Le compost, c’est pas sorcier : le guide pour un or noir réussi, même quand on débute
Transformez vos déchets en trésor ! Découvrez comment un composteur peut révolutionner votre jardin et l’environnement.

En me promenant dans mon jardin, je réalise à quel point chaque déchet peut devenir une ressource précieuse. Le compostage, c'est bien plus qu'une simple méthode de recyclage; c'est un acte d'amour envers notre planète. En apprenant à bien utiliser un composteur, vous pourrez nourrir votre sol tout en réduisant votre empreinte écologique.
J’ai passé une bonne partie de ma vie les mains dans la terre. J’ai commencé très jeune, et si j’ai appris une chose, c’est que tout part du sol. Un bon légume pousse dans une bonne terre, et une bonne terre, eh bien, elle se gave d’un bon compost. Certains l’appellent « l’or noir », et franchement, ils n’ont pas tort.
Contenu de la page
Mais attention, on ne devient pas un maître composteur du jour au lendemain ! J’ai fait à peu près toutes les erreurs possibles et imaginables. Des tas qui sentaient l’ammoniaque à plein nez, d’autres qui ont attiré toute la faune du quartier… et même des tas qui restaient froids, inertes, pendant des mois. Chaque raté a été une leçon. Aujourd’hui, ce savoir-faire, je le partage, car ce n’est pas de la magie, juste un peu d’observation et de bon sens.
La mécanique du compost : un duo gagnant
Imaginez votre compost comme un petit écosystème qui bosse pour vous. À l’intérieur, des milliards de micro-organismes (bactéries, champignons) et de petites bêtes (comme les vers) s’activent pour tout décomposer. Pour qu’ils travaillent bien, il faut leur donner le bon carburant, de l’air et juste ce qu’il faut d’humidité. C’est tout.

Le secret, c’est l’équilibre entre deux types de matériaux.
Les matières « brunes » (riches en carbone) : C’est le combustible, la structure de votre tas. Pensez aux choses sèches : feuilles mortes, carton brun, paille, petites branches… Sans ça, votre compost devient une bouillie compacte et malodorante. C’est ce qui permet à l’air de circuler.
Les matières « vertes » (riches en azote) : C’est l’accélérateur. Pensez aux choses humides : épluchures de légumes, marc de café, tonte de gazon fraîche. L’azote, c’est l’énergie qui nourrit les micro-organismes et qui fait chauffer le tas. C’est cette chaleur qui fait le gros du travail.
Alors, comment on équilibre tout ça ? Les experts parlent d’un ratio compliqué, mais en pratique, c’est simple. Retenez cette règle d’or : pour un seau de déchets verts, mettez environ deux seaux de déchets bruns. C’est un excellent point de départ. Vous ajusterez ensuite en regardant comment votre tas réagit.

Qu’est-ce qu’on met dedans (et surtout, dehors) ?
Savoir quoi jeter dans le composteur est la base. Voici une petite liste pour vous guider.
Les OUI : à mettre sans hésiter
- Côté vert (azote) : Toutes vos épluchures de fruits et légumes, le marc de café avec son filtre, les sachets de thé (sans l’agrafe !), et les coquilles d’œufs bien écrasées. La tonte de gazon est aussi un super activateur, mais attention ! Ne mettez jamais une couche épaisse d’herbe fraîche seule, elle pourrirait. Laissez-la sécher un peu au soleil ou mélangez-la tout de suite avec beaucoup de feuilles sèches.
- Côté brun (carbone) : Les feuilles mortes sont vos meilleures amies. Faites un stock à l’automne, c’est votre trésor pour l’année ! Le carton brun (sans scotch) et le papier journal déchirés en petits morceaux sont parfaits. Les boîtes d’œufs en carton, c’est top. Si vous avez des branches, l’idéal est de les broyer. Astuce pour ceux qui n’ont pas de broyeur : étalez vos feuilles mortes et vos petites brindilles et passez la tondeuse dessus. Ça fait un broyat express parfait !

