Vos Lys ont Fini de Fleurir ? C’est MAINTENANT que Tout se Joue !
J’ai commencé à cultiver des lys il y a des décennies, dans le petit jardin familial. Au début, c’était des lys tigrés qui poussaient pratiquement tout seuls, une vraie joie pour le jardinier débutant que j’étais. Aujourd’hui, je m’occupe de variétés plus pointues, des somptueux lys orientaux aux délicats lys martagon. Et si j’ai appris une chose, c’est bien celle-ci : la splendeur de vos lys l’année prochaine se décide juste après la floraison de cette année.
Contenu de la page
- Comprendre le Moteur du Lys : Le Bulbe, cette Super Batterie
- Étape 1 : L’Action Immédiate qui Change Tout
- Le Feuillage : Un Travail de Patience (et c’est là que tout se joue)
- Nourrir et Hydrater : Les Gestes Souvent Oubliés
- Préparer l’Hiver : L’Indispensable Manteau de Paillis
- Le Grand Renouvellement : Diviser pour Mieux Régner
- Attention, Danger : Une Mise en Garde Essentielle
- Galerie d’inspiration
Beaucoup de gens admirent les fleurs, puis, une fois fanées, ils oublient la plante. Franchement, c’est l’erreur la plus commune. C’est pourtant à ce moment précis que le vrai travail commence. Mais ne voyez pas ça comme une corvée ! C’est plutôt une conversation avec votre plante pour lui assurer une santé de fer et des floraisons encore plus spectaculaires.
Dans ce guide, je vais vous partager mes techniques, celles qui marchent sur le terrain. Pas de blabla compliqué, que du concret. On va voir ensemble pourquoi chaque geste est essentiel.

Comprendre le Moteur du Lys : Le Bulbe, cette Super Batterie
Avant même de penser à sortir le sécateur, il faut comprendre ce qui se trame sous terre. Un lys, ce n’est pas juste une tige avec une jolie fleur. Tout tourne autour de son bulbe. Imaginez ce bulbe comme une batterie rechargeable.
Pendant que la plante pousse et fleurit, ses feuilles captent la lumière du soleil. C’est la fameuse photosynthèse. Elles produisent de l’énergie (des sucres) qui sert à la fois à la fleur actuelle, mais surtout, qui est mise de côté. Cette énergie est stockée dans le bulbe pour passer l’hiver et avoir la pêche au printemps suivant.
Une fois la floraison terminée, l’instinct de la plante lui dit de faire des graines pour se reproduire. Le problème ? Produire des graines lui coûte une énergie folle. Si on la laisse faire, toute la force qui aurait dû recharger sa « batterie » partira dans la création de graines. Résultat : un bulbe épuisé, et une floraison ridicule, voire inexistante, l’année d’après. Notre mission, c’est donc de court-circuiter ce processus. On veut que TOUTE l’énergie retourne au bulbe. C’est la clé de tout.

Étape 1 : L’Action Immédiate qui Change Tout
Dès qu’une fleur de lys commence à faner, il faut l’enlever. C’est le premier geste, et il est non négociable. On appelle ça l’éboutonnage.
Astuce du week-end : Si vous n’avez que cinq minutes, faites ça ! C’est le geste le plus rentable pour la floraison de l’an prochain.
La bonne méthode
Soit vous y allez avec les doigts : pincez la petite tige juste sous la fleur fanée. Normalement, ça casse net avec un petit « clac » très satisfaisant. C’est rapide et ça marche pour la plupart des variétés.
Sinon, pour un travail plus propre ou des tiges plus épaisses, prenez un petit sécateur ou des ciseaux de jardin. L’important, c’est que votre outil soit IMPECCABLEMENT propre. Perso, j’ai toujours un petit flacon d’alcool à 70° et un chiffon dans ma poche de jardinier. Un petit coup sur les lames entre chaque plante évite de propager des cochonneries comme la pourriture grise. C’est un réflexe pro qui vous sauvera la mise plus d’une fois.

L’erreur à ne surtout pas commettre
L’erreur classique est de couper beaucoup trop bas. N’enlevez que la fleur fanée. Laissez toutes les feuilles sur la tige principale. Chaque feuille est une petite usine solaire qui bosse pour le bulbe. En couper, c’est comme débrancher un panneau solaire.
Le Feuillage : Un Travail de Patience (et c’est là que tout se joue)
Une fois les fleurs parties, la plante est moins glamour, on est d’accord. Une tige verte avec des feuilles, et c’est tout. La tentation de tout couper pour faire « propre » est immense. S’il vous plaît, résistez ! C’est la pire chose à faire à ce stade.
Pourquoi cette attente est cruciale ?
Les feuilles doivent continuer leur travail le plus longtemps possible. Elles vont doucement jaunir, puis brunir. C’est le signe visible que l’énergie est bien en train d’être transférée des feuilles vers le bulbe. Ce processus peut prendre des semaines, voire un ou deux mois. Soyez patient. Un feuillage qui jaunit n’est pas une plante malade, c’est une plante qui prépare son avenir.

