut l’utiliser avec précaution, surtout si vous avez des enfants en bas âge ou des animaux curieux qui pourraient mâchonner les feuilles.
La technique du purin (pour les extérieurs) : Ça sent très fort, mais c’est diablement efficace pour protéger un potager ou un composteur.
1. Hachez grossièrement 1 kg de feuilles de sureau.
2. Mettez-les dans un seau en plastique avec 10 litres d’eau (de pluie, si possible).
3. Couvrez et laissez fermenter à l’ombre en remuant chaque jour.
4. Quand il n’y a plus de bulles (après 1 ou 2 semaines), c’est prêt. Filtrez, puis diluez à 10% (1L de purin pour 9L d’eau) avant d’arroser les zones à protéger.

3. Le Pyrèthre de Dalmatie (Tanacetum cinerariifolium) : l’insecticide naturel
Là, on passe au niveau supérieur. Le Pyrèthre est une sorte de marguerite blanche qui contient des pyréthrines, un des insecticides naturels les plus puissants qui soit. C’est très irritant pour les rongeurs.
Bon à savoir : Il faut bien chercher la variété Tanacetum cinerariifolium. On la trouve plus rarement en jardinerie classique, il faut parfois se tourner vers des pépiniéristes spécialisés ou des sites en ligne (comptez 10-15€ pour un plant de qualité). Plantez-les en bordure le long de la maison pour créer une barrière.
La technique de la poudre (pour l’intérieur) :
1. Récoltez les têtes des fleurs juste avant leur ouverture complète.
2. Faites-les sécher dans un endroit sombre, sec et aéré pendant plusieurs semaines.
3. Une fois bien cassantes, broyez-les en une poudre fine (avec un mortier, c’est l’idéal).
4. Saupoudrez cette poudre le long des murs du grenier, derrière les meubles… C’est une super solution sèche pour les zones non accessibles.

Note de sécurité : Bien que naturelle, la poudre de pyrèthre peut être irritante. Portez un masque en la manipulant. Elle est aussi toxique pour les poissons et les chats y sont sensibles, donc évitez les zones où ils vivent.
Ma stratégie de défense sur le terrain
Avoir les bonnes plantes, c’est bien. Les organiser intelligemment, c’est mieux. Je vois toujours la défense comme une forteresse avec plusieurs lignes de remparts.
- Niveau 1 : Le périmètre lointain. Si vous avez un grand jardin, c’est là que vous pouvez planter du sureau ou une haie de Pyrèthres pour décourager les rongeurs venant des champs voisins.
- Niveau 2 : Les abords de la maison. C’est la zone critique. On y place les bacs de menthe poivrée près des ouvertures, complétés par des massifs de lavande (très efficace contre les souris et agréable pour nous !).
- Niveau 3 : Les points d’entrée. C’est le travail de précision. On inspecte la maison (une souris passe dans un trou de la taille d’une pièce de 1 euro !) et on traite ces points faibles avec les solutions concentrées : spray à la menthe, poudre de pyrèthre, feuilles froissées…
L’erreur que tout le monde fait (et qui ruine tous vos efforts)
Honnêtement, la plus grosse erreur est de croire que les plantes vont tout régler. La défense végétale n’est qu’UNE partie du plan. Si vous négligez le reste, c’est peine perdue.
La priorité absolue ? Boucher les trous ! C’est la première chose que je fais chez un client. Faites le tour de votre maison et scellez la moindre fissure avec de la laine d’acier (ils ne peuvent pas la ronger) ou du mortier. Un rongeur qui ne peut pas entrer n’est plus un problème.
Ensuite, supprimez le garde-manger. Pas de nourriture facile d’accès. Les aliments dans des boîtes en verre ou métal, les gamelles des animaux rentrées la nuit, et des poubelles qui ferment bien. Un composteur mal géré, c’est un buffet à volonté pour eux !
Quand faut-il jeter l’éponge et appeler un pro ?
Je suis le premier à défendre les solutions naturelles, mais il faut savoir rester lucide. Appeler un dératiseur n’est pas un échec, c’est un acte responsable quand la situation dégénère.
Les signaux qui ne trompent pas :
- Vous voyez des rongeurs en pleine journée (signe de surpopulation).
- Vous entendez gratter dans les murs toutes les nuits.
- Vous trouvez des déjections fraîches chaque matin.
- Vous découvrez des câbles électriques rongés (danger d’incendie !).
Dans ces cas-là, l’infestation est déjà là. Un professionnel certifié (cherchez le certificat « Certibiocide », c’est un gage de sérieux) saura poser un diagnostic précis et utiliser des méthodes sûres pour régler le problème à la source.