Les NON : à éviter absolument
Certains déchets peuvent vraiment ruiner votre compost ou attirer des visiteurs indésirables. Croyez-moi sur parole, vous voulez éviter ça.
La viande, le poisson et les produits laitiers : JAMAIS dans un composteur de jardin. L’odeur est pestilentielle et c’est un véritable aimant à rats et autres bestioles. J’ai un jour conseillé un voisin dont le composteur en plastique avait été éventré par un renard attiré par des restes de poulet… une vraie scène de crime.
Les excréments de chats et de chiens : Leurs déjections peuvent contenir des parasites dangereux pour l’homme qui ne seront pas forcément détruits par la chaleur d’un compost domestique. On ne prend aucun risque, surtout si le compost doit aller au potager.
Les plantes malades : Un plant de tomate avec le mildiou ou un rosier plein de taches noires ? C’est direction la déchetterie, pas le compost. Sinon, vous allez joyeusement répandre les maladies dans tout votre jardin l’année suivante.

Les « super » mauvaises herbes : Attention au liseron ou au chiendent. Leurs racines sont si coriaces qu’elles peuvent repartir de plus belle dans le terreau de luxe que vous leur préparez. J’ai fait l’erreur une fois, j’ai eu du liseron dans mes carottes pendant deux ans.
Le bois traité, le papier glacé et les cendres de barbecue : C’est simple, tout ce qui contient des produits chimiques est à proscrire. Vous ne voulez pas de toxines dans vos futures salades.
Démarrer son compost : le guide du débutant (même paresseux)
Vous avez peur de vous lancer ? Oubliez la pression. Voici la méthode la plus simple du monde pour commencer en 30 secondes :
- Prenez un grand carton brun et posez-le par terre dans un coin du jardin (à mi-ombre, c’est l’idéal).
- Videz votre seau d’épluchures dessus.
- Recouvrez-le avec des feuilles mortes ou un autre carton déchiré.
Et voilà. Félicitations, vous êtes en train de composter ! On optimisera plus tard.

L’installation un peu plus sérieuse
Pour un système plus durable, le choix du contenant est important. Un composteur en plastique du commerce (comptez entre 40 € et 100 € en jardinerie) fait l’affaire. Mais personnellement, je suis un grand fan du système à trois bacs, fabriqué avec des palettes de récupération. C’est quasi gratuit (il suffit de demander gentiment aux magasins) et ultra-efficace. Le principe est simple : vous remplissez le premier bac pendant quelques mois. Une fois plein, vous le transférez à la fourche dans le deuxième bac où il va mûrir tranquillement. Pendant ce temps, vous recommencez à remplir le premier bac. Le troisième bac, lui, contient le compost du cycle précédent, déjà mûr et prêt à l’emploi !
Peu importe le système, commencez toujours par une couche de 15 cm de petites branches au fond. C’est le secret pour une bonne aération par le bas.
L’entretien au quotidien : respirer et boire
Un compost, ça vit. Il faut donc s’en occuper un minimum. Deux choses à surveiller : l’aération et l’humidité.

Aérer : Toutes les une ou deux semaines, donnez un bon coup de fourche pour mélanger le tout. Ramenez les bords vers le centre. C’est essentiel pour que l’oxygène circule et que le processus ne s’arrête pas.
Humidifier : Le compost doit être humide comme une éponge bien essorée. Prenez une poignée dans votre main et serrez fort. Si quelques gouttes perlent, c’est parfait. Si ça coule, c’est trop humide : ajoutez du carton ou des feuilles sèches et mélangez. Si c’est friable et sec, arrosez un peu et mélangez.
D’ailleurs, si vous vivez en ville et que vous manquez de matières brunes, soyez malin ! Gardez tous vos rouleaux de papier toilette, vos boîtes d’œufs, et demandez aux pizzerias du coin leurs cartons non souillés. C’est une excellente source de carbone.
Le moment tant attendu : la récolte !
C’est la question que tout le monde se pose : « C’est prêt quand ? ». Pour un composteur domestique bien géré, comptez entre 6 et 12 mois pour obtenir un produit fini. Vous saurez qu’il est mûr quand :

- Il a une belle couleur brun foncé, presque noire.
- Il sent bon la terre de forêt après la pluie. Finies les mauvaises odeurs !
- Sa texture est fine et friable, et vous ne reconnaissez plus les déchets d’origine.
Pour le récolter, si vous avez un seul bac, il suffit de gratter et récupérer la couche du fond, qui est la plus ancienne. Les morceaux pas encore décomposés (comme les noyaux ou les bouts de bois) ? Ne les jetez pas ! Remettez-les dans le tas, ils serviront d’activateur pour la prochaine fournée. Vous pouvez le tamiser pour un résultat très fin, idéal pour les semis, mais ce n’est pas obligatoire pour le potager.
Une fois votre or noir prêt, soyez généreux ! Mettez-en une ou deux grosses poignées au pied de vos plants de tomates, étalez une fine couche de 1 à 2 cm sur vos jardinières ou mélangez-le (un tiers de compost pour deux tiers de terre) pour vos rempotages. Vos plantes vous diront merci.

