Tailler ses Framboisiers : Le Guide Simple pour une Récolte Abondante (Même pour les Débutants)
La taille des framboisiers est la clé d’une récolte abondante. Découvrez comment transformer vos cannes en véritables producteurs de fruits !

Chaque année, je me rappelle le délice des framboises fraîches de mon jardin. Mais saviez-vous que la taille est cruciale pour maximiser cette douceur ? En apprenant à couper correctement vos framboisiers, vous leur offrez une chance de prospérer, d'attirer le soleil et d'éviter les maladies.
Après plus de vingt ans les mains dans la terre avec mes framboisiers, je peux vous le dire : la taille, ce n’est pas une corvée. C’est plutôt une conversation que vous avez avec la plante. J’ai commencé tout petit dans le jardin familial, et aujourd’hui, j’échange encore avec des pros sur la gestion de leurs cultures. Le constat est toujours le même.
Contenu de la page
- Avant de couper, il faut comprendre la plante
- La question qui change tout : votre framboisier est-il remontant ?
- Le kit du tailleur de framboises
- La taille d’hiver, étape par étape
- Le palissage : soutenir pour mieux produire
- Les petits soins qui font la différence
- Au secours, j’ai un problème !
- SOS Jardinage : Questions fréquentes
- Galerie d’inspiration
Une touffe de framboisiers laissée à l’abandon se transforme vite en une jungle impénétrable. Le résultat ? Quelques fruits minuscules, souvent acides et malades. À l’inverse, un framboisier bien taillé, c’est la promesse de paniers remplis de fruits sucrés, sains, et super faciles à cueillir. Beaucoup de jardiniers ont la trouille de leur sécateur, paralysés par la peur de faire une bêtise. Mais franchement, la pire erreur, c’est de ne rien faire du tout. Ce guide, c’est le concentré de mes années sur le terrain. On va voir ça ensemble, pas à pas. Vous allez voir, votre sécateur va devenir votre meilleur ami.

Avant de couper, il faut comprendre la plante
Pour bien tailler, il faut savoir comment un framboisier fonctionne. C’est la base de tout. Sans ça, on taille à l’aveugle. Le framboisier a une souche qui vit plusieurs années, mais ses tiges, qu’on appelle des cannes, ont un cycle de vie de deux ans seulement. C’est LE point crucial à retenir.
La première année, c’est la jeunesse : la primocane
Au printemps, une nouvelle pousse verte et souple sort de terre. C’est la canne de l’année, ou primocane. Pensez à elle comme à une adolescente : elle grandit vite, elle est pleine de vie, d’un vert franc et ne porte que des feuilles. C’est elle qui fait des réserves pour l’avenir. En regardant de près, on devine déjà les petits bourgeons qui seront les fruits de l’an prochain.
La deuxième année, la maturité : la floricane
Après l’hiver, cette même canne a changé. Elle a fait du bois, son écorce a bruni. Elle ne grandit plus, c’est une adulte. On l’appelle maintenant une floricane. Au printemps, ses bourgeons s’ouvrent pour donner des branches latérales qui porteront les fleurs, puis les fruits tant attendus. Une fois la récolte finie en été, sa mission est accomplie. Elle commence à sécher et mourra durant l’hiver. Elle ne produira plus jamais rien. L’essentiel du boulot de taille, c’est de supprimer ces cannes en fin de vie.

Savoir faire la différence est donc capital. L’erreur classique, c’est de tout couper à ras, ou pire, de couper les jeunes cannes vertes en pensant nettoyer. Résultat : zéro framboise l’année suivante. Un truc simple pour les reconnaître : la vieille canne (floricane) est foncée, rigide, et porte souvent les restes séchés des tiges qui ont donné des fruits. La jeune (primocane) est claire, souple et n’a que des feuilles.
La question qui change tout : votre framboisier est-il remontant ?
Avant de sortir les outils, posez-vous cette question. La réponse va dicter toute votre stratégie. Si vous ne connaissez pas sa variété, pas de panique, observez-le. S’il donne des fruits en fin d’été ou en automne sur ses pousses vertes de l’année, il est remontant. S’il ne donne qu’une seule fois en juin-juillet sur le bois de l’an passé, il est non-remontant.
Les framboisiers non-remontants (une seule grosse récolte d’été)
Ce sont les variétés traditionnelles, celles qui donnent une récolte unique mais incroyablement généreuse entre juin et juillet, parfaite pour les confitures. La taille est d’une logique implacable : juste après la récolte (ou en hiver), vous coupez au ras du sol toutes les cannes qui viennent de produire des fruits. Elles sont faciles à voir, ce sont les vieilles cannes qui commencent à sécher. On ne touche surtout pas aux nouvelles cannes vertes qui ont poussé pendant la saison. Ce sont elles qui assureront le spectacle l’an prochain.