L’anecdote de l’apprenti qui, voulant bien faire, avait coupé toutes mes tiges de lys encore vertes pour « nettoyer » est un classique. L’été suivant, j’ai eu une poignée de fleurs chétives là où j’en avais des dizaines. Leçon apprise dans la douleur : au jardin, la patience est reine.
Quand et comment couper la tige ?
Attendez que la tige et les feuilles soient complètement brunes et sèches. À ce stade, elles ne servent plus à rien. Le moment idéal, c’est généralement après les premières petites gelées d’automne.
Avec un sécateur propre (toujours !), coupez la tige au ras du sol. Pas à 10 cm de haut. Une tige creuse peut devenir un véritable entonnoir pour l’eau et le gel, qui risquent de faire pourrir le bulbe. On coupe net.
(Petite astuce de certains jardiniers : laisser un petit bout de 5 cm pour marquer l’emplacement des bulbes. Pourquoi pas, mais je trouve que le risque de pourriture est plus grand que l’avantage. Je préfère utiliser des petites étiquettes ou un simple plan de mon jardin. À vous de voir !)

Nourrir et Hydrater : Les Gestes Souvent Oubliés
Pendant que le feuillage travaille, on peut donner un sacré coup de pouce au bulbe. C’est une étape souvent négligée mais qui fait une vraie différence.
L’arrosage, on continue ?
Oui, mais différemment. Le bulbe a encore besoin d’un peu d’humidité pour bien fonctionner. Continuez d’arroser, mais plus espacé. Le but est de garder la terre légèrement fraîche, jamais détrempée. Si le temps est sec, un arrosage par semaine suffit amplement. En cas de pluie régulière, laissez faire la nature.
Le coup de boost : la fertilisation
C’est LE secret pour recharger les batteries à fond. Après la floraison, on veut aider le bulbe à stocker, pas à faire de nouvelles feuilles. Il faut donc un engrais pauvre en azote (N) mais riche en potassium (K). Les engrais pour tomates, fraises ou un engrais spécial bulbes sont parfaits pour ça. Vous en trouverez facilement en jardinerie pour moins de 10€, et ça vous servira longtemps.

Il suffit d’en épandre une petite poignée au pied des lys et de griffer légèrement la surface pour l’incorporer. La pluie et les arrosages feront le reste.
Préparer l’Hiver : L’Indispensable Manteau de Paillis
Une fois les tiges coupées, les bulbes entrent en dormance. Un bon paillage va leur offrir une protection cinq étoiles, surtout si vos hivers sont froids.
Le paillage, c’est bien plus qu’une couverture. Il isole des changements brutaux de température (le fameux cycle gel/dégel qui abîme les racines), il garde une humidité stable et, s’il est organique, il nourrit le sol en se décomposant. C’est tout bénef !
Quel paillis choisir ?
Franchement, utilisez ce que vous avez sous la main. Les feuilles mortes sont mon choix numéro un : c’est gratuit et excellent pour la vie du sol (évitez juste les feuilles de noyer). La paille est un super isolant, tout comme les aiguilles de pin qui sont géniales si votre sol est un peu acide. Le BRF (Bois Raméal Fragmenté) est aussi un excellent choix sur le long terme.

Étalez une couche aérée de 10 à 15 cm après les premières gelées, mais avant le grand froid. Si vous paillez trop tôt, vous risquez de créer un hôtel 5 étoiles pour les rongeurs qui adorent grignoter les bulbes.
Au printemps, quand les pousses sortent, retirez le paillis en douceur, progressivement, pour les acclimater.
Le Grand Renouvellement : Diviser pour Mieux Régner
Après quelques années, vous verrez que vos lys sont à l’étroit. Les tiges sont nombreuses, serrées, les fleurs plus petites. C’est le signe qu’il faut diviser.
Quand s’y mettre ?
Oubliez les règles fixes. Fiez-vous à ce que vous voyez. Si la floraison baisse en qualité, c’est le moment. En général, les lys asiatiques, très prolifiques, apprécient une division tous les 2-3 ans. Les lys orientaux, plus majestueux et plus lents, peuvent attendre 4-5 ans. Quant aux lys martagon, ils détestent être dérangés ; ne les touchez que si c’est vraiment nécessaire, parfois après 7 ans ou plus !

