Votre anthurium boude ? Le guide complet pour le faire refleurir (sans prise de tête)
Franchement, qui n’a jamais été frustré par un anthurium ? On l’achète, il est magnifique, couvert de fleurs rouges, roses ou blanches… et puis plus rien. On a beau l’arroser, lui parler, le mettre à la meilleure place, il se contente de faire de belles feuilles vertes. Si cette situation vous parle, rassurez-vous, vous n’êtes pas seul.
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J’ai passé des années dans des serres, entouré de ces plantes fascinantes. Et la question qui revenait sans cesse était : « Pourquoi le mien ne refleurit-il pas ? ». La réponse est rarement simple, c’est un équilibre. Mais un des piliers de cet équilibre, c’est la fertilisation. Et c’est souvent là que le bât blesse. Oubliez les astuces magiques, on va voir ensemble une approche réfléchie, celle qui marche vraiment, pour comprendre ce dont votre plante a VRAIMENT besoin.
Avant de parler engrais, parlons nature
Avant même d’ouvrir une bouteille d’engrais, il faut comprendre un truc essentiel : dans son milieu naturel, l’anthurium est souvent un épiphyte. Ça veut dire qu’il ne pousse pas dans la terre, mais sur les arbres, ses racines s’agrippant à l’écorce.

Cette seule info change toute notre perspective. Il ne puise pas ses nutriments dans un sol riche. Non, il se nourrit de ce que la pluie lui apporte en ruisselant sur les troncs : des micro-débris de feuilles, des poussières organiques… C’est un régime très léger, mais quasi constant. Premier indice pour nous : petites doses régulières> gros repas occasionnel.
Le substrat, ce n’est pas du terreau !
C’est pour ça qu’on ne le plante jamais dans du terreau universel. Son substrat doit imiter l’écorce d’un arbre : aéré, léger, qui ne retient pas l’eau. Le problème ? Ce milieu est très pauvre en nutriments. C’est donc à nous de compenser ce manque.
Petit conseil de pro pour un substrat maison : Si vous voulez le top du top, faites ce mélange. C’est ce que j’utilise et ça fonctionne à merveille. Mélangez simplement :
- 2 parts d’écorce de pin pour orchidées
- 1 part de sphaigne (pour garder un peu d’humidité)
- 1 part de perlite ou de pouzzolane (pour l’aération)
- Une petite poignée de charbon de bois horticole (ça prévient les moisissures)
Vous trouverez tout ça en jardinerie ou sur des sites spécialisés. Si ça vous semble compliqué, un bon terreau pour orchidées du commerce (type Orchi’Mix) fera parfaitement l’affaire.

Le jargon des nutriments (N-P-K) décodé
Sur chaque bouteille d’engrais, vous voyez ces trois chiffres. C’est le ratio N-P-K. Pour faire simple :
- N (Azote) : C’est le carburant des feuilles. Trop d’azote ? Vous aurez un feuillage luxuriant, mais zéro fleur.
- P (Phosphore) : Voilà notre champion ! C’est le moteur de la floraison et des racines. C’est ce chiffre qui nous intéresse le plus.
- K (Potassium) : Le gardien de la santé générale. Il aide la plante à résister aux maladies et au stress.
Pour faire refleurir notre anthurium, on va donc chercher un engrais où le « P » est plus élevé, ou au moins égal aux autres.
Quel engrais choisir ? Mon retour du terrain
Alors, on se retrouve dans le rayon jardinage, face à un mur de bouteilles… Pas de panique. Voici les options, avec leurs avantages et inconvénients.
Les engrais liquides : la précision du pro
Honnêtement, c’est ma méthode préférée. Elle offre un contrôle total. On décide de la dose et du moment exact. Pour stimuler la floraison, je recommande de chercher des formules type « engrais pour plantes fleuries » ou « bloom booster », avec un ratio comme 10-30-20. On les trouve facilement chez Castorama ou Truffaut, pour un budget entre 7€ et 15€ la bouteille qui vous durera largement la saison.

Attention, la règle d’or ! Les instructions sur les bouteilles sont presque toujours trop fortes pour un anthurium. Leurs racines sont sensibles. Une dose trop forte les brûle, littéralement. Croyez-moi, au début de ma carrière, j’ai eu la main trop lourde et j’ai vu les racines d’un spécimen magnifique devenir noires et molles… une leçon qu’on n’oublie pas !
Ma recommandation : Divisez toujours la dose recommandée par le fabricant par deux, voire par quatre. Mieux vaut sous-doser que surdoser.
Les engrais en granulés (libération lente)
C’est l’option « pratique » pour ceux qui oublient. On mélange les granulés au substrat et ils sont censés nourrir la plante pendant des mois. C’est tentant, mais moins précis. La libération des nutriments dépend de la chaleur et de l’arrosage. Par temps chaud, ils peuvent se libérer trop vite et… brûler les racines. Si vous optez pour ça, utilisez-les avec parcimonie, seulement en surface, jamais collés aux racines.

L’astuce peu connue : l’engrais pour orchidées
Voici un secret de coulisses : les anthuriums et les orchidées ont des besoins très similaires. Ce sont des cousines de conditions de vie ! Du coup, un bon engrais pour orchidées (comme ceux des marques Fertiligène ou Orchid Focus) est presque toujours un excellent choix, car il est formulé pour être doux et ne pas agresser les racines des épiphytes. C’est une valeur sûre si vous êtes perdu.
Le calendrier de fertilisation : suivez le rythme de la plante
Nourrir une plante, c’est comme accompagner un athlète : on donne du carburant pendant l’effort, et on laisse reposer après.
De mars à septembre (période de croissance) : C’est maintenant qu’elle a faim ! Les jours rallongent, elle produit de nouvelles feuilles et, on l’espère, des fleurs. Ma méthode : un engrais liquide très dilué (au quart de la dose) à chaque arrosage, ou un arrosage sur deux avec une dose diluée de moitié. C’est doux, constant, et ça imite son alimentation naturelle.