Au final, se servir des plantes est une super stratégie préventive, écologique et gratifiante. Elle demande juste un peu de méthode et de constance. En combinant les bonnes plantes, une maison bien hermétique et une bonne hygiène, vous mettez toutes les chances de votre côté pour garder une maison saine, sans invités poilus. C’est un marathon, pas un sprint, mais la tranquillité d’esprit n’a pas de prix.
Inspirations et idées
Le saviez-vous ? Un rat possède environ 1000 types de récepteurs olfactifs, contre seulement 400 pour l’homme.
Cette sensibilité extrême explique pourquoi les parfums très concentrés de certaines plantes ne sont pas juste désagréables pour eux, mais créent une véritable surcharge sensorielle. C’est comme vivre à côté d’une alarme qui ne s’arrête jamais. Pour eux, fuir n’est pas une option, c’est un réflexe de survie.
Pour une barrière efficace, la plantation au hasard ne suffit pas. Ciblez les points stratégiques pour créer un périmètre de dissuasion :
- Le long des fondations de la maison, en insistant près des soupiraux.
- Autour des accès au potager ou au composteur.
- Sous les fenêtres et près des seuils de porte (en pots ou en pleine terre).
- Près des gaines techniques ou des tuyaux qui sortent du mur.
La menthe poivrée, c’est efficace mais ça envahit tout. Comment la maîtriser ?
C’est le piège classique ! La menthe est si vigoureuse qu’elle peut vite coloniser votre jardin. La solution est simple : la culture en pot. Choisissez de grands pots ou des jardinières profondes que vous placerez aux endroits stratégiques. Ainsi, vous profitez de son pouvoir répulsif sans subir son expansion. Pensez à diviser la touffe tous les deux ans pour la garder en pleine forme.
Au-delà de la plante : l’huile essentielle.
Pour les zones inaccessibles aux plantations comme le garage, le grenier ou derrière les meubles, l’huile essentielle est votre alliée. L’huile de Menthe Poivrée (Mentha x piperita) est la plus réputée. Imbibez des boules de coton ou des morceaux de bois et placez-les sur les lieux de passage. Renouvelez l’opération chaque semaine, car les huiles sont volatiles. Des marques comme Puressentiel ou Pranarôm offrent des huiles pures et de qualité.
- Une protection naturelle pour vos légumes les plus sensibles.
- Une réduction globale du nombre de nuisibles dans votre jardin.
- Moins de travail de désherbage grâce à la densité du massif.
Le secret ? Le compagnonnage végétal. Associez des plantes répulsives (comme la Rue officinale ou la Tanaisie) à vos cultures. Leurs odeurs mêlées créent une confusion olfactive qui perturbe non seulement les rongeurs, mais aussi de nombreux insectes ravageurs.
Ne sous-estimez pas le double bénéfice de votre arsenal végétal. Si les rongeurs détestent l’odeur puissante de la lavande, du romarin ou de la sauge, pour nous, c’est tout le contraire. En les plantant près d’une terrasse ou d’une entrée, vous créez un environnement non seulement protégé, mais aussi merveilleusement parfumé. C’est l’un des rares cas où la lutte contre les nuisibles améliore activement votre propre qualité de vie.
Un geste simple pour décupler l’efficacité : Une plante qui pousse tranquillement ne dégage qu’une fraction de son parfum. Pour vraiment activer son pouvoir répulsif, froissez ou écrasez légèrement quelques feuilles entre vos doigts lors de votre passage. Ce geste simple libère une bouffée d’huiles essentielles, renouvelant l’intensité de la barrière olfactive. Faites-le une à deux fois par semaine, surtout après une pluie.
Au Moyen Âge, la Tanaisie (Tanacetum vulgare) était l’une des « herbes jonchantes ». On la répandait sur le sol des maisons pour repousser les insectes, les parasites et, disait-on, les souris.
Plante fraîche : Efficacité longue durée et auto-entretenue en extérieur. Idéale pour les barrières périmétriques. Demande de l’entretien (arrosage, taille).
Sachets de feuilles séchées : Parfait pour les espaces intérieurs clos (placards, tiroirs, garde-manger). Discret et sans entretien, mais l’efficacité diminue avec le temps et nécessite un remplacement régulier.
L’idéal est de combiner les deux : des plantes vivaces dehors, des sachets de leurs feuilles séchées dedans.
Pour créer votre propre bouclier végétal à moindre coût, pensez aux semis. Un sachet de graines de Tanaisie ou d’Hysope officinale (disponible chez des semenciers bio comme La Ferme de Sainte Marthe) vous donnera des dizaines de plants pour le prix d’un ou deux achetés en godet. Cela demande un peu de patience au départ, mais c’est la solution la plus économique et la plus gratifiante pour couvrir de grandes surfaces.