Galerie d’inspiration


Mon compost sent mauvais, que faire ?
Une odeur d’ammoniaque signale un excès de matières vertes (azote). La solution est simple : rééquilibrez en ajoutant une bonne dose de matières brunes comme des feuilles mortes, du carton déchiqueté ou de la paille. Pensez à aérer le tas avec une fourche pour faire circuler l’air. Si l’odeur rappelle l’œuf pourri, votre compost est trop humide et manque d’oxygène. Même remède : ajoutez du sec et aérez !

Selon l’ADEME, chaque Français jette en moyenne 30 kg de déchets compostables par an dans sa poubelle d’ordures ménagères.
Ce chiffre illustre l’impact direct du compostage à la maison. En plus de créer un amendement riche pour le jardin, ce geste simple détourne des dizaines de kilos de déchets de l’incinération ou de l’enfouissement, réduisant ainsi notre empreinte écologique.

- Un engrais liquide ultra-riche, prêt en quelques semaines.
- Idéal pour les balcons et les appartements, sans odeur.
- Fonctionne même en hiver, à l’intérieur.
Le secret ? Le lombricompostage ! En utilisant des vers spécifiques (comme l’Eisenia fetida), un lombricomposteur de type Urbalive transforme vos déchets de cuisine en un vermicompost et un « thé de compost » exceptionnels pour vos plantes d’intérieur.

Point important : Les coquilles d’œufs sont un excellent ajout pour leur apport en calcium, mais elles se décomposent très lentement. Pour qu’elles libèrent leurs nutriments plus vite, laissez-les sécher quelques jours puis écrasez-les finement, presque en poudre, avant de les jeter dans le composteur. Votre sol vous remerciera !

Le bac à compost classique : Souvent en plastique recyclé (comme les modèles de chez Garant ou Jardibric), il est économique et s’intègre bien dans un coin du jardin. Idéal pour les grands volumes.
Le composteur rotatif : Plus cher, ce tambour sur pieds permet de mélanger le compost sans effort en le faisant tourner. L’aération est parfaite, ce qui accélère le processus de décomposition.
Le choix dépend de votre espace, de votre budget et de l’effort que vous souhaitez y consacrer.

Ne sous-estimez jamais le pouvoir des « activateurs » naturels pour donner un coup de fouet à votre compost. Ils sont souvent déjà dans votre jardin :
- La consoude, riche en minéraux et en azote.
- Le purin d’ortie, un véritable concentré d’énergie pour les micro-organismes.
- Une ou deux pelles de compost déjà mûr, pour inoculer votre nouveau tas avec la bonne flore bactérienne.

Le test ultime d’un compost réussi n’est pas visuel, il est olfactif. Fermez les yeux et plongez vos mains dans le tas. Le produit fini ne doit plus sentir les déchets de cuisine, mais dégager une agréable odeur de terre humide, de sous-bois après la pluie. Sa texture doit être fine, friable et homogène. C’est le parfum de la vie du sol.

Ne jetez jamais votre marc de café ! C’est l’un des meilleurs ingrédients pour votre compost.

Pour éviter d’attirer les rongeurs ou de générer de mauvaises odeurs, certains éléments sont à proscrire absolument de votre compost de jardin :
- Les viandes, poissons et produits laitiers, qui se décomposent mal et attirent les animaux.
- Les huiles, graisses et plats en sauce, qui asphyxient le compost.
- Les excréments d’animaux domestiques (chien, chat), qui peuvent contenir des pathogènes.
- Les mauvaises herbes montées en graines, au risque de les semer partout dans votre jardin !
Avec quelques palettes de récupération, vous pouvez construire un système de compostage en trois bacs, à la fois efficace et économique. Le principe : un bac pour le remplissage, un second pour la maturation du compost à mi-parcours, et un troisième pour le compost mûr prêt à l’emploi. C’est la méthode privilégiée par les jardiniers aguerris pour avoir un approvisionnement continu en or noir.