Les framboisiers remontants (les petits malins à double récolte)
Ces variétés plus modernes sont géniales car elles peuvent fructifier deux fois. Une première fois en août-septembre, tout en haut des jeunes cannes de l’année. Et une seconde fois en juin-juillet de l’année suivante, sur la partie basse de ces mêmes cannes. Du coup, on a deux options de taille.
Option 1 : La méthode ZÉRO prise de tête (ma préférée !)
Honnêtement, c’est celle que je conseille à 90% des gens. C’est aussi la plus simple et la plus saine pour la plante. En fin d’hiver (février-mars), vous coupez TOUTES les cannes au ras du sol. Oui, vous avez bien lu, tout ! Vous sacrifiez la petite récolte de début d’été, mais vous obtiendrez une récolte d’automne beaucoup plus abondante et de meilleure qualité sur des cannes toutes neuves. Gros avantage : ça élimine la plupart des maladies qui hibernent sur le vieux bois.

Option 2 : La double récolte (pour les plus méticuleux)
Si vous voulez absolument les deux récoltes, la taille est un peu plus chirurgicale. En automne, ne coupez que la pointe des cannes qui a porté des fruits (la partie sèche). Au printemps suivant, la partie basse de cette canne donnera la récolte de début d’été. Juste après, vous couperez cette canne entièrement, car elle a fini son travail. Ça demande plus d’attention et un peu plus de risques sanitaires.
Mon conseil sincère ? Si vous hésitez, optez pour la première méthode. Le résultat vous surprendra.
Le kit du tailleur de framboises
Pas besoin d’un arsenal, mais le peu d’outils doit être de qualité. Un mauvais outil, ça blesse la plante et ça vous épuise. Voici le strict nécessaire :
- Un bon sécateur : C’est la base. Prenez un modèle à lames croisantes (dit « bypass »). Il fait des coupes nettes qui cicatrisent bien. Comptez entre 20€ et 60€ dans une bonne jardinerie comme Castorama ou en ligne. C’est un investissement, pas une dépense.
- Des gants épais : Ne sous-estimez pas les épines ! Une bonne paire de gants en cuir ou toile renforcée vous coûtera environ 15-20€. Croyez-moi, ça évite les griffures qui s’infectent et gâchent le plaisir.
- De l’alcool à 70° : Le truc indispensable et pas cher ! Une petite fiole achetée 2€ ou 3€ en pharmacie pour désinfecter vos lames entre deux pieds. C’est non négociable pour éviter de jouer au docteur Frankenstein en propageant des maladies.

La taille d’hiver, étape par étape
Le moment idéal se situe en fin d’hiver, quand la plante dort encore mais que les pires gelées sont passées (généralement fin janvier à début mars).
1. Le grand ménage : Repérez toutes les vieilles cannes sèches et cassantes. Coupez-les. Et quand je dis couper, c’est LE PLUS PRÈS POSSIBLE du sol. Ne laissez surtout pas un moignon de 5 ou 10 cm, c’est une porte d’entrée pour les champignons. Sortez immédiatement ce bois mort de votre parcelle.
2. Aérer le rang : Un framboisier, ça s’étend ! Il faut le discipliner. Gardez une largeur de rang de 40-50 cm maximum. Tout ce qui pousse en dehors, hop, un coup de bêche. Ensuite, à l’intérieur du rang, on aère. C’est crucial pour que l’air et la lumière circulent, la meilleure prévention contre la pourriture. Visez environ 10 à 12 des plus belles cannes par mètre de long. Pas plus ! Ça peut paraître vide, mais c’est le secret.

Petit conseil de pro : Pour un rang de 5 mètres, la première fois, bloquez-vous une bonne heure. Avec l’habitude, vous ferez ça en 20 minutes chrono.
3. Choisir les championnes : Parmi les cannes restantes, gardez seulement l’élite. Éliminez les plus fines (plus minces qu’un crayon), les tordues ou celles qui ont des taches bizarres. Ne conservez que les plus droites, les plus vigoureuses.
4. L’écimage (le geste qui change tout) : Pour les variétés non-remontantes, coupez la pointe des cannes que vous avez gardées, à environ 1,50 m de hauteur. Ce geste force la plante à faire plus de branches à fruits sur toute la longueur, et pas seulement au sommet. La récolte est meilleure et les cannes plus solides.
Le palissage : soutenir pour mieux produire
Sans soutien, une canne chargée de fruits ploie et les framboises finissent par terre, à pourrir. Le tuteurage est donc essentiel. Le plus simple : plantez des piquets solides tous les 3-4 mètres et tendez deux ou trois fils de fer entre eux (à 80 cm et 1,50 m du sol). Attachez-y délicatement vos cannes.