Le meilleur moment pour cette opération est le début de l’automne, quand le feuillage est sec.
La division, pas à pas
Prévoyez une bonne demi-heure pour une touffe de taille moyenne. C’est presque une petite opération chirurgicale !
- Sortir la motte : Utilisez une fourche-bêche (surtout pas une pelle qui tranche tout !) et plantez-la assez loin du centre pour soulever la motte entière.
- Nettoyer et observer : Secouez la terre. Vous verrez un amas de bulbes, de racines et de petits « bébés » bulbes (les caïeux). C’est aussi à ce moment que vous pouvez repérer des bulbilles. D’ailleurs, vous avez déjà vu ces petites billes noires à l’aisselle des feuilles de certains lys, comme le lys tigré ? Ce ne sont pas des graines ! Ce sont des bulbilles. Récoltez-les et plantez-les à quelques centimètres de profondeur. En 2-3 ans, vous aurez de nouvelles plantes. C’est magique et gratuit !
- Séparer : Le plus souvent, ça se fait à la main. Tirez doucement. Si c’est trop compact, un couteau propre peut aider à trancher les racines qui relient les bulbes.
- Le contrôle qualité : Un bulbe sain est ferme et lourd. Jetez tout ce qui est mou, moisi ou abîmé. Sans pitié !
- Replanter sans attendre : Les bulbes de lys n’ont pas de protection et se dessèchent très vite. Replantez-les le jour même. La règle d’or : plantez à une profondeur de 2 à 3 fois la hauteur du bulbe. Espacez-les de 20-30 cm.
Le résultat est spectaculaire. D’une touffe dense qui produisait de petites fleurs, vous vous retrouvez avec 2 ou 3 nouvelles zones de plantation, prêtes à donner des fleurs géantes l’an prochain.

Attention, Danger : Une Mise en Garde Essentielle
Je ne peux pas finir sans un avertissement crucial, surtout si vous avez des animaux. TOUTES les parties du lys (fleur, feuille, pollen, bulbe…) sont EXTRÊMEMENT toxiques pour les chats. L’ingestion d’une quantité minuscule peut être fatale. Si vous avez un chat, honnêtement, je vous déconseille de cultiver des lys. La sécurité de nos compagnons à quatre pattes passe avant tout. Pour les chiens et les humains, c’est moins grave mais peut causer des troubles digestifs. Mettez des gants pour manipuler les bulbes, c’est plus prudent.
Prendre soin de ses lys après la floraison, c’est un investissement plaisir. C’est un moment calme qui vous reconnecte au rythme de la nature. Et la récompense, au printemps suivant, quand vous voyez ces tiges sortir de terre, plus fortes que jamais… ça, ça n’a pas de prix.
Galerie d’inspiration


Dois-je continuer à arroser mes lys une fois les fleurs fanées ?
C’est une excellente question, car l’excès d’eau est l’ennemi numéro un du bulbe en dormance. Une fois la floraison terminée, réduisez progressivement l’arrosage. Le bulbe n’a plus besoin d’autant d’humidité et un sol détrempé pourrait le faire pourrir durant l’automne ou l’hiver. N’arrosez qu’en cas de sécheresse estivale prononcée, le temps que le feuillage jaunisse complètement.

Saviez-vous que le criocère du lys, ce petit coléoptère rouge vif, peut encore causer des dégâts après la floraison ?
Même si les fleurs ne sont plus là pour être dévorées, ses larves peuvent s’attaquer au feuillage restant. Or, ce feuillage est vital pour la photosynthèse qui recharge le bulbe. Continuez une surveillance manuelle et régulière pour retirer adultes et larves. Un feuillage sain jusqu’à son jaunissement naturel est la garantie d’une belle floraison l’année suivante.
Pour donner un coup de pouce décisif au bulbe, l’apport d’un bon nutriment est clé. Voici deux approches :
- La solution rapide : Un engrais liquide pour tomates ou géraniums, comme ceux de la marque Algoflash, dilué dans l’eau d’arrosage. Sa richesse en potasse (K) et sa faible teneur en azote (N) sont parfaites pour la constitution des réserves.
- L’option 100% naturelle : Une poignée de cendres de bois (non traité) simplement griffée en surface autour de la tige. C’est une source de potassium et de phosphore directement assimilable par la plante.