D’octobre à février (période de repos) : La lumière baisse, la plante ralentit. Continuer à la fertiliser serait comme vous forcer à manger un repas de fête à 3h du matin. L’engrais non utilisé s’accumule dans le pot et devient toxique. Donc, on arrête TOUT. Zéro engrais pendant l’hiver, sauf si votre plante est sous lampe horticole et pousse activement (et même là, un tout petit apport une fois par mois suffit).
Le rinçage du pot : le geste qui sauve
C’est une technique pro que peu d’amateurs connaissent, et pourtant, elle fait toute la différence. Même avec un bon dosage, des sels minéraux s’accumulent. Tous les 3-4 mois, il faut « lessiver » le pot.
C’est super simple : 1. Mettez le pot de votre plante (sans le cache-pot) dans votre évier ou votre douche. 2. Faites couler de l’eau tiède (pas froide !) doucement sur toute la surface du substrat pendant une bonne minute. Laissez l’eau s’écouler librement par les trous de drainage. 3. Laissez-le bien s’égoutter pendant au moins 30 minutes avant de le remettre à sa place. Allez-y, jetez un œil à la surface du substrat de votre anthurium. Vous voyez une petite croûte blanche ou jaunâtre ? Ce sont les sels accumulés. C’est le signal qu’il est temps de rincer !

Et les solutions naturelles, ça marche ?
On lit beaucoup de choses… soyons clairs.
Le marc de café ou les peaux de banane infusées ? Oubliez. C’est une fausse bonne idée. Vous ne maîtrisez pas les apports, et pire, vous risquez d’attirer des moucherons, des moisissures et d’acidifier le substrat. C’est le meilleur moyen de créer des problèmes.
Par contre, le lombricompost (ou vermicompost) est une excellente option. C’est un amendement riche et équilibré. Au printemps, grattez délicatement le dessus du substrat et remplacez-le par une fine couche (1-2 cm) de lombricompost. C’est un super coup de fouet naturel.
Quand l’engrais ne suffit pas : check-list de survie
Parfois, malgré un super programme de fertilisation, ça ne marche toujours pas. C’est que le problème est ailleurs. Vérifiez ces points, dans cet ordre :
- La lumière : C’est la cause N°1 des échecs. Il lui faut de la lumière VIVE, mais SANS soleil direct qui brûle ses feuilles. Près d’une fenêtre à l’Est ou à l’Ouest est souvent idéal.
- L’arrosage : Jamais de pieds dans l’eau ! Laissez toujours sécher les premiers centimètres du substrat entre deux arrosages. Enfoncez votre doigt pour vérifier, c’est la méthode la plus fiable.
- L’humidité : Nos intérieurs sont secs, surtout l’hiver. Posez le pot sur une soucoupe de billes d’argile avec un fond d’eau (sans que le pot ne touche l’eau) pour augmenter l’humidité ambiante.
- La taille du pot : Un anthurium aime être un peu à l’étroit pour fleurir. S’il est dans un pot trop grand, il va d’abord faire des racines avant de penser aux fleurs.
Au final, faire refleurir un anthurium, c’est plus une question d’observation que de recette magique. Apprenez à regarder votre plante. Avec un peu de patience et les bonnes pratiques, vous verrez ces incroyables fleurs colorées revenir. Et n’oubliez jamais : dans le doute, abstiens-toi. Mieux vaut une plante qui a un peu faim qu’une plante aux racines brûlées.

Galerie d’inspiration


Le saviez-vous ? Les racines de l’anthurium sont extrêmement sensibles à l’excès de sels minéraux.
C’est l’erreur la plus courante : penser qu’un peu plus d’engrais forcera la floraison. C’est l’inverse qui se produit. Une surdose, même légère, peut brûler ces racines délicates conçues pour capter des nutriments très dilués. Le signe qui ne trompe pas ? Des feuilles qui jaunissent ou dont le bord brunit. La solution est simple : respectez scrupuleusement les dilutions recommandées sur les engrais liquides (voire sous-dosez légèrement) et ne fertilisez jamais un substrat complètement sec pour éviter un choc violent aux racines.

L’astuce de la peau de banane, mythe ou réalité ?
C’est une excellente source de potassium, un nutriment clé pour la floraison ! Pour l’utiliser sans attirer de moucherons, la méthode la plus simple est l’eau de trempage. Laissez une peau de banane bio macérer dans un litre d’eau de pluie pendant 48h. Filtrez et utilisez cette eau, diluée de moitié avec de l’eau claire, pour un arrosage sur deux durant la période de croissance. C’est un coup de pouce doux et 100% naturel.
Engrais liquide : Idéal pour un contrôle total. Des marques comme Fertiligène ou Algoflash proposent des formules « Plantes fleuries » avec un NPK équilibré mais un accent sur le Phosphore (P) et le Potassium (K). On l’ajoute à l’eau d’arrosage tous les 15 jours au printemps/été.
Bâtonnets d’engrais : La solution « zéro oubli ». Les bâtonnets Substral se plantent dans le substrat et diffusent leurs nutriments lentement sur 2 à 3 mois. Pratique, mais moins précis qu’un apport liquide. Parfait si vous avez tendance à oublier la fertilisation.