Mon système chouchou, c’est le palissage en V. Un peu plus de travail à l’installation, mais quel confort après ! On fixe des bras en V sur les piquets et on attache les cannes à fruits sur l’extérieur. Les nouvelles pousses peuvent grandir tranquillement au milieu, à pleine lumière. La récolte se fait sur les côtés, c’est un vrai bonheur.
Les petits soins qui font la différence
Une bonne taille s’accompagne de bons soins. Le framboisier est un gourmand ! Chaque printemps, offrez-lui une bonne couche de compost bien mûr. C’est bien mieux que les engrais chimiques qui donnent des feuilles mais pas de fruits.
Pensez aussi à l’arrosage, surtout quand les fruits se forment. Un manque d’eau à ce moment-là, et c’est la récolte de mini-framboises sèches assurée. Et surtout, paillez ! Une bonne couche de paille ou de feuilles mortes au pied garde l’humidité, limite les mauvaises herbes et nourrit le sol. C’est magique.

Au secours, j’ai un problème !
Quelques soucis courants et mes solutions de terrain :
- Un petit ver blanc dans les fruits ? C’est le ver de la framboise. La lutte est préventive : un bon binage en hiver et, si besoin, le sacrifice des premiers fruits infestés pour sauver le reste.
- Un feutrage gris sur les fruits ? C’est la pourriture grise (Botrytis). La cause : un manque d’aération. La solution : taillez plus sévèrement l’année prochaine, et enlevez immédiatement tout fruit atteint (à la poubelle, pas au compost !).
- Une canne qui sèche d’un coup en plein été ? Inspectez la base. C’est sûrement une larve qui a creusé une galerie. Pas de pitié : coupez la canne à ras et brûlez-la pour éliminer l’intrus.
SOS Jardinage : Questions fréquentes
J’ai raté la période de taille, on est en avril, c’est trop tard ?
Non, paniquez pas ! Mieux vaut tard que jamais. Votre plante sera un peu bousculée, mais elle s’en remettra. Pour les variétés remontantes que vous taillez à ras, ça ne change quasiment rien. Pour les autres, vous risquez juste de sacrifier quelques-uns des tout premiers fruits, mais la santé de la plante sur le long terme est bien plus importante.

Que faire des déchets de taille ?
NE JAMAIS les laisser au pied des framboisiers. C’est un hôtel 5 étoiles pour les maladies. Si les cannes sont saines, broyez-les pour le compost. Si elles sont malades, direction la déchetterie ou un bon feu (si autorisé chez vous).
Laissez-moi vous raconter une bêtise que j’ai faite à mes débuts : par flemme, j’ai oublié de désinfecter mon sécateur. J’ai propagé une maladie d’un pied sain à tout le rang… Il m’a fallu deux ans pour rattraper le coup. Dix secondes de nettoyage m’auraient évité bien des tracas. Alors, n’ayez pas peur de couper, observez vos plantes, et lancez-vous. La récompense, juteuse et sucrée, vous attend à la fin de l’été.
Galerie d’inspiration


Et si mes framboisiers sont

Au-delà de la taille, pensez aux voisins de vos framboisiers. Certaines plantes compagnes créent un écosystème plus résilient et productif :
- La tanaisie : Son odeur forte est un répulsif naturel contre le ver du framboisier.
- L’ail et la ciboulette : Plantés au pied, ils aident à prévenir les maladies fongiques comme la rouille.
- Les soucis (Calendula) : Leurs racines libèrent des substances qui assainissent le sol et éloignent les nématodes.

Un paillage de 10 cm peut réduire l’évaporation de l’eau du sol de plus de 70%.
Pour des framboisiers, dont les racines sont superficielles, c’est vital. Un bon paillis (BRF, paille, feuilles mortes) garde la fraîcheur, limite les mauvaises herbes qui concurrencent la plante et, en se décomposant, nourrit le sol. C’est l’assurance d’une humidité constante sans jamais détremper les racines.

Sécateur à enclume : À éviter. Il écrase les fibres de la canne, créant une porte d’entrée pour les maladies.
Sécateur à lames croisantes (bypass) : L’idéal. Il tranche net, comme des ciseaux, pour une cicatrisation propre et rapide.
Notre choix : le modèle Felco 2, un classique suisse increvable, ou le Fiskars PowerGearX pour sa légèreté et son ergonomie.

- Une canne verte et souple, couverte uniquement de feuilles.
- Une tige brune, sèche et cassante, avec des restes de pédoncules de fruits.
Le secret pour ne jamais se tromper ? Fiez-vous à la couleur. Le vert, c’est l’avenir, on le garde. Le brun, c’est le passé, on le coupe à la base. Un code visuel simple pour une taille sans stress.

Le bon timing pour nourrir : Un framboisier est gourmand. L’apport principal se fait à la fin de l’hiver, juste avant le redémarrage de la végétation. Incorporez par un léger griffage en surface un compost bien mûr ou un engrais organique spécial petits fruits, riche en potasse (K) pour favoriser des fruits bien sucrés. Un apport de cendre de bois (avec modération) est aussi un excellent coup de fouet.
La différence ne se voit pas seulement dans le panier, elle se goûte. Un fruit issu d’une canne bien aérée est plus gros, gorgé de soleil, et développe une complexité aromatique que l’on ne trouve jamais sur une plante étouffée. C’est le goût de l’attention portée au jardin.